L'écho des palmiers - Le calebassier
Publié le 17 Avril 2019
Par Fev — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6934284
La tradition dit "Le calebassier est un don des dieux ; aussi Tuteco le dieu de la foudre, ne lui fait-il jamais de mal. Quand la foudre frappe une maison et qu'elle y détruit tout le reste elle laisse intacte les ustensiles faits en calebasse."
Nom latin : crescienta cujete
Famille : bignoniacées
Origine : Amérique tropicale, Mésoamérique, Caraïbes, Mexique, Colombie.
Le mot cujete vient du tupi, kuya =calebasse, ete = grand.
Le mot calebasse vient de l'espagnol calabaza probablement dérivé de l'arabe gar = courge et yabi = sec.
Il ne faut pas confondre cet arbre à calebasses avec les calebasses issues des fruits de la plante du même nom, la calebasse (lagenaria siceraria) une plante rampante de la famille des courges, cucurbitacées originaire d'Afrique. image ci-dessous
Par カールおじさん — http://kusabanaph.web.fc2.com/, see ja:Category:草花写真館画像, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61571
Le mieux serait d'employer le mot calebasse d'arbre pour l'identifier.
Territoire
C'est un arbre qui pousse dans les zones humides du Mexique mais il , résiste aussi à une longue période de sécheresse (comme dans le sud du Honduras), on le trouve aussi sur les zones côtières du nord du Venezuela, en Amazonie au Pérou, au Brésil, sur les côtes de l' Amazonie en Equateur et en Colombie.
Cet arbre a une longue durée de vie, il pousse également sur des sols pierreux.
Les noms communs du fruit
Cuba : güira, cimarrona de Cuba, güira des Antilles, depuis l'époque précolombienne il est connu pour ses gros fruits à pelure ligneuse, sphériques, utilisés pour la fabrication d'objets artisanaux et contenants.
Mexique : calabacito chicha, tecomate, bule ou guaje
El Salvador : cutuco, morro, tecomate, jicaro, horchata
Pérou : uringo ou pate
Honduras, El Salvador et sud du Mexique : huacal ou huacal de morro
Amazonie : pilche pour les Kichwa
Equateur : mate wide dans la province de Manabi
Cuba et Mexique : jicara (l'arbre s'appelle jicaro)
Venezuela, Panama, Colombie : totuma ou totumo
Bolivie : tutuma
République dominicaine : higüeno
Guadeloupe : calibasse
Guatemala : morro
Honduras : jicaro, avec le fruit ils font des récipients élaborés semblables aux verres et aux bols (guacal).
Description
Taille : de 3 à 8 mètres. Arbre au bois tendre et compact.
Écorce : grise excoriée
Du tronc partent de nombreux rameaux, longs, divisés et poussant horizontalement. La surface est couverte de nœuds, de chaque nœud naît un bouquet de 9 à 10 feuilles.
Les feuilles entières sont sessiles, de forme allongée, rétrécies à leur base, pointues au sommet, en forme de lance, de couleur verte, peu luisantes.
Le long du tronc et sur les branches, les fleurs solitaires prennent naissance, se balançant aux extrémités de pédoncules épais. Elles sont blanches striées de jaune et ont une odeur désagréable (fromage). Le calice est caduque, la corolle régulière, les divisions de la corolle ont des bords découpés et dentelés.
Floraison toute l'année et surtout en mars/juillet.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Crescentia_cujete_(3).jpg
Le fruit est une grosse baie globuleuse ou ellipsoïde de 10 à 35 cm de diamètre, le péricarpe est ligneux, la pulpe abondante et aigrelette avec des graines ovales et aplaties. La pulpe du fruit contient de l'acide cyanhydrique, de l'acide tartrique, citrique, chlorogénique, des alcaloïdes, des polyphénols. L'ingestion peut entraîner des diarrhées sévères. La pulpe pourrait avoir une activité cancérigène (leucémie, lymphome) selon Longuefosse.
Les feuilles contiennent des phénols , des dérivés de la quercétine et d'autres dérivés d'où une activité anti-inflammatoire et anti-allergique.
Les fruits prennent des formes variables, ils sont appelés calebasses, de forme ronde ou ovoïdes ils ont une carapace verte, lisse, ils sont suspendus aux branches ou à même le tronc. Ils peuvent mesurer 40 cm de long.
Par Roger Culos — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23795562
Ses utilisations par les peuples originaires
Les parties les plus utilisées sont les fruits ou graines. Différents objets sont fabriqués à partir des fruits en utilisant la peau légère et résistante. L'utilisation de ce fruit est étudiées depuis 1948 en Amérique centrale où il est considéré comme un complément protéique pour le bétail.
horchata de morro By Ralf Roletschek - Own work, GFDL 1.2, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42163664
De l'huile est extraite de ces graines. A El Salvador une variété connue sous le nom de Morro produit de petits fruits de 10 cm de diamètre avec un arôme agréable et des graines qui servent de base à la fabrication de la boisson typique Horchata de Morro.
En Colombie la calebasse reçoit une forme durcie de Dulce de leche ou d'Arequipa provenant du Cauca ou de Valle del Cauca.
Jicaras de pozol By Alfonsobouchot - Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10306330
Au Mexique dans l'état de Tabasco le fruit est utilisé pour contenir le pozole une boisson typique de la région et pour faire de l'artisanat dans le travail des jicaras.
Dans la vallée de Tapachula au Chiapas les habitants fabriquent des caisses qui servent à prendre l'eau pour se baigner (huacalazos) dans les salles de bains.
En Equateur plusieurs communautés l'appellent pilche.
Chez le peuple Kichwa d'Amazonie il est utilisé traditionnellement pour le thé et la chicha de chonta et de yucca.
En médecine traditionnelle on lui prête des vertus pour traiter l'hypertension (fruits).
Les indigènes des Caraïbes coupent le fruit en 2, le vident et en font des récipients appelés coui (kwi) ou calebasses en créole antillais. Elles sont ensuite décorées avec du roucou ou de l'indigo. Les couis coupés à nouveau en 2 servent de cuillères, les cicayes.
A la Dominique les Caraïbes utilisaient la pulpe du fruit contre les refroidissements, ils la considéraient comme purgative et même abortive. Ils utilisaient aussi en cataplasmes contre les maladies de peau.
Les hommes anciens ont vite été intéressés par la forme du fruit et il a probablement servi de première vaisselle et de vase à boire.
Les calebasses et les courges auraient même servi de premier modèle pour la poterie de ces pays surtout en Amérique centrale. De nos jours encore dans ces pays l'usage de calebasses est omniprésent dans les foyers pour plusieurs usages, non seulement comme vase à boire et vaisselle mais aussi comme sébiles, puisoirs, passoires, boîtes, vases pour conserver les aliments les fruits, les plantes médicinales, les graines, les matières tinctoriales. Le fruit sert aussi pour remuer la pâte en préparant les tortillas ou pour faire des outils , des petites cuillères primitives.
Les Aztèques du Salvador (Pipiles) emploient les coques pour fabriquer certains instruments de musique, des grelots, des flûtes d'eau (flautas de agua), des zambombas, des toupies, des masques pour les danses, les cérémonies.
La grandeur et la forme de la calebasse d'arbre convient mieux que celle de la courge pour en faire des vases et de la vaisselle. La dureté de sa coque mince et élastique ressemble plus à celle du bois, elle est plus durable que la courge relativement fragile et cassante.
Un autre avantage qui a une grande importance pour les peuples de l'Amérique tropicale provient de son écorce qui, une fois l'épiderme enlevé présente une surface blanche prête à recevoir des applications d'ornements. Les calebasses deviennent alors de véritables objets d'art grâce au savoir faire des peuples indigènes et elles sont donc employées à des fins rituelles et cérémonielles.
Dans la mythologie des peuples d'Amérique centrale elle joue aussi un rôle important.
Ixquic
Dans le Popol Vuh, le livre sacré des Quichés il y a un chapitre où la merveilleuse calebasse figure comme sujet principal et chez les Aztèques du Salvador il y a un récit mythologique relatif à cet arbre..
Parmi les noms des dieux cités dans le Popol Vuh on trouve celui de Ah-Maza-Tzel = le fabricant de jicaras.
Dans la mythologie des Huicholes du Mexique, les jicaras sont souvent mentionnés "le jicara apparut d'abord sur la tête d'une biche, le dieu qui apprenait aux vieilles gens comment ils devaient s'y prendre pour gagner la faveur des dieux est aussi le même qui leur enseigne l'art de décorer les calebasses qui devaient servir de vases sacrés aux cérémonies religieuses. Afin d'obtenir le sang nécessaire pour oindre ces vases sacrés, il fallait que lui et les autres créateurs tuent une biche qui était mère."
Et pour finir cet extrait traduit d'un poème de Gabriela Mistral de son hymne Sol del trópico :
"Comme le maguey, comme la yucca,
comme le cántaro péruvien,
comme la jícara d'Uruapan,
comme la quena millénaire,
je me tourne vers toi, je me donne à toi,
en toi je m'ouvre, en toi je me baigne !"
Gabriela Mistral
Jjicara traditionnel, Chiapa de Corzo, Chiapas De AlejandroLinaresGarcia - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15304433
Exemples de totumo et calebasses de peuples colombiens
sources : wikipedia en français et en espagnol ,Le calebassier de l'Amérique tropicale, études d'ethnobotanique de C.V.Hartman
L'origine du calebassier ( légende Aztèque) - coco Magnanville
Recueillie par C.V. Hartman Les sorciers s'approchent des habitations pendant la nuit sous forme de chiens, de porcs, de chats ou de hiboux, pour attirer les femmes et les enlever. Les femmes ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/04/l-origine-du-calebassier-legende-azteque.html
Ixquic et l'arbre à calebasses - Popol Vuh - coco Magnanville
Chapitre III du Popol Vuh (traduction de Charles Étienne Brasseur de Bourbourg) : Et voilà qu'une vierge, fille d'un prince, entendit (ces merveilles) ; Cuchumaquiq était le nom de son père, et...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/04/ixquic-et-l-arbre-a-calebasses-popol-vuh.html