Poésie amérindienne - Fredy Chikangana

Publié le 12 Avril 2019

Fredy ChiKangana : poète de la communauté Yanacona du sud-est du Cauca, Colombie. Son travail a été publié dans divers médias imprimés et numériques. L'Antologie de littérature indigène d'Amérique, publié au Chili en 1998, rassemble ses poèmes. La sélection publiée ici fait partie de son livre Espiritu de pájaro en pozos del ensueño publié dans une édition bilingue quechua-espagnole par le Ministère de la Culture dans sa collection 2010 Biblioteca básica de los pueblos indígenas de Colombia (Bibliothèque de base des peuples autochtones de la Colombie).

Le haut vol de Quintín Lame *

Escalader des montagnes entre le soleil et la pluie
avec des pas fermes et des yeux inquiets
tu as fait ton chemin, taita Quintín ;
ton corps s'est prêté
à un esprit fils du tonnerre
et tu as labouré la terre pour sentir ses entrailles.

De là sont nées tes luttes
qui sont nos luttes,
et de la douleur d'être retenu captif sur ta propre terre tu t'es libéré
Tu as déchiré les vêtements de la soumission,
tu as senti la honte d'être un terrazguero
et ainsi tu as montré la voie
pour libérer ton peuple.

Les montagnes connaissent ton pas ferme
et le vent est au courant de ton long vol,
le río Cauca est témoin
du sang versé par ton peuple indien.

Peut-être que la lune qui t'a réveillé
dans les heures tardives de la nuit
sait reconnaître les douleurs profondes
que tu as mastiqué seul.

Ainsi a continué la trace
et de tes eaux d'indien
la mer de ta pensée a surgi ;
chat sauvage tu es passé avant le danger et l'insulte,
face à la calomnie et à l'infamie
tu étais le soleil dans la nuit noire.

Tu as ouvert un chemin
et tu es devenu un guerrier infatigable.
Tes empreintes de pas qui ont soulevé
la poussière des chemins
resteront à jamais gravées dans la mémoire.

* Quintin Lame est un leader indigène colombien impliqué dans les luttes agraires à partir des années 1910 jusqu'aux années 1960.


*****
El alto vuelo de Quintín Lame
Trepando montañas entre el sol y la lluvia
con pasos firmes y ojos inquietos
hiciste camino, taita Quintín;
tu cuerpo prestaste
a un espíritu hijo del trueno
y labraste la tierra para sentir sus entrañas.

De ahí nacieron tus luchas
que son nuestras luchas,
y del dolor de ser cautivo en tu propia tierra te liberaste.
Rasgaste las vestiduras del sometimiento,
sentiste la vergüenza de ser terrazguero
y así marcaste el camino
para liberar a tu gente.

Las montañas saben de tus pasos firmes
y el viento conoce de tus largos vuelos,
el río Cauca es testigo
de la sangre vertida de tu pueblo indio.

Quizá la luna que te cogió despierto
en las altas horas de la noche
sepa reconocer los dolores profundos
que masticaste a solas.

Así continuaste la huella
y de tus aguas de indio
brotó el mar de tu pensamiento;
gato montés fuiste ante el peligro y la injuria,
ante la calumnia y la infamia
fuiste sol en la oscura noche.

Abriste un camino
y te hiciste guerrero incansable.
Tus huellas que levantaron
el polvo de los caminos
quedaron eternas en la memoria.

Fredy Chikangana traduction carolita

(Espíritu de pájaro en pozos del ensueño)

https://literariedad.co/2019/02/17/rio-cauca/

Mère Terre

Mère, parfaite et indescriptible
tu me conçois du monde et je m'alimente
à ta substance,
à tes seins de femme,
à ton argile noire
je m'incline avec mon cœur.
Feuille je suis
en ton corps je suis l'arbre
l'herbe de ta peau
la semence de tes semailles.
Maintenant nous respirons le même air
tandis que les empreintes d'animaux évaporées
sous une pluie mauvaise et insaisissable
nous parlent en secret.
Nous sommes ce même chemin
l'eau, le feu
la chanson qui tremble,
la racine de l'herbe
qui protège contre la mort.

.........

Madre Tierra
Madre, perfecta e indescriptible
me concibes al mundo y alimentas
a tu sustancia,
a tus pechos de mujer,
a tu arcilla negra
me inclino con el corazón.
Hoja soy
en tu cuerpo soy árbol
hierba de tu piel
semilla de tu siembra.
Ahora respiramos el mismo aire
mientras las evaporadas huellas de animales
bajo una lluvia brava y esquiva
nos hablan en secreto.
Somos ese mismo camino
el agua, el fuego
el canto que sacude,
la raíz de hierba
que protege contra la muerte.

Fredy Chikangana traduction carolita

(Espíritu de pájaro en pozos del ensueño)


https://literariedad.co/2019/02/17/rio-cauca/

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #La poésie que j'aime, #Poésie amérindienne, #Yanacona

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