Torymus sinensis, lutte intégrée contre le cynips du châtaignier

Publié le 26 Juin 2019

cynips Par Gyorgy Csoka, Hungary Forest Research Institute, Bugwood.org — http://www.insectimages.org/browse/detail.cfm?imgnum=5410742, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11545362

cynips Par Gyorgy Csoka, Hungary Forest Research Institute, Bugwood.org — http://www.insectimages.org/browse/detail.cfm?imgnum=5410742, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11545362

Cynips du châtaignier

Nom latin : dryocosmus kuriphilus

Hyménoptère de la famille des cynipidés

Origine : Chine

Plante hôte : châtaignier

Arbres les plus vulnérables : châtaignier d'Amérique (castanea dentata), châtaignier commun (castanea sativa).

Taxons et hybrides qui semblent résistants :

Castanea alnifolia 

Castanea crenata "Bouche de Bétizac"

Castanea pumila (châtaignier de Virginie) aux EU

Castanea mollisima (châtaignier chinois) est sensible mais contient des clones résistants

châtaignier "Bouche de Bétizac " Par Abrahami — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10358459

Le cynips est considéré comme le ravageur le plus nuisible du châtaignier dans le monde, il provoque des répercussions sanitaires importantes aux pépinières, aux espaces verts, aux vergers, aux forêts et à l'apiculture.

Il était d'abord classé comme organisme de quarantaine dans l'UE avant de changer de statut réglementaire en 2014, l'éradication étant devenue impossible.

Cet hyménoptère est originaire de Chine, il a tout d'abord colonisé le Japon en 1941 puis la Corée du sud en 1963, il migre ensuite en 1974 dans le sud des EU. On le voit en Europe pour la première fois en 2002 dans la piémont italien, en 2006 il est découvert en France au col de Tende dans les Alpes maritimes.

En 2007 des galles sont observées dans une pépinière sur les arbres importés en Haute Garonne.

L'aire de répartition du parasite se propage ensuite aux zones castanéicoles dans le Var puis aux châtaigneraies françaises, aux vergers, aux haies aux forêts en PACA, Corse, Auvergne, Rhône-Alpes, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, pays de la Loire, Ile de France.

Ses méfaits

Les femelles pondent dans les jeunes bourgeons, les piqûres de pontes sont visibles. Au printemps quand vient l’activité des larves de cynips, des galles de 0.5 à 2.5 cm se forment sur les jeunes pousses, les inflorescences, les feuilles (pétioles et nervures centrales) de couleur vert à rouge. Les organes de la plante qui sont atteints ne se développent pas complètement et des déformations générées par les galles apparaissent.

  • Réduction de la croissance et du rendement
  • Entre-nœuds courts
  • Feuille petites et déformées
  • Perte de bogues jusqu'à 60 à 80 % avec dépérissement des rameaux et des branches

En quelques années la production de châtaignes devient non rentable et les parcelles sont abandonnées.

Le délaissement des arbres peut amener l'extension de la maladie de l'encre (phytophthora cambivora) et du chancre (cryphonectria parasitica).

Torymus sinensis, lutte intégrée contre le cynips du châtaignier
Galles de cynips à Borgo d'Ale VC, Italie Par F Ceragioli — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25754751

Galles de cynips à Borgo d'Ale VC, Italie Par F Ceragioli — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25754751

 

Pour protéger les arbres adultes, les professionnels se servent de la lutte biologique avec l'auxiliaire torymus sinensis, un hyménoptère hyperparasite des larves du cynips du châtaignier qui permet de réduire les dégâts à un niveau acceptable.

Cet auxiliaire est utilisé au Japon depuis les années 80, en Europe il sera expérimenté tout d'abord en Italie de 2003 à 2005 et en France à partir de 2010.

Il est important que les cycles biologiques du cynips et de l'auxiliaire coïncident au stade D du châtaignier lorsque les bourgeons infestés sont verts et rouges avec des feuilles individualisées.

Les lâchers de torymus sinensis sont proportionnels selon les zones géographiques et dépendent également des financements disponibles, les organisations professionnelles invitent les producteurs à y  contribuer via la forme des souscriptions.

Les auxiliaires sont livrées au printemps dans des éprouvettes qui contiennent une majorité de femelles que l'on tapote du doigt pour libérer les parties infestées. Torymus sinensis pond directement sur les larves de cynips à l'intérieur des galles, leurs larves vont continuer de se développer tant que l'auxiliaire ne les aura pas tuées. Ensuite torymus achève son développement dans la galle jusqu'au printemps suivant. Il faut entre 8 et 10 ans pour arriver au contrôle optimal du cynips. Le temps d'avoir en nombre suffisant des torymus pour permettre leur multiplication et leur dispersion naturelle.

L'INRA et le CTIFL rappellent que l'entretien des châtaigneraies est la meilleure façon de maintenir une production face aux attaques de cynips.

Les arbres les plus vigoureux sont les plus résilients.

 ! Il ne faut pas détruire les déchets de taille l'hiver même car les galles présentes sur les branches pendant le repos végétatif ne contiennent plus de cynips, par contre elles peuvent encore contenir des torymus, les auxiliaires.

 ! Une autre recommandation est de ne pas commander de torymus sinensis sur internet faute de garantie spécifique mais plutôt de se rapprocher de son organisme professionnel la Fredon (fédération de lutte contre les organismes nuisibles) ou le SRA ((service régionale de l’alimentation) de sa région

La réglementation au sujet de l'introduction d'organismes nuisibles non indigènes

Arrêté du 31 juillet 2000 établissant la liste des organismes nuisibles aux végétaux, produits végétaux et autres objets soumis à des mesures de lutte obligatoire

Arrêté du 15 décembre 2014 relatif à la liste des dangers sanitaires de première et deuxième catégorie pour les espèces végétales

DÉCISION DE LA COMMISSION du 27 juin 2006 relative à des mesures provisoires d'urgence destinées à éviter l'introduction et la propagation dans la Communauté de l'organisme Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu

DÉCISION D'EXÉCUTION DE LA COMMISSION du 30 septembre 2014 abrogeant la décision 2006/464/CE relative à des mesures provisoires d'urgence destinées à éviter l'introduction et la propagation dans la Communauté de l'organisme Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu

Arrêté du 22 novembre 2010 relatif à la lutte contre le cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus)

Mais le torymus entre aussi dans cette catégorie d'organismes introduits non indigènes

Et comment savoir si son introduction en pleine nature n'aura pas des conséquences sur l'environnement, la santé humaine, les végétaux et les espèces indigènes ?

Ici  vous trouverez  l' AVIS de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à une demande d’autorisation d’introduction dans l’environnement du macro-organisme non indigène Torymus sinensis dans le cadre de la lutte biologique.

Suivre l'actualité de la lutte dans 2 régions :

La lutte contre le cynips en apiculture :

Un article très détaillé sur le châtaignier

Monaco nature encyclopedia

Sources : Le lien horticole n° 1087,   Fredon Corse, Fredon Occitanie

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Commenter cet article
A
Oui, bien sûr que ce sont des accords commerciaux mais si on y réfléchit, la Corse n'a pas besoin de l'Italie pour les châtaigniers: elles les a sur place! Pareil pour d'autres espèces dont les oliviers...
C
Oui c'est vrai, et je pense que derrière tout ceci se cache le grand jeu commercial de l'UE, il en est de même pour les végétaux comme pour le reste hélas.
A
C'est bien tout ça mais depuis combien d'années on demande l'interdiction d'importations de plants depuis l'Italie? Quand on y réfléchit bien, on se demande d'ailleurs pourquoi on a besoin d'importer des plants d'Italie ou de n'importe où, je ne pense pas que la Corse en ait besoin. Alors pourquoi ce commerce?
C
Tout ce que je sais c'est que l'Italie à un monopole sur les végétaux parce qu'à Rungis, les arbres viennent du Piémont. Quand tu sais que Rungis fournit une grande partie des producteurs, il faut remonter à la source. C'est comme pour les légumes, la provenance principale est souvent l'Espagne. Je pense que cela relève d'abord de politiques extérieures et internes liées à des contrats commerciaux dans certains domaines. Genre appels d'offres. Je dis cela c'est peut-être une bêtise, c'est juste une hypothèse. Après, à l'heure actuelle j'ai envie de te dire que n'importe quelle bestiole peut arriver par n'importe quel moyen. Le hic c'est la température qui permet des acclimatations rapides et efficaces.