Brésil - Le peuple Pataxó
Publié le 2 Octobre 2019
Peuple autochtone du Brésil vivant à l’extrême sud de l’état de Bahía et au nord de l’état de Minas Gerais.
Le village de Barra Velha existe depuis plus de 2 siècles, c’est un village historique.
Les Pataxó sont contactés depuis le XVIe siècle et ont dû cacher leurs coutumes mais aujourd’hui ils essaient de faire revovre leur langue maternelle et de faire vivre leurs rituels comme l’awê.
Autodésignation : pataxó = eau de pluie frappant la terre, les rochers et partant vers le fleuve et la mer (selon Kamátyo Pataxó dans Txopai et Itôhâ 1997).
Langue
Pataxá de la famille de langues maxakali. Elle n’est plus parlée, la communication se fait en portugais avec des mots de la langue indigène. Un effort important est en cours pour la reconstruction du patxohá (langage des guerriers) depuis 1998. Toutes les générations y participent dans un processus dynamique et collectif vécu pour cette langue et l’histoire du peuple.
Un aperçu du vocabulaire pataxó sur ce site :
Site indios online
Population : 12.326 personnes (2014)
Localisation
Bahía, extrême sud de cet état, il y a 36 villages répartis dans 6 Terres Indigènes homologuées dans les municipalités de Santa Cruz, Cabralia, Porto Seguro, Itamaraju et Prado.
Etat de Minas Gerais, 7 communautés dont 4 sont situées sur la T.I Fazenda Guaraní.
Terres Indigènes à Bahía
T.I Aguas Belas, 1189 hectares, 228 personnes, homologuée
T.I Aldeia Velha, 2001 hectares, 883 personnes, déclarée.
T.I Barra Velha, 8267 hectares, 2952 personnes, homologuée, ville : Porto Seguro.
T.I Barra Velha do Monte Pascoal, 44.121 hectares, 4649 personnes. Identifiée et approuvée par la Funai mais sujet à contestation.
T.I Cinta Vermelho de Jundiba, en cours d’identification.
T.I Comexatiba (Cachy-Pequi), 28.077 hectares, 732 personnes, identifiée et approuvée par la Funai mais sujet à contestation. Ville : Prado.
T.I Coroa Vermelha, 1493 hectares, 1546 personnes, homologuée.
T.I Imbiriba, 408 hectares, 395 personnes, homologuée.
T.I Mata Medonha , 549 hectares, 194 personnes, homologuée.
Terre Indigène dans le Minas Gerais
T.I Fazenda Guaraní, 3270 hectares, 335 personnes, homologuée, partagée avec le peuple Krenak.
Histoire
La présence des Pataxó dans la région située entre le rio Porto Seguro et la rive nord du rio São Mateus dans l’actuel état d’Espírito Santo remonte au XVIe siècle.
1577 : il est possible que Salvador Correa de Sá les rencontre dans les environs du rio Doce ainsi que d’autres nations.
Ce serait la première référence à ce peuple dans le cadre géographique de sa répartition traditionnelle entre la rive nord du São Mateus et le rio Porto Seguro.
Ils sont la cible d’hostilités et de privations de la part des colons et des conflits se déclarent avec d’autres peuples dont beaucoup sont suscités par les portugais qui ont formé des alliances avec certains d’entre eux en échange d’instruments ou de promesses de paix ou encore la conversion au christianisme. On reprochait aux Pataxó et aux Botacudos les hostilités et les carnages.
Chaque village a un chef qui est le porte parole externe et un articulateur interne. Le rôle de chef est héréditaire et il y a des familles de chefs comme les Ferreira qui font partie d’une des premières familles de Barra Velha. Le nombre important de villages Pataxó est dû au processus de reconquête de parcelles de territoire traditionnel dont ils avaient été chassés à des périodes de leur histoire.
Les rituels et les fêtes
Le rituel de l’Awê est une tradition ancienne, certainement la seule qui leur reste d’importance, les anciens disent ne pas savoir à quand il remonte, il a toujours existé, comme une chanson ou une danse unique. Mais à présent, faire un awê, c’est une expression qui se réfère à un contexte de fêtes englobant un ensemble très varié de chorégraphies, chacune ayant un sens spécifique (Grunewald 1999 p.251).
En août chaque année sont célébrées les fêtes de l’arsgwaksá à la date anniversaire du Projet Jaqueira où la culture Pataxó est diffusée. Il y a la présentation de l’Awê, des évènements, des démonstrations de force physique comme le transport des bûches de bois et une compétition de jeunes autochtones.
Le 6 janvier a lieu la fête de la Folia de Reis
Le 20 janvier c’est la st Benoît (são Benedito).
Le 15 août la fête de Notre Dame d’Ajuda (Nossa Senhora d’Ajuda).
Les jeux Pataxó sont un évènement sportif et culturel ayant lieu chaque année dans la communauté de Coroa Vermelho la semaine précédent le 19 avril. Plusieurs équipes participent à des évènements sportifs ayant pour devise principale de célébrer et non de concourir. Les équipes comprennent des personnes de 12 à 70 ans mais en général ce sont surtout des jeunes âgés de 15 à 30 ans.
Les enfants jouent un rôle important dans les jeux.
Toute la communauté autochtone est mobilisée, les jeux sont les courses de bûches de bois, des maracas, le football, le tir à l’arc etc….
Un article sur ce peuple
Le monde sauvage et la terre des ancêtres, Les Pataxó du Mont Pascal
source : pib.socioambiental.org
L'incendie de 1951
En 1949, le capitaine Pataxó Honório Borges s'était rendu à Rio de Janeiro pour demander au Service de protection des Indiens (SPI) des mesures contre l'invasion des terres autochtones. Selon son fils Severiano, qui l'accompagnait et qui était encore un garçon à l'époque, Honório était avec Marechal Rondon et a obtenu de lui la promesse que quelque chose serait fait pour son peuple (Agostinho, 1972, p. 62).
De retour à Bahia, deux hommes que le capitaine Honório Borges avait rencontrés à Rio de Janeiro (génériquement appelés Lieutenant et Ingénieur) ont mené, selon les preuves, une attaque contre un marchand dans la ville de Corumbau. L'assaut a déclenché des révoltes qui ont culminé dans ce que l'on appelle localement le " feu de 1951 ".
L'émeute, à laquelle ont participé les Pataxó du village de Barra Velha, a entraîné une violente répression de la part des détachements de police de Porto Seguro et Prado, la mort d'un Indien et de deux dirigeants non autochtones, l'emprisonnement de 38 Indiens, dont le capitaine Honório Borges, et l'incendie du village Barra Velha, qui a provoqué la dispersion des autres dans le désespoir.
Le 11 juin 1951, le commandant des troupes, le major PM Arsênio Alves, déclara que le soulèvement était politique et communiste et qu'à Barra Velha il avait trouvé des listes d'adresses de militants de Bahia et d'autres états (A Tarde, 11 juin 1951). En ce qui concerne l'incendie dans le village, il a dit que c'était une mesure sanitaire, conseillé par le médecin de la police, car à l'intérieur des maisons il y avait, pourrissant, "...des boeufs abattus deux jours avant...". (A Tarde, 11/06/1951).
Après un certain temps, les fugitifs sont revenus, progressivement. Pedro Agostinho, en examinant des photos aériennes de 1957, a enregistré quatre maisons clairement visibles dans le village et, tout près de là, deux récentes clairières qu'il supposait ouvertes sur les champs (Agostinho, 1972, p. 68). Honorio Borges n'est plus revenu, étant mort à Canavieiras, où il s'est installé après sa libération de prison.
Il y a ceux qui perçoivent dans l'incendie de 1951, comme on l'a vu plus haut, les caractéristiques d'un récit d'origine qui s'inscrit dans une dialectique plus large de légitimation historique des anciennes revendications (Kohler, 2011, p. 83).
traduction carolita d'un extrait du site pib.socioambiental.org