Colombie/Brésil - Le peuple Makuna

Publié le 13 Avril 2019

 

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Peuple autochtone vivant principalement sur le territoire colombien, le long du caño Komeya affluent du río Pirá Paraná, dans le cours du bas Pirá Paraná et du bas río Apaporis.

Colombie

528 personnes

Au Brésil ils se trouvent dans le haut Tiquié et ses affluents et dans les igarapés Castaña et Onsa.

Etat d'Amazonas : 22 personnes (2014)

Terre indigène

  • T.I Alto Rio Negro - 7.999.380 hectares, 26.046 personnes, réserve homologuée. Ville : Japurá. 23 peuples y vivent : Arapaso (langue tukano), Baré (langue arawak), Desana (langue tukano), Hupda (langue makú), Karapanã (langue tukano), Koripako (langue arawak), Kotiria (langue tukano), Kubeo (langue tukano), Makuna (langue tukano), Mirity-Tapuya (langue tukano), Pira-Tapuya (langue tukano), Siriano (langue tukano), Tukano (langue tukano), Tariana (langue arawak), Tuyuka (langue tukano), Warekena (langue arawak), Yuhupde (langue makú), isolés de l'igarapé Waranaçu, isolés du rio Cuririari, isolés du rio Uaupés.

Ils sont spécialisés dans l'élaboration de sarbacanes et de curare, ils sont aussi d'habiles fabricants de canoés et de rames légères très bien finis, canoés qui sont fournis aux indiens du haut Tiquié.

langue tukano n° 14

Makuna traduction de l'article de l'ONIC


Autres noms


Macuna, Sara, Ide masa, Buhagana, Siroa, Tsoloa. "Le peuple de l'eau"

Situation géographique


Les Makuna ou "Peuple de l'Eau" sont situés sur les rives de la rivière Comeña, à l'embouchure des rivières Apaporis et Pirá-Paraná, au sud du département de Vaupés. Ils partagent leur territoire avec les karijona, kubeo, matapí, miraña, tanimuka et yukuna dans la réserve de Mirití-Paraná située dans la juridiction du département de l'Amazonas. Les Makuna font partie du complexe culturel du Vaupés, dont les groupes - locuteurs de la langue Tukano orientale - partagent une histoire commune, des formes d'exploitation des ressources, des systèmes d'organisation sociale, des noms mythiques et autres éléments de leur cosmovision.

Population


D'après le recensement de 2005 du DANE, 612 personnes se sont déclarées appartenir au peuple Makuna, dont 53,9 % sont des hommes (330 personnes) et 46,0 % des femmes (282 personnes). 54,2% de la population, soit 332 personnes, est située dans le département de Vaupés. Viennent ensuite le département de l'Amazonas avec 31,5% de la population (193 habitants) et la Valle del Cauca avec 3,1% (19 habitants). La population Makuna vivant dans les zones urbaines correspond à 17,3 % (106 personnes), ce qui est inférieur à la moyenne nationale de 21,43 % de la population indigène urbaine (298 499 personnes).

Langue


La langue makuna-erulia (taiwano ou teiwana, palenoa ou paneroa ou hanera, macuna) est parlée dans le département colombien de Vaupés, sur les rives de la Comeña et aux embouchures des ríos Apaporis et Pirá-Paraná. Les makuna partagent leur territoire avec d'autres groupes, comme les carijona, cubeo, miraña, tanimuca, yucuna et matapí. Ils font partie des groupes de Tucano oriental, connus pour pratiquer l'exogamie linguistique et le multilinguisme généralisé. Ils entretiennent principalement des relations avec les Barasana et les Tuyuca. Le groupe Makuna a assimilé les Yahuna, dont il restait en 1988 moins de 20 survivants le long de la rivière Umuña, un affluent de l'Apaporis. Aujourd'hui, ils sont tous passés à la langue Makuna et les yahuna ont probablement disparu. Le groupe ethnique Makuna compte 920 membres et sa langue est menacée.

La langue du peuple Makuna fait partie de la famille des langues Tukano orientales, avec des caractéristiques des langues arawak et maku.  Le système de descendance dans toute la région est patrilinéaire, sauf pour les peuples Tanimuka et Makuna, la règle de l'exogamie est établie au niveau des lignées maximales dans le cas des makuna. Entre les peuples Cubeo et Makuna, bien que les règles du mariage prévoient des liens de consanguinité, il y a des mariages mixtes avec des groupes voisins qui, avec la communication nécessaire entre les groupes, leur font partager des caractéristiques sociolinguistiques régionales.

Culture et histoire

Culture


Le commencement de l'univers pour les makuna commença par une sphère d'obscurité. Romi Kumu une femme chamane apparut dans ce monde et créa toute la terre dans le ruisseau de Yuisi, ou Libertad, et désigna différents territoires pour les groupes ethniques qui furent créés. Sont également apparus les quatre dieux masculins, les Ayawa (les fils du monde qui ont créé l'univers avec le Yurupari), qui voyant que ce que Romi Kumu a créé n'avait aucun sens, ont décidé de lui donner une idée pour qu'elle crée le monde physique. L'anaconda du yucca était le propriétaire de tous les fruits sauvages et le reste de la terre l'était. Des cendres de cet anaconda sont nés les palmiers de sorte que les fruits sauvages ne peuvent pas être consommés parce qu'ils sont les mêmes Yurupari et l'origine des makuna et tous les autres peuples indigènes.  Le Yurupari est le rite makuna principal, des danses sont exécutées pour donner vie à la terre et aux animaux.

La menstruation de la femme ou ménarquía, consiste en l'initiation féminine où les femmes sont isolées à l'intérieur d'un compartiment dans la maloca et elles coupent leurs cheveux puis elles sortent après un mois et elles sont considérées comme des femme adultes ; l'initiation masculine qui consiste en trois rituels : le rituel de la maison du fruit où les fruits sont échangés entre communautés domestiques et qui est la première initiation du jeune Makuna. Après ce rituel peut être fait le rituel de la maison des Yurupari qui est célébrée au début de l'hiver et met finalement le jeune homme en contact avec le dieu Yurupari par l'entremise du yagé. La danse de la poupée a lieu en février avec la montée des poissons au bord de la rivière Yurupari, c'est une fête avec des masques et des costumes à laquelle toute la communauté participe avec la casabe et la chicha. Les danses sont des rituels qui sont orientés pour donner vie aux récoltes, aux animaux et sont aussi exécutés pour conjurer le mal.

Selon leur mythe d'origine, le monde et les "Yurupari" ont été créés par Romi Kumu, la femme chamane, identifiée physiquement à la terre. Bien sûr, l'Anaconda du yucca est considéré comme le propriétaire des animaux, des fruits sauvages et de tous les autres éléments qui habitent le monde. Les Makuna ont plusieurs spécialistes magico-religieux parmi lesquels se distingue le penseur Kumu, suivi par le yai, un médecin traditionnel. Dans les rituels le yagé est utilisé et dans les autres activités quotidiennes la coca et le tabac. La cérémonie du "Yurupari" est célébrée.

exemple de maloca dans le rio Vaupés  Maloca na região do Uaupés. Foto: Acervo Museu do Índio, 1931.

Histoire 


Les Makuna vivaient selon leur tradition en racontant des histoires, en travaillant, en célébrant des rituels et en obéissant aux anciens, mais à la mort de Simina, la culture était désorganisée et des rumeurs sont arrivées selon lesquelles les blancs tueraient les gens qui vivaient le long du caño Toaka, ce qui a poussé les Makuna à vivre avec les Letuama dans le caño Popeyaka, d'autres sont partis dans la selva, d'autres dans l'Apaporis. Les Makuna vivaient en partageant les coutumes des Letuama, tandis que le caño Toaka d'où ils venaient était inhabité. Les Makuna se sont heurtés aux Indiens Bara et les ont vaincus pour venger la mort d'un Makuna qu'ils avaient assassiné.

Après une longue période de coexistence pacifique entre les Makuna et les Letuama, des problèmes de contrôle du territoire ont surgi et les Makuna se sont déplacés, certains le long de l'Apaporis et d'autres sont retournés le long du caéno Toaka. Vers 1750, les Portugais utilisèrent les ríos Apaporis et Pirá-Paraná comme routes pour relier les bassins du Caquetá et du Vaupés, à la recherche des esclaves. En 1786, ils ont établi des missions. Depuis l'exploitation du caoutchouc (1915-1930), les Indiens Makuna ont subi de graves changements démographiques et culturels, qui ont laissé dans leur mémoire l'exploitation, la torture, les abus physiques, les maladies, entre autres impacts. Après le caoutchouc, viennent la coca, le trafic de peaux et la pêche massive. Tous ces systèmes d'exploitation ont engendré des altérations dans la culture Makuna, puisqu'ils ont généré la monétarisation de la production et de la vie, et quelques problèmes d'insécurité et de violence.

Économie


En raison de la faible fertilité des sols près des rivières Pirá et Paraná, les Makuna ont développé des systèmes d'agriculture itinérante sur brûlis. Ils sont horticulteurs et le produit principal de leur alimentation est la yucca brava ou manioc amer. Ils cultivent également une grande variété d'arbres fruitiers, de tubercules et de plantes à usage cérémoniel. Ils pratiquent également la chasse, la pêche et la cueillette. En tant qu'activités complémentaires à leur économie de subsistance, elles sont actuellement liées à la pêche commerciale. Les chagras sont gérées par des femmes, à l'exception du tabac et de la coca, qui sont cultivés et gérés par des hommes.

Les hommes Makuna sont chargés de l'extraction du bois, de la vannerie, de la pêche, de la chasse, du jeu des instruments dans les cérémonies, de la cueillette, ils sont les seuls qui peuvent être des penseurs et avoir un contact avec les forces et les esprits surnaturels. Les femmes Makuna sont chargées de tâches telles que la garde des enfants, l'entretien de la chagra, la poterie. Les femmes sont les principales productrices d'aliments et on les appelle "mères d'aliments", elles sont donc responsables de l'agriculture. La base du régime makuna est la nourriture cultivée, la chagra étant leur principale source d'approvisionnement. La pêche, la chasse et la cueillette sont occasionnelles. La yuca brava est la base de la casabe, de la fariña, du tucupí, de la caguana et de la manicuera. Parmi les animaux comestibles : le tatou, le paca, le pécari, le capybara, le danta, le guara (rongeur), le fourmilier, le porc de montagne, le cerf, le tintin, le mico churuco (singe), le mico maicero (sapajou), le mico wicoco (singe) et l'ours paresseux.

traduction carolita du site de l'ONIC

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