Brésil - Le peuple Paresí

Publié le 21 Mars 2019

Por http://veton.picq.fr - Obra do próprio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10055268

Peuple autochtone du Brésil habitant les zones indigènes Capitão Marcos/Uirapuru, Estaçaõ Parecís, Estivadinho, Figueiras, Juininha, Rio Formoso, Umutina, Utiariti, la réserve indigène Parecí à l’est du Mato Grosso.

Leur autodésignation est halíti = peuple en référence explicite à la race humaine en opposition aux animaux ou pour indiquer une identité de groupe plus inclusive.

Terres indigènes Paresi

Langue

Le peuple Paresí parle une langue de la famille linguistique arawak. Cette langue comporte plusieurs dialectes selon les sous-groupes :

Wáymare, Kozárene, Kazíniti ou Kaxínti, Káwali, Warere.

Le portugais est enseigné dans les écoles primaires bilingues.

Le groupe Wáymare est celui qui est le plus en contact avec des non indiens. Ce groupe est presque éteint à cause des contacts et de la présence de la mission d’Anchieta à Utiariti. On leur a interdit de parler leur langue maternelle et contraints à épouser des autochtones d’autres groupes ce qui leur a fait perdre leur langue maternelle.

Histoire

 

 

Chefe dos Arití-Uaimaré, Uazácuriri-gaçú, Mato Grosso. Foto: Major Thomaz Reis/Comissão Rondon, sem data

C’est un peuple qui a une longue tradition de contacts avec des non indiens dont les premières références remontent à la fin du XVIIe siècle. Les contacts se sont dès lors intensifiés de façon continue générant des conséquences dévastatrices pour le peuple.

Chaque sous-groupe Paresí était confronté à des situations différentes en raison de la proximité ou de la distance les séparant de non indiens.

Les relations intenses avec les jésuites de la mission d’Anchieta ont presque provoqué l’extinction de l’un des dialectes parlés par les Paresí et entraîné des transformations des aspects socio culturels de la population. Les unions entre les différentes peuples autochtones ont été encouragés par les missionnaires comme procédé d’acculturation.

De nos jours ce peuple est confronté au souci du maintien de sa culture et la récupération de certains aspects jugés importants pour le maintien des pratiques socio culturelles. Ils cherchent des moyens pour leur survie tout en générant des revenus et ils ont un grand intérêt dans la préservation de leurs zones d’habitat.

Au début du XXe siècle la population était de seulement 340 personnes réparties dans 12 villages.

En 1981 il y avait 13 groupes locaux dans la zone définie en 1968 comme réserve Paresí.

Trois villages sont situés au-dessus de la limite sud de la réserve de Formoso (Ho’hako), Estivadinho (Kyárose) et Figueira (Oihoko), ces villages ont atteint leurs limites définitives en 1982.

Au-delà de la limite nord de la réserve, se trouvent des groupes locasu : Bacaval, Sacre, Seringal, Walahaliwimã.

A l’ouest de la réserve il y a 3 groupes locaux situés au bord de la route BR6364 (Capitaine Marco, Camp de la Serrria, Iyatayazá).

Population

En 2008, 2005 personnes étaient réparties sur diverses terres autochtones.

Leur territoire est généralement constitué de savanes et de forêts galeries. Ils y chassent le cerf, l’émeu, le seriama (cariama oiseau), la perdrix, l’agouti.

VIII Festa Nacional do Índio. Foto: Tatiana Cardeal, 2008

Histoire

Les premières références sur ce peuple ont lieu dans le quart du XVIIe siècle. Les pionniers paulistas sillonnent l’arrière-pays, dans la vaste territoire qui compose le Mato Grosso actuel, chassant les indiens, une pratique qui s’associera plus tard à l’exploitation de la richesse minérale de la région. Le pionnier Antonio Pires de Campos , de l’autre côté de la rivière Sepotuba arrive sur un vaste plateau qu’il nomme le « royaume des Paresí » en référence au peuple qui y vit. Il a observé l’organisation politique Paresi qu’il qualifiera de décentralisée.

Pendant l’exploitation des mines de la région de Cuiabá au début du XIXe siècle, les villages Paresí situés à proximité servaient de points de ravitaillement en esclaves et en produits alimentaires.

Ensuite les Paresi intègrent le contingent de travailleurs réduits en esclavage dans les mines et ils seront utilisés également dans les travaux de navigation sur la rivière Tapajos.

L’extraction du caoutchouc commence à se développer à Diamantino où se trouve la zone la plus riche en caoutchouc (c’est l’arrière-pays des Paresí ). Ils participent activement à l’activité économique après avoir été utilisés comme guides conduisant les seringueros sur les sentiers menant aux sources des arbres contenant le latex puis comme main d’œuvre moyennant le paiement des produits industrialisés. L’arrivée des seringueros près des sources des rivières a été fatale pour certains groupes locaux persécutés et expulsés de leur territoire.

En 1908 le colonel Rondón (celui qui a créé le SPI, service de protection des indiens) supervise la construction de la ligne télégraphique dans la région occidentales de Cuiabá –Mato Grosso. Il rencontre les Paresí  entre autres peuples qui sont exploités par les caucheros. Rondón les convainc de s’installer près des lignes télégraphiques, il commence à leur construire des écoles et d’autres services mais au bout de quelques années la radio devient obsolète et les lignes sont abandonnées.

Une nouvelle route suit le tracé de la ligne télégraphique, elle sera construite dans les années 60, pavée dans les années 80 et elle va favoriser le développement de la région.

Cosmologie et chamanisme

Ils pensent que les esprits habitent les forêts et les rivières. Un esprit de serpent et sa femme sont vénérés dans la maison des hommes où le serpent est représenté par une sorte de trompette et sa femme par une flûte. Là où les hommes dansent et chantent est interdit aux femmes. Les hommes boivent de la chicha pour soulager la soif du serpent et mangent de grandes quantités de viande pour soulager leur faim.

Quelques chamans existent encore et soignent certaines maladies , ils ont la réputation de pouvoir voler.

Ils utilisent des plantes médicinales, ils soufflent de la fumée de tabac sur les patients.

Les Paresí estiment que des sorciers sont responsables de la maladie en versant du poison sur les victimes ou en en mettant dans des boissons.

La mort

Les morts sont enterrés dans les maisons avec leurs biens.

L’esprit des morts va à la rencontre du Zoetete qui mène au village des morts. Les Zoetete sont des êtres dans lesquels ils se sont convertis lorsqu’ils ont atteint des vieillards qui pouvaient voir les dieux (Enoré) et qui étaient capables de soigner les gens en éliminant le sortilège qui les avaient provoqués.

Pour se rendre au village des morts, l’esprit des morts doit traverser une passerelle anaconda pendant que le Zoetete attend de l’autre côté du ruisseau.

Si l’esprit a fait beaucoup de mauvaises choses dans la vie, l’anaconda bouge et il devra retourner sur le rivage d’où il vient. Si cela se produit le Zoetete devra attiser le feu pour conjurer les mauvaises choses puis l’esprit des morts traversera la passerelle sans que l’anaconda ne bouge et le Zoetete l’emmènera au village des morts. Les villages des morts est une réplique du village des vivants et ne diffère que par le fait que les interdictions d’incestes y sont suspendues.

Chaque groupe a sa propre place sur terre, un village servant d’habitation après la mort.

Les Wáinare ont un lieu nommé Zolohoiake et les Kazárini ont un lieu nommé Kalokaré. Lorsqu’il arrive au village des morts, l’esprit devient une nouvelle haliti et gagne une famille comme celle qu’il avait de son vivant. Il doit rester à la maison et la Halíti va le soigner avec des médicaments et de la nourriture du mal qui l’a tué. Ensuite il pourra épouser qui il veut et mener une vie comme la vie terrestre.

 

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Les parents et les non-parents

Des termes appliqués dans ce domaine permettent aux Paresi de définir plus précisément la nature de leurs relations.

Les vrais parents sont qualifiés de Ihinaiharé Kaisereharé. Ce sont les parents « légitimes » et les « parents distants ou attentionnés » sont quand à eux les Ihinairé Sékore.

La première catégorie inclut les personnes dont les liens généalogiques peuvent être localisés.

La seconde catégorie regroupe les personnes avec lesquelles les relations généalogiques sont trop éloignées pour avoir un sens.

En général toutes les personnes d’un village sont reconnues comme étant Ihinaiharé Kaisereharé même si le réseau Ihinaiharé Kaisereharé d’une personne dépasse les limites de leur groupe local.

La relation entre Ihinaiharé Kaisereharé est basée sur la distribution généreuse de nourriture, l’hospitalité, la coopération dans les travaux de subsistance, la construction des maisons et le prêt d’outils.

Le mariage idéal entre groupe de classes Ihinaiharé Kaisereharé est considéré comme idéal pour les Paresi car il permet la facilité des relations entre la famille des époux.

La relation entre cousins croisés (enfants de la sœur du père ou enfants du frère de la mère) de sexe différent est marquée par la possibilité de se marier.

Relations entre les proches

Les relations entre les beaux-frères sont soumises à des obligations comme celle de la coopération dans les travaux agricoles.

Dans la famille la figure du père est très expressive et la femme et les enfants sont identifiés par rapport au père. Les Paresí disent que les enfants ressemblent physiquement au père. Le père joue un rôle prépondérant dans la conception des enfants. Quand naît un enfant, père et mère sont sous surveillance et en isolement. Dans la phase d’isolement le père ne doit pas chasser, il ne peut pas manger de gibier, il ne peut pas tisser ou fournir un service pénible comme ramener du bois pour le feu ou abattre les arbres sur la parcelle. Le non respect de ces tabous peut entraîner la maladie voire la mort de l’enfant.

De même après la naissance, la mère doit observer des règles alimentaires comme ne pas boire d’olóniti (boisson fermentée à base de manioc sauvage), ni manger de viande. Elle ne doit pas tisser ni travailler aux champs afin d’éviter des dommages aux plantations.

Le père s’occupe de l’éducation des fils et la mère de l’éducation des filles. Ils leur enseignent l’essentiel de leurs coutumes et de leur culture, la chasse, la pêche, la cueillette , la cuisine, les taches ménagères, les travaux agricoles.

Vers l’âge de 8 ans, la petite fille commence à s’occuper de ses frères et sœurs les plus jeunes, elle aide aussi dans les travaux agricoles.

Un homme après son mariage assure une charge de débiteur envers ses beaux-parents. Sa dette sera payée par une « travail dur » travail des champs, ramassage du bois de chauffage, fabrication d’objets artisanaux commercialisés par le beau-père.

Organisation politique

Les villages sont des unités politiques autonomes et seuls ceux qui forment un groupe social sont compétents pour arbitrer les questions liées à la vie sociale. Les groupes locaux reconnaissent le leadership d’un individu propriétaire du lieu le wénakalatí weikate. Un dirigeant doit suggérer et non commander. La position de chef de village est transmise par héritage de père en fils (souvent au fils aîné). La candidat doit savoir parler en public, être énergique, ferme dans ces décisions et montrer sa capacité à se conduire en situation de conflit.

Des catégories classifient les personnes en fonction de leurs compétences dans les domaines socio-économiques.

Activités de subsistance

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Ils cultivent deux sortes de manioc dont le plus courant est le kete, produit de base pour élaborer le pain de manioc (beiju, zómose), la farine de manioc (tyoloéte), la poudre (éte) sert à fabriquer un gâteau ou kenáike et un type de chicha ou oloniti (avec la fermentation de l’extrait de racine).

Un autre type de manioc cultivé est le kazalo qui est utilisé pour les boissons.

Chaque famille a sa roza ou parcelle et ils en ouvrent de nouvelles chaque année à des endroits situés de 3 à 5 km des villages.

La première phase de production agricole consiste à la préparation du sol avec la coopération active des hommes et même parfois d’autres groupes locaux.

En avril/mai ils abattent les arbres (avec des haches, des faucilles et des machettes).

En août les arbres secs sont brûlés.

En septembre le terrain est prêt pour la plantation. Les semailles sont faites par le couple, l’homme coupe les tiges du manioc à la machette, il creuse le sol avec la houe, la femme place la branche dans le trou et recouvre les pieds.

D’autres cultures sont faites également dont la plus importante est celle du maïs qui est utilisé aussi dans la chicha.

Chasse

La chasse est collective quand il s’agit des fêtes de chicha à organiser (pour donner un nom aux enfants et pour le rite de passage des filles), sinon elle se fait individuellement.

Le produit de la chasse est distribué devant tout le monde, les os des extrémités sont partagés entre les enfants et les adultes savourent la moelle, les femmes de chaque famille reçoivent dans des récipients les abats et des morceaux de côtes, les intestins sont donnés à la femme la plus âgée du village et aux enfants.

D’autres parties de la chasse sont données au chef (elles seront cuites et fumées). La viande est distribuée selon les mêmes consignes que pour les chasses collectives.

Pêche

La pêche est une activité alternative au régime en cas de pénurie du gibier (saison des pluies surtout).

Tout le monde y participe mais les hommes le font de façon plus efficace. Les techniques de pêche comportent l’hameçon, les hommes pêchent alors seuls. Les femmes jouent un rôle important dans la pêche au timbo (ahó), une liane qu’il faut écraser pour en recueillir un poison qui une fois trempé dans l’eau, anesthésie les poissons qui se pêchent plus facilement. Ce sont les femmes qui font macérer les lianes jusqu’à ce que le jus soit exprimé. Ensuite les hommes font un barrage sur la rivière, le poison est placé et ensuite tout le monde récupère les poissons.

Collecte

La collecte de fruits sauvages, bacaiúra, noix de coco, badassu, ananas de forêt est l’activité des femmes et des enfants. C’est une activité intense pendant la saison des pluies. Il y a 2 sortes de récoltes, la récolte des aliments de la forêt et la récolte des matériaux utilisés pour les activités artisanales destinées surtout à la vente, cela requière plusieurs formes de coopération.

Le miel

Les Paresí font partie des rares populations indigène d’Amérique du sud à avoir domestiqué les abeilles. Ils les conservent dans des récipients dans lesquels il y  a 2 ouvertures, une pour l’entrée des abeilles et l’autre scellée avec de la cire pour l’enlèvement des rayons.

De nos jours ils élèvent également des chiens de race, des poulets, des canards et des cochons.

source pib sociomabiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Paresí, #Parecí

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