La colonisation du savoir de Samir Boumediene
Publié le 18 Juillet 2019
Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492 -1750)
Les éditions des Mondes à faire
Cet ouvrage essentiel doit impérativement figurer sur ce blog dédié aux peuples originaires d’Abya Yala, dédié surtout à Abya Yala, ce blog qui est résolument anticolonialiste.
C’est une « bible » de ce qui a mis en place la biopiraterie dés le début du colonialisme, un ouvrage clair et précis qui se lit comme un roman historique.
C’est passionnant.
On apprend toutes les ficelles de la colonisation du savoir, de la dépossession des plantes originaires et de tout ce qui va être mis en place par les pays colonialistes (en concurrence) pour dépouiller jusqu’à la trame, la "drogue", son histoire, ses propriétés, ses pouvoirs, la stratégie de commercialisation, l’utilisation à des fins précises, parfois même dans des buts colonisateurs et guerriers, l’expérimentation sur des « cobayes » vivants, le rôle de l’église dans ce « partenariat » entre le colonisateur et le « pacificateur » qui reste un intermédiaire avec l’autochtone, celui qui sait où se trouve les merveilles de la forêt .
Avec ce livre on « roule » sur une route au début non carrossable, on navigue sur des flots d’inconnu qui se lèvent peu à peu sous le sceau du profit, de la compétition, de la stratégie scientifique au service des pouvoirs présents.
Tout le monde y a mis une main, tout le monde a contribué à déposséder un continent de sa richesse, de sa force, de sa pureté pour satisfaire un autre continent, pour l’enrichir sur tous les plans, le soigner y compris, lui offrir le « sang » de sa selva, la force de vieillir.
Et Abya Yala reste dépouillée, et l’on continue de dépouiller ce qui reste inexploité, ce qui pourrait encore enrichir et guérir, l’inconnu. Celui qui ne veut pas qu’on le découvre et que l’on force, que l’on force toujours.
Et sur nos tables, et sur nos tables de chevet, et dans nos assiettes, et dans nos tisanes, et dans nos espoirs, il y a une goutte de sang prélevé depuis des siècles sur l’originaire et sur sa terre.
Aujourd’hui encore le remède miracle est sensé se trouver dans la forêt amazonienne, aujourd’hui encore sont déposés des brevets qui dépossèdent ceux qui connaissent le remède depuis des temps anciens, qui s’en servent sans le détruire, qui respectent le don de la nature pour l’homme.
J’ai aimé découvrir, ou plutôt me plonger dans ce livre précieux, il m’a enseigné, il m’a édifiée, il m’a convaincue, il m’a confortée, il m’a donné l’envie de vous en parler et de glisser ce message pour soutenir la résistance des peuples originaires et de la terre mère.
Caro/Kinta
Samir Boumediene est chargé de recherches au CNRS.
PC : Ce livre est également très beau et agréable à manipuler.