Brésil - Le peuple Canela Ramkokamekrá
Publié le 26 Février 2020
Ethnologisches Museum, Staatliche Museen zu Berlin / Ethnologisches Museum, Staatliche Museen zu Berlin [CC BY-NC-SA]
Canela est le nom sous lequel 2 groupes Timbira sont connus : les Apanyekrá et les Ramkokamekrá. Ils parlent la même langue, sont alignés sous le même répertoire culturel mais il existe des différences significatives entre les deux groupes. Ces groupes en réponse aux agents extérieurs ont essayé de trouver l’autonomie de leurs activités productives et de maintenir la vitalité culturelle s’exprimant dans une vie rituelle complexe et des pratiques chamaniques.
Ils vivent dans l’état de Maranhão.
Le nom
Le nom ramkokamekrá signifie « indiens du bosquet d’almécega ». aujourd’hui ils se font appeler par le nom Canela. Ce nom leur a été donné probablement parce que ce sont des indiens visiblement grands et avec de longues jambes (comme des bâtons de cannelle) par rapport à la population indigène Guajajara de la région.
Ils s’autodésignent par le terme Me’(n)hi(n).
Langue :
Canela, du sous-groupe timbira de la famille des langues jê. Principale langue du timbira occidental.
Population : 2715 personnes ( 2012)
Terres Indigènes (T.I)
- T.I Kanela – 125.212 hectares – 2103 personnes, réserve homologuée, Maranhão – Villes : Barra do Corda, Fenando Falcão.
- T.I Kanela/Memortumré – 100.221 hectares, 1961 personnes. Réserve identifiée. Villes : Barra do Corda, Fenando Falcão.
La principale communauté Ramkokamekrá est appelée Escalvado et elle est connue des sertanejos (habitants du sertão). Ils vivent dans une zone de savane avec de petits igarapés.
Vue aérienne de la zone du village d'Escalvado Foto: Ray Roberts Brown, 1970.
Organisation politique
Les systèmes de moitiés et de sociétés cérémonielles n’ont pas un caractère exogamique. Les classes d’âge sont formées et initiées à travers les cérémonies. Chaque classe d’âge comprend des personnes nées dans une période de plus ou moins 10 ans. Presque toutes les activités sont menées par ces moitiés ou classes d’âge opposées se faisant concurrence dans les danses, les chants cérémoniels ou quotidiens, la chasse pratiquée pour les actes cérémoniels, l’ouverture des chagras, des routes, des sentiers.
Autrefois le conseil des anciens choisissait le chef qui régnait sa vie durant.
De nos jours, les dirigeants restent en fonction pendant 6 mois ou 2 ans. Le chef est responsable des relations extérieures, assure la responsabilité des initiatives internes. Le conseil des anciens le soutient mais peut s’ooposer ou bloquer des décisions impopulaires.
Les anciens ont pour tâche de planifier et de mener de vastes festivités.
Les Canelas sont reconnus pour la valeur qu’ils donnent à la paix intérieure du groupe. Les hommes âgés se rencontrent 2 fois par jour pour résoudre les problèmes et profiter de la sociabilité.
Peuple Canela Apaniekrá - Histoire du contact - coco Magnanville
Rite Tepjarkwa dans le village d'Escalvado. Photo : Curt Nimuendaju, 1931. Les Kapiekran (ancêtres des Canela) ont été indirectement contactés par les forces militaires à la fin du 17ème siè...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/02/peuple-canela-apaniekra-histoire-du-contact.html
Mode de vie
3 générations de femmes Ramkokamekrá hree generations of Ramkokamekrá Canela women begin to process manioc. photo: Jean Crocker, 1990.
Ils vivent dans des maisons d’écorce ou de paille de palmier même si maintenant ils adoptent des maisons en adobe dans le style sertanejo. Une place se trouve au centre de la communauté de laquelle partent des chemins vers chaque maison. Une deuxième rangée de maisons se trouve derrière la première avec des personnes de la même famille. Une femme avec ses sœurs, sa mère, sa grand-mère, ses filles vit dans un cercle de la communauté dans une zone définie en fonction du côté où le soleil se lève. Les cousines de cette femme vivent dans des maisons adjacentes à travers le cercle de la communauté.
Pour éviter l’inceste, les enfants d’une femme se marient en dehors de leur maison longue et de la maison d’où viennent leurs parents.
La relation est bilatérale même s’il y a un accent matrilinéaire. Il n’y a pas de clans mais des lignées et des cérémonies destinées à transmettre le droit de jouer certains rôles.
Le mariage a lieu vers l’âge de 11 à 13 ans pour les filles . mais celle-ci n’est pas à proprement mariée tant qu’elle n’est pas tombée enceinte et n’a pas donné naissance à un premier enfant.
Le divorce se fait de nos jours lorsqu’un homme quitte la maison, cela s’appelle « le divorce des enfants ».
Les enfants sont élevés dans le milieu familial de la mère.
Le sexe extraconjugal est autorisé à tous et toutes sauf parmi les parents de sang, les amis formels ou certains proches.
Le pouvoir des femmes a augmenté au cours de la moitié du XXe siècle, elles peuvent désormais être peintes dans la cour centrale en tant que chefs de cérémonie sinon le pouvoir des femmes ne s’exerce qu’au sein de la maison , dans l’acte de distribution de la nourriture.
Cultures/ressources
Une femme canela Ramkokamekrá met de la pâte de manioc sur des feuilles de bananier. Photo : William Crocker, 1964.
Dans les chagras sont produits les espèces suivantes ; arachides, patates douces, maïs, manioc amer (wayout-re), manioc doux, coton, courges, haricots, totumo. Bananes, manioc, riz, haricots mais aussi mangues, papayes, ananas, tabac, canne à sucre et papayes ont été adoptés après le contact avec la société dominante.
Dans les années 1940 l’économie devient déficiente puis dépendante du soutien extérieur pour se maintenir. Ils vont alors dépendre de la nourriture offerte par l’agence indigène.
Au début des années 90 les chagras Ramkokamekrá ont produit de nouveau assez de nourriture pour assurer la survie du peuple. Ils ont néanmoins toujours des problèmes d’insuffisances pendant les mois de sécheresse et de pénurie (septembre à décembre). Les chagras commencent à produire en janvier, l’apogée se situant à la récolte du riz au mois de mai. Leur défi actuel est de produire une alimentation suffisante pour que les variétés disposnibles ne se terminent pas en septembre. Ainsi ils n’auraient pas à consommer les premières racines de manioc (qui ne sont pas assez mûres) et pourraient consommer les racines cultivées depuis plus longtemps. La forêt riveraine de la T.I est heureusement une source de subsistance à travers la pratique de abattis brûlis.
Ils ont des sources supplémentaires de revenus depuis les années 80 avec la pension des retraites du fonds rural, certaines mères, certains retraités pour raisons de santé et des étudiants reçoivent des aides.
Chants et danses
Ils se font au rythme de la maraca d’une façon plus mélodique que celles des Ramkokamekra. Devant une file de femmes, les hommes s’exhibent en errant et en sautant conduits par un homme qui chante et danse en tenant un maraca.
Ces danses de nos jours sont effectuées que pendant les grandes fêtes.
Artisanat
Les colorants roucou (achiote) et charbon de bois sont utilisés pour les peintures corporelles. Le charbon de bois est fixé avec la résine extraite du « pau de leite, sapium glandulosum. S’il est appliqué sans soin ni ordre cela indique que la personne a eu récemment une situation extra conjugale.
Ils fabriquent de nombreux objets qui sont souvent fabriqués à base de fibres de palmiers, buriti et inajá : points de bâtons et de lances eu pau brasil (qui autrefois étaient utilisées pendant les guerres), ornés de plumes de perroquets ou de aras. Plusieurs totumas sont utilisés comme ustensiles même si dans les villes ils utilisent maintenant des produits industriels. Ils fabriquent également des tapis et des paniers.
Mythologie
Il y avait traditionnellement la connaissance d’une centaine de mythes mais de nos jours ils ne semblent plus trop y croire. Une des principales figures mythologiques est Awkhêê qui a des pouvoirs surnaturels et peut aussi se transformer en animaux ou en d’autres formes.
Un mythe d’origine raconte que le Soleil et la Lune ont marché sur la terre en créant des normes de la vie sociale. Le Soleil a créé les hommes et les femmes idéaux tandis que la lune a créé des êtres déformés. Le Soleil a permis à certains êtres de travailler seuls sur les chagras alors que la Lune en a obligés à cesser de travailler. En conséquence les hommes doivent travailler dur dans leurs propres chagras.
Rituels
Il y a un ensemble de rituels se produisant durant les vacances et reposant sur le soutien et la participation de presque toute la société. Les enfants sont introduits dans les classes d’âge par 4 ou 5 fêtes d’initiation par exemple.
Article détaillé traduit sur les rituels
Photos de ce peuple
source : pib.socioambiental.org
Religiosité et chamanisme
Selon la tradition canela, après la mort, l'âme se rend dans une communauté d'âmes quelque part à l'ouest, où elle vit dans des conditions similaires à celles de la vie dans n'importe quelle communauté, la seule différence étant que les choses sont moins agréables et moins amusantes. Par exemple, la nourriture est moins savoureuse, l'eau est chaude et non froide, et le sexe est moins agréable. Après un certain temps, les esprits deviennent des animaux de chasse, puis ils deviennent des animaux plus petits et un peu plus tard ils prennent la forme de quelque chose qui ressemble à un moustique ou à une souche d'arbre, de sorte que finalement l'entité cesse d'exister.
Les âmes qui sont encore sous forme humaine peuvent être contactées par les chamans. Mais si par hasard quelqu'un d'autre que les chamans maintenait le contact avec ce type d'âmes, il tomberait gravement malade ou même mourrait. Les Canela croient que s'ils violent certaines règles, comme aller dans la selva la nuit ou aller chercher de l'eau dans les ruisseaux après la tombée de la nuit, les âmes peuvent les capturer. Cependant, les âmes apportent aux hommes des problèmes que les chamans peuvent à peine découvrir.
On pense que les chamans autrefois puissants avaient des pouvoirs surnaturels extraordinaires, essentiellement ceux qui avaient trait à l'omniscience - la connaissance et la vision préalables de toute chose. Cependant, cela n'était possible que grâce à l'aide des âmes (les nouveaux morts), qui étaient pour la plupart de grands chamans lorsqu'ils étaient vivants. Les bons chamans convoquent une âme qui leur dit tout ce qu'ils ont besoin de savoir. Par exemple, si le nouveau-né d'une femme meurt, le chaman est en mesure de dire pourquoi cela s'est produit, ce qui est généralement attribué à la consommation d'aliments "chargés" et donc contaminés. Le diagnostic du chaman est définitif, même si la mère a une autre version, car sa décision n'est jamais contestée ou réfutée par quiconque.
Les chamans ne rivalisent pas avec les dirigeants politiques pour le pouvoir. Beaucoup de chefs ont eu un certain pouvoir chamanique, mais jamais à la hauteur du pouvoir d'un bon chaman. Les femmes deviennent rarement des chamanes, bien que dans les années 1970 (1970), il y ait eu plusieurs femmes chamanes et qu'au moins deux d'entre elles soient impliquées dans la mythologie canela.
Les chamans guérissent les patients par l'extraction de la maladie ou la contamination, et ne sont payés que lorsque leur guérison a des résultats. Il existe également des chamans antisociaux, qui peuvent jeter des mauvais sorts qui pénètrent dans le corps des autres sous forme de maladies. D'autres chamans se battent pour supprimer ces sorts, en essayant de les rendre à la personne qui les a lancés. Dans le passé, si un chaman antisocial était accusé de meurtre par sorcellerie par le conseil communautaire, il était battu à mort avec des bâtons. La dernière fois que cela s'est produit, c'était vers 1903.
La soumission aux restrictions alimentaires et sexuelles est un instrument qui permet à l'individu de devenir fort en caractère et en capacité, et de développer par l'effort personnel, les compétences pour les grandes carrières - chasseur, coureur ou chaman - mais pas pour danser et chanter avec la maraca.
Le peuple canela croit que la pollution pénètre dans le corps par l'ingestion de bouillons de viande et par le contact avec les fluides sexuels. De telles contaminations n'affectent pas une personne en bonne santé, mais elles affaiblissent les pouvoirs d'un guerrier, d'un chasseur, d'un coureur ou d'un chaman. Cependant, si un individu est malade ou faible - comme c'est le cas des bébés - les contaminations courantes peuvent le rendre plus malade, voire les tuer. Les Canela croient que le sang des parents, des frères et sœurs utérins et des enfants d'un individu est très semblable au leur. Ainsi, cette famille nucléaire est tellement interconnectée que la contamination d'un de ses membres peut affecter les autres. Si la famille se trouve dans une situation beaucoup plus délicate et vulnérable, des contaminations supplémentaires et apparemment superflues peuvent rendre l'individu malade ou le tuer. En outre, lorsqu'une personne a un membre de sa famille nucléaire dans un état de maladie avancé, elle doit se soumettre à certaines restrictions alimentaires et sexuelles pour aider le membre de sa famille à se rétablir.
Un individu devient chaman lorsqu'il a reçu la visite d'une ou plusieurs âmes, après une maladie grave (c'est le moment où les âmes viennent soigner les mourants). Un jeune qui veut devenir chaman doit se soumettre à un processus important et intensif de restrictions alimentaires et sexuelles pour empêcher l'entrée d'éléments contaminés (et de polluants) dans son corps, et peut également ingérer certaines infusions de plantes pour éliminer les contaminations potentielles. C'est ainsi que les âmes sont attirées par l'individu le moins contaminé, et lorsqu'elles le trouvent, elles lui rendent visite et lui donnent les pouvoirs d'un chaman. En général, les pouvoirs consistent à guérir certaines intrusions corporelles, comme une morsure de serpent, mais pour les grands chamans, ces pouvoirs ont des applications plus générales.
En bref, les Canelas possédaient traditionnellement diverses formes - surnaturelles et humaines - pour renforcer leurs conditions de vie. Tout d'abord, les chamans peuvent communiquer avec les âmes lorsqu'ils ont besoin de certaines informations et de certains pouvoirs. Deuxièmement, une source de force en général vient du fait de chanter une certaine chanson lors de certaines fêtes. Troisièmement, un canela peut subir diverses restrictions alimentaires et sexuelles pour garder la pollution hors de son corps et ainsi acquérir certaines capacités. Quatrièmement, un indigène de ce groupe ethnique peut également sentir ou ingérer certaines tisanes pour améliorer ses compétences en matière de chasse et son état de santé général.
Les Ramkokamekra croient que les chamans Apanyekrá sont plus puissants en tant que guérisseurs, à tel point qu'ils se tournent souvent vers eux. Au milieu des années 70 (1970), l'univers des esprits et les dangers de la pollution avaient plus de crédibilité chez les Apanyekra que chez les Ramkokamekra, et en fait, les premiers respectaient aussi plus sérieusement les restrictions alimentaires et sexuelles.
Depuis 1830, les Canela partagent les croyances et les pratiques du catholicisme populaire. À partir de 1970, le nombre de Ramkokamekra qui se disent "croyants" (protestants) a augmenté, à tel point qu'en 1993, le nombre de "croyants" a atteint vingt-cinq pour cent (25 %) de la population, bien qu'en 2001, il soit déjà tombé à quinze pour cent (15 %). Un cas très différent est celui des Apanyekrá, qui ont toujours eu beaucoup moins de contacts avec les protestants.
traduction carolita d'un extrait de l'article sur le peuple Canela Apanyekrá du site pib.socioambiental.org en lien ci-dessous :
https://pib.socioambiental.org/es/Povo:Canela_Ramkokamekr%C3%A1