Cosmovision indigène de Colombie - L'anaconda ancestral

Publié le 21 Avril 2019

Au début, il y avait l'eau. Puis sont arrivés les gens, les animaux et les arbres. A cette époque vivait le grand payé Dïijoma, qui avait beaucoup de pouvoir. Mais Dïijoma voulait plus : il voulait voir le monde étrange au fond des rivières et être plus puissant. Cherchant, cherchant, il trouva la liane anaconda  et la prit comme un remède, car il voulait se transformer en boa. Aussitôt son idée devint réalité et sur son front apparut le dessin d'un petit serpent.

Afin de préserver le pouvoir du boa, Dïijoma a dû suivre un régime. Cependant, il était faible et ne s'y conformait pas. Comme punition, le signe du boa tomba de son front vers le ruisseau quand il alla se baigner. Dïijoma ne lui a pas donné d'importance, ne sachant pas qu'il allait bientôt payer très cher pour sa non-conformité.

Un jour, les filles de Dïijoma sont allées au ravin et sur une branche elles ont vu un bel animal, très bien peint et décoré. On aurait dit un collier. Avec un tamis et un totuma, les filles ont attrapé le merveilleux animal. Elles l'ont apporté à la maloca et l'ont montré à leur père, qui n'imaginait pas que c'était le même qui était tombé de son front : c'était un petit boa.

Comme le boa était petit et digne d'un totuma, les filles ont décidé d'en prendre soin comme d'un animal de compagnie. Mais le bel animal commença bientôt à grandir. Il est devenu si gros qu'elles ont dû le mettre dans un bocal. Il a encore grandi et elles ont dû ouvrir un trou dans le sol. Il n'y avait pas assez de poissons ou de crevettes pour le nourrir.

Le père était si fier de l'animal qu'il voulait que tout le monde le voie. Il convoqua une grande fête pour être admiré et que l'on apporte des offrandes. Au moment où l'une des filles de Dïijoma s'approcha pour lui donner de la yucca, le boa avala la nourriture et la fille. Ils ont tous fui effrayés.

Dïijoma ne savait pas qu'à cause de sa faute la fille avait été dévorée par le boa, le même animal qu'il avait créé avec sa pensée des jours auparavant. Pendant qu'il dormait, l'esprit de sa fille lui apparut en rêve et lui demanda de piéger le serpent pour qu'il le mange aussi. Quand il fut dans le ventre, il a dû couper le boa avec une hache.

Le payé a fait ce que sa fille lui a dit de faire. Le serpent l'avala et eut très soif, puis descendit les rivières et but dans ses eaux pendant qu'il leur donnait des noms. Puis, quand il a atteint la mer, Dïijoma lui a coupé le cœur et il est sorti du boa par la tête. De retour à la maison, Dïijoma coupa en parts égales le serpent en commençant par les extrémités, et dans un grand festin distribua ses morceaux parmi toutes les tribus, en leur donnant des noms.

Finalement, quand toutes les tribus ont été nommées et qu'il ne restait que le morceau du centre du serpent, ils ont décidé que le maguaré viendrait de là. C'est le tambour sacré qui est joué pour inviter les tribus aux cérémonies et aux danses d'union pour se souvenir de leur même origine.

Grand-père José García. Fernando Urbina (transcripteur).

traduction carolita du site sura

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