Brésil – Le peuple Apuriña
Publié le 18 Février 2019
Por Lpinas - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48515408
Peuple autochtone vivant dispersé le long de la rivière Purus, surtout dans l'état d’Amazonas et dans une terre indigène du Rondônia et du Mato Grosso, partageant un riche complexe cosmologique et rituel et qui dans son histoire a été marqué par la violence des 2 cycles du caoutchouc en Amazonie. Aujourd’hui ils se battent pour des droits sur certaines de leurs terres non légalement reconnues et qui sont envahies par les bûcherons.
Autodésignation : popukare
Population : 9487 personnes (2014)
Langue : apuriña de la famille maipure-arawak, branche purus (Facundes 1994), la langue la plus proche est celle des Machineri ou Piro(Yine) du bassin du Haut Purus sur le territoire brésilienne et au Pérou dans le bassin du Bas Urubamba.
Territoire
Ils vivent dans plusieurs Terres Indigènes (TI), dont 2 avec les Paumari du lac Parica et des Paumari du lac Maraha, une avec les indiens Tora du pays du même nom.
Etat d’Amazonas, municipalités de Boca do Acre, Pauini, Labrea, Tapaua, Manacapuru, Beruri, Manaquiri, Manicoré (Terre Indigène Torah)
Au XIXe siècle, le territoire des Apuriña était le cours moyen du fleuve Purus, du rio Sepatini, du rio Paciá au rio Laco.
Les premiers explorateurs du Purus dans le seconde moitié du XIXe siècle affirment que les Apuriña, même s’ils vivaient à distance des rives du fleuve, venaient aux marges du Purus pour pêcher et capturer des tortues.
rio Purus Par Kmusser — Own work using Digital Chart of the World and GTOPO data., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4747551
Au moment de la colonisation ils se réfugient au sommet des igarapés (chenaux étroits et peu profonds des rivières en Amazonie).
L’environnement géographique du rio Purus a beaucoup influencé le mode de vie des Apuriña, le différenciant entre la terre ferme et la terre humide ou entre les parties inondées et les non inondables.
La population est très dispersée aussi est-il difficile d’en évaluer le nombre.
Il y a des contacts sporadiques avec des non indiens dans le contexte de l’exploitation du caoutchouc. Le fleuve Purus commence a être exploité à partir du XVIIIe siècle par des commerçants itinérants à la recherche de « drogues du sertão » (cacao, copaiba, beurre de tortue, caoutchouc).
Le Purus a été habité par les non indiens à cause du caoutchouc. L’exploitation commence dans les années 1870/1880 mais l’exploitation chute dans les années 1910 avec la concurrence de l’Asie. Les zones du caoutchouc brésilien sont abandonnées par les patrons mais les indiens continuent l’extraction pour leur subsistance et la vente ainsi que d’autres produits comme la châtaigne.
Avec la seconde guerre mondiale, le caoutchouc connaît un nouvel essor car le caoutchouc asiatique est alors sous le pouvoir de l’axe.
Dans la première moitié du XXe siècle, 50.000 nordestitos sont transportés en Amazonie pour y travailler comme saigneurs d’hévéa, ils sont appelés « les soldats du caoutchouc », après la guerre le marché prend fin, le retrait des subventions entraine la chute du caoutchouc en 1985.
Les Apuriña ont eu différentes insertions dans les zones du caoutchouc, des groupes entiers ont été tués. Certains ont vendu leur production, d’autres ont travaillé comme collecteurs, les histoires Apuriña parlent de massacres, de tortures, de l’expérience d’être esclave, de relations personnelles, de compadrazgo, de batailles et de guerres pour le pays.
Terres Indigènes (T.I) dans l'état d'Amazonas
- T.I Acimã – 40.686 hectares, 89 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea.
- T.I Agua Preta/Inari – 139.763 hectares, 349 personnes, réserve homologuée. Ville : Pauini.
- T.I Alto Sepatini – 26.095 hectares, 75 personnes. Réserve homologuée. Ville : Lábrea.
- T.I Apurinã de l’igarapé Mucuim – 73.350 hectares, 93 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea.
- T.I Apurinã de l’igarapé São João – 18.232 hectares, 142 personnes. Réserve homologuée. Ville : Tapauá.
- T.I Apurinã de l’igarapé Tauamirim – 96.456 hectares, 295 personnes. Réserve homologuée. Ville : Tapauá.
- T.I Apurinã Km-124 BR-317 – 42.198 hectares, 209 personnes, réserve homologuée. Villes : Boca do Acre, Lábrea.
- T.I Baixo Seruini/Baixo Tumiã- en cours d’identification .Ville : Lábrea.
- T.I Boca do Acre – 26.240 hectares, 248 personnes, réserve homologuée. Villes : Boca do Acre, Lábrea.
- T.I Caititu – 308.062 hectares, 1022 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea. 3 peuples y vivent : Apuriná (langue aruak-maipure), Jamamadi (langue arawá) et Paumari (langue arawá).
- T.I Camicuã – 58.519 hectares, 454 personnes, réserve homologuée. Ville : Boca do Acre.
- T.I Catipari/Mamoriá – 115.044 hectares, 197 personnes, réserve homologuée. Ville : Pauini.
- T.I Fortaleza do Patauã – 743 hectares, 22 personnes, réserve homologuée. Ville : Manacapuru.
- T.I Guajahá – 5036 hectares, 65 personnes, réserve homologuée. Ville : Pauini.
- T.I Igarapé Paiol – 34 personnes, en cours d’identification. Ville : Manaquiri.
- T.I Itaxi Mitari – 182.134 hectares, 311 personnes, réserve homologuée. Villes : Anori, Beruri, Coari, Tapauá.
- T.I Jatuarana – 5251 hectares, 65 personnes, réserve homologuée. Ville : Manacapuru.
- T.I Lago do Barrigudo – 25 personnes, en cours d’identification. Ville : Beruri.
- T.I Paumari do Cuniuá – 42.828 hectares, 96 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea. 2 peuples y vivent : Apuriná (langue aruak-maipure), Paumari (langue arawá).
- T.I Paumari do Lago Paricá – 15.792 hectares, 159 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea. 2 peuples y vivent : Apuriná (langue aruak-maipure), Paumari (langue arawá).
- T.I Peneri/Tacaquiri – 189.870 hectares, 791 personnes. Réserve homologuée. Ville : Pauini.
- T.I São Pedro do Sepatini – 27.644 hectares, 123 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea.
- T.I Seruini/Marienê – 144.971 hectares, 159 personnes. Réserve homologuée. Villes : Lábrea et Pauini.
- T.I Torá – 54.961 hectares, 326 personnes, réserve homologuée. Villes : Humaitá, Manicoré. 2 peuples y vivent : Apuriná (langue aruak-maipure), Torá (langue txapakura).
- T.I Tumiã – 124.357 hectares, 66 personnes, réserve homologuée. Ville : Lábrea.
Terre Indigène dans les états du Rondônia et du Mato Grosso
- T.I Roosevelt – 230.826 hectares, 1817 personnes. Réserve homologuée. Villes : Espigão d’Oeste, Pimenta Bueno, Rondolândia. 2 peuples y vivent : Apuriná (langue aruak-maipure), Cinta Larga (langue mondé).
Au moment de la colonisation ils se réfugient au sommet des igarapés (chenaux étroits et peu profonds des rivières en Amazonie).
L’environnement géographique du rio Purus a beaucoup influencé le mode de vie des Apuriña, le différenciant entre la terre ferme et la terre humide ou entre les parties inondées et les non inondables.
La population est très dispersée aussi est-il difficile d’en évaluer le nombre.
Il y a des contacts sporadiques avec des non indiens dans le contexte de l’exploitation du caoutchouc. Le fleuve Purus commence a être exploité à partir du XVIIIe siècle par des commerçants itinérants à la recherche de « drogues du sertão » (cacao, copaiba, beurre de tortue, caoutchouc).
Le Purus a été habité par les non indiens à cause du caoutchouc. L’exploitation commence dans les années 1870/1880 mais l’exploitation chute dans les années 1910 avec la concurrence de l’Asie. Les zones du caoutchouc brésilien sont abandonnées par les patrons mais les indiens continuent l’extraction pour leur subsistance et la vente ainsi que d’autres produits comme la châtaigne.
Avec la seconde guerre mondiale, le caoutchouc connaît un nouvel essor car le caoutchouc asiatique est alors sous le pouvoir de l’axe.
Dans la première moitié du XXe siècle, 50.000 nordestitos sont transportés en Amazonie pour y travailler comme saigneurs d’hévéa, ils sont appelés « les soldats du caoutchouc », après la guerre le marché prend fin, le retrait des subventions entraine la chute du caoutchouc en 1985.
Les Apuriña ont eu différentes insertions dans les zones du caoutchouc, des groupes entiers ont été tués. Certains ont vendu leur production, d’autres ont travaillé comme collecteurs, les histoires Apuriña parlent de massacres, de tortures, de l’expérience d’être esclave, de relations personnelles, de compadrazgo, de batailles et de guerres pour le pays.
Brésil - Peuple Apurinã - Historique du contact - coco Magnanville
Por Lpinas - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48515408 Les Apurinã avaient des contacts systématiques avec les non-indiens dans le cadre de ...
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Organisation sociale et politique
Le peuple est divisé en 2 « nations », Xoaporuneru et Metumaretu. L’appartenance à l’un des groupes est déterminée par la lignée paternelle, pour chacune des « nations » il y des interdictions de manger certaine nourriture :
Pour les xoaporuneru : ils ne peuvent pas consommer certaines espèces d’oiseaux, inambu.
Pour les metumaretu : ils ne peuvent pas consommer le cochon sauvage.
Briser ces tabous alimentaires crée des problèmes de santé et peut même entraîner la mort à moins d’une intervention du chaman (meetu).
Le mariage préférentiel a lieu entre les deux nations, se marier au sein de sa propre nation revient à se marier entre frères.
La maison d’aujourd’hui est la barraca, paraka ou aiko, du même modèle que celle des saigneurs d’hévéa, sur pilotis, en bois, enterrées dans le sol Une seule famille y vit.
Autrefois ils vivaient dans des maisons communes ou malocas (aiko), dans lesquelles les familles y vivaient séparées par des murs de feuilles de palmier il y avait une porte pour les hommes et une porte pour les femmes. Les fêtes avaient lieu dans la maison.
Cosmovision
Tsora est le créateur de toutes les choses qui sont sur terre et c’est pourquoi il s’appelle dieu en portugais. L’histoire de Tsora est l’histoire du début du monde, du début de tout, dans de nombreuses versions qui commencent toujours par « Mayoro paro ou après « lncendie de la terre ». Mayoru est gentil et Mayoro est une femme monstrueuse et âgée qui a mangé les os des personnes désobéissantes et gardé ceux des personnes obéissantes pour la maniva (soupe) de manioc, pommes de terre au début du monde.
Culture matérielle
Les femmes fabriquent des valais (qui se vendent bien) et des paniers. Il y a des artéfacts en céramique qui sont constitués de boue mélangée à de la poudre provenant de la combustion de l’écorce du caripé (licania floribunda). Cette poudre est utilisée pour éviter des fissures dans la céramique. L’écorce de l’arbre est brûlée puis écrasée au pilon jusqu’à devenir une poudre qui est mélangée ensuite à l’argile la céramique est vernie avec du brou (résine) de jatoba ce qui lui donne un aspect brillant dans les tons allant du jaune au rouge.
Parfois des dessins sont réalisés avec de l’eau et du sel, insérés sur la pièce une fois qu’elle est cuite et avant de passer le brou de jatobá.
Ils fabriquent aussi des tubes à priser (katokana) en os d’animaux et des pirogues en bois de jutai. Cet art est une caractéristique du peuple Apuriña dont on trouve les plus répandus de ces canoes dans les communautés des hauts igarapés.
Le bois de jutai (hymenaea courbaril) est léger et propice à l’agilité exigée sur les igarapés. L’écorce de l’arbre est enlevée au moment des pluies.
bois de courbaril Par Jean-Pierre Chéreau & Roger Culos — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26142097
Rituel et chamanisme
Les soirées Apuriña portent le nom générique de xingané. Elles comprennent des chants nocturnes pour les grands événements avec des invités de nombreux villages. La nourriture est abondante, il y a du vin de manioc, de banane et de patauá (palmier amazonien).
Le xingané commence par un rituel de confrontation alors que les invités arrivent, peints et décorés dans la selva, ils arrivent en criant devant ceux de la maison qui vont à leur rencontre, armés également.
Quand ils se rencontrent les dirigeants avancent et engagent une discussion haut et fort, leurs bras pointés vers la poitrine l’un de l’autre.
Derrière eux se trouvent les compagnons armés qui vivent également ceux qui se disputent.
Quand ils baissent la voix, ils baissent aussi leurs armes, les chefs prennent alors le tabac dans la main.
Au début de la discussion il est indiqué que l’autre n’est pas connu et ils lui demandent qui il est. Vient ensuite le sanguiré, une histoire personnelle qui se termine toujours par la déclaration de qui est le fils et le petit-fils.
Une autre fête qui ne pratique plus mais qui était importante est celle des Kamatxi. Cette fête parle des Kamatxi, des êtres qui vivaient dans les plantations de buriti et qui venaient pour la fête. Des flûtes étaient utilisées et les femmes enfermées dans une maison afin qu’elles ne puissent rien voir.
Source
https://pib.socioambiental.org/es/Povo:Apurin%C3%A3#Organizaci.C3.B3n_Social_y_Pol.C3.ADtica
ci-dessous un extrait de ce travail que j'ai traduit à propos du chamanisme :
Chamanisme Apuriña - coco Magnanville
Le principe des maladies et la guérison du chaman (meẽtu) Apurinã sont les pierres. La pierre est à la fois celle qui lui permet de guérir et celle qui lui permet de causer des maladies et de...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/02/chamanisme-apurina.html