Brésil - Le peuple Karipuna du Rondônia

Publié le 10 Avril 2019

 

(foto: Rogério Assis/Greenpeace)

En 2014 il ne restait plus que 14 survivants de ce peuple, il n'y a pas d'indicateur plus fort de l'histoire désastreuse de ce groupe avec les non-indiens.

Le cadre initial de cette séquence prend naissance avec le cycle du caoutchouc au début du XXe siècle les morts, les invasions du territoire traditionnel. A cette période est construit le chemin de fer Madeira/Mamoré amenant des dizaines de milliers de migrants dans la région des groupes kawahib entraînant maladies et conflits.

Malgré tout un groupe Karipuna réussit à survivre jusque dans les années 70, assez isolé du monde des blancs et a fini par succomber à l'attraction de la FUNAI ce qui a abouti à davantage de morts par épidémies et par la perte culturelle.

Autodésignation : ahé = personnes réelles

Population : 55 personnes

Langue : tupi kawahib, ils comprennent également les langues des peuples avec lesquels ils vivent : Uru-Eu-Wau-Wau, Tenharim, Parintintin (tous des groupes tupi kawahib) et les Satéré Nawé (tupi).

L'origine du mot karipuna n'est pas connue. Des premières mentions de ce peuple les désignent comme Bocas Negras (bouches noires en raison des tatouages autour de leur bouche) cette tradition est d'ailleurs partagée avec le peuple Uru-Eu-Wau-Wau et d'autres groupes tupi kawahib.

Il faut noter que ce groupe n'a aucun lien avec le groupe Karipuna de l'Amapá.

Territoire

Leur territoire d'origine était composé du fleuve Mutum-Paraná et de ses affluents sur la rive ouest, le canal igapapé et le fleuve San Francisco au nord et les ríos Capivari, Formoso et Jacy-Paraná au sud et à l'est.

Leur territoire convergeait avec celui des Uru -Eu-Wau-Wau et des Amondawa au sud, des Pakaá-nova à l'ouest et des Karitiana au nord et à l'est. Cette occupation remonterait au début du XIXe siècle.

La Terre -Indigène (TI)

La Terre-Indigène Karipuna est située dans la municipalité de Porto Velho et Nova Mamoré. Ils sont rassemblés dans le village Panorama . En 1984 la FUNAI crée un groupe technique pour promouvoir l"identification et l'étude de la délimitation de la TI des Karipuna avec environ 53.000 hectares. La terre sera délimitée en 1997 avec 152.930 hectares (décret n°09/09/1998).

 

Histoire

Caripuna Indians with Tapir (Madeira).” Woodcut by Keller-Leuzinger (1875: 105).

Les premiers contacts avec des non indiens ont lieu dans les premières décennies du XXe siècle avec des collecteurs de caoutchouc qui pénètrent le long des affluents du haut río Madeira. Il n'y a pas d'attaques ou de raids faits par les récolteurs de caoutchouc mais bientôt la construction de la voie ferrée Madeira/Mamoré EFMM provoque des afflux incessants de colons, d'indiens et d'ouvriers du caoutchouc.

“Matuá and his Brother Manú, Caripuna Boys and their Bark Canoe.” Lithograph by Gibbon (1854: insert between pages 294 and 295).

Le SPI (Service de Protection des Indiens) crée des postes sur l'ancien territoire fédéral de Guaporé dans le bassin du Madeira. Deux postes sont créés dans la région Karipuna. Le constat lors de l'arrivée des postes est que ces indiens vivent dans un grand état de misère. Le SPI reste sur le territoire Karipuna de 1947 jusqu'au milieu des années 1950.

En 1974 la FUNAI (qui a pris la suite du SPI) crée un poste dans le Jacy-Paraná pour contacter les Karipuna suite à la plainte d'enlèvement de femmes blanches, un crimpe imputé à ce peuple. C'est dans cette localité que le premier groupe Karipua est établi dans les environs de l'igarapé Contra. Le groupe semble recevoir les cadeaux surtout les vêtements. Avant son transfert définitif à Panorama ils vivaient dans deux grandes malocas, l'une à Contra et l'autre dans le Mutum-Paraná. Le poste d'attraction de la FUNAI  dirige les indiens vers les traitements de santé. Tous ceux-ci sont morts suite aux contacts. Dans les années 80 la plupart vivaient dans les environs du poste. Un groupe  du Mitum-Paraná reste dans la forêt.

Après s'être installés dans le poste, les décès commencent ç grande échelle (grippe et pneumonie). En 1996 seuls 6 Karipuna forment le groupe ayant survécu aux premiers contacts et en 2005 il n'en reste que 4.

village Karipuna  A aldeia Karipuna no rio Jaci-Paraná. Foto: Gilberto Azanha, 2004.

Aspects culturels

Apparemment les Karipuna proviennent de 2 survivants des groupes locaux (malocas), les Jacaré'humaj et les Tokwa.

La catastrophe démographique postérieure au contact survenue parmi eux ne leur a pas permis de renforcer leurs chances de reproduire leurs structures organisationnelles traditionnelles.

La cérémonie du changement de nom a toujours lieu mais ce rituel semble de nos jours menacé. Il n'y a pas de chamans dans les villages mais certains connaissent encore des "remèdes de la forêt".

Les conceptions post-mortem de l'âme (éñiñi) sont toujours actives malgré l'intégration de l'esprit jésus (pure'japi'nã) en tant qu'esprit prédateur (anhãgá) qui, en dévorant le coeur humain consume son passage au ciel (ywagá). Cet endroit est un lieu où les âmes vivent et qui ressemble à celui de vie sur terre avec la chasse et la pêche mais ils ne connaissent ni arc ni flèches ni fusil. Ils se marient mais n'obéissent pas aux règles du mariage. "Là-bas au paradis, c'est pareil qu'ici mais être ici c'est mieux". (Aripã).

Les activités productives

Le territoire est riche en ressources, il y a du gibier, des noix du Brésil, du caoutchouc, des fruits de différents palmiers (buriti, mauritia flexuosa, tapawa, bacaba ou oenocarpus bacaba).

De nombreux poissons abondent dans les lacs (pirarucu, tucunaré, surubi), c'est aussi l'habitat de jacarés, d'animaux à carapace comme les tortues et les tracajás, podocnemis unifiles.

Culture

Depuis l'implantation dans le village ils cultivent des haricots et du manioc, du maïs, des plantes de roza del puesto (roza du poste) banane, canne à sucre.

Leur principale culture était le maïs mais à présent c'est le manioc : farine de manioc dont l'excédent est vendu à l'extérieur, comme une partie du maïs) Ils ramassent également les noix du Brésil pour les vendre (15/18 sacs par an, maigre revenu).

L'artisanat est encore pratiqué dont des paniers "yruá" pour charger les produits et des éventails (tatapekwaba).

source pib socioambiantal.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Karipuna du Rondônia

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