Brésil – Le peuple Kiriri

Publié le 7 Novembre 2019

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état de Bahiá et dont le mot Kiriri qui le désigne est un mot tupi qui signifie « silencieux, taciturne »et a été donné par les Tupis de la côté ainsi aux indiens vivant dans l’arrière pays.

C’est un peuple qui constitue aujourd’hui un très bel exemple de lutte pour d’autres peuples indigènes de la région du nord-est du Brésil car en à peine 15 ans ils se sont structurés politiquement et ont favorisé à la fin des années 90 l’extrusion d’environ 1200 non indiens de leur Terre Indigène Kiriri qui a été quand à elle ratifiée en 1990.

Population : 2571 personnes (2014)

Langue : dialecte kipeá de la famille linguistique kiriri, non parlée de nos jours.

Localisation et Terres Indigènes (T.I)

Ils vivent dans le nord de Bahiá, dans la municipalité de Banzaê (95%) et de Quijinque (5%). La région possède un climat semi aride, c’est une zone de transition entre la forêt et la caatinga.

T.I Barra, 62 hectares, réservée,  183 personnes de 2 peuples : Kiriri et Atikum. Villes : Muquém do São Francisco.

T.I Kiriri, 12.300 hectares, 2498 personnes, approuvée. Villes : Banzaê, Quijinque, Ribeira do Pombal.

Restructuration sociopolitique

 

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Le contexte marqué par la persécution et les méfaits de l’administration qui ont dominé le XIXe siècle et caractérisé l’action de « directeurs d’indiens » souvent contraire aux droits et aux intérêts des peuples indigènes s’aggrave même après la disparition de ce conseil et contribue à dévoiler encore plus les terres occupées par les indiens à des squatters et de petits agriculteurs.

Au milieu du XXe siècle, les Kiriri revendiquent les terres qui ont été données à leurs ancêtres par le roi du Portugal, en particulier après l’installation à Mirandela en 1949 d’un poste indigène du SPI (Service de Protection des Indiens) de l’époque. L’existence du poste indigène de Mirandela crée un contexte interethnique plus défini, légitimant formellement le statut d’indigène des Kiriri et établissant un écran juridique entre eux et la société nationale. A la fin des années 60 la faillite de l’organisme tutélaire (SPI) et la disparition totale du poste de Mirandela ainsi que des engagements envers les indiens ont lieu au milieu d’un contexte où les Kiriri sont divisés, où il y a un taux élevé de mortalité et d’alcoolisme et des attaques de non indiens.

Dans le cadre du processus organisationnel qui a suivi l’élection du chef et des conseillers, les Kiriri ont entrepris une série d’actions orientées vers la réinitialisation ethnique du groupe, des relations plus étroites avec les autres peuples autochtones, la familiarisation avec les complexités administratives de l’état.

Ces actions prennent une connotation strictement politique avec l’arrivée d’un chef ayant une expérience du travail entrepris par les Kiriri et de la nécessité d’une indépendance politique, cela se traduira par la réclamation de la démarcation du territoire et par l’extrusion (expulsion des envahisseurs) de la T.I basée sur la superficie donnée par le roi du Portugal c'est-à-dire les 12.320 hectares.

 

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Activités de subsistance

L’agriculture de subsistance est pratiquée en petite quantité pour la consommation et en vendant les excédents (manioc, haricots, maïs). Ils collectent des fruits sauvages, des noix de cajou, umbu, pignons pour les vendre sur le marché. Un artisanat en céramique est commercialisé également ainsi que des objets tressés.

Il y a une maximisation des récoltes pour assurer le plus de produits de subsistance au groupe. Les haricots « carioca » sont plantés en association avec le maïs et récoltés à partir du mois d’août, les haricots verts associés aussi au maïs sont semés en février et récoltés de mars à la mi-juillet. Le manioc fait partie des cultures au cycle long, il est récolté de juin à août.

Organisation sociale et familiale

 

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La famille nucléaire est l’unité de base de la production et de la consommation. Tous les membres d’une famille travaillent depuis l’enfance en partenariat même si parfois il y a des stratégies de coopération inter familiale dans des « bataillons » qui sont mis en place pour la construction de logements, d’écoles, de nouveaux jardins.

A la fin des années 82 ils ont divisé leur structure politique en 2 segments dirigés par leurs chefs, chamanes er conseillers respectifs. Chaque chef est assisté de ses conseillers, des chefs locaux chargés de l’administration des noyaux, constituant la plus petite unité politique kiriri. Chacun de ces noyaux au nombre de 6 se soumet à l’autorité d’un conseiller secondé par un assistant.

Parmi la population il existe une migration plus ou moins permanente résultant de conflit politique et de la fragmentation par héritage.

Ils effectuent fréquemment des migrations saisonnières revenant au moment des semis et des récoltes. Ils se rendent surtout à Sao Paulo et Rio de Janeiro ou dans des fermes voisines où ils travaillent de longues heures pendant une période leur permettant d’accumuler un petit capital devant être réinvesti dans la région d’origine pour la reproduction de la condition paysanne.

Le rituel du Toré

 

Kiriri durante ritual do Toré. Foto: Léo Martins, década de 80.

En 1974 les dirigeants Kirir ont organisé une caravane d’une centaine de personnes pour aller sur la Terre Indigène Tuxá à Rodelas dans le nord de Bahiá, soit disant pour organiser un match de football entre les 2 peuples mais avec l’intention d’assister au rituel du Toré effectué par les Tuxá et l’apprendre. Le Toré fait partie d’un large ensemble de croyances au centre desquelles se trouve le jurema et qui sont regroupées dans un rituel complexe commun aux peuples originaires de l’arrière-pays. C’est pour eux un symbole d’unité et d’appartenance ethnique, une source d’éléments idéologiques d’unité et de différenciation, une source de légitimisation des objectifs politiques les Kiriri étant détenteurs de certaines pratiques chamaniques ont pu réintroduire à partir de là le rituel du Toré en y introduisant de nouveaux éléments propres à leur culture

source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Kiriri

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