Comment les femmes autochtones vivent-elles les changements climatiques dans leurs communautés ?

Publié le 29 Juin 2019

Les femmes autochtones d'Amazonie ont réfléchi aux menaces du changement climatique et de l'extractivisme sur leurs territoires et leurs forêts, en formulant des propositions fondées sur leurs connaissances ancestrales.  

Servindi, le 27 juin 2019 - Malgré le rôle que les peuples autochtones jouent dans la lutte contre les changements climatiques en prenant soin de leurs forêts, les menaces qui pèsent sur ces forêts ne cessent pas, mettant en danger leur survie.

Dans ce contexte, l'Association Interethnique pour le Développement de la Selva Péruvienne (Aidesep) renforce ses bases en défense du territoire et de ses forêts, en sauvant également ces pratiques ancestrales pour affronter ce phénomène.

L'atelier "Les femmes autochtones dans la gestion du territoire et de ses forêts", au cours duquel une trentaine de dirigeantes autochtones ont appris - certaines pour la première fois - à connaître les changements climatiques et leurs effets, ainsi que le droit au territoire et les menaces qui pèsent sur lui, en est un exemple.

L'événement s'est déroulé à Masisea, Ucayali, du 19 au 21 juin, avec des femmes des peuples  Shipibo, Yanesha, Asháninka et Kakataibo, appartenant aux fédérations de base de l'Organisation Régionale Aidesep Ucayali (ORAU).

Les populations et leurs forêts luttent entre les effets du changement climatique et la pression extractive sur leurs territoires, deux facteurs majeurs qui menacent leur survie.

Motivation initiale pour une réflexion collective sur les forêts, par l'équipe technique Servindi.
 

Cependant, cette fois, l'accent a été mis sur les femmes autochtones, car ce sont elles qui entretiennent une relation plus étroite avec les forêts et subissent les effets du changement climatique de manière différenciée.

L'espace traitait de questions telles que les territoires et les forêts, les changements climatiques, l'atténuation et l'adaptation, l'économie autochtone, la sécurité alimentaire et les connaissances.

Les principales menaces qui pèsent sur les peuples autochtones et leurs territoires du fait des grands travaux d'infrastructure, de l'expansion des monocultures et de l'extraction des hydrocarbures ont également été examinées.

Dialogue intergénérationnel entre les femmes. Image : Servindi.
 

Le changement climatique et les femmes


Même si c'est par l'augmentation de la chaleur que le changement climatique est le plus facilement perçu, c'est dans les communautés autochtones que les gens vivent et subissent l'ampleur réelle de son impact.

Ainsi, au cours des dernières décennies, divers événements tels que les inondations, les tempêtes de vent, les sécheresses, les invasions de parasites, les friajes (phénomène climatique), entre autres, se sont intensifiés et sont devenus plus fréquents dans les communautés autochtones qui vivent dans les forêts amazoniennes.

Ces événements classés comme anormaux ou extrêmes, selon leur intensité, ont été rapportés par les dirigeants autochtones en fonction de ce qu'ils ont vécu dans leurs communautés, de 1985 à nos jours.

Elena Ruiz Muñoz, sage du peuple Shipibo, explique à quel élément de la forêt elle s'identifie.
 

Et c'est dans le cadre de cet espace de formation que l'on a également cherché à apprendre comment les femmes autochtones vivent les changements climatiques dans leurs propres communautés.

Cela a conduit à la formulation de propositions d'atténuation et d'adaptation au changement climatique, en fonction de la réalité particulière de chacun de leurs territoires.

"Même si nous venons d'un même peuple, nous pouvons avoir des réalités différentes ", explique Rocilda Nunta, responsable du Programme de promotion de la femme à Aidesep.

Ainsi, les femmes ont défini des stratégies pour " se renforcer face au changement climatique " et ont identifié comment leurs impacts les affectent différemment des hommes.

Les femmes identifient les impacts du changement climatique sur leurs communautés au cours des 30 dernières années. Image : Servindi.
 

Si le droit international reconnaît que les peuples autochtones ont une relation spéciale avec leurs territoires, ce sont les femmes qui sont le plus étroitement liées à la forêt.

Ceci est dû au fait qu'elles possèdent des connaissances ancestrales et des connaissances qu'elles maintiennent en vigueur en résistant à l'avancée extractive sur leurs territoires.

"Ce sont les femmes qui se préoccupent le plus de l'entretien de la forêt parce que ce que nous laisserons à nos enfants est en jeu ", a déclaré Delfina Catip, leader Awajún et directrice de Aidesep.

Infrastructure et autres menaces


Outre les changements climatiques, d'autres menaces pèsent sur les peuples autochtones, comme les grands projets d'infrastructure.

Des cas comme celui de la voie navigable amazonienne ou l'expansion de monocultures comme le palmier à huile ont suscité beaucoup d'inquiétude et de débats parmi les dirigeantes.

Cet atelier s'inscrit dans le cadre d'un engagement pris par Aidesep, en vue de décentraliser sa formation et de renforcer ses organisations autochtones de base.

A cette fin, les équipes techniques de l'Aidesep et leurs responsables se déplacent dans différentes régions pour développer ces questions et d'autres dans ces espaces de formation.

Ils bénéficient également du soutien d'organisations partenaires telles que Servindi, qui a contribué à l'animation de l'atelier, ainsi que d'un appui technique sur des questions telles que les infrastructures, les territoires, les forêts et le changement climatique.

Zoila Ochoa, directrice de l'Aidesep, explique avec l'équipe technique Servindi les impacts du dragage des rivières amazoniennes.
 

Reproduire l'expérience


Vers la fin de l'atelier, la dirigeante nationale Zoila Ochoa a appelé les participantes à reproduire ces connaissances dans leurs communautés, afin qu'elles ne soient pas laissées seules lors de cette réunion.

"Nos voix seront comme les graines de nos peuples, là où elles tomberont elles produiront la connaissance que nous apprenons aujourd'hui. En tant qu'Aidesep, nous sommes les arbres et vous, en tant que représentants des fédérations, vous êtes les semences."

Avec cela, l'Aidesep conclut ce mois-ci un deuxième atelier, après un atelier similaire tenu à Lamas, avec la base de la Coordination de Développement des Peuples Indigènes de la région de Indígenas de San Martín (Codepisam) dans les jours précédents.

L'expérience, ont-elles expliqué, se poursuivra et sera étendue à d'autres régions.

A savoir :


Au cours de l'atelier, des fédérations appartenant à l'ORAU y ont participé, comme Ordeconadit, Feconadip, Ordim, Feconapia, Aconamac, Fecidpam, Feconbu, Feconacurpi, Fenacoca et Feconau, ainsi que l'organisation jeunesse Ojiru.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 27 juin 2019

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