Venezuela : Le peuple Mako

Publié le 10 Janvier 2019

Peuple autochtone de la région de l'Orénoque dans l'état d'Amazonas.

Autres noms : Litoto- Jojod

Autodésignation : jojodö ou wilö

Langue : mako de la famille des langues salivanes, proche du piaroa.

Autodésignation de la langue : jojodö tjiwene'lit = la langue des personnes

Population : 1130 personnes

La religion évangélique et l'évangélisation de la New Tribes Mission est la cause principale de l'abandon du chamanisme.

Par CIADonnées linguistiques de ethnologue.comedité par SyntaxTerror — CIA world factbook (trouvée sur le site http://www.populationdata.net/indexcarte.php?option=pays&mid=295&pid=227&nom=venezuela-relief sous licence creative commons Attribution-NonCommercial (CC BY-NC 2.5) (il est mentionné sur la page que la source est la CIA), Cartoko map database, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=47318818

Aussi connu au Venezuela comme "jododo" c'est un groupe ethnique en voie de disparition, les Mako sont situés en Amazonie, Canaripo, Marueta, Carita et dans l'embouchure du rio Asisa et dans certains cas ils vivent dans les colonies Piaroa, à  Parguaza, Paria Chiquito et Cuao. Grâce à leurs établissements, ils ont développé une ingéniosité pour la chasse ainsi qu'une grande connaissance des plantes de la selva (puisqu'ils ont la région la plus riche du monde en flore et en faune) qui leur servent à créer des artefacts utilisés à la pêche.

Les inventions les plus ingénieuses de cette tribu sont :

La cueillette du seje 

oenocarpus bataua Par P. S. Sena — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37742737

Le seje (oenocarpus bataua) est un aliment très important pour les Mako. C'est un fruit qui naît sur le dessus de certains palmiers et dont on extrait l'huile et le jus. Les hommes sont chargés de grimper au palmier avec la machette dans la bouche et les pieds attachés pour pouvoir s'accrocher avec les pieds et atteindre le sommet de l'arbre tout en abattant la grappe de fruits. Les femmes sont chargées du traitement des seje.

La chasse aux oiseaux

Ils utilisent également une technique très simple pour chasser les oiseaux. Ils font une pâte collante en écrasant un fruit de la forêt et ils l'étalent aux branches et quand les oiseaux se reposent ils restent coincés. Ils attrapaient des toucans, des aras leur servant de nourriture. On faisait comme ça quand il n'y avait pas de fusils de chasse. Nous avions aussi des sarbacanes que les Makiritares nous ont enseignées.

La pêche à la nivrée

 

clibadium acuminatum

Le barbasco (clibadium acuminatum) est une substance laiteuse extraite des racines de certaines plantes. Ils introduisent un peu de cette substance dans une rivière et en quelques minutes, des poissons flottent à la surface. Le pêcheur les ramasse simplement avec un panier ou avec ses mains.

Le nom de Mako a été donné aux groupes indigènes déplacés par les esclavagistes dans les zones résidentielles. La plupart des Makos sont bilingues ou monolingues dans leur langue. Très peu de gens n'utilisent que l'espagnol. Grâce au recensement de la communauté indigène en 2001, 1130 personnes appartenant à la famille Mako (565 hommes et 565 femmes) étaient comptabilisées.

source de cette traduction 

Documentaire sur les Makos de Marueta 

Dans ce documentaire très important, le peuple Mako a mis en scène sa culture et ses traditions afin d'en garder la mémoire, de la transmettre à leurs enfants et pour démontrer également aux créoles et au monde leur existence.

Il y a très peu de sources sur le net au sujet de ce peuple, aussi, j'ai voulu traduire ce que je pouvais traduire de cette vidéo essentielle. Les données ci-dessous proviennent donc de cette vidéo.

Le yopo

 

Par Anfecaro — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49515214

C'est ainsi que nos ancêtres ont préparé le yopo. Puis tout le peuple écoutait le bruit que le chaman faisait pendant qu'il le préparait. Beaucoup avaient peur parce qu'ils savaient que le chaman allait commencer la cérémonie. Nous préparons le yopo comme ils le faisaient auparavant, comme nous avions convenu qu'ils le feraient cette nuit-là, de cette façon ils ont célébré le souvenir de leurs ancêtres. Il est important que les personnes présentes fassent confiance au chaman et quand il y en avait qui ne croyaient pas en lui ils arrêtaient la cérémonie et ils partaient.

Gran Gavilan est le chef de tous les êtres vivants et l'homme, il protégeait les hommes.

Notre origine se situe dans le cerro sacré quand le grand déluge s'est produit, la rivière s'est développée et c'est uniquement le Gran Gavilan qui a aidé le reste des animaux. C'est comme ça que mon père me l'a raconté, ça a toujours été comme ça...  Mon père était mon professeur, il m'a appris tout ce que je sais. Je vivais avec mon père et ma famille où il y avait un bon endroit où nous pouvions mettre en place des conucos et des maisons, à cette époque il n'y avait pas de machettes, nous utilisions des pierres que nous affilions nous-mêmes pour abattre les arbres et pour nettoyer les conucos que nous faisions avec nos mains. Le yopo est une célébration pour se souvenir de nos ancêtres, c'est quelque chose de spécial, nous le faisons avec joie, nous, nous nous amusons mais pour le chaman c'est autre chose, c'est une affaire spirituelle.

Cette cérémonie nous la faisions lorsqu'une personne était malade. J'ai le pouvoir de soigner. J'ai le pouvoir de les guérir. Après toute cette cérémonie du yopo et avec la boisson nous avons plus de pouvoir et nous sentons que notre esprit n'est pas ici , Une fois ce "hors du corps" pour finir nous commençons à jouer de nos instruments, cette eau représente la médecine de toutes les maladies, le maraca sert à chasser les mauvais esprits, il sert aussi pour les femmes qui ont beaucoup de grossesses afin qu'elles n'aient plus d'enfants, il sert aussi pour les gens auxquels un autre chaman a envoyé un mal.

Le yopo

 

anadenanthera peregrina CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1017012

La plante s'appelle anadenanthera peregrina, de la famille des fabacées.

Elle sert de tabac à priser hallucinogène, inhalé par le nez en utilisant des inhalateurs en bambou. C'est un hallucinogène habituel des cérémonies, des actes sociaux et culturels des peuples des Caraïbes (utilisé par les Taïnos notamment) ainsi que certains peuples d'Amazonie. Le composé chimique de la plante est similaire à la bufoténine.

La pêche

Pour pêcher, nous utilisions un arbuste ressemblant à l'ananas, nous cueillions les branches de l'arbuste et ainsi on pouvait pêcher, nous avons aussi demandé des hameçons aux parents Makiritares, et nous avons utilisé une plante venimeuse. On le jetait dans l'eau, les poissons l'absorbaient et on les a attrapaient morts.

Les créoles

 Avant de craindre les créoles, nous ne les avions jamais vus auparavant, nous voyions toujours des parents indigènes, les créoles apportaient des maladies pour cette raison quand nous les voyions nous nous cachions. On dit aussi que les Créoles venaient nous tuer, c'est pourquoi nous avions peur d'eux, nous vivions toujours dans la selva. Un jour, un parent a décidé de rencontrer les créoles, alors nous nous sommes tous connus et maintenant les Makos vivent sur les rives de la rivière Ventuari. Ceux qui étaient cachés dans la selva avant sont venus. 

Marueta


Un groupe d'entre nous a accepté de fonder Marueta et nous sommes donc allés dans la selva à la recherche de nos parents qui sont venus ici, alors nous avons formé cette communauté. Le principal fondateur était Juan Pérez. Avant de mourir, il nous a tous réunis et nous a parlé de la construction d'une école, d'un dispensaire et d'une piste d'atterrissage pour les avions, il ne nous a pas menti, tout cela est maintenant vrai. Avant qu'il meure mourir, il n'y avait qu'un professeur et une infirmière. Juan Pérez se rendait à Puerto Ayacucho, il était notre capitaine, il connaissait les politiciens et leur demandait des outils comme des machettes, des brouettes, des pelles pour que nous puissions travailler.

Nous sommes ici pour représenter notre culture. Les créoles disent que les Makos n'existent pas, mais SI NOUS EXISTONS ! c'est pourquoi nous sommes ici habillés avec le guayuso pour que vous puissiez voir comment nous vivions. Avant il n'y avait pas de vêtements, nous ne vivions pas en communauté, nous vivions dans la selva, cachés dans la brousse. Je vivais avec ma mère, mon père, ma famille. Mon mari, quand il était enfant, a dû vivre avec les créoles, puis il est revenu et nous nous sommes rencontrés, quand il avait 25 ans, nous nous sommes mariés, c'est là que nous avons commencé à parler de fonder la communauté de Marueta. A partir de ce moment-là, nous avons toujours vécu ici dans la même maison où nous avons commencé, c'est la même maison où il est mort et où nous l'avons enterré. Mon mari était le fondateur de la communauté, après son retour de Caracas, il est parti à la recherche de tous les Makos de la selva pour les amener vivre ici.

Peintures corporelles

On se peignait comme ça avec l'onoto, ça fait partie de nos coutumes. L'onoto servait de protection pour marcher dans la selva, contre les animaux comme les serpents et les insectes. Tout comme les chrétiens ont foi en Dieu, nous avons foi en cette peinture qui nous protège, c'est la même chose. Je vais peindre les hommes, c'est comme ça qu'on faisait avant. Le chaman les utilisait aussi pour la cérémonie du yopo.

L'onoto

Cette cérémonie d'aujourd'hui est célébrée pour que nos enfants puissent voir et se souvenir de cette journée, c'est ainsi que nous avons toujours transmis les histoires et les légendes. Tout comme les missionnaires traduisent la bible en Mako. Nous voulons préserver notre culture pour que les gens puissent voir ce que nos ancêtres faisaient. Il est important pour nous de préserver nos terres. Beaucoup de gens croient que les Makos n'existent pas, si nous allons à la télévision, le monde saura qui nous sommes et onnaîtra notre culture, tout ce qui est important pour nos enfants maintenant c'est que nous sommes établis, nous avons des maisons, des conucos, un dispensaire et donc ils pourront vivre tranquillement.

C'est ainsi que les femmes l'utilisaient pour se protéger des menstruations. C'était comme ça avant, maintenant tout a changé, quand un enfant naissait, on  répandait ce mélange et puis on l'apportait à la rivière pour le baigner, maintenant on les emmène seulement à la rivière, on le  les oint plus d'onoto (roucou) . Tout ce que je vous ai dit n'existe plus.

Vannerie

 

 

huile de ceje By P. S. Sena - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37381535


Avec ce palmier, vous entrez dans la jungle, avec cela vous pouvez faire des catumares, ils sont utilisés pour transporter du bois de chauffage, des fruits,  de la yucca (manioc). Tout comme les créoles utilisent des valises, nous les utilisons aussi si nous devons nous déplacer. C'est un catumare (panier) que j'ai déjà fait, ce ceje est obtenu dans la selva. Avec lui, nous pouvons faire  de l'huile et du jus, ici, vous pouvez piler le maïs, le ceje et le pitijuao.

Le sebucán

 

Ce sebucán est utilisé pour presser la yucca, et presser l'huile de ceje, donc nous l'avons fait avec un tissage de kamawua, Le buisson de kamawua se trouve sur la rive de la rivière, il faut qu'il soit très mince pour être serré.

C'est le seul matériau pour faire le sebucán, rien d'autre n'est nécessaire, je le fais encore, car c'est important parce que l'on peut presser la masse de yucca, personne ne m'a dit ou appris à faire le sébucan, j'ai appris seule. Avec ce sebucán nous tamisons la pâte pour faire la casabe, maintenant nous faisons la casabe.

* Le sebucán est un ustensile utilisé par les peuples du Venezuela et de la Caraïbe pour extraire le cyanure du manioc (yuca) amer.

Les maisons


Je vais parler de la façon dont les maisons sont construites, il faut d'abord chercher des bâtons et les couper, on les trouve dans la brousse. Les bâtons doivent être durs, il faut chercher des bâtons qui ne sont pas si durs pour faire le toit. Avant nous ne fabriquions les maisons qu'à partir de palmiers, j'ai fini tout le haut, le bas coûte très cher et ça prend donc beaucoup de temps. Il faut assembler les bâtons les uns avec les autres pour commencer à les mêler, c'est comme ça qu'on construit des maisons. Quand j'aurais fini de construire la maison, elle sera prête à vivre. La maison de palmier ne dure pas longtemps, mais celle de construction si, je préfère vivre dans une maison en dur, mais c'est très difficile, car je dois l'acheter. Toute ma vie j'ai vécu dans une maison de palmier, maintenant je veux changer. 

Les bongos (pirogues)

Nous, les Makos, nous nous entraidons pour fabriquer les bongos, ils sont venus m'aider, alors nous commençons à travailler, nous devons faire ce bongo pour aller pêcher. Les bongos sont faits en groupe, nous devons nous entraider, nous le faisons toujours car beaucoup de parents bénéficieront de ce bongo puisqu'ils m'aident. Quand il sera prêt, on pourra voyager, chercher de la yucca, du poisson.

Traduction carolita de la vidéo Somos Mako

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Venezuela, #Mako

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