Les peuples du río Negro

Publié le 29 Avril 2019

image  Uma festa de oferenda, chamada em Língua Geral de Dabucuri. Ilustração: Maurice Wilson (in S. Hugh-Jones, 1978).

Le nord-ouest de l'Amazonie abrite l'ensemble du bassin supérieur du río Negro et sur la frontière entre le Brésil et la Colombie vivent depuis au moins 2000 ans des groupes ethniques appartenant à 3 grandes familles linguistiques -essentiellement des familles de langues tukano, arawak et makú .

Les 27 peuples qui habitent cette région (dont 22 au Brésil) constituent le même espace culturel articulé dans un vaste réseau d'échanges s'identifiant à la culture matérielle, l'organisation sociale et la cosmovision .

On y trouve :

Les ethnies du río Vaupés

Arapaso - Brésil état d'Amazonas, 448 personnes.

 

Bará (Colombie et Brésil)

 

 

 

Barasana (Colombie et Brésil)

 

 

 

Desana ou Desano (Colombie et Brésil)

 

 

 

 

Karapana ou Carapana (Colombie et Brésil) 

 

 

 

Kotiria ou Wanano (Colombie et Brésil)

 

 

 

Kubeo ou Cubeo (Colombie, Brésil et Venezuela)

 

Makuna (Colombie et Brésil)

 

 

Mirity Tapuya ou Baniwa de l'Içana, Amazonas Brésil

Pira-Tapuya (Brésil et Colombie)

 

Pisamira (Colombie)

Siriano ou Tubú - Colombie et Brésil

 

 

Taiwano Eduria - Colombie

 

Tanimuca - Colombie

 

 

Tariana ou Tariano (Brésil et Colombie)

 

 

Tatuyo - Colombie et Brésil

 

 

 

Tukano - Colombie et Brésil

 

 

 

Tuyuca - Colombie et Brésil

 

Yauna - Colombie

 

Yuruti - Colombie et Brésil

 

 

Dans le Vaupés ils sont répartis dans le bassin du río Vaupés, se dispersant vers le sud du cours du Vaupés par d'autres bassins voisins. Ils parlent des langues de la famille tukano orientale, ils sont organisés en phraties patrilinéaires, des groupes de descendants d'un ancêtre commun qui ne se marient pas entre eux.

Les ethnies du río Xié

 

Baré (Brésil et Venezuela)

 

 

Warekena (Brésil et Venezuela)

 

Ils vivent dans la région frontalière entre le Brésil, le Venezuela et la Colombie. Une grande majorité parle la langue geral ou ñeengatú introduite par les missionnaires au 18e siècle.

Les ethnies du río Içana (ou Isana)

 

Baniwa - Brésil, Colombie et Venezuela

 

 

Kurripako - Colombie, Brésil et Venezuela

Ils vivent dans le bassin du río Içana et de ses affluents Cuyari, Aiari et Cubaté. Ce sont des peuples de langue arawak, organisés en phratries exogames patrilinéaires.

Les ethnies Makú

 

Hupda - Brésil et Colombie

 

 

Yuhup -Colombie

 

 

 

 

Dow - Brésil

 

 

 

 

 

Nadöb - Brésil

 

Kakua - Colombie

 

 Nukak -Colombie

 

 

Leur territoire traverse l'ensemble du bassin du Vaupés. Ils vivent principamement dans les régions interfluviales le long d'un axe nord-ouest jusqu'au sud-est du río Guaviare (Colombie) au fleuve Japura (Brésil). Ils sont organisés en groupes domestiques de parents proches ou groupes régionaux, ils parlent des dialectes de la famille linguistique makú.

Le río Negro dans le bassin de l'Amazone Par Kmusser — Own work using Digital Chart of the World and GTOPO data., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4746516

Le río negro à Manaus By Eiwe Lingefors - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19911580

Le fleuve, les cours d'eau

Le fleuve principal qui traverse cette région est le río Negro, un affluent de l'Amazone qui avant d'entrer au Brésil porte le nom de río Guainia et sépare la Colombie du Venezuela.

Sur la rive droite de son cours supérieur, le río Negro reçoit les ríos Içana et Vaupés et dans la même région se trouve aussi le río Apaporis et ses affluents, un torrent colombien qui est à son tour un affluent du río Caquetá qui traverse la frontière du Brésil et devient alors la rivière Japura.

Le bassin hydrographique du río Içana a sa source en Colombie. Il continue de délimiter la frontière avec le Brésil. L'extension du río Içana est de 696 km et celle du Vaupés de 1375 km.

Après le río Branco, le río Vaupés est le plus important affluent du río Negro. Il reçoit des eaux dans son cours de grands fleuves comme le Tiquié, le Papuri, le Querai et le Cuduiari.

Au-dessus de l'embouchure du río Vaupés se trouve la zone formée par le río Xié et le haut río Negro.

Le río Vaupés à Taracua (Amazonas) Par Richard william fraser — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40429444

Le río Içana  Par Liana Amin Lima — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40642362

Le río Xié

Le río Apaporis à Chiribiquete, resguardo de El jaguar

Les langues et les gens

La population actuelle représente environ 90% de la population totale de la région malgré 2 siècles d'échanges communautaires et de contacts entre les peuples indigènes blancs.

Les Territoires Indigènes (TI) homologués

Alto Río Negro 79.993 km2

Medio Río Negro I  17.761 km2

Medio Río Negro II 3162 km2

Río Apaporis  1069 km2

Tea río  4118 km2

Total : 106.103 km2

Il y a 732 villages dans le haut río Negro, allant de petites localités habitées par un seul couple à de grands villages et villes dispersés parmi les rivières de la région.

Il y aurait plus de 30.000 personnes.

Les langues

Dans le nord-est de l'Amazone plus de 20 langues sont dérivées de 3 grandes familles linguistiques, le tukano oriental, l'arawak et le makú. Les langues tukano oriental sont parlées aux frontières entre la Colombie, l'Equateur et le Pérou, elles sont prédominantes dans le Vaupés et l'Apaporis.

Les langues tukano sont parmi les plus courantes dans l'Içana du côté brésilien dans le nord-ouest. Il existe au moins 16 langues différentes classées comme tukano oriental localisées dans le bassin du río Vaupés.

Les groupes ont une convergence entre les règles exogamiques et les groupes linguistiques ce qui explique que les groupes sont apparentés et parlent plusieurs langues.

Ce qui engendre le multilinguisme caractéristique de la région qui s'ajoute aux autres langues parlées par les familles, langues imposées par la colonisation à savoir le portugais au Brésil et le castillan en Colombie.

Les langues arawak sont parlées uniquement par les peuples Baniwa, Kurripako, Baré, Warekena et Tariano. Ce dernier peuple parle aussi le tukano, ils ont vécu ensemble pendant des siècles dans le moyen Vaupés.

La langue nheengatú est une forme simplifiée de l'ancien tupi qui a été adapté et diffusé largement par les premiers missionnaires jésuites. Cette langue représenté actuellement l'identité culturelle du peuple Baré.

La famille linguistique makú comprend 6 langues différentes dont 4 sont parlées au Brésil. Elles sont parlées par des groupes ethniques occupant le plus vaste territoire du haut río Negro.

Ccette famille linguistique n'a rien à voir avec les familles tukano et arawak (en dehors de prêts linguistiques) et quasiment tous les makú parlent leur langue.

Organisation sociale

L'organisation  sociale de ces groupes est différente de la plupart des sociétés amazoniennes en raison de la présence de groupes de descendance patrilinéaire exogamique et bien hiérarchisée. Les groupes sont organisés au sein d'un tissu social complexe où la plus petite unité est le clan et l'unité maximale est composée de descendants d'un même ancêtre et considérés comme parents proches.

Le groupe de descendance exogame coïncide avec le groupe linguistique et la notion de descendance commune est revitalisée dans les procédures rituelles.

Dans l'idéal les membres d'un clan vivent dans le même groupe local. Le lieu de résidence d'un membre délimité est généralement la maloca, lieu d'importantes significations rituelles et cosmologiques.

Chez les peuples d'origine arawak (Baniwa, Kurripako, Warekena, Tariana et Baré) la correspondance entre langue et ascendance est commune et l'exogamie n'est pas observée actuellement.

L'unité exogamique est le sib : plusieurs frères et soeurs de même langue regroupés dans des phratries et maintenant des alliances entre eux.

Parmi les Makú l'organisation sociale des groupes linguistiques et divisée en 3 niveaux : les groupes de feu domestique organisés autour d'un coupe dont le point focal est l'homme le plus âgé des groupes - les groupes régionaux organisés et répartis sur le territoire en référence des ruisseaux ou caños et des igarapés.

Ce sont des groupes endogames avec des traios culturels  spécifiques et leurs propres dialectes. Chaque groupe peut couvrir 3 groupes régionaux ou plus.

Les groupes ethniques dans ce contexte ont de nombreuses activités communes, mythes, activités de subsistance, architecture traditionnelle, culture matérielle. Les plus évidentes sont chez les Tukano, Baniwa, Tariana et Baré  -dénommés Indiens des rivières - et chez les Makú - dénommés indiens des forêts -

Les tâches quotidiennes

ndios Wanana. Foto: Curt Nimuendaju, década de 1930.

Il y a une division sexuée des tâches comme c'est souvent le cas dans les sociétés de peuples originaires.

L'homme

Il procède à l'abattage des parcelles de forêt primaire pour y créer des chagras.

Ensuite la femme s'occupe de toutes les tâches depuis la sélection des plantes à semer jusqu'à la préparation des aliments.

Les femmes passent  la journée à la préparation des dérivés du manioc (yucca) : fariña, manicuera, tucupi, tapioca, baiji, mingao.

Journée de la femme

Índios Bara no Alto Papuri. Foto: Jean Jackson, 1969.

Elle prépare le premier repas de la journée, ensuite elle se rend à la chagra pour la cueillette des légumes et des fruits, pour planter, nettoyer la terre parfois elle va dans d'autres chagras abandonnées pour récolter des fruits. Ensuite à son retour elle commence la préparation du manioc, elle va chercher de l'eau à la rivière pour laver la pâte de manioc, elle va chercher du bois de chauffage pour préparer le repas. Elle s'occupe entre deux des jeunes enfants. Les filles aident très tôt leur mère, surtout au départ dans le fait de s'occuper des plus jeunes frères et soeurs.

Les femmes pratiquent aussi les activités artisanales surtout la céramique et des cordes ou cordages.

Les hommes accompagnent parfois les femmes à la chagra pour nettoyer la terre, désherber, charger le manioc dans jusqu'à la maison.

Les activités principales des hommes qui ont lieu chaque jour ou nuit sont la pêche, en canoë et la chasse ce qui nécessite de bonnes connaissances des techniques, des rivières, des meilleurs endroits.

La chasse se fait à pied parfois mais elle a lieu sur de longues distances, il faut de la patience et de l'attention.

Au retour de chasse la viande des gros gibiers comme le tapir ou le cerf est toujours partagées en communauté.

Les hommes font de l'artisanat, ce sont les objets cérémoniels, la vannerie (en dehors des paniers en lianes tressés faits par les femmes Makú).

Chez les "indiens des rivières "il y a des points communs dans les équipements et les techniques utilisés ainsi que dans l'agriculture, la cueillette, la pêche, la chasse et les déplacements.

Les peuples ont tous en commun les activités de traitement culinaire et la conservation des aliments.

Les ustensiles utilisés pour la cuisine sont les mêmes dans toute la région.

Le tipiti pour exprimer le manioc

 

 

 

 

la cumatá pour retirer la gomme de la pâte de manioc

la peneira, passoire pour la farine de manioc

 

Les malocas

Scène quotidienne à l'intérieur d'une maloca  Cena cotidiana no interior de uma maloca. Ilustração de Maurice Wilson, presente em livro de Hugh-Jones, 1978

Construire des malocas est une tradition partagée par les sociétés indigènes du haut et moyen río Negro. pendant de nombreuses années elles ont été abandonnées par les communautés indigènes du côté brésilien car elles étaient la cible des attaques des missionnaires.

Elles ont été actuellement récupérée dans certains endroits comme dans l'Alto Tiquié, le haut Vaupés dans le cadre d'un processus de récupération des traditions et de l'identité du mouvement indigène.

La maloca est divisée en plusieurs compartiments latéraux, chacun était habité par une famille nucléaire. En général le chef du groupe local vit dans le compartiment le plus proche du mur arrière de la maison et du côté gauche de la personne qui entre. Ses frères cadets lorsqu'ils se marient occupent les compartiments voisins de l'arrière vers l'avant de la maloca. Les hommes célibataires déjà initiés doivent quitter le compartiment de leurs parents et s'installer au milieu de la maloca.

Ceux qui vivent temporairement dans la maloca ou exceptionnellement ainsi que les visiteurs sont placés à l'avant de la maison.

Pendant les fêtes et les cérémonies les plus formelles, l'espace de la maloca est réorganisé pour les danses qui ont lieu dans le centre de celle-ci.

Comunidade Taoerera, Terra Indígena Médio Rio Negro II. Foto: Beto Ricardo, 1988.

source : institut socioambiental ISA

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article