Bolivie : Douze poussins d'ara canindé sont nés dans des nids artificiels

Publié le 30 Juillet 2019

Par Photo by and (C)2007 Derek Ramsey (Ram-Man) — Photographie personnelle, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1713453

Par Photo by and (C)2007 Derek Ramsey (Ram-Man) — Photographie personnelle, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1713453

PAR YVETTE SIERRA PRAELI le 17 juillet 2019

  • Un nombre record de reproduction a eu lieu dans la réserve Laney Rickman où environ 80 de ces nids ont été installés.
  • Trois des oiseaux qui sont venus nicher sont nés ici et ont été reconnus par les anneaux installés sur leurs pattes.

Le dernier ara canindé ou ara à gorge bleue né dans la réserve Laney Rickman a déjà pris son envol. Au total, douze poussins sont sortis des nichoirs qui sont placés chaque année dans les arbres de cette estancia située dans la municipalité de Loreto, dans le département de Beni.

Un nombre qui a battu les records de naissance de cet oiseau endémique qui ne vit que dans les Llanos de Moxos du département de Beni, en Bolivie, et qui coïncide avec l'installation de nids artificiels pour aider à leur reproduction.

Selon Rodrigo Soria, directeur exécutif de l'Association Civile Armonía, la population d'aras canindés (Ara glaucogularis) ne dépasse pas 450 individus, et le projet de nichoirs lancé il y a plus de dix ans suggère que le nombre de ces oiseaux continue à augmenter. Ainsi, ces nids artificiels deviennent un espoir pour une espèce classée en danger critique d'extinction selon l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Douze poussins d'aras canindés sont nés dans la réserve Laney Rickman. Photo : Asociación Civil Armonía.

Une histoire de survie
 

César Flores, gardien de la réserve Laney Rickman, connaît bien l'histoire de ces oiseaux. Il installe des nids d'adoption depuis neuf ans afin d'offrir un espace de reproduction aux aras et à tout autre oiseau qui veut les utiliser pour élever ses petits dans un endroit sécuritaire.

Tout a commencé quand cet endroit était le ranch Esperancita. Puis, il y a un peu plus d'un an, il est devenu la Réserve Laney Rickman, un espace de conservation qui fait partie de l'Aire protégée municipale de Gran Mojos à Loreto, créée en février 2016.

"Il y a eu 12 poussins qui ont commencé à quitter leur nid entre janvier et avril ", dit Flores, qui non seulement prépare les nids, mais surveille aussi les poussins nouveau-nés.

C'est une tâche compliquée, dit-il, parce que les aras sont jaloux. C'est pourquoi, lorsque les poussins naissent à peine, Flores s'approche des nids pour faire un rapide enregistrement photographique et ne revient que lorsque les petits oiseaux commencent à avoir des plumes.

Les nichoirs sont installés de façon à fournir un endroit sécuritaire pour la reproduction des oiseaux. Photo : Asociación Civil Armonía.


C'est à ce moment que le travail commence à placer les anneaux sur leurs petites pattes, une technique utilisée pour surveiller les oiseaux sauvages et étudier leur migration, leur longévité, leur mortalité, entre autres aspects qui peuvent être découverts lorsque le même individu est retrouvé. "Nous devons attendre près de trois semaines avant de mettre les bagues sur eux ", explique Flores.

Trois des oiseaux qui ont niché cette année à Laney Rickman portaient ces bagues, ce qui a permis de découvrir que ces aras sont nés il y a des années dans cette réserve.

"C'est la deuxième année que certains oiseaux reviennent nicher. Nous voyons le fruit de 14 ans de travail, certains des individus qui sont nés ici et qui ont grandi dans les nids sont revenus pour former leur famille ", dit Soria au retour des oiseaux.


Engagement envers la conservation
 

Jusqu'à présent, 81 poussins sont nés dans ces nids artificiels. La plupart d'entre eux se trouvent dans la réserve Laney Rickman, mais des boîtes ont également été placées dans d'autres estancias voisines comme La Cantina et Las Trancas.

Cette année, en outre, la gestion de APM Gran Mojos a placé 27 nids dans diverses estancias de bovins où des aras à gorge bleue ont été observés. "Aucun d'eux n'a été utilisé par les oiseaux. Nous n'en connaissons toujours pas les raisons ", explique Luis Suarez, directeur de cette aire protégée. Parmi les plans -dit Suárez- il y a l'exécution du premier recensement des aras canindés dans la zone réservée.

L'APM Gran Mojos a été créé en 2017 et l'une des justifications de sa création a été la présence du ara à gorge bleue, puisqu'il s'agit de la réserve ayant la plus grande aire de nidification pour cette espèce.

Jhony Salguero, directeur des opérations de la Fondation pour la Conservation des Perroquets de Bolivie (CLB), souligne que la naissance des poussins d'aras à gorge bleue confirme l'importance de cette zone pour cette espèce. "Gran Mojos abrite 50% de la population nicheuse connue, puisqu'en plus de la réserve Laney Rickman, il existe d'autres sites de reproduction tels que La Cantina, Tres Estrellas et Santa Rosa de Justiniano".

Salguero se souvient que le trafic d'animaux sauvages pour les animaux de compagnie dans les années 1980 a mené l'espèce au bord de l'extinction. C'est pourquoi, explique-t-il, le gouvernement municipal autonome de Loreto a encouragé la création de l'aire protégée de Gran Mojos, où il a installé un centre d'interprétation ouvert aux visiteurs et aux chercheurs.

Le programme de nids adoptifs est l'un des moyens de protéger la reproduction de cette espèce, menacée principalement par la dégradation de son habitat, le trafic de la faune et l'utilisation de ses plumes dans les danses traditionnelles, principalement dans ce que l'on appelle "El Machetero" pratiqué par les indigènes Moxeños du Beni.

Les brûlis dans les Llanos de Moxos ont anéanti la plupart des arbres que l'ara utilise pour faire son nid. C'est pourquoi, en 2005, l'Association Armonía a commencé le projet d'installation de nids artificiels. Au départ, il y avait 20 boîtes jusqu'aux 80 qu'il y a maintenant.

L'aire protégée municipale de Gran Mojos abrite 50% de la population reproductrice d'ara à gorge  bleue. Photo : Fundación para la Conservación Loros de Bolivia.

Outre les menaces qui pèsent sur son habitat et les risques de capture de l'espèce, l'ara à gorge bleue est un oiseau qui peut mettre entre 5 et 7 ans pour atteindre sa maturité sexuelle, une situation qui complique sa reproduction, explique Soria.

Malgré les difficultés rencontrées par l'espèce, il y a de plus en plus d'espoir que sa population continuera d'augmenter, car les expériences de reproduction donnent des résultats dans les aires protégées destinées à la conservation.

 

traduction carolita d'un article paru sur Mongabay latam le 17 juillet 2019

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