Nous demandons à l'État de convenir avec le peuple Nasa du nord du Cauca de mesures de prévention et de protection pour garantir sa survie physique et culturelle

Publié le 11 Août 2019

Bogota 10 août 2019

Le Bureau en Colombie du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme exprime sa profonde préoccupation face aux attaques répétées contre le peuples indigène Nasa duCauca qui se sont multipliées en 2019. Par exemple, au cours des dernières 24 heures, il y a eu deux attaques contre la Garde indigène, dont l'une a entraîné la mort violente de deux de ses membres. Cette situation grave conduit le Bureau à exhorter l'État à protéger efficacement la vie et l'intégrité physique et culturelle des membres de ce peuple autochtone.

"Je condamne fermement les attaques contre la Garde indigène, ainsi que les meurtres du médecin traditionnel Wala, Enrique Güejia, de Tacueyó, et du coordinateur de la Garde indigène de Toribío, Gersain Yatacué, qui ont été tués ces derniers jours. Ces morts violentes ont non seulement un impact sur la structure organisationnelle et l'autonomie gouvernementale ancestrale, mais elles ont aussi une dimension et un impact culturel énormes ", a déclaré Alberto Brunori, représentant en Colombie du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Jusqu'à présent, en 2019, le Bureau a reçu des informations sur l'assassinat de 36 membres du peuple Nasa du nord du Cauca, ainsi que sur environ 53 menaces de mort et 8 attaques. Par rapport à l'année précédente, août 2018, il y a aujourd'hui 9 cas d'homicides de plus. Une situation résolument alarmante.

Selon les informations du Bureau, sur les 36 personnes du peuple Nasa du Nord Cauca assassinées cette année, 6 ont défendu les droits de l'homme et appartenu au processus d'organisation de l'Association Cxhab Wala Kiwe des conseils autochtones du Nord Cauca : 4 gardes indigènes, un président du JAC et une autorité en exercice.

En ce qui concerne la protection des défenseurs des droits de l'homme dans le Cauca, le Bureau a participé à une réunion de travail avec les organisations et plates-formes de défense des droits de l'homme le 9 juillet à Bogota, au cours de laquelle le Ministère de l'intérieur a indiqué avoir demandé à l'Unité nationale de protection de revoir les programmes de protection déjà en place, ainsi que d'accélérer les études des risques pour ceux qui ont reçu des menaces.

Dans la même séance, le Ministère de l'intérieur a réitéré son appui aux défenseurs des droits de l'homme et indiqué qu'il travaillait à l'élaboration d'une politique de respect et de garantie pour leur travail.

Se félicitant de ces initiatives du Ministère de l'intérieur, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme réaffirme qu'il est prêt à continuer de conseiller l'État colombien sur les directives et les politiques visant à prévenir les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme et à protéger leur vie et leur travail, notamment ceux du peuple indigène Nasa du Cauca.

Le Bureau rappelle que l'arrêt T-030 de 2016 de la Cour constitutionnelle, conformément aux normes internationales relatives aux droits de l'homme, ordonne à l'État que les mesures à adopter dans le domaine de la protection et de la prévention soient coordonnées avec les autorités du peuple Nasa du Cauca du Nord et ses processus organisationnels, dans le cadre du droit à l'autonomie et à l'autonomie ancestrale.

Nous demandons également aux autorités de veiller à ce que les mesures judiciaires qu'elles adoptent soient coordonnées avec la juridiction autochtone spéciale et de juger et punir les responsables des crimes contre le peuple Nasa lorsque cela relève de leur compétence, notamment en enquêtant sur les omissions et connivences qui auraient pu favoriser ces crimes.

D'autre part, le Haut-Commissariat rappelle qu'il importe de vaincre les messages stigmatisants et discriminatoires à l'égard du peuple indigène Nasa et invite les autorités, la société civile et les médias à diffuser des messages clairs reconnaissant leurs droits.

Enfin, nous exprimons notre solidarité et nos condoléances au peuple Nasa, à l'organisation Cxhab Wala Kiwe, au Conseil régional autochtone du Cauca, au CRIC et aux familles des victimes.

Contexte :


Selon les informations compilées par le Bureau, en 2018, 46 homicides ont eu lieu dans des territoires autochtones du nord du Cauca. Sur ce nombre de personnes assassinées, 26 faisaient partie de l'une des 21 communautés ; 7 d'entre elles appartenaient directement au mouvement des droits de l'homme indigène, comme suit : 1 enseignant, 1 chef autochtone, 1 ancien conseiller de l'ACIN, 1 autorité traditionnelle en exercice, 2 gardes autochtones, 2 personnes "libératrices de la mère terre".


Mesures de précaution de la CIDH auxquelles nous avons donné un suivi particulier :


-Mesures de précaution 195 de 2005 (en faveur de neuf dirigeants de l'Association Cxhab Wala Kiwe-Association des conseils autochtones du nord du Cauca-Acin)
- Mesures conservatoires 301 de 2008 (en faveur de trente-deux dirigeants et conseillers du Conseil régional autochtone du Cauca-CRIC)
-Mesures conservatoires 255 de 2011 (en faveur des communautés des Resguardos de Toribio, San Francisco, Tacueyó et Jambaló)

Le peuple Nasa du Nord du Cauca compte sur  :

- Un plan de sauvegarde
- Des mesures de précaution de la CIDH
- Des alertes précoces du Bureau du Médiateur pour les municipalités du nord de Cauca.

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 10 août 2019

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Colombie, #Peuples originaires, #Nasa paez, #Droits de l'homme

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