Religion Mapuche

Publié le 5 Janvier 2019

Les Mapuches ont fondé leur existence au milieu de la création de Dieu et leur adaptation à celle-ci en tant que partie intégrante, et c'est pourquoi il est inévitable et nécessaire que toutes leurs tâches domestiques et sociales soient accomplies en respectant leur foi religieuse.
Le concept mapuche de religion est le "taiñ feyentún", un ensemble de croyances, bien que celles-ci n'ont de sens que lorsqu'elles peuvent être vécues à travers des rites rituels. Ils sont fixés dans l'Admapu, un ensemble de lois et de traditions rituelles religieuses héritées des ancêtres.

Ils n'adorent pas une image ou une personne parce qu'ils ont une conception très spirituelle. L'autel ou rewe n'est pas une image à adorer, mais une échelle cosmique qui permet au machi en transe, grâce à la force de toute sa communauté, de laisser son corps sur le sol (nagmapu) et de traverser avec son esprit la dimension espace-temps (wenu mapu) pour rencontrer l'esprit des ancêtres à qui il demande conseil pour faire face à une certaine situation qui inquiète la communauté.

Bien qu'ils aient conçu le monde peuplé d'esprits et de dieux, tout se résumait à l'existence d'un être tout-puissant, créateur de toutes les espèces vivantes : Ngnechen, qui vivait dans les hauteurs célestes et avait la faculté d'accorder la vie et la mort. L'homme mapuche était doté de l'âme (am) et de l'esprit (pillú). Chaque élément ou être de la nature a un propriétaire ou protecteur (ngen).

Le Wenu mapu ("la terre d'en haut") est le ciel dans la mythologie mapuche, où les dieux vivent en accomplissant les mêmes actions que dans le mapu (terre) accompli par les hommes.

Minchemapu ("la terre d'en bas") représente le contraire : le mal, les profondeurs. C'est un monde de mauvais esprits ou wekufes. Leur pouvoir produit la maladie et la mort.

Ngnechen n'est pas considéré comme omniscient ou omnipotent, il est appelé "dieu des Mapuches", "gouverneur des Mapuches", souvent et lors des récitations cérémonielles, des préfixes tels que "chau" (père) ou kume (bon) sont utilisés lorsqu'il est invoqué. En plus de Ngnechen, la représentation solaire se distingue : Chau ou Antu, qui dans sa version féminine (lune) est Kushe ou Kuyén.

Les dieux mapuches ont des femmes et des enfants. Dans bien des cas, la logique mapuche semble attribuer des qualités patriarcales aux dieux, peut-être simplement pour combler les lacunes de leur univers.

Leur religion est cosmique, animiste et chamanique :

- Cosmique : Se réfère à la recherche d'un fondement, la puissance divine qui soutient.
- Animiste : Perçoit la nature animée par des pouvoirs cachés dans les différents éléments, pouvoirs favorables ou non qui sont subordonnés à une puissance suprême.
- Chamanique : Pour contrôler les pouvoirs de la nature, il y a les machis, dont la fonction principale est de rétablir l'équilibre.

Le mot mapu (terre) est essentiel dans le contexte culturel mapuche. Il semble que dans leur imaginaire religieux, le mapu ne peut être séparé du Wenu mapu, ce qui garantit la réciprocité entre un ordre naturel et un ordre surnaturel. C'est-à-dire qu'à partir d'un certain ordre terrestre, on peut accéder au sacré.

Un autre aspect important du système de croyances mapuche est lié aux rites d'initiation. L'enfant à la naissance n'a pas d'identité, il l'acquiert au moment du baptême, quand il reçoit un nom. L'identité d'une personne est liée à son appartenance à un groupe familial unique, au même sang et à des éléments de propriété commune.

Les noms sont hérités de la génération précédente, du grand-père au petit-fils. Lors d'une cérémonie appelée lakutún ou katankawín dans le cas des femmes, leurs oreilles étaient percées et ils recevaient non seulement le nom, mais aussi les attributs spirituels du donneur. Ainsi les ancêtres s' incarnaient dans la personnalité de leurs descendants.

Les Mapuches ont un spectacle religieux permanent, c'est pourquoi ils attachent de l'importance au respect et à la gratitude. Il n'y a pas de vrai Mapuche qui ne soit pas respectueux, qui exige le respect et qui ne soit pas reconnaissant. Les Mapuches donnent ce qu'ils peuvent et n'attendent pas de gratitude.

La santé est liée à la religion ; les sports sont des compétitions physiques avec des composantes religieuses (palín, où les femmes font la force mentale tandis que les hommes font la force physique) ; la guerre où avant la bataille, les femmes priaient et demandaient conseil aux ancêtres guerriers ; les funérailles sont des cérémonies de grande religiosité. Bref, tout, absolument tout dans la vie des Mapuches est une prière et une relation continue avec le créateur et les esprits qui accompagnent sa création.

En raison de la ressemblance d'un esprit supérieur et du manque d'images, il fut  facile pour les missionnaires catholiques et protestants d'évangéliser le peuple mapuche qui acceptait une religion qui semblait avoir des principes similaires.

Nguillatun

Nguillatun
Dans les communautés agricoles, le Nguillatun s'effectue au temps des récoltes pendant la pleine lune, quand les dieux donnent la fertilité aux champs. La cérémonie dure quatre jours. Pour sa réalisation, on choisit un champ plat dans lequel un espace rituel est tracé sous la forme d'un "U" ouvert vers l'Est (point cardinal sacré).

Les différences et les fragmentations présentes dans la société mapuche sont surmontées par le rituel. C'est le rite qui convoque et unit les Mapuches. Avec les rites, l'admapu est recréé et ressuscité.

Les nguillatunes rassemblent des personnes de différentes communautés, de différents lieux, parfois très éloignés, autour d'une prière adressée aux divinités et aux ancêtres afin d'obtenir leurs faveurs et leur protection, et aussi pour les remercier des biens reçus.

C'est un rite d'organisation complexe et hiérarchique. Il y a une dimension centrale dans le rite, la violence, qui s'exerce sur une victime sacrificielle, généralement un agneau, en remplacement de la vraie victime, l'homme ou la femme.

Au sein de la société mapuche, il existe une tension permanente entre l'ordre cosmique et les forces du mal. Dans son symbolisme, le monde apparaît constamment menacé par l'action d'agents maléfiques ou wekufe. Cette action permanente du mal témoigne d'une grande précarité, qui exige le sacré, car c'est seulement là que se trouve le fondement du réel.

Le rite est donc aussi interprété comme la lutte contre les forces du mal ou wekufe, qui sont les âmes (am) des défunts qui ont été piégées par les sorciers (calcu) sur leur chemin vers "la terre d'en haut".

C'est le cas lorsque les proches du défunt sont négligents dans l'exécution des rites funéraires, dont la fonction est de transformer le défunt en un véritable ancêtre. Le Nguillatun est alors un rituel qui met le monde profane en contact réciproque avec le monde sacré, afin de maintenir l'équilibre dans l'univers.

Admapu : La coutume de la terre

C'est l'ensemble des anciennes traditions, lois, droits et normes qui régissent le comportement et déterminent l'identité du peuple Mapuche, un don fait par Ngenechen aux Mapuches.

Il réglemente les actions suivantes :

- L'interaction respectueuse avec la nature
- La relation avec les esprits des ancêtres
- Les droits sur les terres et les ressources

La connaissance de l'admapu a été enseignée dès l'âge de 12 ans chez les femmes et de 14 ans chez les hommes.

La transgression de l'admapu peut avoir une série de conséquences ; si elle n'est pas accomplie, un déséquilibre se produit :

Si la transgression du sujet est liée à la violation des normes de l'ordre sacré, celles-ci se manifestent par la maladie dont souffre le sujet ou son lof (groupe familial) qui est solidaire dans la responsabilité établie par la transgression.
Si la transgression concerne un dommage causé à un membre de la même lof, celui-ci est résolu au moyen d'une indemnité toujours plus élevée que le dommage causé.
Si la transgression est commise à l'égard d'une personne extérieure à la communauté ou la lof, cette compensation doit être convenue entre le lonco (cacique) de la lof concernée.

sources 

http://www.tribunadelbiobio.cl

Religion e identidad en el pueblo Mapuche. María Elena Riveros E.

http://es.wikipedia.org/wiki/Admapu

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

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