Brésil – Le peuple Puyanawa
Publié le 30 Septembre 2019
Por Jósimo da Costa Constant - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49035461
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Acre et ayant souffert comme d’autres peuples du développement des activités d’exploitation du caoutchouc dans la région au début du XXe siècle. Depuis les premiers contacts avec des non indiens, de nombreux Puyanawa sont morts à cause des maladies contractées au cours du processus et les survivants ont dû travailler pour l’extraction du caoutchouc et ils ont dû subir les méthodes des barons du caoutchouc pour les maintenir sous leur joug. Ils ont été dépouillés de leurs terres, catéchisés et « éduqués » dans des écoles interdisant toute pérennisation de leur culture.
Avec le début du processus de démarcation de leur territoire, leur culture a pu être revalorisée par eux-mêmes évidemment, en se battant pour retrouver leur langue maternelle, une tâche difficile car il ne restait que peu de locuteurs à ce moment-là.
Population : 745 personnes (2014)
Langue : puyanawa de la famille des langues pano
Le nom donné à la langue est ûdikuî = vraie langue.
En juillet 1990 il y avait 12 locuteurs sur 385 personnes.
La langue a commencé à disparaître vers 1910 quand les indiens ont été kidnappés et réduits en esclavage sur ordre du colonel Mâncio Agostinho Rodrigues Lima pour les faire travailler à l’extraction du caoutchouc et à d’autres services dans sa ferme.
On leur interdisait de parler leur langue sous peine de punitions et une école leur a appris le portugais.
Au cours des dernières décennies, tous les locuteurs de la langue qui étaient enfants au moment du contact sont décédés, après la période de l’esclavage les indiens ayant honte de leur langue l’ont presque oubliée.
En 2009, sur environ Puyanawa, seuls 3 parlaient encore la langue. Aujourd’hui malgré les efforts les résultats sont limités et aucun élève ne peut dialoguer en puyanawa.
Localisation
Au début du XXe siècle ils habitaient les sources des affluents du Bas Moa, ils ont ensuite été contraints de vivre sur les terres du colonel Mancio Agostinho Rodrigues Lima.
Aujourd’hui il y a 2 villages, Barón Río Branco et Ipiranga (Mâncio Lima) dans l’état d’Acre.
La Terre Indigène (T.I) Poyanawa , 24.499 hectares, 745 personnes, homologuée. Villes : Mâncio Lima et Rodrigues Alves.
Aspects culturels
Le tatouage facial est une caractéristique propre aux peuples de langue pano. Au début du XXe siècle (selon le témoignage du père Tassevin) il se composait d’une ligne allant de la hauteur de la bouche au lobe d’oreille, traçant de petites lignes verticales.
Il y avait la couleur bleue autour des lèvres.
En 1980, 3 indiens avaient encore les tatouages faciaux, ces même personnes maîtrisaient encore à la même époque la confection des paniers, des arcs et des flèches, des ornements corporels, des hamacs et des pots en argile (ces objets étaient utilisés à des fins domestiques ou religieuses).
Histoire du peuple Puyanawa du Brésil - coco Magnanville
Histoire du contact Depuis les deux dernières décennies du XIXe siècle, les territoires indigènes riches en caoutchouc que l'on trouve dans la région baignée par les rivières Juruá et Purus...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/09/histoire-du-peuple-puyanawa-du-bresil.html
L’habitat
Kupixáwa na Aldeia Barão. Foto Frederico Lobo, 2008. Acervo CPI-AC.
Les maisons étaient assez basses, avec les parties latérales du toit descendant jusqu’au sol, sans murs, avec des ouvertures de la taille d’un homme, à l’avant et à l’arrière. Elles étaient peu larges et abritaient plusieurs familles ayant chacune son propre foyer.
Moyens de subsistance
C’est l’agriculture qui leur fournit leurs principales ressources. Chaque famille nucléaire a ses propres champs de culture pour la consommation domestique et y cultive du manioc, du maïs, des haricots péruviens, du mudubim blanc (arachide). Le riz, les bananes et la canne à sucre sont cultivés séparément.
Ils sont intégrés à l’économie régionale et vendent de la farine de manioc, des poulets, des œufs, des porcs par des intermédiaires situés à Cruzeiro del Sur en échange de vêtements, sel, et autres produits manufacturés.
La pêche n’est plus une ressource permettant de fournir de la nourriture de même que la chasse qui est aujourd’hui inexistante pour les Puyanawa depuis les années 70.
La transformation du manioc en farine est la principale activité génératrice de revenus pour la communauté Puyanawa. Deux maisons de traitement de la farine ont été constituées avec le soutien du gouvernement de l'état et la préfecture de Mâncio de Lima ainsi que de la Sebrae (agence de soutien aux entreprises).
Aldeia Ipiranga Por Jósimo da Costa Constant - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49035459
Un peuple qui s'organise
En 1988 on voit l'apparition des premières associations indigènes dans l'état d'Acre dont l'Association agro-extractive Poyanawa de Barão et Ipiranga (AAPBI). Après deux ans de fondation, les Puyanawa ont pu délimiter leur territoire avec les ressources acquises par certains de leurs dirigeants lors d'un voyage en Angleterre. Cette initiative n'a pas été reconnue officiellement par la Funai mais elle a joué un rôle décisif dans la mobilisation de la communauté en légitimant le territoire Puyanawa contre la société régionale et en empêchant les invasions que les chasseurs entreprenaient.
En 1999, l'AAPBI a signé le contrat de prestation de services avec le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) et le PPTAL (Projet intégré pour la protection des populations autochtones et des terres de l'Amazonie juridique) pour l'exécution du "Sous-projet de suivi et de consolidation de la démarcation physique des terres autochtones Poyanawa". L'objectif était de promouvoir les conditions permettant aux Puyanawa et à leur Association de superviser et de contrôler la démarcation de leurs terres, effectuée par une société de topographie engagée par Funai au premier semestre 2000. L'Association a également été chargée d'apposer des plaques sur les voies d'entrée considérées comme vulnérables, afin de signaler l'interdiction des invasions par les chasseurs, les pêcheurs et les bûcherons.
Le projet a permis le renforcement institutionnel de l'APPBI. Son conseil d'administration et ses équipes de travail ont reçu des cours en comptabilité, en secrétariat, en utilisation du GPS et en inscription. Pour soutenir le travail de l'AAPBI, du matériel permanent et des biens de consommation ont été acquis pour le nouveau siège du village d'Ipiranga, ainsi qu'un bateau pour appuyer les travaux de démarcation et pour permettre la surveillance et la supervision des terres. L'Association a diffusé la démarcation par le biais de messages radiophoniques, d'articles de journaux, de visites aux communautés agricoles voisines, d'associations indiennes et de taraudeurs de caoutchouc, de syndicats et d'agences gouvernementales basées à Mâncio Lima et Cruzeiro do Sul. Les Puyanawa exigent, à partir de la démarcation et de l'homologation de la terre indigène, plus d'engagement de la part des organes compétents du gouvernement pour prévenir les invasions et les occupations illégales qui continuent à se produire.
[Marcelo Piedrafita Iglesias, 2001]
source : pib.socioambiental.org