Chansons reprises : Milonga del solitario
Publié le 1 Septembre 2019
Me gusta de vez en cuando De temps en temps j’aime bien être
perderme en un bordoneo, perdu dans un fredonnement
porque bordoneando veo car je vois bien qu’en fredonnant
que ni yo mismo me mando. je ne suis pas même mon maître.
Las cuerdas van ordenando Les six cordes en la pensée mettent
los rumbos del pensamiento, de l’ordre et un cheminement
y en el trotecito lento et dans le lent trottinement
de una milonga campera d’une milonga populaire
va saliendo campo afuera, peu à peu s’envole dans l’air
lo mejor del sentimiento. tout le meilleur du sentiment.
*
Ninguno debe pensar Que personne n’aille penser
que vengo en son de revancha, que je viens chercher ma revanche,
no es mi culpa si en la cancha qu’est-c’ que j’y peux si dans le ranch
tengo con qué galopear. j’ai ce qu’il faut pour galoper.
El que me quiera ganar, Un qui voudra m’en remontrer
ha ‘i tener buen parejero, un bon cheval devra monter,
yo me quitaré el sombrero, du chapeau je le saluerai,
porque así me han enseña’o, c’est ainsi qu’on me l’a appris,
y me doy por bien paga’o et pour moi cela me suffit
dentrando atrás del primero. de passer après le premier.
*
Siempre bajito he canta’o Tout bas moi j’ai toujours chanté,
porque gritando no me hallo si je crie j’oublie qui je suis
— grito al montar a caballo —quand je monte à cheval je crie
si en la caña me he bandea’o — si dans l’alcool me suis noyé —
pero tratando un versea’o mais si j’essaye de chanter
a’nde se canten quebrantos, des vers pour dire mes tourments,
apenas mi voz levanto à peine si ma voix s’entend
para cantar despacito, lorsque je me mets à chanter,
que el que se larga a los gritos qui dans les cris se laisse aller
no escucha su propio canto n’écoute pas son propre chant.
*
Si la muerte traicionera Et si la mort cette traîtresse
me acogota a su palenque, à son poteau vient m’étrangler,
háganme con dos rebenques avec deux fouets que l’on me dresse
la cruz pa’ mi cabecera; une croix pour me reposer ;
si muero en mi madriguera si dans mon trou la mort me laisse
mirando los horizontes, à regarder les horizons,
no quiero cruces ni aprontes, je ne veux croix ni oraisons,
ni encargos para el Eterno, ni l’Eternel ni ses affaires,
tal vez pasando el invierno peut-être que passé l’hiver
me dé sus flores el monte. les fleurs sur moi refleuriront.
*
Toda la noche he cantado La nuit entière j’ai chanté
con el alma estremecida, avec l’âme toute tremblante
que el canto es la abierta herida une plaie s’ouvre quand on chante
de un sentimiento sagrado, la plaie d’un sentiment sacré,
a naide tengo a mi lado je n’ai personne à mes côtés
porque no buscó piedad, car de pitié je n’ai que faire,
desprecio la caridad la charité je n’aime guère,
por la vergüenza que encierra; c’est la honte qui l’accompagne :
soy como el león de las sierras, je suis comme un lion des montagnes,
vivo y muero en soledad. je vis et je meurs solitaire.
Atahualpa Yupanqui Traduction Jacques Ancet
Atahualpa Yupanqui - Milonga del Solitario
Me gusta de vez en cuando perderme en un bordoneo, porque bordoneando veo que ni yo mismo me mando. Las cuerdas van ordenando los rumbos del pensamiento, y en el trotecito lento de una milonga ...
Milonga del solitario-Alfredo Zitarrosa
Una de las grandes creaciones de Don Atahualpa Yupanqui presentada aquí en la voz de un eterno juglar del canto del Uruguay