Cosmovision Inca - Uru (L'Araignée)
Publié le 5 Février 2019
illustration Gabriela Varela
Uru était le nom d'une princesse héritière d'un trône inca. Son père, le curaca Kúntur Capac, avait essayé de lui donner une éducation soignée, mais la petite princesse, qui vivait enveloppée de luxe et de raffinement, était extrêmement indisciplinée et capricieuse. Elle passait ses journées à acheter des tissus riches et des coiffes exotiques et ne remplissait pas les obligations propres à sa condition, échappant à la tutelle des ayos ou des maîtres. L'Hamurpa, inquiet de son indolence et de son égoïsme, questionna le curaca :
"Vous savez que vous êtes malade et proche de la mort, disait Kúntur Capac, et votre fille héritera de ce trône, auquel elle n'est pas préparée. Elle ne connaît rien de notre histoire, de nos coutumes et de nos besoins, elle n'accomplit aucune tâche utile ou noble et ne s'occupe que de s'habiller, de se parer et de savourer des mets coûteux qu'elle apporte de pays lointains."
Le curaca Capac, inquiet par ses paroles, essaya d'inculquer à Uru le sens de la responsabilité de sa future position. Tout cela en vain : Uru gaspilla de grosses sommes pour acquérir des tissus exotiques, des ornements d'or et d'argent avec lesquels elle embellit ses coiffes, et elle passait avec indifférence et mépris devant les sujets qui se pressaient autour de son killapu sans un seul geste bienveillant ou humanitaire à leur égard.
Enfin vint le jour redouté où le cura mourut. Sa mort fut endeuillée pendant sept jours et sept nuits, par des larmes et des chants religieux lascifs avec lesquels ils exprimaient leur tristesse et leur crainte pour le sort qui les attendait dans les mains de la nouvelle reine. Impressionnée d'abord par la mort de son père et sa nouvelle position, la jeune femme obéit en tout à l'Hamurpa et régna avec une véritable intelligence, mais elle s'en lassa rapidement. Elle retourna à sa vie égoïste et, enivrée par son pouvoir, gaspilla des sommes considérables pour satisfaire ses caprices ; bientôt elle appauvrit les caisses du palais et commença à opprimer le peuple avec des impôts élevés, avec lesquels elle pouvait maintenir ses dépenses.
Un jour, alors que l'Hamurpa et d'autres conseillers âgés essayaient de la pousser à prêter attention aux besoins de son peuple, Uru décida de s'en débarrasser.
"Faites prisonniers tous les conseillers de mon père et fouettez-les à mort", ordonna-t-elle impérieusement et avec arrogance. A partir de maintenant, je ne connais pas d'autre conseiller que ceux de mes souhaits. Et je me fiche que mon peuple soit appauvri ou qu'il manque de terre et de nourriture. Moi, héritière directe des Incas, je suis née pour jouir de la vie et pour être obéie."
Et pour ratifier son ordre, elle prit elle-même sa ceinture tressée en peau de chèvre douce et commença à battre les anciens prêtres. Mais elle ne pouvait pas continuer avec sa fureur destructrice, son bras était paralysé, et elle était silencieuse devant une belle et majestueuse figure qui se tenait entre les prêtres et la reine : "Tu es allée trop loin, Princesse Uru - la voix de la déesse l'avertit. Nous avons décidé de te punir et de libérer ta tribu de tes illusions et de ton mauvais gouvernement. A partir de maintenant, tu sauras ce que c'est que de se battre pour son propre gagne-pain. Tu travailleras continuellement, sans repos pour les siècles des siècles". Elle l'enveloppa de son manteau sombre et la fit disparaître des yeux étonnés des conseillers.
A sa place était resté un petit insecte, au corps sombre et poilu, muni de pattes agiles, qui a immédiatement commencé à tisser un tissu compliqué avec le fil qu'il tirait de son propre corps. Depuis lors, Uru, l'araignée de notre légende continue à tisser sans relâche pour gagner le pardon des dieux pour ses anciennes erreurs.
traduction carolita du site Pueblos originarios.com