Brésil : Le peuple Pankaru

Publié le 18 Février 2020

Danse du Toré  Dança do Toré. Foto: Padre Manuel Bonfim da Conceição, final dos anos 1990.

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état de Bahía.

Comme d’autres groupes du nord-est du Brésil les Pankaru n’ont pas vu leur identité autochtone reconnue par l’état ainsi que l’homologation de leurs terres qui ne s’est faite que dans le début des années 1990. Leur trajectoire est rythmée par une succession de conflits fonciers avec les accapareurs de terres et les squatters et ne sont pas encore tous résolus. Ils ont une histoire d’oppression et de marginalisation de la société non indigène, histoire qu’ils partagent avec les autres peuples dits « émergents » ainsi que le rituel secret du Toré, qui est une marque d’identité culturelle.

Leur nom

Avant l’utilisation du nom Pankaru, les indigènes du village Vargem Alegre à Agrovila 19, à Bahía étaient connus sous le nom de Pankararu-Salambaia.

A la fin des années 1980 ils décident de changer leur nom pour se différencier des Pankararu vivant du côté Pernambuco de la vallée du São Francisco moyen inférieur.

Langue

Ils ont perdu leur langue maternelle indigène comme les autres peuples du nord-est brésilien en dehors des Fulni-Ô.

Ils ne parlent que le portugais. Lors du rituel du Toré néanmoins,  certains mots de leur langue d’origine sont prononcés au milieu des chansons.

 Population

108 personnes (2010)

Territoire

En 2003, 14 familles réparties entre Agrovila 19 et Aldeia Vargem Alegre.

Ils ont été transférés à l’entrée de la forêt de Serra do Ramalho à l’ouest de Bahía dans une région semi aride sur la rive gauche du fleuve São Francisco.

Maintenant ils ont des liens étroits avec les peuples Kiriri da Passagem avec les Tuxá et les Atikum.

Ils vivent dans deux Terres Indigènes (T.I)

  • T.I Pankaru – 1000 hectares, réservée. Ville : Muquém do São Francisco.
  • T.I Vargem Alegre – 984 hectares – 183 personnes, réservée. Ville : Serra do Ramalho.

Aspects écologiques et économiques

Après leur installation à Serra do Ramalho, ils pratiquent l’agriculture pour leur propre consommation mais pratiquent aussi l’extractivisme et la chasse dans les forêts verdoyantes couvrant la Serra. Le patriarche fabriquait du tabac à priser et des flacons de médicaments de brousse, des produits artisanaux en fibres et en argile étaient fabriqués par les femmes et vendus sur les marchés de Taquaril, Bom Jesus da Lapa, Santa Maria de Vítoria et même Brasilia. Ce qui les aidait à survivre.

Aujourd’hui ils vivent de l’agriculture « sèche » (dépendante de la pluie), pratiquée à Aldeia Vargem Alegre, de la retraite rurale et de la vente de main d’œuvre dans des exploitations agricoles et des projets d’agriculture irriguée mise en place dans la région par la CODEVASF (société de développement de la valle de São Francisco).

Ils cultivent du maïs, manioc, des haricots, du coton sur de petits lots individuels, avec de faibles rendements. Certains élèvent du bétail.

Après la mise en place du projet de colonisation de Serra do Ravalho la végétation riche et variée en dehors de la zone d’Aldeia Vargem Alegre a été abattue par les colons de l’INCRA enlevant la source d’alimentation des indiens.

Ces dernières années la sécheresse dans la région est constante et les populations indigènes se plaignent des effets dévastateurs, revendiquant des organes gouvernementaux une irrigation qui avait été promise par l’INCRA lors de la mise en place du projet de colonisation de Serra do Ramalho.

Organisation sociale

Edmilson da Silva. Foto cedida por Ivone Gomes, final da década de 1990.

Les noyaux domestiques sont autonomes et coopèrent économiquement entre eux.

Les mariages entre cousins à différents degrés sont courants.

Dans l’organisation politique, les figures du chef et du chaman se démarquent.

Le chef s’occupe des intérêts collectifs et des affaires extérieures, il n’intervient pas dans la sphère domestique.

Le rituel du Toré

 

Danse du toré  Dança do Toré. Foto: Padre Manuel Bonfim da Conceição, final da década de 1990

Cette communauté pratique le rituel du Toré. Celui-ci se fait sous deux modalités différentes dans le fonctionnement et dans le but

La danse est pratiquée comme une démonstration de différenciation ethnique, elle est généralement présentée lors des jours de fête. Ils y dansent et chantent mais ne consomment pas de jurema et ne permettent aucune manifestation des entités surnaturelles.

L’autre modalité est le toré des encantados (des enchantés) un rituel dans lequel les peuples autochtones expérimentent le potentiel de différenciation ethnique avec tout leur potentiel.

Ce rituel-là se pratique dans les bois, avec la consommation de jurema et la réception d’entités et de charmes.

La racine de jurema noir (pithecolobium diversifolium ou mimosa artemisia) ne se trouve que sur les rives du rio São Francisco. La boisson faite avec cette racine mais très forte.

Les villages et écovillages

Igreja da Aldeia Vargem Alegre. Foto cedida por Ivone Gomes, final da década de 1990.

Agrovila 19 est le plus pauvre de tous les agrovillages de cet ancien projet de colonisation ayant échoué.

Il n’y a pas de poste de santé de lycée ou de transport régulier et l’approvisionnement en eau est précaire, les routes pendant la saison des pluies (octobre/novembre à février/mars) sont impraticables.

Dans le vieux village situé à 6 kilomètres d’Agrovila 19 les conditions de vie sont encore plus précaires, les maisons sont en bois, il n’y a aucune école.

En acceptant la demande des indiens qui ont toujours refusé la vie a Agrovila, la FUNASA a construit en 1999 un ensemble de maisons dans une zone située à l’entrée de la forêt. Les maisons sont en maçonnerie, elles disposent de 3 pièces, il y a une petite église et un poste de santé ainsi qu’une école qui fournit les premiers cycles d’enseignement primaire.

Pourtant les indiens continuent à vivre dans le nouveau village et Agrovila 19 car la compagnie d’électricité de l’état de Bahía  n’a pas malgré les demandes répétées de l’association du village d’Aldeia Vargem Alegre installé l’électricité dans les maisons.

Sources et images : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Pankaru

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