Guatemala, quand l'État de siège n'intimide plus

Publié le 25 Septembre 2019

... depuis la signature des Accords de paix (1996), l'état d'exception a été appliqué 22 fois . C'est-à-dire presque un état d'exception par an. De 2010 à ce jour, les différents gouvernements ont appliqué un total de 5 états de siège. 

Par Ollantay Itzamná

24 septembre 2019 - Lorsque l'Allemand Carl Schmitt au début du XXe siècle, élabore sa théorie politique sur "l'état d'exception", comme mesure extrême pour préserver le "bien public", il le propose en pensant aux états modernes en bonne santé.

L'Etat apparent du Guatemala, avec de plus en plus de preuves de cooptation interne, et dans un processus accéléré d'entropie, depuis la signature des Accords de Paix (1996), a appliqué 22 fois des états d'exception. C'est-à-dire près d'un État d'exception par an. De 2010 à ce jour, les différents gouvernements ont appliqué 5 états de siège. Le gouvernement défenestré d'Otto Perez a appliqué 2 états de siège, et le dirigeant actuel, Jimmy Morales a également dicté 2 états de siège.

Cette preuve historique montre qu'au Guatemala, les mesures d'État d'exception sont presque une règle constante dans la gestion de l'État et ne sont donc pas une mesure d'exception, encore moins pour protéger le "bien public".

Etat de siège pour quoi ?


Le gouvernement d'Otto Perez, en 2012, a dicté l'état de siège dans le nord du département de Huehuetenango pour protéger militairement le projet hydroélectrique d'une entreprise espagnole de la protestation indigène du lieu. De même, en 2013, il a décrété l'état d'urgence dans les municipalités du département de Santa Rosa et de Jalapa pour protéger la société minière canadienne de la répulsion sociale. En 2014, il a émis un état de siège à San Juan Sacatepéquez, pour protéger le projet de la société Cementos Progreso S.A.

En 2017 et 2019, Jimmy Morales a dicté des états de siège dans des municipalités de différents départements du pays avec l'argument de "lutte contre la narcoactivité", mais, à ce jour, ils ne capturent pas de narcotrafiquants, mais au contraire l'industrie florissante du narcotrafic, qui s'étend sur un an, obtient une citoyenneté privilégiée au Guatemala.

Ce qui est évident, c'est que ces mesures exceptionnelles ont été utilisées pour intimider, démobiliser et punir les processus organisationnels de résistance communautaire contre les industries narco-extractives.

Ils viennent de présenter le premier rapport des résultats de l'Etat de siège en vigueur dans 22 municipalités du pays : "80 personnes détenues en état d'ivresse...".

Les indigènes et les paysans annoncent des mobilisations pour résister à l'état de siège


Dans ce contexte, alors que près de deux semaines se sont écoulées depuis la déclaration de l'état de siège actuel dans 22 municipalités du pays, des communautés organisées en résistance au niveau national, articulées au sein du mouvement Comité de Développement Paysan (CODECA), annoncent des actions collectives de protestation dans les rues si le dirigeant actuel ne lève pas l'état de siège au 30e jour de sa validité légale.

Ces dernières années, ces communautés organisées en résistance, dont les membres se proclament défenseurs communautaires des droits, sont devenues, en fait, peut-être le dernier bastion de la conscience et de la dignité des peuples qui résistent à l'hégémonie désordonnée du système narco6néolibéral dans la région.

Bien que l'objectif réitéré de ces communautés organisées en résistance soit la construction de l'État plurinational, avec des autonomies territoriales, au moyen d'un processus constitutif, elles ne sont apparemment pas disposées à accepter que l'État créole "abuse" de ses mécanismes juridiques pour intimider, décourager ou annihiler les processus organisationnels de résistance pour rétablir la Vie au Guatemala.

Traduction carolita d'un article paru sur le site d'Ollantay Itzamna le 24/09/2019

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Guatemala, #Etat de siège

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