Venezuela - Le peuple Chaima

Publié le 29 Janvier 2019

 

image

Peuple autochtone du Venezuela qui vit de nos jours principalement autour de Cariaco dans la municipalité Ribero, état de Sucre.

Autres noms : Chaima, chayma, saima

Habitat

Ils vivaient autrefois dans le nord-est du Venezuela, dans la vallée du rio Guarapiche, le cerro Turimiquire et les montagnes qui descendent vers les plaines de Monaguas et Anzoátegui.

Sud de l’état de Sucre (municipalité de Ribero Parroquias, Santa Maria, Santa Cruz et Catuaro.

Nord de l’état de Monaguas.

Ils ont une coexistence et une interrelation avec les communautés créoles à cause de leur situation géographique ce qui génère un processus de transformation de leurs propres valeurs. Les coutumes survivent néamoins dont la gastronomie (utilisant des animaux sauvages, du maïs arepa ;la cachapa, la cazabe, les piras, le puchero).

Leurs voisins étaient les Guaiqueri, les Cumanagotos, les Kari’ñas, les Waraos, les Paritas, les Coacas.

Autodésignation : sha ocha cha (la grande semence ou la grande graine) : sha oucha (graine), ima (grande) cette graine a été laissée sur terre par les êtres mythiques.

C’était un peuple d’agriculteurs qui complétaient leurs ressources par la chasse et la pêche.

Les vallées fertiles, irriguées par des ruisseaux étaient utilisées avec une grande connaissance du milieu végétal et animal ainsi que des plantes médicinales (la pharmacopée traditionnelle était transmise oralement par les anciens et les piaches ou chamanes).

Langue

Chaima de la famille des langues carib.

Un mouvement de revitalisation de la langue a lieu actuellement par le biais d’écrits de l’époque coloniale. Il existait autrefois sur le territoire de Sucre des locuteurs de leur langue mais ils sont morts depuis longtemps. L’échantillon est celui d’un dictionnaire chaima intitulé « Arte y vocabularios de la lengua de los indios Chaima, Cumanagotos, Cores de la provincia de Cumaná «  Art et vocabulaires de la langue des indiens Chaima, Cumanagotos, Cores de la province de Cumaná » publié en Espagne en 1680.

Un seul homme de nos jours, vivant dans la communauté de Mangos parle le vocabulaire et les phrases avec un peu d’aisance et a pu rédiger Arte y vocablos Chaima. Il s’agit de Carlos Arayan.

Des enseignants et des dirigeants et conseils d’anciens indigènes sont intégrés dans la construction du guide pédagogique du chaima.

 

rio Guarapiche By Yuselys saavedra - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32408060

 

Quelques espèces animales connues par les Chaimas

Oiseaux – torono, kon

Crabe de mer – kua

Abeilles communes – imarua- imota

Poissons – chomo pluriel wotoko,

Ils chassaient

Ecureuils – iwa- iwarakná

Tapir – warané

Oppossum – waymit- kuete

Renard- yoroko

Cerf commun – waikem ou koche

Puma – kocheiko

Grand ours – anxa

Fourmilier – wariz

Sanglier – puinka

Chien aquatique- saro

Pécari- pakara

Serpents – ekwey ou ekuei- kon (pluriel)

Les plantes cultivées dans les conucos :

Manioc ou yuca, maïs, barbasco (liane pour empoisonner les poissons), piment, bananes, papayes, ocumo, mapuey, arbres fruitiers.

Ils cultivaient 2 espèces de manioc, le manioc amer ou aigre (kicharapo) qui servait à confectionner des casabes (katcha) et de l’amidon.

Le manioc doux (kazet) qui était mangé cuit ou grillé.

La maïs a été hérité des ancêtres arawaks. Il y avait la maïs blanc (ayare ou añaze), le grand maïs jaune (yucatan pour les espagnols, saro pour eux).

Le maïs était consommé en grains tendres ou moulu pour faire une farine (tapochen) cuite comme du pain (erepa).

Il y avait d’autres variétés de maïs : le maïs noir (arepaymayen), le maïs rouge (ewayu piere), le maïs pourpre (tumupiere), le petit jaune (pariazer), le petit blanc (tiemizer).

La papaye (tuârianak) était un fruit consommé mûr mais ils consommaient aussi le ver de la papaye (putukumá).

Ils connaissaient 2 espèces de piments : pomi ou pomuey (grand piment) et chirel (petit piment épicé).

Les haricots (caraota), les citrouilles (merik), le totuma (tutumo) étaient  d’autres espèces cultivées.

Dans les plantes récoltées en forêt (yuto), le bromélia chrisanta était particulier car ils en extrayaient une liqueur cérémonielle.

Les espèces récoltées en forêt : acajou (muez), ceiba (kumaka), guyaba  (warapa), caroubier (amere), cacao sauvage ( tarnen), bijao (eretawa), barbasco cultivé ( pumari) et le barbasco sauvage (kaybe) dont ils prélevaient l’écorce.

image http://poetasdesucre.over-blog.es/article-nuestra-herencia-chayma-43952151.html

Parenté

Le mode de société était basé sur la famille élargie dont de nombreux membres de la communauté étaient considérés comme en faisant partie autour des parents directs qui étaient le père (miam), la mère (zan), le fils (mur ou murer), la fille (yemchi) composant le groupe familial principal.

Les autres parents reconnus étaient la tante (zan), l’oncle (m’amak) et les cousins (meytur).

Ils reconnaissaient l’autorité d’un chef ou cacique, celle du guérisseur (piache).

Habitat

http://www.vicepresidencia.gob.ve/index.php/2018/09/20/familias-chaima-de-monagas-fueron-beneficiadas-con-viviendas-dignas/

La maison (yewit-kon) était construite dans des endroits non peuplés, près de sources d’eau, de ruisseaux. Les maisons composaient des villages ou des hameaux autour d’une place (puroro) située devant la maison du cacique. Les constructions étaient surtout en bois.

Artisanat

Avant la colonisation ils fabriquaient surtout des objets en pierre, mortier lithique, couteaux de pierre, râpe à manioc (tepuekir)

La vannerie était en écorce de guadua (kuruche), caña brava, mamure, camuare .

Ils fabriquaient aussi des sebucánes (pour presser le manioc), des tamis (manare).

Ils fabriquaient de la poterie en argile rouge et blanche.

La cazabe, pain de manioc a une utilisation millénaire : le manioc amer est râpé afin d’obtenir une pâte déposée dans un cylindre tressé, le sebucán qui pend au plafond en extension pour en extraire le composé toxique.

Le jus est cuit et consommé sous forme de sauce, le principe actif est alors neutralisé par la cuisson.

La farine est ensuite utilisée sur une palette spéciale, l’aripo, posée sur le foyer et cuite d’un côté puis tourné avec le paye pour être cuite sur l’autre face.

Des boissons sont obtenues à partir du manioc , avec le maïs est obtenue une boisson cérémonielle le yuktche.

Ils utilisaient des instruments de musique tels que les maracas, la tambora, le cuatro, la marimba.

Vêtements

Les tenues aborigènes ont été remplacées par les tenues de l’occupant espagnol.

Les femmes portaient des tuniques en coton allant jusqu’aux genoux.

Les hommes portaient le guayuco ou guanapu (il est toujours utilisé de nos jours lors des actes rituels), il consiste en un morceau de tissu qui recouvre la région génitale masculine, est attaché à la taille à l'aide d'une ceinture rembourrée de fil.

Objet

Nom chaima

Usage

Bijoux, fortune

Yamakner

Usage commercial ou bien personnel

Plateau

Nu

Pétrir et sert pour la cuisine

Courge avec un retour

Charapo

Couvrir le membre viril

Courge

Zapo

Garder les bijoux ou les effets personnels

Courge sans retour

Karapocha

Elaborer des cuillères, des calebasses

Rames

Wapukuita

Ramer

Grand panier

Mara

Charger des objets, des poissons, des fruits, des épis.....

Petit panier

Mapire, mapirit

Charger des objets légers ou petits

Cataure (nom traduit en français)

Camuay, mueroze

Charger des objets

Tamis

Yumna

Filtrer

Tamis

Manare

Tamiser

Hamac

Etuat

Dormir

Cuillère

Pichau

Manger la soupe de maïs et des aliments similaires

Corde

Cabuya

Amarrer, accrocher les hamacs

Entonnoir

Matareke

Tansvaser les liquides

Balai

Zaronatok

Pour balayer les détritus du puroro

Fil

Pïchen

Tisser, coudre

Epingle à cheveux

Che-epe

Soutenir les cheveux

Mortier à main

Yon, zon

Broyer

Maraca

Maraka

Faire de la musique

Nasse à poissons

Maurati, moroz

Piège pour pêcher des langoustes, des crabes et d'autres

Peigne

Imacaz

Se peigner, enlever les poux

Peigne

Iamakaz

Se peigner

Etui de canne

Pakara

Garder des objets

Etui de cuir

Kremez

Garder des objets

Pierre à moudre

Patna

 moulin à grains, cassabe et herbes

Pierre à râper la yuca

Tepuekir

Râper la yuca

Agave ou corde végétale

Chaparay

Attacher des objets, bander un arc

Sebucán

Tenekiche

Exprimer la farine de manioc (yuca)

Tambour

Ambarina

Exécuter de la musique

Jarre ou pichet

Mucura

Garder des liquides

Verre

Tutum

Boire ou manger pendant les cérémonies

 

Parmi les objets et vêtements utilisés par les chaimas, on peut énumérer ce qui suit :

Vêtement/Objet

Nom chaima

Usage

Ornement de poitrine

Karkurí

Orner la poitrine de façon cérémonielle

Bijoux personnels

Tireu, reu

S'orner normalement ou pour des cérémonies

Attache de la ceinture

Ipozemuir, maritur

Se décorer de la taille jusqu'en bas, ou pour suspendre des vêtements

Attache frontale

Maur, pemuit

 Se décorer le front ou attacher des ornements de tête

Attache des genoux

Puzun

Se décorer les genoux

Attache des chevilles

Prakon

Se décorer les chevilles

Ras-de-cou

War, Warate

Se décorer le cou

Guirlande

Oroko, yorokir, torokenar

Ornement des danses et cérémonies

Epingle à cheveux

Che-epe

S'attacher les cheveux

Vêtement féminin

Wayuko

Couvrir ses parties intimes

Vêtement masculin

Enapú

Couvrir ses parties intimes

Bracelets

Emekna

Se décorer les poignets

Contenant du pénis

Charapo

Pour l'homme se cacher le pénis au lieu de l' enapú

Sandales

Kotiz, putachir

Porter des chaussures

Le cacique était autrefois l’autorité du peuple, il devait être un bon artisan, pêcheur et chasseur, un guerrier, il devait être respectueux de la tradition orale, capable de faire respecter la loi traditionnelle.

Les jeunes étaient soumis à des tests sévères de différents métiers pour renforcer l’enseignement de la coopération communautaire et collective.

Répartition des tâches

Les femmes plantaient, entretenaient et récoltaient le conuco, elles tissaient, fabriquaient des cigares, des boissons, des ustensiles de cuisine (mapire, tamis, petate, sebucán, taparas pour faire la vaisselle, cuillères, tasses) et elles s’occupaient des jeunes enfants.

Cosmovision

Elle est fondée sur des mythes et systèmes de croyances héritées oralement des ancêtres lointains. Le piache (chaman) joue un rôle important en tant que transmetteur du savoir ancestral, il est aussi un médecin communautaire et peut aussi aussi le rôle de cacique. Il prépare des potions avec sa vaste pharmacopée, il organises les rituels et les cérémonies.

Dans leur cosmovision la figure du serpent est prédominante et très commune à de nombreux peuples amérindiens. Le mot commun utilisé pour désigner le serpent est ekuey ou awi. Les serpents étaient liés à l’eau et en cela ils étaient respectés et craints. La croyance en un serpent souterrain causant les tremblements de terre existe également.

Amanaroka, selon la tradition mythique-religieuse est le héros civilisateur et primordial de la culture chaima. Un tel héros leur aurait enseigné au début des temps les règles de la conduite humaine, car il était descendu sur terre comme un maître de tâche pour instruire les ancêtres. (Civrieux, 2006. p.139).

Sources : monografias.com,  osomelero.blogspot

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Venezuela, #Peuples originaires, #Chaima

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article