Pérou - Le peuple Amahuaca

Publié le 27 Juin 2019

 

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Peuple autochtone du Pérou parlant une langue de la famille pano (panoane) et vivant dans les endroits ci-dessous :

Département de Madre de Dios, province de Tambopata, districts de Tambopata et de Las Piedras

Département d'Ucayali, province d'Atalaya, districts de Yurua et de Raymondi

Département d'Ucayali, province de Purús, districts de Purús

Population : 247 personnes

Langue : pano

Organisation indigène

FECONAP  - Fédération des Communautés Natives du Purús

 

 

 

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Les Amahuaca

Le nom du peuple amahuaca ou amin waka a été traduit par " fils du capybara ", un animal qui était dit capable de " chanter " dans la langue maternelle de ce peuple. Comme d'autres peuples dont la langue appartient à la famille linguistique Pano, les amahuaca reconnaissent une catégorie inclusive de personnes auxquelles ils s'identifient et qu'ils appellent yora.

Histoire 
 

Les histoires d'amahuaca racontent que leurs ancêtres vivaient près d'un grand lac. Certains chercheurs ont suggéré que ce grand lac serait l'Imiria, actuellement dans le département d'Ucayali, où les archéologues ont trouvé des vestiges de la plus grande concentration humaine pré-hispanique située dans le bassin central de l'Ucayali. D'après cette découverte, on estime que cette société aurait été présente dans cette région de l'an 800 de notre ère jusqu'au XIVe siècle (Dole 1998).

Dole (1998) soutient que les références historiques au peuple amahuaca remontent au XVIIe siècle et que la plupart se trouvent dans les rapports des missionnaires, des fonctionnaires et des explorateurs. D'après les premières références, on sait que le prêtre franciscain Manuel Biedma a trouvé en 1686 des villages Amahuaca sur les rives des affluents orientaux de l'Ucayali.  Dès lors, les Amahuaca seront exposés aux incursions des religieux dont la mission est d'évangéliser les Indiens.

Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, les captures contre les Amahuaca se sont intensifiées, cette fois à la tête des patrons impliqués dans l'extraction et le commerce du caoutchouc. Suite à des contacts avec d'autres populations, ce peuple a été touché par une épidémie de rougeole. On sait qu'un groupe d'Amahuacas a attaqué un camp de collecteurs de  caoutchouc au confluent des rivières Mapuya et Inuya en 1910, en réponse aux attaques des de ceux-ci. Pour Gertrude Dole (1998), de tels incidents ont conduit à la création d'une garnison militaire, qui est restée dans le camp jusqu'en 1960, afin de protéger les colons des "sauvages Amahuaca".

Outre les affrontements avec les récolteurs de caoutchouc, il y a eu aussi des affrontements avec d'autres peuples autochtones, qui ont fait des incursions dans le territoire Amahuaca afin de les capturer et de les transformer en domestiques en les échangeant contre des biens matériels. Ce contexte a favorisé une mobilité constante des Amahuacas, contribuant à la dispersion de leur population (Dole 1998).

En 1948, la construction de la Mission de Rosario de Sepahua a commencé, ce qui a eu une influence sur une colonie Amahuaca voisine (Álvarez 1997). Comme cette mission, le poste de missionnaire créé en 1953 par l'Institut d'été de linguistique a contribué à l'existence de colonies Amahuaca nucléées. Cependant, après le départ des missionnaires, la dispersion des Amahuaca s'est intensifiée (Dole 1998).

L'INEI (2007) a fait remarquer que certaines familles de ce peuple ont décidé de quitter le cours supérieur des affluents de la rivière Curiuja pour s'établir sur les rives de la rivière Urubamba en 1962. De plus, on sait qu'une partie de ce peuple est tenue à l'écart du monde extérieur. A cet égard, la Direction des peuples autochtones en situation d'isolement et de premier contact du Vice-Ministère de l'interculturalité a identifié la population Amahuaca en situation de premier contact dans la réserve territoriale Murunahua, située dans le département d'Ucayali, créée par la résolution régionale N°189-97-CTARU/DRA.

 

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Institutions sociales, économiques et politiques 
 

Traditionnellement, les établissements Amahuaca sont constitués de familles étendues de plus de deux générations, vivant dans la même maison. Mora et Zarzar (1997) soutiennent que, selon la tradition Amahuaca, le lieu de résidence d'un nouveau couple est le domicile ou l'établissement de la famille du mari.

Selon Gertrude Dole (1998), les Amahuacas pratiquent une horticulture très mobile qui, chaque année, les fait déménager dans un nouvel endroit et leur ouvre de nouveaux espaces pour établir leurs fermes. Les hommes Amahuaca prennent en charge la forêt et participent à l'ensemencement des champs, mais ils se consacrent traditionnellement davantage à la chasse et à la pêche.

Les femmes sont les principales responsables de la ferme. Ce sont elles qui sèment la plupart des cultures sauf le manioc et le tabac, pour lesquels il est nécessaire de creuser des trous profonds. Les femmes sont également chargées de la fabrication de la céramique, de la filature et du tissage. Elles fabriquent la plupart des paniers, tapis, tamis, ventilateurs de feu, balais et ornements de graines (Dole 1998).

Les établissements Amahuaca qui ont été établis au début du XXe siècle comptaient plusieurs chefs, un chef principal et des chefs de sous-groupes faisant partie de l'établissement. Le chef Amahuaca était considéré comme un chef guerrier en raison de l'histoire des affrontements entre les Amahuaca et les étrangers, ainsi que des peuples voisins, avec lesquels ils vivaient constamment en conflit (Dole 1998).

Croyances et pratiques ancestrales  
 

Selon la croyance ancestrale des Amahuaca, le cosmos est formé par trois espaces : l'eau, la terre et un ciel soutenu par des racines d'arbres qui l'empêchent de tomber dans l'eau. Selon leurs mythes, les ancêtres des Amahuaca vivaient dans le ciel, mais à cause d'un grand cataclysme, le ciel et tous ses habitants tombèrent sur la terre, cachant le soleil. Plus tard, le crapaud (hïo) a réussi à lever le ciel, permettant à la lumière du soleil d'atteindre la terre et permettant de la repeupler (Dole 1998).

Pour Gertrude Dole (1998), les Amahuaca se reconnaissent à la caractéristique de leur tenue vestimentaire et aux parures qu'ils portent sur leur corps. Les rapports de l'époque coloniale indiquent que les Amahuaca portaient une sorte de pendentif de nez fait de morceaux triangulaires de coquillages. Ils portaient également des "chapeaux de bois" décorés de peaux d'animaux et de quatre plumes, des colliers de dents de jaguar, des bracelets de graines et de dents de singe. Ces chapeaux seraient de larges couronnes de bambou que les Amahuaca ont gardé jusqu'à aujourd'hui.

Dole (1998) a fait valoir, d'après ses recherches, que les femmes portaient des jupes tubulaires en coton tissé jusqu'aux genoux. Ces jupes étaient colorées à l'achiote et teintes en brun foncé en les immergeant dans une écorce d'acajou, ou en noir, les trempant dans de l'eau dans laquelle l'argile s'est dissoute.

Une autre pratique ancestrale entre les hommes et les femmes Amahuaca était de peindre sur le visage et le corps une variété de dessins géométriques rouges et noirs, utilisant achiote et huito comme colorants naturels. La décoration faciale typique consiste en un large croissant noir peint avec du jus de huito mélangé à de la poudre de charbon de bois, qui va d'oreille à oreille à travers la bouche. 

traduction carolita du site bdpi.cultura.gob.pe

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Peuples isolés, #Amahuaca

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