Cosmovision Aztèque - Le dieu Quetzalcóatl

Publié le 21 Mai 2019

Le mythe suivant du dieu Quetzalcoatl se déroule dans le contexte des cinq soleils aztèques et a été tiré de l'ouvrage Guerreros, Dioses y Espíritus de la Mitología de América Central y Sudamérica, de Douglas Gifford.

Quetzalcoatl, le serpent à plumes, était peut-être le dieu le plus significatif parmi ceux vénérés par les Aztèques. Dans ses différentes formes, il est apparu comme dieu du ciel et du soleil, comme dieu des vents, de l'étoile du matin, et aussi comme bienfaiteur de l'humanité. Son nom vient du mot quetzal, nom d'un oiseau rare qui avait une longue queue de plumes, et coatí, mot avec lequel le serpent était désigné. Sous différentes dénominations, il était vénéré dans tout le Mexique et en Amérique centrale. En son honneur, les grandes pyramides des temples du Mexique ont été construites, et la ville sacrée de Cholula a été érigée, ainsi qu'un temple circulaire à la cour de Tenochtitlán.

Quetzalcoatl était le fils de Coatlicue, déesse de la terre. Un jour, elle était en haut d'une colline, faisant pénitence avec ses sœurs, quand une plume tomba du ciel à ses côtés. Elle l'a prise et l'a mise à côté de sa poitrine, et elle est tombée enceinte. En temps voulu, son fils est né. Quetzalcoatl était un garçon bon et docile, qui avait un si bon cœur qu'il osait à peine cueillir une fleur pour ne pas lui faire de mal. Lorsqu'on lui a demandé de faire des sacrifices, il a refusé, offrant à la place du pain, des fleurs et des parfums. Cependant, il était très dur envers lui-même, et pour faire pénitence, il se fouettait le dos avec des épines de cactus, jusqu'à ce que son sang coule.

En grandissant, il découvrit de nombreux secrets et compétences qu'il enseigna à l'humanité. Il a trouvé la cachette du maïs, a appris la valeur des pierres précieuses, de l'or et de l'argent, des coquillages colorés et des plumes d'oiseaux, et a appris à utiliser différentes plantes.
La gentillesse et l'intégrité de Quetzalcoatl irritèrent le grand dieu Tezcatlipoca, le Miroir de Fumée, qui était le contraire de lui. On disait qu'il était léger et si rapide qu'il pouvait descendre du ciel par une corde faite d'une toile d'araignée. Il était le dieu de la joie ; mais, en même temps, il était le dieu de la discorde et de la sorcellerie, de la prospérité et de la destruction, ainsi qu'un grand tricheur, qui demandait des sacrifices humains et des morts aux hommes afin de se nourrir.
Un jour, Tezcatlipoca s'approcha de Quetzalcóatl et plaça un miroir devant ses yeux pour qu'il puisse se voir. Quetzalcoatl, horrifié, vit alors quel âge il avait, et ses yeux furent attristés. Il pensait qu'il décevrait son peuple s'ils le regardaient comme ça, alors il s'est immédiatement couvert le visage et s'est caché. 
Tezcatlipoca, cependant, a couru après lui et l'a convaincu de se regarder à nouveau dans le miroir. Puis, au contraire, il lui donna une robe riche ornée des plumes d'un quetzal, et un masque bleu représentant un serpent fait de fines turquoises. Satisfait de sa vision, Quetzalcoatl permit à nouveau à son peuple de le voir.

Tezcatlipoca, cependant, n'était pas satisfait de cette démonstration de son pouvoir ; en réalité, il voulait détruire complètement le Quetzalcoatl pur. Ainsi, se faisant passer pour son ami, il offrit à Quetzalcoatl un verre de pulque, sorte de vin issu de la sève fermentée de l'agave. Au début Quetzalcoatl refusait de boire, mais à la fin il a mis un doigt dans le verre pour goûter ce vin. 
Puis il a bu un verre, puis un autre, et un autre, et il a fini par l'aimer. Comme il était très heureux, il envoya chercher sa sœur, et ensemble ils continuèrent à boire jusqu'à ce qu'ils se saoulent. Comme ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, ils sont tombés dans les bras l'un de l'autre et se sont aimés charnellement.
Depuis lors, Quetzalcoatl et sa sœur ont mené une vie dissipée, oubliant leur ancienne pureté, ainsi que l'accomplissement de leurs obligations religieuses. Au bout d'un certain temps, cependant, leur esprit a retrouvé la qualité de penser clairement, puis ils ont compris l'ampleur de leur faute. Se repentant de ses péchés, Quetzalcoatl ordonna à ses serviteurs de lui faire un cercueil de pierre, et il y alla pendant quatre jours et quatre nuits pour faire pénitence. Puis il a demandé à son peuple de le suivre jusqu'au bord de la mer. Une fois là, il fit un grand bûcher funéraire ; puis, vêtu de ses plumes brillantes, et portant le masque représentant le serpent turquoise, il se jeta dans les flammes.

Le grand brasier craqua toute la nuit ; et quand le jour fut levé, le corps de Quetzalcoatl, maintenant réduit en cendres, commença à se disperser, sortant des flammes comme une volée d'oiseaux. Ses serviteurs, désolés par le bûcher, regardant leur dieu disparaître, pouvaient voir une nouvelle étoile briller dans le ciel fraîchement dégagé du matin : le cœur de Quetzalcoatl était devenu l'étoile du matin.
Les Aztèques, en effet, ont honoré Quetzalcoatl comme un dieu ; mais il y a d'autres récits qui le présentent comme un personnage historique. Selon l'une de ces histoires, il était un sage dirigeant de Tula, la principale ville de l'Empire des Toltèques, qui s'effondra en l'an 990 de l'ère chrétienne. Neuf rois des Toltèques ont pris le nom de Quetzalcoatl, il est donc très possible que les légendes aient surgi au sujet d'un personnage qui existait vraiment. Il y a aussi une vieille légende qui le présente comme venant de pays lointains.
L'époque où Quetzalcoatl régnait sur Toula était une époque de paix et de prospérité. Il y avait de la nourriture pour tout le monde, le coton poussait partout dans différentes plantations, et il y avait aussi de l'or, de l'argent et des pierres précieuses. Les habitants de Tula étaient des artisans qualifiés et la ville était très prospère.
Cependant, avec le temps, quand Quetzalcoatl a vieilli, ses habitants sont devenus paresseux. Tezcatlipoca a alors vu l'opportunité d'agir et d'expulser Quetzalcóatl de sa terre.

Déguisé en vieillard aux cheveux blancs, Tezcatlipoca se présente au palais de Quetzalcoatl et demande à voir le roi.

-Ton roi est malade, dit-il aux gardes, et j'ai un remède qui peut le guérir. Conduis-moi à lui.

Tezcatlipoca s'est avancé et a offert à Quetzalcoatl une drogue puissante. Quetzalcoatl vit chez le vieil homme qui lui rendait visite un signe que son propre royaume touchait à sa fin, et il demanda au visiteur où il devait aller.

-Tu dois aller à Tollantlapán, dit Tezcatlipoca. Tu y rencontreras un vieil homme qui t'attendra et fera de toi un beau jeune homme. Prends cette potion et tu comprendras tout.

Bien qu'il soit vieux et malade, Quetzalcoatl n'a pas été trompé. Il a pris le médicament, mais a refusé de quitter Tula, et Tezcatlipoca a dû recourir à une nouvelle ruse. Il s'est déguisé en vendeur de piments verts et s'est rendu sur la place du marché, devant le palais, jusqu'à ce qu'il réussisse à attirer l'attention de la fille de Quetzalcoatl. Elle avait été élevée avec beaucoup de soin et avait à peine eu affaire à des étrangers ; dès qu'elle vit le beau jeune homme, elle tomba amoureuse de lui avec violence et passion. Presque malade d'amour, elle confessa à son père que le seul homme qu'elle voulait épouser était le vendeur de piment vert. Si elle ne pouvait pas le faire, elle a dit qu'elle mourrait.
Au début, quand Quetzalcoatl envoya chercher le jeune homme, ils ne le trouvèrent pas ; mais au moment même où les messagers allaient revenir, comme par magie, il apparut à son étal du marché et put être emmené au palais. Bien que pas très volontiers, Quetzalcoatl l'a accepté comme son gendre. Et Tezcatlipoca commença à exercer son influence à la cour. Comme il était logique, le mariage entre la fille de Quetzalcoatl et le vendeur de piments verts n'était pas bien vu par les Toltèques et, pour distraire leur attention, Quetzalcoatl décida d'attaquer une tribu voisine. Les Toltèques ont donc vu l'occasion d'achever le jeune mari et l'ont toujours laissé dans les positions les plus dangereuses ; mais il a combattu courageusement et est revenu triomphant de cette guerre, plus ferme et plus sûr dans sa position qu'auparavant.
Puis le vendeur de piments verts a décidé de déployer ses pouvoirs hypnotiques sur les Toltèques. Il a d'abord organisé une grande fête à laquelle il a invité des gens de différentes parties de l'Empire. Quand la foule s'est rassemblée, il a commencé à chanter et à battre un tambour, demandant aux gens de chanter avec lui et de danser comme lui. Ils suivirent alors le rythme marqué par le tambour et lui, comme ils dansaient sans arrêt comme possédés, les conduisit à un profond ravin. Le tambour sonnait de plus en plus vite et ces gens, à leur propre rythme, dansaient avec de plus en plus d'élan et de fureur ; jusqu'à traverser un pont très étroit,  où ils perdirent leur équilibre et tombèrent au fond de la vallée et furent transformés en pierres.

Puis il attaqua ceux qui travaillaient dans les jardins de Quetzalcoatl, laissant des centaines de morts parmi les fleurs ; puis il devint un sorcier et attira tant de gens vers lui que beaucoup furent écrasés à mort par la foule.
Les désastres se succédèrent, jusqu'à ce que les Toltèques se rendent compte que leur Empire touchait à sa fin. Finalement, il pourrit toute la nourriture à Tula et, se déguisant en vieille femme, il commença à griller les réserves de maïs frais. La bonne odeur a conduit les Toltèques qui vivaient encore à la maison de la femme, et là Tezcatlipoca les a détruits.
C'est alors que Quetzalcoatl a su que le temps était venu pour lui de partir. Fatigué, il mit le feu à la ville qu'il avait construite lui-même, enterra l'or et l'argent dans les vallées montagneuses, transforma les cacaoyers en cactus inutiles, et ordonna aux oiseaux aux couleurs vives de partir. Il n'autorisa que ses serviteurs les plus fidèles, ses nains et ses gibbos à l'accompagner.
Alors qu'il marchait, il atteignit l'endroit où se trouvait un grand arbre, à côté duquel il s'arrêta pour se reposer et demanda son miroir. En se regardant, il s'est rendu compte qu'il était en fait un homme âgé et fatigué. Puis, furieux, il jeta des pierres contre le tronc, qui y étaient incrustées et que l'on peut encore voir à cet endroit. Dans un autre endroit, où il s'arrêta aussi pour se reposer, il laissa l'empreinte de ses mains et de ses jambes sur un rocher, comme un signe qu'il était passé par là. A ceux qui lui demandaient où il allait, il répondait :

-Je vais apprendre.

Malgré tout, malgré son départ, Tezcatlipoca a continué de le persécuter. D'une manière ou d'une autre, il a pris possession de tout le savoir de Quetzalcoatl : comment travailler l'or et l'argent, les pierres, les peaux, et comment travailler dans les arts de la peinture et la sculpture. Dans les contreforts froids des montagnes, où les volcans Popocatepetl et Ixtaccihuatl, ses  compagnons, nains et gibbos sont... morts gelés, et Quetzalcóatl est alors laissé complètement seul.
Finalement, seul et fatigué, Quetzalcoatl atteint la mer. Il a ensuite fait usage de sa dernière énergie restante et a construit un radeau avec des serpents entrelacés, sur lequel il est entré dans les eaux.

traduction carolita du site mitos latinoamerica

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