Brésil - Le peuple Nukini

Publié le 7 Septembre 2019

 

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Ils font partie du groupe de peuples de langue pano habitant la vallée du Jurúa, ayant en commun un mode de vie et une cosmovision similaires ainsi que l’expérience catastrophique de l’expropriation, la violence de l’exploitation par l’industrie du caoutchouc au milieu du XIXe siècle.

Population : 622 personnes (2014)

Localisation

Etat d’Acre.

Le long des igarapés Timbaúba, Meia Dúzia república, Capanawa et sur la rive gauche du rio Moa.

Ils vivent aussi dans la Terre Indigène Nukini dans la municipalité de Mâncio Lima située à Acre dans le sud-ouest de l’Amazonie brésilienne.

T.I Nukini – 27.263 hectares, Acre. Homologuée. 622 personnes.

La Terre Indigène (T.I) Nukini qui se trouve à proximité de la Sierra del Divisor abrite l’une des plus importantes mosaïques d’aires protégées du Brésil et dans le monde.

Ce peuple revendique l’extension de son territoire officiel ce qui revient à empiéter sur une partie du parc mais pour eux ce qui est en jeu c’est leur survie physique et culturelle.

Les valeurs attribuées à la biodiversité du parc national de la Sierra do Divisor (PNSD) sont parmi les plus élevées déjà trouvées en Amazonie brésilienne. Cette biodiversité à toujours été utilisée et préservée de manière laïque par la population résidant dans cette vaste région y compris les Nukini dont les terres contiennent cette riche biodiversité.

Langue : nukini ou nuikini de la famille des langues pano ou panoanes. Il n’y a plus de locuteurs mais elle est enseignée à l’école depuis 2000.

C’est certainement lors des contacts avec les exploitants du caoutchouc que les Nukini en sont venus à ne plus transmettre leur langue maternelle en raison du fait qu’ils étaient ridiculisés et même discriminés quand ils l’utilisaient.

rio jurua Por Foto: Flaviano Scnhneider/Secom - Origimente postado no Coração da Amazônia - Agencia de Noticias do Acre - Flickr, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10609532

Organisation sociale

Les pano d’Amazonie occidentale ont une grande hétérogénéité territoriale, linguistique et culturelle sans pour autant oublier leur diversité interne.

Les Nukini sont organisés en clans, les anciens réussissent à définir avec précision tous les descendants patrilinéaire des familles Nukini en classant leurs membres en fonction du clan auquel il appartient comme par exemple :

Inubakëvu – peuple du jaguar

Panabakëvu – peuple de l’açaï

Itsãbakëvu – peuple de patoá

Shãnumbakëvu – peuple du serpent

Pourtant de nombreux jeunes Nukini ne savent pas à quel clan ils appartiennent et cela n’est donc pas pris en compte pour le choix des mariages.

Les maisons abritent des familles nucléaires, elles sont construites avec des murs et des sols en paxiubão et les toits sont recouverts de feuilles de palmier (le plus utilisé est le caranai). D’autres maisons ont des murs et des planchers en bois de bonne qualité et d’autres encore ont des murs en agglo et des toits en tôles.

La descendance est patrilinéaire et il existe une division sexuée des tâches ainsi qu’une division par tranches d’âge.

Les hommes s’occupent de la chasse, de la cueillette, de l’agriculture.

Les femmes surtout des tâches domestiques mais elles collectent aussi des produits de la selva, elles fabriquent de l’artisanat et aident dans les corvées agricoles.

Une danse est encore pratiquée, le mariri ainsi que des chansons indigènes transmises oralement.

source : pib.socioambiental.org

 

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Activités productives

Organisés en colonies, les Nukini n'ont pas d'économie collective développée, car la production est généralement familiale. La pêche, une activité qui a lieu principalement pendant la saison sèche, se fait avec des filets et des hameçons, et de petits poissons comme la piaba sont utilisés comme appâts. En raison de la disponibilité limitée de poissons, cette activité est généralement secondaire et complémentaire de l'agriculture et de la chasse.

Les Nukini pêchent habituellement dans les igarapés et les lacs qui existent dans les terres indigènes comme Timbauba, Montevidéu, Meia Dúzia, Paraná dos Batista et Capanawa. Les poissons les plus consommés sont : trahíra (Hoplias malabaricus), Poisson-chat, différentes espèces de piranha.

Dans les bassins des igarapés où se pratique la pêche, il y a aussi des activités de chasse. Les animaux sauvages les plus consommés sont le pécari, les tortues, le paca, le tatou, le grand hocco (oiseau), le tapir, les singes.

 Les techniques de chasse sont essentiellement de quatre types : "chassé sur le parcours", "en attente", "avec pièges" et "chassé avec le chien". La chasse en cours implique environ trois à quatre heures de marche sur les sentiers de chasse jusqu'au "barreiro" (terrain où les animaux sauvages sont attendus), de même lorsque cette activité est faite avec des chiens. La chasse en suspens ou au piège se pratique à l'intérieur de la jungle ou à proximité des plantations.

En plus d'obtenir des protéines animales par la chasse, les Nukini ont quelques animaux domestiques pour se nourrir, beaucoup d'entre eux sont élevés près des résidences. Les principaux animaux élevés sont les porcs, les poulets, les moutons, les chèvres et les bovins, ces derniers à petite échelle, dans la logique du remplacement des zones de plantation par de petits pâturages.

fruits du palmier buriti - Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20774847

Ils récoltent divers produits de la selva dans les bassins versants mentionnés ci-dessus, qui coïncident en grande partie avec les zones de chasse. Les aliments les plus extraits de la selva sont : l'açaï, le bacaba, le buriti, le patuá et le palmito pour la consommation des fruits. Aussi, ce peuple consomme beaucoup de plantes médicinales, dont le palo-amargo (trichilia pallida), un grand arbre utilisé pour les piqûres d'insectes. L'écorce du caroubier, le copaiba (copaifera officinalis)  sont utilisés pour faire du thé pour les douleurs générales, la toux et les inflammations des nerfs. Le thé  de quina est utilisé contre le paludisme. La sève de la tige de la jarina (espèce de palmier) et de l'œil de l'asaí (euterpe oleracera) contre la piqûre des insectes. Le cipó-guaribinha - sève pressée est utilisé contre la grippe. La guimauve est utilisée contre la grippe, la toux et comme calmant. Le berro contre la grippe, la toux, les maux de dents, et c'est aussi un anti-inflammatoire.

 

palo amargo

Certaines ressources naturelles sont utilisées pour la décoration corporelle et l'artisanat en général. Les graines d'urucum (Bixa orellana) sont broyées avec de l'eau jusqu'à ce qu'elles soient transformées en une pâte qui est utilisée pour la peinture corporelle et colorant alimentaire. Le génipa américain est coupé en deux et placé dans de l'eau chaude jusqu'à ce qu'il devienne bleu. Le cipó-titica (Heteropsis flexuosa) est utilisé pour faire des paniers et divers ornements, qui sont peints avec de l'urucum et du genipapo américain. La cendre de la coquille du caripé est utilisée dans la fabrication de la céramique pour lier l'argile, avec laquelle sont fabriqués divers objets.

genipa americana Par From: Johann Wilhelm Weinmann: Phytanthoza iconographia.... Barth. Seuter, J. E. Ridinger & Joh. Jak. Haid, Augsburg 1735–1745. Coloured print, subtly re-colorized, 31.5 x 20.7, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=563835

L'artisanat produit par les Nukini comprend des pots en terre cuite, des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles, des balais et des paniers, entre autres. 

Diverses plantes sont également cultivées. Parmi les fruits : mangue, corossol, noix de coco, acaju, jaca, ananas, citron, acérola, goyave, avocat, palmier, copoazu, papaye, etc. Dans les plantations, on cultive principalement du maïs, du riz, du manioc, des haricots, de la canne à sucre, du tabac et des ignames. 

Le surplus de la production des plantations est généralement commercialisé dans la ville de Mâncio Lima. Le produit le plus vendu est la farine, qui est produite dans plusieurs minoteries qui existent sur la TI. La farine de manioc et la viande de gibier sont à la base de l'alimentation de ce peuple, qui ne cultive pratiquement pas de légumes, à l'exception de certains légumes sur les plate-bandes suspendues.

En conséquence du contact avec les blancs, les Nukini ne se sont pratiquement pas consacrés à l'agriculture, car lorsque le caoutchouc avait une valeur économique, ils extrayaient le latex du caoutchouc pour le produire. Ils ont également travaillé à l'abattage du bois pour les exploitants de bois et de caoutchouc. Comme d'autres peuples indigènes de la vallée du Juruá supérieur, ils étaient rameurs, gauleurs, défricheurs, et chasseurs professionnels, ils travaillaient pour les patrons du caoutchouc , même dans le régime du travail esclave. Cependant, aujourd'hui, leur utilisation des ressources naturelles est liée à leurs activités de production agricole, d'extraction de produits forestiers, de chasse, de pêche et d'artisanat.  

traduction carolita d'un extrait de l'article sur les Nukini du site pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Nukini

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