Colombie - Le peuple Kamëntsá ou Sibundoy

Publié le 26 Mars 2019

 

Fotos de la audioteca De agua, viento y verdor. Tomadas por Federico Bartelsman.

Peuple autochtone de Colombie vivant dans la vallée de Sibundoy dans le département de Putumayo, au sud de la Colombie.

La vallée de Sibundoy est située au sud-ouest de la Colombie, dans le Nudo de los Pastos, au nord-ouest du département du Putumayo. Les coordonnées géographiques sont 10° 14'N et 76° O du méridien de Greenwich, c'est un petit plateau alluvial dans la cordillère centrale et orientale connue sous le nom de cordillère Portachuelo. 

Ce peuple est célèbre pour ses masques sculptés et portés lors des cérémonies et des festivals.

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Population : 4020 personnes (2007)

Autres noms : Camsá – Kamëntsá - Camëntseá – Coche – Kamentxa – Kamsa – Kamase- Sinbundoy- Sibundoy Gaché –

Dans cet article ils seront dénommés Camsá ou Kamëntsá.

6 noir, aisladas (langues isolées)

 

Langue : camsá ou kamsá ou sibundoy qui semble être une langue isolée phylogénétiquement. Il n’a jamais été  possible de déterminer des relations fiables entre le camsá et une autre langue de la région ce qui la déclare comme langue isolée ou non classifiée. Il y aurait 2000 locuteurs.

Dans leur langue Kamëntsá veut dire « personnes d’ici même avec une pensée et une langue propre » (Plan integral de vida del pueblo camëntsa)

La langue des Camëntsá, car la culture est millénaire, est enseignée principalement dans la famille, mais à cause de la relation avec les colons, la langue se perd, étant donné qu'il y a quelque temps, il y a eu discrimination, surtout contre les jeunes qui étudiaient dans les écoles du secteur urbain, soumis aux abus physiques et verbaux des enseignants coloniaux et religieux qui ont généré la peur et ont refusé leur libre expression dans leur propre langue, éclipsés par la doctrine espagnole imposée.

Traditions et vie sociale et politique

Malgré le fait que l’histoire de la colonisation et l’évangélisation ont représenté un grand risque pour le peuple, celui-ci entretient actuellement un grand nombre d’activités culturelles dont l’une d’elles est le Bëtscnaté ou Carnaval du pardon qui est célébré le lundi d’avant les cendres. Il signifie le début d’une nouvelle année, la gratitude fraternelle et le partage des produits de la terre-mère (tsbatsabamamá). Tous les indigènes de la région se retrouvent à ce festival à travers la revitalisation de leurs valeurs culturelles comme la langue, les tenues vestimentaires, la musique, et les règles sociales traditionnelles.

La connaissance traditionnelle est diffusée par la tradition orale. Ce sont les grands-parents et les parents qui enseignent aux enfants l’héritage ancestral qui leur reste à travers les siècles. Habituellement la famille se réunit à la fin de la journée et ils racontent des contes sacrés en langue Camëntsá.

Reconnaissance et représentation

Le peuple Kamëntsá a un système communautaire où tous les membres de la famille participent. Dans les pratiques de travail on trouve la cuadrilla ou enabuatëm bayënga ce qui signifie « soutien mutuel ». a travers celui-ci ils fortifient la convivialité et la solidarité.

Lors du partage des tâches et des connaissances il existait autrefois des cuadrillas qui étaient formées jusqu ‘à une soixantaine de personnes, hommes et femmes, dont les plus nombreux étaient les Jacanala joyang, Tandioyang, Jansasoyanga, Juajibioyang, Jamioyang et dans les dernières années prévalaient les Juajibioyang, mavisoyang et chindoyang (page web du peuple Kamëntsá).

En accord avec la loi 89 de 1890 le peuple Kamëntsá est gouverné par un cabildo composé d’un gouverneur qui exerce la représentation  légale de la communauté, d’un maire, d’un shérif et de shérifs adjoints. Les anciens gouverneurs font également partie du cabildo et ils travaillent avec les cabildos du peuple Inga. Les membres du cabildo sont élus et reconnus par la communauté et leur fonction est de représenter légalement cette dernière, d’exercer l’autorité et de réaliser des activités que leur attribuent les lois, les coutumes et usages du règlement intérieur propre à chaque communauté. Actuellement le peuple Kamëntsá compte 3 cabildos (Santiago, San Andres et Colón).

Le territoire et l’histoire

Une partie du territoire Camsá a été conquise par l’Inca Huayna Cápac en 1492 qui y a établit la population quechua aujourd’hui connue sous le nom d’Inga. Les Camsá partagent toujours de nos jours leur territoire avec le peuple Inga.

Après la défaite des Incas, la région est envahie par les espagnols à partir de 1542 et soumise à partir de 1547 à des missions catholiques successives : franciscains, dominicains, mercédaires, augustiniens, jésuites et capucins qui dirigèrent les Sibundoy ou Camsá de façon hégémonique entre 1893 et 1969.

Depuis le départ des capucins, les Camsá ont réussi à établir dans leur réserve l’autorité autonome du cabildo indigène reconnue par la constitution colombienne de 1991.

La plus grande partie du peuple habite dans un resguardo indigène situé dans la partie haute de la vallée de Siundoy sur une surface de 4402 hectares. Il existe d’autres resguardos, un dans la partie haute de la vallée sur une zone de 3252 hectares, Inga-Camëntsa et un autre situé dans la municipalité de Mocoa de 300 hectares.

Rituels, plantes hallucinogènes

image cérémonie du yagé

Ils consomment des entéogènes différents dont l’ayahuasca (yagé), les espèces brugmansia lochroma, fuchsioides desfontainia.

La plante du yagé, de type entéogène est une substance psychoactive utilisée dans la réalisation des rituels, la communication avec les dieux et les ancêtres, la divination et la guérison d’une grande variété de pathologies.

Pour le peuple Kamëntsá (et pour le peuple Inga et d’autres de l’Amazonie) le yagé est une plante sacrée, d’une grande importance spirituelle, sociale et culturelle. Cette plante est dénommée par ce peuple comme « la liane de l’âme » et c’est une des principales sources de connaissance.

Dans la cosmogonie Kamëntsá la connaissance ne réside pas dans l’être humain mais dans la nature qui l’entoure. Dans les principaux savoirs associés au yagé, on trouve la médecine traditionnelle, l’usage des plantes et l’utilisation de l’environnement. La sagesse de ce peuple est appréciée et reconnue par d’autres peuples indigènes, par les colons et de nombreux pèlerins qui viennent à la recherche d’une aide et d’un traitement.

Lieux sacrés

Les espaces mythiques du peuple Kamëntsá sont El Paramillo situé dans le Resguardo de la partie haute de la vallée de Sinbundoy, en ce lieu s’expriment les médecins traditionnels et ils récoltent les plantes médicinales.

Le cerro Montecristo est également un lieu qui requiert un traitement particulier, où aucun bruit d’aucune sorte de peut être fait et où l’on ne peut transporter des aliments comme le sel, l’oignon et le piment. Le lieu des lamentations est situé dans le centre de la place principale de la mairie de Sibundoy.

Conduite environnementale

La conduite environnementale réalisée par ce peuple dans la vallée de Sibundoy avec ses voisins et ses frères territoriaux les Inga est un exemple clair de la sagesse qui les accompagne.

A travers l’expérimentation millénaire et le développement de technologies propres, ces peuples ont adapté les sols où ils vivent dépassant ainsi les limitations physiques et chimiques de la vallée, remplaçant l’usage des engrais chimiques et des fongicides et adaptant les espèces caractéristiques des autres planchers thermiques et donnant naissance à de nouvelles variétés de plantes (Ramirez de Jara et Pinzon 1976)

Vêtements

La tenue des Camsá comporte pour l’homme un long poncho noir ou au fond blanc avec des lignes bleues ou rouges, une ceinture blanche. La femme porte une blouse unie et une jupe portefeuille noire entourée 2 fois, une large bande au fond blanc avec des figures de couleur verte ou rouge. Les deux portent des colliers de plusieurs tours et les hommes utilisent des couronnes de plumes.

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Problèmes actuels

Selon les données de l’Observatoire des Droits Humains de la vice présidence de la république de Colombie la situation des membres de l’ethnie Kamëntsá a été affectée dans sa structure d’organisation sociale et ses traditions culturelles par les différentes transformations de l’environnement et les formes de cohésion à l’intérieur des communautés sous l’influence de la culture occidentale.

Le département du Putumayo a été affecté par l’existence de corridors de mobilité des groupes armés illégaux et des narcotrafiquants. Ces dernières années dans la région habitée par ce peuple, il y a eu des actes de terrorisme et ils ont été victimes de harcèlement et de déplacements.

Durant la période 2003/2008 ont été déplacés de manière individuelle de la région des Kamëntsá 3532 personnes (Observatorio DDHH vice presidencia) ce qui correspond à 5% du total de déplacements par expulsion du département.

Organisations

Le peuple fait partie de l’OZIP, Organisation Zonale Indigène du Putumayo, créée en 1986 avec la proposition de protéger et conserver les traditions ancestrales, les territoires, la culture et maintenir l’autonomie des communautés et unir les différents peuples indigènes du Putumayo.

Il existe aussi des associations à l’intérieur de la communauté comme le commerce Inga-Camëntsá, les associations de femmes au foyer, les associations d’artisanes.

Pour la revitalisation de la culture il existe des groupes folkloriques et aussi des associations d’assemblées d’action communale.

Devenir visibles

Les premiers processus pour se rendre visibles par le peuple Camëntsá se font au milieu  du XXe siècle avec la mise en place de démarches politiques pour leur protection.

En 1958 est approuvée la loi 81 qui réaffirme la protection des resguardos, suspend le parcellement aveugle, ordonne l’élection démocratique des cabildos et crée la section d’affaires indiennes dépendante du ministère de l’agriculture. On parlera plus tard de division des affaires indigènes.

sources  http://observatorioetnicocecoin.org.co/cecoin/files/Caracterizaci%C3%B3n%20del%20pueblo%20Caments%C3%A1.pdf ,  ONIC, wikipédia

 

Traductions d'articles complémentaires

Chagra traditionnelle du peuple Kamêntsá Biyá

Aliments et boissons traditionnels

Culture (coutumes, rites, fêtes, maison, habits, artisanat)

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Colombie, #Peuples originaires, #Camsá, #Kamëntsá, #Sibundoy

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