Cosmovision Kotiria - Le soleil et son fils
Publié le 29 Janvier 2019
Les Guanano, Kotíriâ ou Decosirumara sont un groupe ethnique indigène qui habite des deux côtés du fleuve Vaupés dans le département de Vaupés, en Colombie, et dans l'État d'Amazonas, au Brésil. Ils sont environ un millier de personnes. Ce récit du Soleil et de son fils est bien connu des groupes ethniques de la région et des territoires environnants : tukanos, desanos, tarianos, piratapuyos, barazanos, etc. C'est un mythe tiré du site web du SINIC :
Près de la lagune de Tarira se trouvait Diádoe, à qui la lagune doit son nom. Près de l'endroit vivait le mythique Soleil avec son fils et quelques familles apparentées à l maloka.
Diádoe était un parent du père du poisson, Vaí Deyu, qui vivait alors à Waracapurí, près de caño Piña (maintenant connu sous le nom de caño Viña). Au caño Sol, le soleil est allé pêcher dans la lagune de Diá Doe Dijtara en portant toujours son fils, qui était plein de boutons et de blessures à la peau, mais ce qui était considéré comme un état normal au moment de l'enfance.
Aussi absurde que cela puisse paraître, le père Soleil a utilisé le garçon comme appât de pêche. Bien qu'il portait toujours un arc et des flèches avec lui, lorsqu'il arrivait à la lagune, il plaçait son fils sur une cuvette, le soignait au ras de l'eau et piquait certaines de ses blessures avec ses ongles pour que le sang coule. L'odeur du sang attirait les poissons, qui venaient manger ou lécher le sang et à ce moment-là, le Soleil les fléchait, bien qu'il avait la restriction de ne pas tuer plus de quatre ou cinq poissons avant de retourner à la maloca.
Chaque fois qu'il allait pêcher, il faisait la même chose. Ses compagnons de la maloca allaient aussi pêcher mais ils n'obtenaient rien, donc ils commencèrent à suspecter la pêche de celui-là et murmurèrent au peuple :
- "Comment se fait-il que le soleil se lève pour pêcher et attrape des poissons dans le ratico ? - il doit avoir du chundul (pusanga) pour le poisson....".
Pour clarifier leurs doutes, les gens cherchaient un moyen de dialoguer avec le fils du Soleil ; ils voulaient savoir quel appât ou comment il pêchait pour le Soleil. Un beau jour, le père du soleil négligea son fils et alla par la chagra (ferme)en disant à l'enfant que si quelqu'un venait, de ne rien dire ou ne rien répondre. Dès que les autres ont réalisé que le Soleil était parti, sans perdre une seconde, ils sont partis à la recherche du fils et lui ont demandé :
"Comment ton père attrape-t-il du poisson si vite ? Dis-le-nous ou on le tue !"
Le garçon leur a fait une peur bleue en leur racontant comment son père pêchait. Il leur a dit qu'à chaque fois qu'il allait pêcher, il l'emmenait au lagon, où il le laissait sur une camareta au bord de l'eau et prélevait le sang des plaies, ce qui attirait les poissons.
- "Mon père les flèche", leur dit le garçon, innocemment.
Puis, en entendant l'histoire du garçon, les malins ont dit :
- "Emmenons le garçon au lagon pour voir si c'est vrai..."
Quand ils sont arrivés au lagon, ils lui ont demandé :
- "Où est la camarita ?"
Le garçon leur a montré les étapes à suivre et, logiquement, le poisson a commencé à arriver attiré par l'odeur du sang. Les hommes commencèrent à pêcher le poisson sans savoir combien ils devaient en tuer en en attrapant plus qu'il n'en fallait. Ils négligèrent l'enfant et au moindre moment de réflexion, le père de tarira, Diá Doe, arriva, et soudain il avala l'enfant. Ainsi, ils ont dû retourner à la maloka avec beaucoup de poissons mais sans le fils du Soleil.
Le soleil, revenant de la chagra, ne trouva pas son fils. Soupçonnant que les parents avaient fait quelque chose de mal. Quand il a découvert la vérité, il est devenu très furieux et a décidé d'aller tuer le père du tarira, mais le mythique avait décidé de s'enfuir avant que quelque chose n'arrive contre son gré. Le Soleil avait prévu de poser des pièges à plusieurs endroits et à Las Cachiveras de la rivière Vaupés pour qu'en s'enfuyant, il y tombe. De cette tragédie et en raison de la fuite de Diádoe, plusieurs cachiveras avec leurs noms respectifs ont vu le jour, considérées comme des lieux sacrés existant dans différentes parties du fleuve Vaupés et de ses affluents.
Diádoe s'est enfui en aval du Vaupés et pour ne pas s'échapper, le Soleil a posé un piège matapí (piège à poissons) dans la cascade ou cachivera, qui est aujourd'hui connue sous le nom de Matapí. Diádoe n'est pas tombé dans le piège et a pu s'échapper en déviant de l'autre côté. Il atteignit une autre cachivera et le père du tarira devint un corps d'ara, passa en survolant la cachivera qui reçut le nom d'Arara (qui en yeral signifie ara). Diádoe continua sa descente et arriva à une autre cachivera où le Soleil avait déjà tendu un autre piège.... Quand il l'a vu, il s'est transformé en gros poisson, il est passé par-dessus le piège et cette cachivera s'appelerait Carurú, ce qui signifie poisson en langue yéral.
Diádoe continua à descendre face à diverses circonstances jusqu'à ce qu'il atteigne la cachivera de tapíra yerao, où il y avait un autre piège solaire. Là, il a été transformé en un petit poisson de la famille du guaracú blanc, celui-ci a sauté d'un côté du piège pour former un guachinacán, c'est-à-dire un poisson blanc en tukano. Il descendit jusqu'à ce qu'il atteigne la cachivera de Yavaraté (yaí poeva) et entra dans le fleuve Papurí, en remontant jusqu'à son cousin, Waí deyu, où se trouve aujourd'hui la cachivera Waracapuri, à l'embouchure du caño viña situé dans la juridiction d'Acaricuara. Quand il est arrivé, le père du poisson Waí deyu, préparait la célébration de l'offrande de dabucurí avec le beau-frère Araignée, en langue tukano bujpu.
Il était sur le point de commencer la fête quand ils se sont disputés et se sont battus. Wai deyu est parti pour commencer la musique de la fête et quand il a sorti la boîte d'instruments qui avaient été emballés par l'araignée, il y avait une explosion de plumes. De retour à la fête, Wai deyu a battu Araignée parce qu'il était en colère. Araignée, maltraitée et furieuse après Wai deyu, a trouvé le Soleil qui cherchait Diadoe pour se venger d'avoir avalé son fils, et a décidé d'accepter de se venger en jetant du barbasco aux deux après la fête, comme ils l'auraient sûrement fait en ayant du guayabo. Waí deyu et Diádoe se sont réveillés entre la vie et la mort, mais aucun d'eux n'est mort ; ils sont sortis effrayés en aval avec tous leurs enfants. Ils sont arrivés à Piracuara et le père du poisson avec tous ses enfants, comme par magie, a réussi à passer sous un conduit souterrain et de là ils sont partis vers la rivière Apaporis, arrivant au lieu sacré de Jirijirimo (pierre Ñi) à la plage Cachivera. Pour cette raison, la rivière Papurí est en ce moment pauvre en poissons.
Le personnage mythique Diádoe a continué son voyage sur le Vaupés et une partie du rio Negro jusqu'à son arrivée à San Gabriel (Brésil). Dans ce lieu sacré, le Soleil lui a tendu le dernier piège mortel, en partenariat avec les autres familles présentes. Son corps a été déchiqueté, les chairs et les écailles de la moitié supérieure du poisson ont été jetées en aval et les chairs et les écailles de la queue ont été jetées en amont, signe de l'existence de petits et de grands poissons dormants. Leurs chairs sont devenues des poissons différents qui alimentent actuellement le rio Vaupés.
traduction carolita du site mitos latinoamerica
Colombie/Brésil : Le peuple Kotiria ou Wanano - coco Magnanville
femme pêchant dans le rio Timbo 1937 De Descoñecido - Hemeroteca digital (needs research), Revista da Semana, ed. 20, ano XXXVIII, p. 31 de 24/04/1937, Dominio público ...