Colombie - Le peuple Tanimuca

Publié le 24 Avril 2019

 

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Peuple autochtone vivant sur les rives du bas Aapaporis et son affluent le Popeyaká, le bas Mirití-Paraná et son affluent le caño Guacayá en Colombie.

Ils sont avec les Letuama deux groupes exogamiques patrilinéaires entretenant des relations d'alliances privilégiées.

Autres noms : u'paira ou Yairimarã, ufaina

Langue : tucano orientale partagée également avec les Letuama avec différentes variantes dialectales qui dépendent de la zone de peuplement et des autres groupes de langues arawak et tukano avec lesquels ils ont des relations d'exogamie.

Population : 300 personnes

Ils ont davantage de relations d'alliance avec les populations de langue yucuna sur le Mirití- Paraná et le caño Guacayá que les Letuama.

Source : le site de Laurent Fontaine sur lequel trouver beaucoup de source ethnographique sur les Yucuna, les Tanimuca et les Letuama.

langue tukano n° 18

rio Mirití- Paraná

Tanimuca, traduction du site de l'ONIC


Autres noms

Tanimuka "Peuple des cendres" ufania, tanimuca, taniboka, ohañara, opaima


Situation géographique


Les tanimuka sont situés dans le département de l'Amazonas, le long des rivières Apaporis, Guacayá, Oiyaká-Mirití. La plus grande partie de la population est située dans le resguardo Yaigojé, Rio Apaporis. Ils partagent leur territoire avec les communautés de Resguardo del Mirití-Paraná et Comefayú.

Population


Leur population atteint 342 personnes selon le recensement DANE de 2005. La population se répartit comme suit : 177 hommes et 165 femmes, dont 47 en milieu urbain et 295 en milieu rural. Les municipalités ayant la plus forte concentration de cette population sont La Pedrera Amazonas, Taraira Vaupés et Leticia Amazonas.

Langue


La langue tanimuca fait partie de la sous-famille linguistique de Tucano orientale. Sa transmission au sein de la communauté indigène se fait principalement à travers les générations adultes ; c'est pourquoi la majorité des enfants tanimuca comprennent la langue, bien qu'il y ait une petite proportion qui ne la parle pas. Les enfants apprennent avec leurs grands-parents, leurs parents, leurs oncles et leurs cousins dans le cadre d'activités quotidiennes ou culturelles. Les enfants, comme c'est normal dans ces communautés, ont la possibilité de parler plus de deux langues indigènes : dans les premières années ils apprennent la langue du père et plus tard celle de la mère. Cela est dû aux alliances conjugales entre les différents groupes autochtones. Dans la communauté, les grands-parents parlent la langue tanimuca tout en dirigeant les activités du groupe ethnique.

Culture et histoire

Histoire 


D'après des recherches du ministère de l'Intérieur de la République de Colombie sur l'histoire, les premières références à ce groupe se trouvent sur les cartes des voyageurs du XVIIIe siècle, qui les ont placés avec les Yuris dans l'Apaporis inférieur. Comme d'autres groupes de la région, son histoire a été liée aux différents boom extractifs que la région a connus au cours des premières décennies du XXe siècle et, ces derniers temps, aux processus de colonisation et d'intégration dans l'économie de marché. Le caoutchouc a eu un grand impact sur ce groupe ethnique.

Culture

type de maloca utilisée dans le rio Vaupés

Dans la thèse de doctorat de Natalia Eraso pour l'Université Lumière Lyon II (2015), les aspects culturels du peuple Tanimuca sont liés aux connaissances, aux traditions orales et aux façons spécialisées de traiter la nature.  Cela reflète en soi l'aspect culturel d'un peuple qui relie le territoire et ses ressources à son propre savoir :

Les Tanimuka et les autres peuples mirití sont des groupes de descendance patrilinéaire et patrilocale. Ils sont décrits comme étant nés d'un ancêtre (différent pour chaque groupe) et chacun est porteur d'une " spécialisation ". Ce terme fait référence aux connaissances reçues de " l'origine " ; les Yahúna seraient des guerriers réputés ; les Letuama spécialistes des chants rituels et les Tanimuka spécialistes du chamanisme et de la guérison par la pensée (Reichel 1999). (....) Les Tanimuka n'ont qu'une seule danse à eux et actuellement toutes leurs danses sont adaptées des Yukuna. Tout comme eux, il leur est interdit d'utiliser des boissons hallucinogènes pour célébrer leurs grands rituels, contrairement aux groupes du Vaupés, des Tucano orientaux et desTucano occidentaux du piémont du Caqueta. Les Tanimuka et les Letuama n'utilisent que de la coca, du tabac et des "prières pures" comme le dit Robayo (2007). La chicha de piña, boisson fermentée à base de jus d'ananas, utilisée dans les grands rituels et dans les danses, est d'origine Yukuna, et eux seuls l'utilisent. Ces groupes ont en commun l'exécution du rituel masculin du Yurupari. (Natalia Erazo. 2015. p. 27)

Cependant, il est important de souligner que pour le Tanimuca, la médecine traditionnelle n'est pas une préoccupation majeure : comme le dit Eraso (2015), les maladies doivent être guéries intérieurement, dans la pensée ou en chaque individu.

Économie

Dans le chapitre 1.4 de la même thèse d'Eraso (2015), nous trouvons également une relation entre le territoire et ses ressources, mais cette fois avec l'empreinte économique qui se configure au sein de cette communauté :

Les tanimuka et autres groupes mentionnés, dépendent des cultures de la chagra. Le principal aliment est le manioc amer. La farine de manioc est utilisée quotidiennement pour préparer la casabe, un gâteau rond d'environ 50 cm de diamètre, blanc et sans goût, qui accompagne tous les repas. Comme le manioc amer est une variété de yucca toxique, il faut un long processus pour l'adapter comme aliment. La technique comprend le grattage, le lavage et le tamisage répété pour éliminer le jus toxique afin qu'il soit comestible. Pour obtenir l'amidon et la masse de manioc utilisés pour la fabrication du manioc, une fois filtrés, ils sont pressés dans un pressoir tubulaire qui rappelle la forme et l'aspect de l'anaconda (ou boa) et est appelé ainsi en tanimuka, jãrẽri añaᵽakiakaka' "passoire de boa'. Le manioc amer peut être conservé pendant plusieurs mois, sec, ce que l'on appelle "fariña". Ce processus comprend la fermentation, le broyage et le grillage. La fariña sert de surplus car elle peut être conservée, transportée et vendue. Une boisson claire et rafraîchissante,"la caguana", est préparée à partir de l'amidon de yucca. (Natalia Erazo. 2015. p. 34)

traduction carolita du site de l'ONIC

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