Militarisation des territoires zapatistes " Plus qu'une stratégie de sécurité, ça ressemble à une stratégie de guerre " : Noam Chomsky, Raúl Zibechi, Carolina Coppel, intellectuels et universitaires

Publié le 21 Juin 2019

Ville de México/Desinformémonos -. La militarisation croissante des territoires zapatistes au Chiapas " plus qu'une stratégie de sécurité, c'est une stratégie de guerre ", ont déclaré des militants, organisations, intellectuels et universitaires mexicains et internationaux, dont Noam Chomsky, Fernanda Navarro, Raúl Zibechi, Juan Villoro et Carolina Coppel.

"Nous craignons que cette nouvelle administration, comme ses prédécesseurs, libéraux ou conservateurs, ne pousse à nouveau les peuples autochtones au bord de l'extermination ", ont-ils déclaré dans une lettre.

Ils ont souligné que la militarisation " est un signe d'avertissement que, dans le cadre de la stratégie très remise en question autour de la Garde nationale, où comme cela s'est produit tant de fois, une force " sécuritaire " ne fait pas de distinction entre le crime et la résistance, entre la cruauté et la rébellion digne, et ils ont souligné qu'il est " contradictoire " que la stratégie de sécurité soit dirigée " de manière menaçante " vers les communautés indigènes de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) même si les données du gouvernement mexicain lui-même indiquent que la zone zapatiste " est une des zones où le taux de criminalité est le plus bas.

"Ceux d'entre nous qui souscrivent à ces paroles croient qu'un changement au Mexique ne peut avoir lieu sous l'ombre du pragmatisme politique, cédant aux pressions qui mènent à l'autoritarisme, à la dépossession et à la violence au profit de 1%, ni à la disqualification des voix critiques qui avec leur authenticité et leur cohérence ont gagné le respect du monde," ont-ils ajouté.

Enfin, ils ont souligné le " processus d'hostilité " croissant à l'égard des peuples indigènes en  résistance aux mégaprojets, tels que le train maya, le corridor transisthmique et le projet intégral Morelos (PIM), ainsi que le rejet des meurtres récents de membres du Congrès National Indigène et du Conseil Indigène de Gouvernement.

La lettre complète suit :

A ceux qui sont encore prêts à écouter

C'est un message de préoccupation pour la vie, pour la dignité. Ceux d'entre nous qui ont signé cette lettre s'inquiètent de ce qui se passe, une fois de plus, dans ce coin oublié du sud-est mexicain qui est devenu le cœur de l'espoir et de la rébellion, le Chiapas.

Il ne s'agit ni d'un manifeste idéologique ni d'une déclaration de position face aux changements politiques qui se produisent au Mexique, mais d'un message d'intérêt réel pour ce que l'on ressent dans cet en-bas qui, après 25 ans, 500 ans, continue à résister à l'extermination et à l'oubli. Nous sommes préoccupés par ceux qui, depuis un quart de siècle, luttent pour leur autonomie, qui ont placé la dignité au-dessus du pragmatisme politique, qui ont été un exemple de liberté dans un monde enchaîné par la peur, nous sommes préoccupés pour les zapatistes.

Nous sommes préoccupés par l'activité militaire croissante dans les territoires des communautés zapatistes. Nous constatons qu'au milieu de la situation sécuritaire complexe du Mexique, la voie de la militarisation du pays prend encore plus de force. C'est un signe d'avertissement dans le cadre de la stratégie très remise en question autour de la Garde nationale, où comme cela s'est produit tant de fois, une force de " sécurité " ne fait pas la distinction entre crime et résistance, entre cruauté et rébellion digne. Il est contradictoire que lorsque les données du gouvernement mexicain lui-même indiquent que la zone zapatiste est l'une des zones où le taux de criminalité est le plus bas, la stratégie de sécurité est dirigée de manière menaçante vers les zones qui sont parmi les rares sanctuaires de liberté et de sécurité du Mexique d'en-bas. Bien plus qu'une stratégie de sécurité, c'est une stratégie de guerre.

Bien que parmi les signataires nous soyons un groupe diversifié de personnes qui peuvent voir l'administration d'Andrés Manuel López Obrador avec espoir ou scepticisme, nous sommes tous des personnes qui rêvent d'un monde différent et meilleur. Ceux d'entre nous qui souscrivent à ces paroles croient qu'un changement au Mexique ne peut avoir lieu sous l'ombre du pragmatisme politique, cédant aux pressions qui mènent à l'autoritarisme, à la dépossession et à la violence au profit de 1%, ni à la disqualification des voix critiques qui, par leur authenticité et leur cohérence, ont gagné le respect du monde.

Nous assistons à un processus croissant d'hostilité envers les résistances authentiques, historiques et légitimes qui s'opposent à des projets tels que le train maya, le couloir transisthmique et le plan intégral Morelos, entre autres. Nous sommes préoccupés d'apprendre que des membres du Congrès National Indigène et du Conseil Indigène de Gouvernement ont récemment été assassinés. Nous craignons que cette nouvelle administration, comme ses prédécesseurs, libéraux ou conservateurs, ne pousse à nouveau les peuples indigènes au bord de l'extermination.

Le monde regarde avec les yeux et le cœur ce qui se passe au Mexique et au Chiapas.

Arrêtez la guerre contre les zapatistes et les peuples indigènes du Mexique !

Signataires internationaux

Noam Chomsky, Arundhati Roy, Boaventura De Souza Santos, Raúl Zibechi, Yvon Le Bot, Michael Hardt, Oscar Olivera, Hugo Blanco Galdós, Jasmin Hristov, Joe Foweraker, Eric Toussaint, Michael Löwy, Carlos Taibo, Pedro Brieger, Manuel Rozental, Mauricio Acosta, Vilma Almendra, Nicolás Falcoff, Guillermina Acosta, Iosu Perales, Philippe Corcuff (professeur de sciences politiques, Lyon, Francia), Enzo Traverso (Susan and Barton Winokur Professor in the Humanities, Cornell University), Mikel Noval (Eusko Langileen Alkartasuna-Solidarité des Travailleurs Basques – ELA), Manuel Gari Ramos (membre de la Coordination Confédérale des Anticapitalistes), Francisco Louçã (Economiste, membre du conseil d'Etat, Portugal), Leo Gabriel (Membre du Conseil International du Forum Social Mondial), Pierre Galand (Sénateur honoraire, ex-secrétaire général d'Oxfam Belgique), Alberto Acosta ( Ex-président de l'Assemblée Constituante, Equateur), Miguel Urbán (eurodéputé), Raúl Camargo (ex député de l'assemblée de la Communauté de Madrid), José María González “Kichi” (Maire de la ville de Cádix), José Luis Cano ( député du parlement d'Andalousie), Marco Bersani (porte-parole ATTAC ITALIE), Tomas Astelarra (journaliste, Argentine), Derly Constanza Cuetia Dagua (Indigène Nasa, Pueblos en Camino), Antonio Moscato (Université del Salento Lecce -Italie), Jaime Pastor (éditeur de Viento Sur), Aldo Zanchetta (journaliste free lance Lucca -Italie), Miren Odriozola Uzcudun (Pays Basque), Kepa Bilbao Ariztimuño (professeur), Rogério Haesbaert (géographe et professeur universités Fédérale Fluminense et de Buenos Aires), Gilbert Achcar (Professeur à la SOAS, Université de Londres), Antonio Moscato (Italie), Virginia Vargas Valente (Pérou), Rommy Arce (ex conseillère de la Marie de Madrid), Josu Egireun (Rédaction Viento Sur), Mariana Sanchez (syndicaliste, France), Jorge Costa (député du Bloc de Gauche au parlement du Portugal), Franck Gaudichaud (professeur d'université, Université deToulouse Jean Jaurés, France / Membre du collectif éditorial Rebelion.org), Arturo Escobar (Professeur émérite d'anthropologie, U de Caroline du Nord, Chapel Hill), Olga Luisa Salanueva (Directrice de Maîtrise en sociologie juridique UNLP, Argentine), José Murillo Mateos, Hilda Imas, Jorge Ignacio Smokvina, Hernan Parra Castro Président du Comité Exécutif Nactonal FENASIBANCOL, William Gaviria Ocampo Fiscal Comité Exécutif NATIONAL FENASIBANCOL, César Augusto Cárdenas Ávila Secrétaire général C.E.N. FENASIBANCOL, Detlef R. Kehrmann, Camille Chalmers (PAPDA – Haïti), José Angel Quintero Weir (Organisation Wainjirawa pour l'Education Propre-Venezuela), Vanda Ianowski (Enseignante Université Nationale de Comahue, Río Negro Argentine), Maria Adele Cozzi – camminardomandando (Italia), Luis Martínez Andrade (chercheur post-doctoral Collège d’études mondiales/Fondation Maison des Sciences de l’homme), Roberto Bugliani (Italie), Juanca Giles Macedo (Pérou), 

Signataires du Mexique

Juan Villoro, Ely Guerra, Oscar Chávez, Francisco Barrios “El Mastuerzo”, Márgara Millán, Juan Carlos Rulfo, Jean Robert, Javier Sicilia, Luis de Tavira, Gilberto López y Rivas, Jorge Alonso, Paulina Fernández Christlieb, Eduardo Matos Moctezuma, Isolda Osorio, Raúl Delgado Wise, Alicia Castellanos Guerrero, Sylvia Marcos, Carolina Coppel, Mercedes Olivera (CESMECA-UNICACH), Carlos López Beltrán, Magdalena Gómez, Rosalva Aída Hernández, Bárbara Zamora, Beatriz Aurora, Néstor Quiñones, Fernanda Navarro, Alejando Varas, Raúl Romero (Sociologue, UNAM), Marta De Cea, Servando Gajá, Rosa Albina Garavito Elías, Eduardo Almeida Acosta, Ma. Eugenia Sánchez Díaz de Rivera, Ana Lidya Flores Marín, John Holloway, Sergio Tischler, Fernando Matamoros, Gustavo Esteva, José Luis San Miguel, Lucía Linsalatta, Paulino Alvarado, Peter Joseph Winkel Ninteman, Isis Samaniego, Mayra I Terrones Medina (master en Développement Rural, Professeur chercheuse, UAM Xochimilco), Carolina Concepción González González (professeur-chercheuse de l'Université Autonome de Basse Californie Sud), José Javier Contreras Vizcaino (Etudiant en doctoral de Sociologie ICSyH-BUAP), Mayleth Alejandra Zamora Echegollen ( Etudiante en doctoral de Sociologie-BUAP), Mayleth Echegollen Guzmán.- PROFRA-INVEST.- BUAP., Rene Olvera Salinas (professeur de la UPN y UAQ ,Querétaro, México)., Rogelio Regalado Mújica (Institut de Sciences Juridiques de Puebla), Edgard Sánchez (membre de la direction du Parti Révolutionnaire des Travailleurs), Karla Sánchez Félix (philosophe), Estefania Avalos Palacios (antropologue), Francisco Javier Gómez Carpinteiro, Ana María Verá Smith, Rodolfo Suáres Molnar (UAM- Cuajimalpa), Álvaro J. Peláez Cedrés (UAM-Cuajimalpa), Mara Muñoz Galván (Observatoire de Justice et Droits Humains des Femmes et des Filles ), Aline Zárate Santiago (Collectif Libérationn Ixtepecana), Alejandra Ramìrez Gaytán (Sans emploi et en occupation alternative), Ita del Cielo (sociologue), Gabriela Di Lauro, David Rodríguez Altamirano, Byron Eduardo Lechuga Arriaga, Carolina Martínez de la Peña, María del Pilar Muñoz Lozano, Juan Jerónimo Lemus, Cecilia Zeledón, Ana Laura Suárez Lima, Lilia García Torres, Iliana Vázquez López, Silvia Coca, Katia Rodríguez, Pilar Salazar, Miguel López Girón, Rogelio Mascorro, Alexia Dosal, Edith González, Priscila Tercero, David Hernández, Roberto Giordano Longoni Martínez, Renata Carvajal Bretón, Beleguí Rasgado Malo, Mario Hernández Pedroza, Monserrat Rueda Becerril, Erika Sánchez Cruz, Jannú Ricardo Casanova Moreno, Marisol Delgado, Alejandro Gracida Rodríguez, Ariadna Flores Hernández, Tamara San Miguel y Eduardo Almeida Sánchez.

ORGANIZACIONES

Red Europa Zapatista, Confédération Générale du Travail (Etat espagnol), Union syndicale Solidaires, France, TxiapasEKIN (Euskal Herria, Pays Basque), Centre de Documentation sur le Zapatisle (CEDOZ) Etat espagnol, Assemblée de Solidarité avec le Mexique (Valencia, état espagnol), Humanrights - Chiapas (Zurich, Suisse), Comité Chiapas "Maribel" (Bergame, Italie), Y Retiemble ! Espace de soutien au Congrès National Indigène depuis Madrid (Etat espagnol), Mutz vitz 13 (Marseille, France), Association solidaire Café Rebelle -Infoespai (Barcelone, Catalogne), Adhérents à la Sexta (Barcelone, Catalogne), Ya Basta ! Moltitudia Roma (Italie), Coopération Rebelle (Naples, Italie), Espoir Chiapas -Esperanza Chiapas (France), Collectif Manchester Zapatiste (Royaume-Uni), ASSI (Action Sociale Syndicale Internationaliste), Pueblos en camino (Colombie), L'Insurrection du Caracol (Argentine), FM La Tribu (Buenos Aires, Argentine), Radio El Grito (Córdoba, Argentine), Réseau de Solidarité avec le Chiapas de Buenos Aires (Argentine), Fédération Nationale des Syndicats Bancaires Colombiens "FENASIBANCOL" (Colombie, Réseau Contre la Répression et pour la Solidarité (Mexique), Unité Ouvrière et Socialiste - UNIOS ! (Mexique), Union des Voisins et Victimes "19 septembre" (Mexique), Maison d'édition Redez (Mexique), Développement et Apprentissage Solidaire (mexique), Collectif Détonaction Puebla (Mexique), Maison d'édition En cortito que's pa'largo (Querétaro, Mexique), Unitierra Puebla (Mexique), Université de la Terre à Oaxaca (Mexique), Centre de Rencontres et Dialogues Interculturels (Mexique), Marché Alternatif de Puebla (Mexique), Commission Takachiualis de Droits Humains (Mexique), Noeud de Droits Humains (Mexique)

traduction carolita d"un article paru sur le site Desinformémonos le 18 juin 2019

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Solidarité, #EZLN

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