Pérou/Brésil : Le peuple Yine ou Piro

Publié le 5 Février 2019

 

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Peuple autochtone de l'Amazonie vivant entre le Pérou et le Brésil, connu surtout sous le nom de Piro, dont les villages s'étendent au Pérou le long des rivières Urubamba, Cushabatay, Madre de Dios, Las Piedras.

Au Brésil ils sont connus sous le nom de Manetireni,, ils vivent sur les rives du rio Purús, entre l'embouchure du rio Iacao et la Curinaha, les rivières Maloca et Caspahá.

DEPARTAMENT PROVINCE DISTRICT
CUSCO LA CONVENCIÓN ECHARATE
LORETO UCAYALI PAMPA HERMOSA
MADRE DE DIOS MANU MADRE DE DIOS
MADRE DE DIOS TAHUAMANU IÑAPARI
UCAYALI ATALAYA RAYMONDI
UCAYALI ATALAYA SEPAHUA

 

Langue : piro de la famille des langues arawak.

Autodésignation : yine

Autres noms : yine- pirro-pira-simirinche- chotaquiro- simiranch

Population : 3261 personnes

Organisations indigènes

FECONAYA - Fédération des Communautés Natives Yine-Yami du Rio Urubamba

OIRA - Organisation Indigène Régionale d'Atalaya

source : wikipedia, peruecologico.com

 

vert - arawak

 

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Peuple Yine au Pérou

Le peuple Yine est aussi connu sous le nom de " piro ", un nom qui a été utilisé par des peuples voisins et d'autres étrangers pour distinguer ce peuple. Le mot "yine", en revanche, viendrait du yineru, qui en langue indigène se traduit par "vrais hommes", "être humain" ou "peuple par excellence".

Histoire 
 

Depuis l'époque préhispanique, le peuple Yine occupait la partie supérieure du bassin de l'Ucayali et la partie inférieure du fleuve Urubamba. En raison de leur habileté en tant que navigateurs, les yine sont aussi connus sous le nom de "Phéniciens amazoniens". De diverses études, on sait que depuis l'époque pré-incas, les Yine se sont déplacés sur de longues distances pour échanger des plumes, des céramiques, des peaux et des animaux vivants contre des haches de pierres et des métaux précieux avec diverses populations (Unicef 2012, Smith 2003).

Le peuple Yine a eu ses premiers contacts avec les Espagnols au milieu du XVIIe siècle, avec l'arrivée de missionnaires jésuites et franciscains à proximité de la rivière Tambo et de la partie supérieure de l'Ucayali. En 1795, la première mission pour le peuple Yine fut fondée, suivie d'une deuxième mission en 1809 (Mayor et Bodmer 2009, INEI 2007).

Un des premiers documents se référant à ce peuple est le rapport des Missions franciscaines de 1676, selon lequel ce peuple occupait alors la partie supérieure du fleuve Ucayali, la partie inférieure du fleuve Urubamba et l'embouchure du fleuve Tambo (Álvarez et. al. 2010).  Plus tard, le catéchisme Yine écrit par le prêtre Richter, qui visita les communautés Yine à la fin du 17ème siècle (INEI 2007), fut publié. Plus tard, au milieu du XIXe siècle, l'explorateur anglais William Chandless a documenté l'existence du réseau d'échange géré par les Yine depuis le bassin de la rivière Ucayali jusqu'aux villages autour de la rivière Purús au Brésil.

Les Yine ont participé à divers mouvements sociaux de revendication aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, dont beaucoup ont abouti à la suppression des missions. Le plus important de ces mouvements fut la rébellion de 1742, menée par Juan Santos Atahualpa contre les missionnaires et conquérants espagnols, menant le leader de Cusco au Gran Pajonal (Álvarez et al. 2010).

Le boom de l'exploitation du caoutchouc a contribué au déclin de la population de ce peuple, car beaucoup de Yine ont été maltraités et réduits en esclavage par des patrons ducaoutchouc (ILV 2006). Cependant, on sait aussi que le peuple Yine a participé à l'expansion du caoutchouc, ouvrant de nouvelles opportunités commerciales. En raison de leur grande connaissance et de leur contrôle des principaux cours d'eau, les Ynine ont joué un rôle important dans la découverte de nouvelles voies d'extraction et de commercialisation. C'est à cette époque que les Yine ont commencé à commercialiser du poisson et de la céramique en échange de pots en métal et de machettes (Smith 2003, UNICEF 2012).

Au milieu du XXe siècle, l'Institut d'été de linguistique (ILV) est arrivé sur le territoire des Yine, dans le but de promouvoir l'éducation interculturelle bilingue dans la région. Leur présence dans les communautés Yine aurait été extrêmement importante pour le maintien de la langue indigène de ce peuple (Smith 2003).

Autres noms : Chotaquiro, Pira, Piro, Simirinche

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Langue

La langue yine est utilisée par les habitants du même nom, dont la population totale est d'environ 3 261 personnes (Recensement 2007), qui vivent dans le bassin du fleuve, Urubamba, Unine, Las Piedras, Acre, Purús, Manu, Madre de Dios, dans les régions Ucayali, Cusco, Madre de Dios et Loreto. Elle est également parlée en Bolivie et au Brésil, c'est pourquoi elle est considérée comme une langue transnationale. 
La langue yine appartient à la famille linguistique arawak et trois variétés géographiques ont été enregistrées : (1) yine Manu haxene, (2) mantxinerï et (3) mashco piro (ministère de l'Éducation 2013). Seule la variété mantxinerï est gravement menacée, tandis que les autres restent vitales (Ministère de l'Education 2013).

Les peuples autochtones qui utilisent cette langue : 

Mashco Piro - Madre de Dios, Ucayali Yine - Cusco, Loreto, Madre de Dios, Ucayali

traduction carolita source http://bdpi.cultura.gob.pe/lengua/yine

 

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Institutions sociales, économiques et politiques 
 

Alejandro Smith (2003) soutient que pour comprendre le peuple Yine, il faut connaître le rôle important des femmes dans l'organisation de cette société. Comme lui, d'autres auteurs ont souligné l'importance de la famille maternelle en termes de normes sociales, de cohésion et d'identité du peuple et de maintien du savoir ancestral Yine (Álvarez 1970, Álvarez et al. 2010). La coutume du nouveau couple vivant dans la même maison ou dans le même établissement de la famille de la femme est un autre exemple de la place de la femme dans la tradition Yine.

Le peuple Yine est connu pour sa capacité à naviguer, le poisson a donc été, tout au long de son histoire, un élément essentiel de son alimentation. Cette caractéristique du peuple est liée au fait que les habitations yine étaient traditionnellement construites sur les rives des rivières les plus abondantes (Álvarez et al. 2010).

Conformément au rôle de la femme Yine dans l'organisation de ce peuple, la division du travail serait moins différenciée entre les Yine ; par exemple, beaucoup de femmes Yine chassent et pêchent dans une mesure similaire aux hommes (Red Educativa Regional - Cusco 2011).

L'horticulture sur brûlis est une activité centrale dans la vie du peuple Yine. Parmi les principaux produits qu'ils récoltent figurent le manioc, la banane, le maïs, les haricots, la patate douce, la citrouille, le coton et le riz. Quant à la récolte, elle viserait principalement à obtenir des fruits tels que aguaje (mauritia flexuosa), ungurahui (oenocarpus bataua) et pijuayo (bastris gasipaes) (Mayor et Bodmer 2009).

Une grande partie de ce peuple vend ses produits agricoles, ainsi que du bois aux commerçants ou directement dans les villes d'Atalaya et Sepahua, dans le département d'Ucayali (Red Educativa Regional - Cusco 2011).

Croyances et pratiques ancestrales 
 

La pêche et la chasse ont été des activités de subsistance qui, en plus d'avoir un sens économique, ont un sens religieux et sont associées à certains rituels. Par exemple, le chasseur Yine a comme pratique ancestrale la consommation de concoctions spéciales et la décoration de son visage et des parties de son corps avec des signes dans des teintures naturelles ; tout cela dans le but de's'interpénétrer' avec les animaux qui sont sa proie (Álvarez et al. 2010).

Une coutume ancestrale yine est de peindre une partie de leur corps avec la teinture naturelle de l'arbre du genipa ou huito, à l'occasion de cérémonies et rituels. Pour Alejandro Smith (2003), cette pratique pourrait être liée au fait que le huito constitue un élément très important dans la mythologie Yine, ayant pour protagoniste un des mythes qui explique l'origine du peuple.

Autres données 
 

En plus des deux processus au niveau national, le peuple Yine a participé à quatre processus de consultation préalables. Trois d'entre eux concernent les lots d'hydrocarbures 175, 190 et 191, et un autre concerne le projet de la voie navigable Amazonienne.

traduction carolita du site bdpi.cultura.gob.pe

Au Brésil

Traduction de 2 extraits du site Povos indigenas no Brasil (Histoire et fêtes)

Les Manchineri partagent avec les Piro, en Amazonie péruvienne, une langue Aruak (de la branche Maipure) et une grande partie de leur système social et cosmologique. Ils peuvent être considérés comme des groupes qui font ou ont fait partie du même peuple. Sur le territoire brésilien, la plupart des Manchineri vivent sur la terre indigène mamoadate, bien qu'il y ait encore de nombreuses familles vivant dans les champs de caoutchouc de l'Acre, en particulier dans la réserve extractiviste Chico Mendes.

Histoire

Vers 1880, l'explorateur Antônio Loureiro identifie les Manchineri comme des habitants naturels de Macaoã et de Caiaté sans être vus dans les Iaco (Gonçalves, 1991). Les Manchineri d'environ 90 ans contredisent cette information, affirmant qu'ils ont toujours vécu à cet endroit et que leurs parents et grands-parents y ont longtemps habité. Selon leurs estimations, dans le passé, ils étaient environ 2000 personnes qui occupaient le territoire qui comprend de l'Alto Iago, des igarapés Abismo, jusqu'à ce qui est aujourd'hui le cauchal Nova Olinda, arrivant même jusqu'à Sena Madureira.

Selon le récit des Manchineri, avant d'avoir un contact plus intense avec les fronts extractivistes, ils étaient divisés en Manchineri, Hijiuitane, Uinegeri, Cuchixineri, Hahamlineri et Iamhageri. Ils ont formé les Yineri (avec l'origine dans le mot Yine, "nous"). Ils vivaient tous  côte à côte et se mariaient ensemble. L'anthropologue Peter Gow décrit une situation similaire pour les anciens Piro, qui ne vivaient pas comme un seul peuple, mais étaient divisés en plusieurs groupes, les neru. Chaque groupe avait un nom, comme le Manxineru (village des arbres de Tamamuri), Koshichineru (village des petits oiseaux), Nachineru (village affamé), Getuneru (village des crapauds) et Gimnuneru (village des cobras). Cependant, selon Gow (1991:63), les Piro disent que ces groupes ne se sont pas mariés. Ils n'ont commencé à le faire que lorsque les patrons du caoutchouc les ont réduits en esclavage et les ont forcés à vivre ensemble.  

Au XIXe siècle, de grandes irruptions ont commencé dans la région, et les Indiens ont commencé à souffrir des horreurs des raids. Il y avait deux fronts de pression : du Pérou au Brésil, les caucheros, et de l'Amazonie à la Bolivie, qui se consacraient à l'extraction du caoutchouc, qui essayaient même de fixer les familles dans la région. Au début, les Indiens n'étaient pas incorporés comme main-d'œuvre pour l'extraction, mais comme macheteros et guides pour la recherche de nouveau caoutchouc. Ce n'est que lorsque la crise (conséquence de la chute du prix du produit) a été établie qu'ils ont été encouragés à extraire le caoutchouc.  

Selon les Manchineri, le caoutchouc est devenu leur mode de vie, augmentant les conflits internes et intergroupes et la dispersion de leurs Yineri ancestraux. Il y a eu un long conflit avec les Boliviens et les Péruviens, qui ont essayé de les expulser de leurs terres, puis ont commencé à les asservir pour l'extraction du caoutchouc, l'agriculture, la chasse et la pêche, ainsi que le travail domestique. En 1926, Batista & Roquete Pinto, dessinent bien les lignes directrices de la situation :

Les Maneteneris sont le groupe le plus guerrier de leur région. Chasseurs, pêcheurs, en peu de temps ils deviennent d'excellents assistants des ouvriers du caoutchouc, desbravadores de l'Acre et constructeurs des premières villas civilisées" (in Gonçalves, 1991:181).

Afin d'essayer de contrôler les Indiens, une stratégie a été élaborée pour détruire leurs villages, à l'époque situés sur les rives du Iaco. Il se trouve donc que la coexistence se fait avec différents groupes de peuples indigènes et non indigènes. En plus de couper le caoutchouc, les hommes se rendirent au "mariscar" (pêche à l'atarraya), extrayant du bois, chassant et même plantant pour le "patrón". Les femmes, de la même manière, ont commencé à s'occuper des plantations et de la maison des patrons. 

Dans les années 1940 et 1950, il y a un nouveau mouvement dans l'industrie extractive, qui active une nouvelle occupation des terres précédemment abandonnées. Depuis 1966, le gouvernement brésilien encourage l'occupation définitive de ces terres et des investissements sont faits dans l'exploitation des minéraux, l'extraction du bois et l'agriculture. Un mouvement spéculatif très intense commence. Les caucheros endettés vendaient de grandes propriétés à des spéculateurs dans le sud du Brésil. A l'heure actuelle, l'indice de concentration des terres et la consolidation des grandes propriétés qui seraient utilisées pour l'élevage bovin sont efficaces au prix de conflits sociaux qui ont entraîné l'expulsion des colons ou des Indiens des anciennes zones de caoutchouc (Gonçalves, 1991:37).

 

image   Foto: Milton Guran, 1979

Fêtes 


Parmi les célébrations traditionnelles, la cérémonie de passage de la jeune fille à l'âge de quinze ans, à la condition de femme, se détache. La grand-mère peint la fille, Iunaulu, à l'encre de jenipapo (Genipa americana), sur une base d'urucum cuit (Bixa orellana). Les parents de la jeune fille proposent ensuite une fête d'une journée dans tout le village, avec beaucoup de caiçuma (une boisson fermentée à base de manioc ou de fruits) et de la nourriture. Gow (1991:130) mentionne qu'aujourd'hui, cette fête pour célébrer la puberté "n'est qu'un souvenir" pour les Piro. Au contraire, les Manchineri ont dans cette fête le seul vestige d'une quelconque cérémonie collective. Cependant, ce festival n'a lieu que dans les villages de la Terre indigène et non dans les champs de caoutchouc.

Dans la mémoire des anciens, il y a un autre événement collectif, le Hincaclu, une danse traditionnelle dont peu se souviennent de quelques pas. 

Traduction carolita du site pbi socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Brésil, #Peuples originaires, #Yine, #Piro

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