Les Afro-équatoriens

Publié le 3 Décembre 2018

 

image

Ils sont les descendants des survivants des bateaux négriers échoués sur les côtes équatoriennes et colombiennes aux XVIe et XVIIe siècles mais d’autre sont les descendants des esclaves des haciendas de la costa et de la sierra qui ont été libérés à partir de 1800

Les survivants des bateaux négriers échoués vivent essentiellement dans la province d’Esmeraldas, les autres sont dispersés dans tout le pays.

Population

Au recensement de 2010 ils représentaient 7.2% de la population du pays soit 1.042.812 personnes.

La province d’Esmeraldas est la région qui héberge le plus d’afro-équatoriens avec 43,9% de la population.Viennent ensuite la province de Gguayas (9,7%), de Santa Elena (8.5%), de Santo Domingo de los Tsáchilas (7,7%), El Oro (6.9%), Carchi (6.4%), Los Rios (6.2%) et Manabi (6%) et d’autres au-delà de ces pourcentages.

 

Carte de répartition des Afro-Équatoriens en Équateur par province.      10% - 99%      5% - 10%      2% - 5%      0% - 2%      Sans données (zone non incorporées)

Par OldBee, from File:Ecuador location map.svg ({{GFDL-1.2}}) — Travail personnel, GFDL 1.2, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66130569

Données socio-économiques

En Equateur les afro-équatoriens constituent un groupe qui a toujours souffert de la pauvreté, de la marginalisation et de discrimination

Selon le recensement national de 2001, la population afro-équatorienne est essentiellement urbaine (68,7%).

Son taux de fécondité est de 3.5 enfants par femme, c’est un taux un peu plus élevé que celui de l’ensemble de la population du pays qui est de 3.2 enfants par femme et plus faible que celui des femmes indigènes qui est de 5.4 enfants par femme.

Les Afro-équatoriens sont en Equateur le groupe qui présente le taux le plus important de grossesses précoces (entre 15 et 19 ans) surtout pour les jeunes filles vivant en milieu rural. Cela peut provenir de la difficulté culturelle et l’inégalité en matière de droit à la santé sexuelle et reproductive pour les jeunes femmes afro-équatoriennes.

La mortalité infantile de la population afro-équatorienne est de 32,6/mille, ce taux est proche de celui de la population non indigène et non afro-équatorien (25,8/mille) par contre il est plus faible que le taux qui concerne la population indigènes qui est de 59.3/mille.

Le taux d’analphabétisme de la population afro-équatorienne était de 10.3 % en 2001. Supérieur à la moyenne nationale (9%) et très inférieur à celui de la population indigène qui est de 28,1%. Les afro-équatoriens étudient en moyenne moins longtemps que le reste de la population, 5.6 années contre 6,6 en moyenne. Ils ont moins accès aux études supérieures que le reste de la population. 17,3% des afro-équatoriens étudient au moins 12 ans contre 5.3% des indigènes et 26,3% de l’ensemble de la population.

Ci-dessous plusieurs traductions pour étoffer la connaissance des afro-équatoriens.

Los Negros de Esmeraldas. Andrés Sánchez de Gallque, siglo XVI.De Andrés Sánchez Galque/Gallque - https://www.museodelprado.es/imagen/alta_resolucion/P04778.jpg, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45204771

Los Negros de Esmeraldas. Andrés Sánchez de Gallque, siglo XVI.De Andrés Sánchez Galque/Gallque - https://www.museodelprado.es/imagen/alta_resolucion/P04778.jpg, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45204771

Histoire

L'examen du contexte de la présence des personnes afrodescendantes en Équateur implique un examen critique de l'histoire officielle caractérisée par l'invisibilité de la contribution que les enfants de la diaspora africaine dans les Amériques ont apportée à la construction de la société, de la nation et de l'État.

Ils ont été présents et protagonistes dans l'histoire du pays depuis la fondation de Quito en 1537. Puis, en 1553, avec le naufrage d'un navire négrier sur les côtes d'Esmeraldas, les Marrons Antón et Illescas fondèrent le Palenque ou la "République des Zambos", territoire de vie libre, autonome et germe du projet historique de ces communautés, qui part d'une stratégie ancestrale de vie et d'adaptation dans la dignité et la condition de la nation équatorienne exclusive.

 La construction du projet historique afro-équatorien s'articule autour de la nécessité de rechercher la conscience de l'Être, un paradigme qui a traversé plusieurs moments structurels : i) lutte ancestrale pour la vie et la liberté ; ii) lutte révolutionnaire contre la discrimination et le racisme ; et iii) lutte contemporaine pour le territoire et l'autonomie politique.

Aujourd'hui, le projet historique des Afro-Équatoriens devient visible, au moment même où la Constitution politique de 1998 leur garantit le statut de peuple et consacre en eux un cadre général de droits collectifs, qui constituent le centre de leur agenda politique et qui s'inscrivent dans la lutte mondiale de tous les Afro-Équatoriens pour un développement digne, inclusif et libre.


Chronologie des événements dans l'histoire du peuple afro-équatorien
 

1534

Fondation de Quito. Deux esclaves identifiés comme étant Antón et Juan Salinas, participent à l'acte fondateur.

 

 

 

1553 octobre

image

Le groupe le plus important de Noirs arrive en Equateur, dans le bateau du marchand Alonso de Illescas.

 

1577 septembre

Le prêtre Miguel Cabello de Balboa tente de soumettre pacifiquement les noirs et les mulâtres. Équateur

1582 août

A Coangue-Valle del Chota (Equateur) il y a 6 Espagnols et quelques Noirs.

1586 février

Le roi Philippe II, dans l'arrêté royal, demande des informations sur les Noirs d'Esmeraldas-Equateur.

1789 juillet

Ambrosio Mondongo se rebelle et s'enfuit avec d'autres esclaves, causant l'angoisse dans deux haciendas, San José et Puchimbuela, appartenant à Carlos Araujo.

1789 août

Soulèvement des esclaves à Cuajara. Équateur

1789 août

60 noirs se sont échappés de l'Hacienda La Concepción de Juan Chiriboga,  Équateur.

1799 août

Le Baron de Carondelet amène 50 Jamaïcains esclaves pour l'ouverture du chemin de Malbucho. Esmeraldas-Equateur.

1805 août

Dans la vallée du Catamayo-Loja, le rebelle Pedro Luis Mina se distingue comme un exemple de lutte pour la dignité humaine. Équateur

1806 août

A Guayaquil, le chef des charpentiers et des chantiers navals était un esclave. Équateur

1813 avril

Don Manuel Calixto y Muñoz demande par décret de vendre le noir Manuel Bonifacio avec sa famille, prétendant qu'ils sont des rebelles dans une ferme. Ibarra-Equateur.

1816 avril

Francisco Carrillo et son épouse Polonia Méndez ont été libérés. Équateur

1851

Abolition légale de l'esclavage en Équateur.

1854 août

Cri d'indépendance d'Esmeraldas.

1865 août

Des noirs d'Esmeraldas entrent dans la Révolution libérale, au sein des montoneras alfaristas. Équateur

1912

Les Afro-descendants d'Esmeraldas participent à la guérilla de Carlos Concha.

1912

Naissance du poète, romancier et conteur Nelson Estupiñán Bass à Súa, Esmeraldas.

1914

Naissance d'Adalberto Ortiz à Esmeraldas, la plus grande figure du roman afro-équatorien.

1941 mai

Naissance d'Antonio Preciado, un important représentant de la littérature afro-équatorienne,  à Esmeraldas.

1942

Le roman Juyungo d'Adalberto Ortiz remporte le prix Nobel du roman.

 

 

 

1983 juillet

Fondation du Mouvement Afro-Équatorien de Conscience (MAEC).

1960 octobre

Le 1er octobre est la Journée nationale des Noirs.

1963 novembre

La quinzième Assemblée des Nations Unies met en œuvre la Convention internationale contre toutes les formes de discrimination raciale.

1976 mars

Les afrodescendants de Carpuela par le biais de l'organisation agricole Jésus la Grande Puissance prennent la propriété de Palaraca Cuambo. La police d'Ibarra dissout la manifestation et un jeune Afro-Équatorien meurt.

1977 août

Premier Congrès de la Culture Noire, Cali Colombia. L'Équateur y participe avec sa délégation.

1980 juillet

La Conférence épiscopale équatorienne crée le Département Pastoral Afro-Equatorien.

1981

Les Missionnaires Combonianos créent le Mouvement Afro-Équatorien Conscience MAEC.

1985

Création du Centre Culturel Afro-Equatorien.

1989

Fondation de la Ccoordination Nationale des Groupes Noirs Afro-Equatoriens, formé dans la vallée de Chota.

1993 octobre

Fondation de l'atelier afro-équatorien "Sucre". Quito-Equateur.

1996 août

Fondation du groupe afro-équatorien "Despierta Negro". Quito-Equateur.

1996

Création de L’Association de Noirs de l'Equateur ASONE à Quito.

1996 juin

Sur la place Santo-Domingo, à Quito, les Afro-Équatoriens Homero Fuentes, Patricio Espinoza et Patricio Congo meurent dans des circonstances étranges. Des organisations signalent des cas de violence policière contre des Afro-Équatoriens.

1996 décembre

Dans le sud de Quito, Mme Mireya Congo meurt dans des circonstances étranges, les organisations tiennent la police responsable.

1997 janvier

Grande marche des Afro-Équatoriens à Quito pour protester contre la violation des droits humains du peuple afro.

1997 juin

L'Association Afro 29 de Junio est créée à Quito.

1997 octobre

Par l'acte législatif 2, est décrètée la Fête Nationale des Noirs et Alonso de Illescas comme héros national.

1998

La nouvelle Constitution politique de l'Équateur est signée et les Afro-Équatoriens sont reconnus comme un peuple doté de droits collectifs.

1998 août

La Société Afro-Equatorienne de Développement (CODAE) a été créée par le décret présidentiel 1747.

1998

Assassinat du politicien afro-équatorien, député et ancien candidat à la présidence Jaime Hurtado.

1999 mars

Premier Congrès unitaire du peuple noir équatorien.

1999 septembre

Premier Congrès des femmes noires de l'Equateur et création de la Coordination Nationale des Femmes Noires CONAMUNE.

2000 avril

La fédération des groupes noirs et des organisations de Pichincha FOGNEP, obtient sa personnalité juridique.

2001 août

Troisième Sommet mondial contre le racisme et la discrimination à Durban, Afrique du Sud. Les organisations participent avec leur propre délégation.

2002 février

Des communautés du nord d'Esmeraldas défilent à Esmeraldas et Quito pour protester contre la violation des droits de consultation et les dommages environnementaux dans la région.

2002 novembre

La Confédération Nationale Afro-Equatorienne obtient sa personnalité juridique en tant qu'organisation du troisième degré.

Traduction carolita du site du siise.gob.ec

 

Image

Héritage religieux

La majorité de la population afro-équatorienne pratique la religion catholique. Il n'y a toujours pas de manifestations exclusives des religions afro-américaines. L'une des réponses à cette question concerne le processus de symbiose et de syncrétisme auquel les marrons et les esclaves ont été contraints, qui ont imité leurs rituels et leurs divinités comme une stratégie de survie.  

     Cet aspect a été étudié par Marta Escobar qui, dans le cas du Nord d'Esmeraldas, affirme que " dans le plan de la pensée, comme dans la vie même de ce groupe (les Afro-Équatoriens), le bien et le mal, le naturel et le sacré, la vie et la mort, l'esprit et la matière, le réel et l'imaginaire, constituent un continuum dans lequel aucun élément ne s'est séparé. Ainsi les hommes, les animaux, les plantes, les éléments, les divinités, les esprits des morts, les visions, sont équitablement immergés dans la totalité, dans cette universalité, tous les niveaux se croisent et s'inter-relient. 

     Des aspects importants des expressions religieuses des Afro-Équatoriens ont trait au culte de la mort et aux cérémonies associées à la guérison et à l'envoûtement. 

     Le sens de la mort dans ces communautés est cultivé avec frénésie. Son mystère est associé à divers rituels et croyances allant du présage de la mort, de l'aide aux mourants, de l'aide à bien mourir, du soin du corps du défunt, des veillées, de l'enterrement, du deuil, des neuvaines, de la dernière nuit, des anniversaires. 

     D'autre part, les rites de guérison et de diagnostic des maladies sont associés à des cérémonies plus séculières mais avec une profonde connotation spirituelle. Dans ce contexte, les déterminations ontologiques de l'homme et de la femme afro-équatoriens sont essentielles car elles divisent leur environnement spirituel entre le monde humain et le monde divin, et discernent des catégories binaires telles que le froid et le chaud dans le corps humain. Cet aspect des guérisons est très intéressant dans les cultures afrodescendantes et elles sont associées à la médecine traditionnelle, aux connaissances ancestrales sur la biodiversité et à une connaissance particulière de l'influence des étoiles sur le comportement humain.

image

Cérémonies et visions traditionnelles


 Chigualos : Ce sont les adieux qui sont faits à un nouveau-né quand il meurt. La mort d'un "ange" est une fête, donc ils mangent, boivent et chantent avec des marimbas et des tambours pour l'aider à aller au ciel avec une grande joie. Parfois, ils parcourent une grande partie de la rivière en canots illuminés pour se promener et le leur dire au revoir. 

Les visions : Les visions sont des êtres mythologiques pour la plupart non urbains qui ont la particularité d'appartenir à des zones rurales et sont étroitement liés aux éléments géographiques prédominants, par exemple, la tunda vit dans la mangrove, le fleuve dans le riviel et la gualgura se trouvent sur les routes près des montagnes.  Dans le bassin de Chota-Mira, il y a aussi des êtres mythologiques qui peuplent la cosmovision afro de la région, ce sont : le duende, le mechero, le père sans tête, la viuda (veuve) la culebra dorada etc....


Berceuses et louanges


Ils appartiennent au domaine religieux, même si les textes de leurs chants ne se réfèrent pas nécessairement à des thèmes sacrés. Leur interprétation se fait dans les cérémonies religieuses telles que les veillées des anges, les fêtes des saints, la naissance de l'Enfant Dieu, la Semaine Sainte. La berceuse est essentiellement une chanson, une mélodie avec des vers, généralement interprétée par des chanteuses. Leurs chansons sont vraiment une pratique populaire associée aux contextes ruraux, elles sont issues de l'inspiration du moment et symbolisent le sens cosmogonique des Afro-Équatoriens. 

     D'autres formes de chants avec une caractéristique traditionnelle très marquée associée aux contextes religieux, en particulier les rites et les cérémonies de la mort sont les Alabaños, les Salves et les Santo Dios, qui sont pratiqués même dans les populations afro-équatoriennes les plus éloignées des contextes urbains, comme celles établies le long des rivières de la Province d'Esmeraldas.

     Les alabaños sont des chants mélodiques lents et tristes qui sont chantés de façon traditionnelle, sans instruments et font toujours allusion au thème de la mort. Les chants ou les louanges s incarnent d'intenses passions humaines qui expriment le sens de la mort et de la vie dans la conception religieuse catholique des personnes afrodescendantes. 

     Ils sont interprétés dans le sillage des adultes, ainsi que dans certaines célébrations liées au saint catholique, en particulier la Semaine Sainte, où la passion du Christ est racontée. Les voix chantantes sont appelées cantaoras, et parfois les hommes participent aussi en chantant des chansons. Les instruments ne sont pas utilisés et sont complétés par de longues prières.

traduction carolita du site du siise.gob.ec

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Equateur, #Afrodescendants, #Afro-Equatoriens

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article