Brésil - Le peuple Bakairi

Publié le 6 Octobre 2019

Peuple autochtone du Brésil vivant dans le sud-ouest du Mato Grosso. Avant l’ouverture des pistes et des routes de débarquement, les Bakairi contrôlaient l’accès aux expéditions scientifiques du Hhaut Xingu où une partie d’entre eux habitait.

Ils sont de nos jours pêcheurs et agriculteurs, cultivant le manioc comme le font la plupart des peuples de langue karib.

Autodésignation : kurâ = personne

Population : 982 personnes (2014)

Langue : de la famille des langues karib, elle a des points communs avec les langues arara et txikão ainsi qu’avec la langue des Nahukwa et celle des Kuikuro. Tous les Bakairi parlent le langue ainsi que le portugais.

Des textes de la bible sont traduits depuis les années 60 dans la langue bakairi par les missionnaires du SIL (Université d’été de linguistique).

Localisation

Mato Grosso

Leurs Terres Indigènes (T.I) sont situées sur un territoire où domine la savane.

La T.I Santana est située dans la municipalité de Paramatinga sur la rive droite du rio Paranatinga et du Telé Pires un affluent du Tapajos. Les centres urbains qui ont une importance pour ce peuple sont Nobres, Paranatinga, Cuiabá.

T.I Santana, 35.471 hectares, 2016 personnes, homologuée .Ville : Nobres.

T.I Bakairi, 61.405 hectares, 734 personnes, homologuée. Villes : Planalto da Serra et Paranatinga.

Art, culture et jeux

 

Nuianani. Desenho: Odil Apacano

L’art s’exprime dans tous les artéfacts et se rapporte au monde spirituel dans les motifs tressés, les petits bancs zoomorphes , les peintures utilisant le jenipapo, le roucou et la tabatinga ( une boue blanche).

Les masques rituels sont de 2 types :

Kwamby : de forme ovale, c’est le masque des chefs et des chamanes.

Iakuigâde : rectangulaire et entaillé représentant les esprits gardiens par rapport au monde aquatique.

La culture matérielle  s’exprime dans les hamacs qui sont fabriqués avec des fibres de coton et de palmier buriti, tissés sur des métiers à tisser verticaux.

masques rituels

Foto: Museu Nacional, 1929

Histoire du contact

Le lieu de naissance mythique des Bakairi - la cascade Sawâpa - est situé au confluent de la rio Verde et du Paranatinga. En raison des conflits internes et des pressions exercées par les peuples autochtones ennemis, principalement les Kayabi, les Bakairi ont migré dans trois directions différentes. Une partie d'entre eux s'est déplacée vers le cours supérieur du rio Arinos ; cette population a été la première à être atteinte par les bandeiras (expéditions blanches), au cours des premières décennies du XVIIIe siècle étant, depuis lors, assimilée aux activités minières. Une autre partie a été déplacée vers le secteur supérieur du rio Paranatinga et a été entourée par des colonisateurs qui se sont consacrés à l'élevage du bétail, à l'agriculture et aux activités auxiliaires pendant les premières décennies du XIXe siècle. Le troisième groupe, en fait le plus important, s'est rendu sur le cours supérieur du rio Xingu, perdant le contact avec les groupes susmentionnés. Les deux premiers groupes de Bakairi ont commencé à être connus comme "doux" ou "indépendants". Plus tard, Karl von den Steinen les appellera "Occidentaux", réservant l'adjectif "Orientaux" à ceux du Xingu supérieur.

A partir de 1847, les Bakairi d'Arinos, également nommés de Santana, commencèrent à fréquenter, avec ceux du cours supérieur du Paranatinga, la Direction Générale des Indiens, dans la ville de Cuiabá à la recherche de cadeaux ou présents. Plus tard, ils se sont impliqués dans les activités d'extraction du caoutchouc, même sur leurs propres terres, travaillant pour les extracteurs blancs qui les employaient. Il leur a été interdit de s'exprimer dans leur propre langue, entre autres actes de violence à leur encontre. Certaines parties de ces Bakairi ont migré vers le Paranatinga dans les années 1920 et 1960. De là, ils ont été expulsés par les fonctionnaires de l'organe de tutelle, qui ont allégué, de même que les seringalistes ou les collecteurs de caoutchouc, que les Indiens volaient du bétail. La création du Poste Indigène Santana en 1965 n'a pas modifié ce panorama. Le S.I.L., à partir de ce moment, était présent sur place, de façon intermittente, ainsi que les missionnaires jésuites. Des années plus tard, les mêmes Bakairi expulsèrent les envahisseurs de Santana. Ce n'est qu'en 1975 qu'une école a été fondée.

Les Bakairi du Paranatinga furent guides, constructeurs de canoës et interprètes dans les expéditions de Steinen -effectuées en 1884 et 1887- et dans les autres qui suivirent. Grâce à ces expéditions, les relations entre les Bakairi de l'Est et de l'Ouest furent rétablies, selon la terminologie de Steinen. Avant, les Bakairi du haut Xingu et les autres peuples qui y vivaient étaient inconnus des Blancs.

En 1920, le poste indigène fut créé et la terre indigène Bakairi fut délimitée, laissant hors de ses limites le groupe d'Antoninho, le célèbre guide de Steinen. Le but était d'attirer tous les Indiens du Xingu supérieur et de conquérir ainsi la terre et le travail pour la colonisation. Mais seuls les Bakairi se dirigèrent définitivement vers le Paranatinga et, après trois ans, leur présence dans le Xingu supérieur ne fut plus enregistrée. Réduits en nombre d'habitants par un déclin démographique dramatique, ceux qui ont été transférés ont été réorganisés en divers groupes sur les rives du fleuve Paranatinga et ont été soumis au travail compulsif des agents de l'organe gardien. Les autres Indiens du Xingu supérieur ont visité le Poste à la recherche de "cadeaux".

Durant cette période de perte territoriale et de déclin démographique, certains missionnaires de la Mission des Indiens d'Amérique du Sud ont commencé à agir parmi eux et n'ont pris leur retraite que dans les années 60 sous la pression des Bakairi. L'école a été fondée en 1922. Vingt ans plus tard, les différents groupes locaux se sont regroupés dans un seul "village", à côté du Poste, car la mobilité et la dispersion, essentielles à leur univers de sociabilité, étaient considérées comme un frein à leur éducation et à la prestation des services de santé. Ceux qui ne se soumettaient pas aux ordres imposés étaient transférés sur d'autres terres indigènes, en particulier celles des ennemis. Certains ont participé, de façon compulsive, à la "pacification" d'un groupe Xavante dans le secteur supérieur du rio Batovi. Certains de ces Indiens Xavante ont émigré sur la TI Bakairi, mais en 1974, avec une population de 180 personnes faisant pression sur les Bakairi, ils se sont retirés sur le rio Kuluene.

Les années 80 ont été marquées par des projets de développement communautaire financés par des ressources de la Banque mondiale, qui ont introduit les camions et les moissonneuses-batteuses mécanisées, entre autres éléments, dans ces deux zones. Sur la terre indigène Bakairi, pendant cette période, a eu lieu la reconquête d'une zone de terre qui leur a été enlevée lors d'une deuxième démarcation. L'inégalité d'accès aux biens introduits a entraîné la fragmentation du "peuple" existant et la constitution des groupes locaux en cours de vérification.

traduction carolita d'un extrait de l'article sur les Bakairi du site pib socioambiantal.org

 

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Cosmovision

Il y a 2 saisons dans l’année ;

Kopâme, la période des eaux (mi septembre à mi avril).

Adâpygume, période de sécheresse (mi avril à mi septembre).

Le temps et l’espace sont liés à travers le cycle d’une substance vitale appelée ekuru. Elle est présente dans tous les êtres vivants, inanimés ou animés et s’obtient par la nourriture en étant présent dans le sang. Sans cette substance le sang coagule et la mort arrive.

Subsistance

C’est l’agriculture des forêts riveraines, la chasse qui se pratique en groupe.

La présence des femmes est interdite avant le début de plantation en raison du danger (dont un monstre naturel appelé « le seigneur » de la selva.

Dans la forêt la plus profonde règnent des monstres nommés iamyraqui. Les contacts avec ces êtres surnaturels est source de déséquilibres bio-psychiques et de décès imminent. Prononcer le nom des morts équivaut à évoquer ces esprits ce qui doit être évité.

La mythologie est très riche et présente des éléments communs avec la mythologie du Haut Xingu. Elle raconte l’origine du monde, les jumeaux démiurges, les rivières, le jour, la nuit et le soleil, le transfert des biens ayant appartenu au monde animal, le manioc.

Le grand rituel du kado rappelle à travers les chants, la partie essentielle de ce processus en tant que recréation du monde.

Plusieurs rituels sont observés dans la vie quotidienne et n’obéissent pas nécessairement à un calendrier mais aux aléas de la vie. Ils sont associés au mariage, aux maladies, aux premières règles et à la mort. Pour la mort il conviendra d’observer un isolement social et des restrictions alimentaires.

Il y a des rites sacrés et pan-communautaires appelés kado, exécutés à la saison sèche.

Le rituel Anji Itabienly est le baptême du maïs, il marque le début de l’année pour les Bakairi et le début du cycle de l’ekuru. Il a lieu à la première récolte de maïs entre janvier et février.

Quand la saison de l’eau se termine vers la mi avril, une série de grands rites est accomplie utilisant les masques rituels (le képa et le iakuigâde).

Le rituel iakuigâde a un niveau d’élaboration plus sophistiqué.

Il existe 23 masques rituels qui représentent chacun l’esprit gardien d’une espèce de poisson, d’animaux aquatiques, d’oiseaux riverains.

La sadiry est le rite du percement des oreilles pour les garçons.

Dans tous ces rites, on utilise des peintures corporelles réalisées avec le jenipapo, le roucou (urucum), on organise des excursions de chasse et de pêche collectives et des banquets collectifs. Chaque rite est présidé par le chef du groupe local et promu par le chaman sur le plan spirituel.

Les rites du kado sont un hommage aux morts qui contrôlent les cycles naturels.

 

peintures corporelles

Les chamans

Dans leur monde spirituel rempli d’entités surnaturelles, sources de maladies, les chamanes tiennent une place essentielle et même vitale. Ils peuvent pénétrer le corps de certains animaux et malades, ils ne connaissent pas les obstacles à la communication, ils parlent le langage du iamyra, des animaux, des tuteurs et des non-tuteurs. En plus d’agir en cas de maladies et pertes de biens (car ils ont le don de localiser les choses perdues), ils participent aux rituels pan-communautaires. A travers eux on cherche à rétablir l’équilibre des forces et de rediriger la vie.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Bakairi

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