Brésil : Le peuple Bororo

Publié le 18 Octobre 2018

Bororos en novembre 2012 à l'occasion du 40e anniversaire de la CIMI, une organisation non gouvernementale présente aux côtés des peuples indigènes.

Bororos en novembre 2012 à l'occasion du 40e anniversaire de la CIMI, une organisation non gouvernementale présente aux côtés des peuples indigènes.

Fiche

Nom : Le terme « Bororo » signifie « cour de village » et c’est leur nom officiel ; le gouvernement du Mato Grosso fait la distinction entre l'est et l'ouest, en fonction de leur implantation sur la rivière Cuiabá.

Ils se font appeler Boe. Dans leur histoire, d'autres noms ont été utilisés pour les identifier : Coxiponé, Araripoconé, Araés, Cuiabá, Coroados, Porrudos.

Habitat : Leur territoire traditionnel s'étendait de la région des fondateurs de la rivière Xingu au nord, des proximités de la rivière Miranda au sud, dans le centre-sud de l'état de Goias à l'est et le territoire actuel de la Bolivie à l'ouest.

Aire culturelle : Gran Chaco, forêt tropicale atlantique (Amérique du Sud)

Langue : Appelée par ses locuteurs Boe Wadáru, elle appartient au tronc linguistique Macro-Jê.

Les premiers contacts avec les Européens ont eu lieu au XVIIe siècle, lorsque les explorateurs de l'ordre des Jésuites se dirigeaient de la ville de Belém vers le fleuve Paraguay. Au milieu du siècle suivant, les contacts se sont intensifiés avec la découverte d'or dans la région de Cuiabá.
L'exploration aurifère a produit la division de deux groupes selon la place qu'ils occupaient par rapport à la rivière, l'ouest et l'est. Les Bororos de l'Ouest - "Bororo de Campanha" et "Bororo Cabeçais" - qui ont été exterminés ; les Bororos de l'Est - "Coroados" - sont restés isolés jusqu'au milieu du XIXe siècle, lorsque la construction d'une route reliant le Mato Grosso aux États de São Paulo et le Mina Gerais a provoqué leur soulèvement et déclenché une guerre qui s'est terminée par leur reddition.

En 1902, les Salésiens fondèrent la colonie du Sacré-Cœur et commencèrent la catéchèse Bororo.

En 2006, la population bororo était de 1 392 personnes (selon la FUNASA, un organe du ministère de la Santé du gouvernement brésilien).

Organisation sociale

Village Bororo

 

L'unité politique est le village ("Boe Ewa"), formé par un ensemble de maisons disposées en cercle avec la Maison des hommes ("Baito") en son centre. A l'ouest du Baito se trouve la place de cérémonie. La circularité du village est la représentation idéale de l'espace social et de l'univers cosmologique.

La règle de la descendance est matrilinéaire, l'enfant reçoit un nom qui l'identifie avec le clan maternel. Lorsqu'un homme se marie, il doit emménager dans la demeure de sa femme, même s'il continue d'être un membre de l'ancienne lignée.

Chaque clan occupe une place spécifique dans le village. Le clan est divisé en deux moitiés exogamiques - "Exerae" et "Tugarége" -, chacune subdivisée en quatre clans principaux composés de lignées différentes. Il y a une hiérarchie entre les lignées à travers des catégories telles  Ainé/cadet, plus important/moins important, frère aîné/frère cadet. Les gens d'un même clan, mais de lignées hiérarchiques différentes, ne devraient pas résider dans la même maison.

Chaque maison du village est habitée par deux ou trois familles nucléaires. L'espace de chaque famille correspond aux extrémités de la maison, jamais au centre qui est réservé pour garder les biens, manger, dormir et recevoir les visiteurs.

Organisation politique

Les villages bororos sont autonomes, trois pouvoirs sont identifiés, en plus du négociateur avec les blancs :

Boe eimejera  chef de guerre, de village et de cérémonie.
Bári  chaman des esprits de la nature.
Aroe Etawarare  chaman des âmes des morts.
Brae eimejera  chef qui négocie avec les blancs.


Cycle annuel d'activités

L'absence ou la fréquence des précipitations divise le cycle annuel en deux saisons, l'absence de la constellation des Pléiades - pendant presque un mois - marque la transition :

Akiri-doge Èwure Kowudu Cérémonies de la saison sèche.
Absence d'Akiri-doge Absence des Pléiades
Cérémonies de la saison des pluies de Kuiada Paru.

Banquet de funérailles. Œuvre du peintre allemand Friedrich W. Kuhnert (1865-1926).

Photographie de 1880 prise par Marc Ferrez (1843-1923), pionnier de la photographie brésilienne.

Les restes du chef José Carlos Meruri Ekureo sont déposés dans une tombe peu profonde. Chaque jour il est arrosé pour accélérer le processus de décomposition du corps, puis ses os recevront un ornement spécial qui sera déposé dans une lagune. Le leader du village Garças est décédé à l'âge de 80 ans le 19 juin 2015.

Signal de combat. Illustration de Jean Baptiste Debret (France, 1768 -1848)

 

 

Cérémonie rituelle, photo de 1935.

Danseurs

Femme bororo peignant le visage d'un danseur

Différentes substances végétales sont utilisées pour peindre le corps, en particulier la poussière de pollen et les graines rouges de bixa orellana (achiote). Un liquide bleu-noir est obtenu par oxydation du fruit vert du génipa.

Photographie de Lévi-Strauss.

 

Des femmes bororos en robes de fête.

Dans Tristes Trópicos, Lévi-Strauss décrit les vêtements des femmes bororos : "Les femmes portaient un pagne en coton imprégné d'achiote autour d'une ceinture rigide en écorce. "Les femmes possèdent de vrais joyaux, qui se transmettent de mère en fille : ce sont des parures de dents de singe ou de défenses de jaguar assemblées avec du bois et fixées avec des liens fins".

Photographie de Lévi-Strauss.

 

Jeune Bororo en tenue de danse.

Les coiffes constituent un élément décoratif et un emblème de gala. Ils sont généralement liés à des rituels importants. Ils peuvent être associés à des oiseaux, dont les plumes ont été enlevées, et symbolisent la capacité de grandeur de l'homme digne de les porter.

Photographie de Lévi-Strauss.

Parure de chef d'une danse funéraire.

Un chef bororo sans ornement est un homme dépourvu des attributs correspondant à son pouvoir. Lévi-Strauss a photographié une coiffure de cérémonie composée de plumes d'aigle et mise à sécher au soleil sur une souche de palmier avant utilisation.

Photographie de Lévi-Strauss

 

Bororos en tenue de cérémonie.

Ce Bororo a été photographié dans sa tenue de cérémonie. Il se distingue par un labret typique de son clan et une grande couronne de plumes rouges et jaunes. Il semble exposer ses vêtements les plus riches pour un moment d'éternité.

Photographie de Lévi-Strauss

Tir à l'arc.

Les bras des Bororos sont couverts de plumes ; le tireur a placé la flèche et prépare le tir.

Photographie de Lévi-Strauss.

 

Le village Kejara des Indiens Bororos.

Lévi-Strauss : "La configuration du village se comprend dans son interaction avec les relations sociales du groupe, avec sa structure d'alliances, de différences, d'échanges". "La disposition spatiale, constitue pour les habitants une mémoire permanente de la structure sociale".

Photographie de Lévi-Strauss.

"La Maison des Hommes."

La maison des hommes bororos est l'endroit où les hommes mariés font la sieste, parlent, fument et préparent à tour de rôle un repas à base de bouillie de maïs. Les adolescents y dorment aussi et on l'utilise pour certaines cérémonies. Tout est loin de la vue des femmes, qui n'y ont pas accès, sauf le jour où on leur demande de se marier.

Photographie de Lévi-Strauss.

 

Cérémonie funéraire des Bororos.

Les participants quittent la Maison des Hommes, l'un d'eux portant un énorme paquet circulaire de feuilles. La cérémonie marque le passage du défunt à la catégorie des ancêtres, qui garantit la vie éternelle. Les Bororos pensent que le monde doit être reconstruit à la mort d'une personne, d'où l'importance accordée aux funérailles.

 

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

 

Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss en PDF

Foto: Sylvia Caiuby Novaes, 1973

Pour compléter cet article quelques extraits traduits du site Povos indigenas no brasil

BORORO

Mato Grosso Brésil

Population : 1817 personnes (2014)

Terres indigènes

T.I Jarudore - 4706 hectares - réservée,ville : Poxoréu.

T.I Merure - 82.301 hectares- 657 habitants - réserve homologuée, villes : Barra do Garças,  General Carneiro.

T.I Perigara- 10.740 hectares- 104 habitants- réserve homologuée, Ville : Barão de Melgaço.

T.I Sangradourou/Volta Grande- 100.280 hectares- 882 habitants- Réserve homologuée. Villes : General Carneiro, Novo São Joaquim, Poxoréu. 2 peuples y vivent ; Bororo (langue bororoà, Xavante (langue jê).

T.I Tadarimana - 9785 hectares- 604 habitants- réserve homologuée, villes : Pedra Preta, Rondonópolis.

T.I Tereza Cristina- 34.149 hectares- 506 habitants-  réserve déclarée. Ville : Sabto Antônio do Leverger.

Le terme Bororo signifie, en langue maternelle, "cour de village". En ce sens, ce n'est pas un hasard si la disposition circulaire traditionnelle des maisons disposées vers le centre du village forme une cour et constitue l'espace rituel de ce peuple, caractérisé par une organisation sociale complexe et par la richesse de sa vie cérémonielle. Bien qu'ils n'aient actuellement droit qu'à un territoire discontinu et peu caractéristique, la vigueur de leur culture et leur autonomie politique ont servi d'armes contre les effets prédateurs du contact avec "l'homme blanc", qui dure depuis au moins 300 ans.

Emplacement

Le territoire traditionnel de l'occupation bororo s'étendait à l'ouest sur le territoire actuel de la Bolivie, à l'est sur l'État de Goiás au centre-sud, au nord sur les limites de la région des formateurs du fleuve Xingu et au sud sur les limites du fleuve Miranda (Ribeiro, 1970 : 77). On suppose que ce peuple habite cette région depuis au moins sept mille ans (Wüst & Vierter, 1982).

 Langue


Boe Wadáru est le terme utilisé par les Bororos pour désigner leur propre langue originaire. Les linguistes Rivet (1924) et Schmidt (1926) l'ont classée comme isolée et peut-être liée à la région d'Otuké. Par la suite, un nouveau paradigme a simplifié la classification des langues indigènes, les regroupant selon certaines similitudes, de sorte que la langue bororo a été encadrée dans le tronc linguistique Macro-Jê (Manson, 1950 ; Greenberg, 1957).

Aujourd'hui, la langue bororo est parlée par presque toute la population. Jusqu'à la fin des années 70, cependant, les enfants et les jeunes ont souffert de l'imposition du système scolaire de la mission indigène qui interdisait de parler la langue native dans les villages de Meruri et Sangradouro. Un processus de réévaluation autocritique des salésiens a abouti au sauvetage de la langue originale et au début de l'enseignement bilingue. Ainsi, dans tous les villages, la majorité de la population parle portugais et bororo.

Dans la vie quotidienne, la langue parlée est la langue maternelle, couverte de néologismes assimilés du portugais régional, qui n'est activé que lors des contacts interethniques.

 

image

Activités économiques
 
Le système économique bororo se caractérise par la combinaison des activités économiques de cueillette, de chasse, de pêche et d'agriculture. Le processus de contact a apporté de nouvelles formes de relations sociales et économiques telles que la possibilité d'un travail salarié, la vente de biens ("artisanat") et la pension de retraite . En tout cas, les activités que les Bororos ont développées sur leur territoire sont encore profondément marquées par la connaissance de la nature, ses potentialités et ses contraintes.

Les gens qui travaillent ensemble dans une maison se partagent aussi le terrain. Les hommes font la plupart du travail sur le terrain : défricher, brûler et désherber. Les femmes, par contre, n'aident qu'à semer et à récolter. Elles sont responsables de la collecte du miel, des noix de coco de différentes sortes, des fruits de la savane, des œufs d'oiseaux et des tortues. Les enfants, et parfois les maris, peuvent participer à ces activités (Novaes, 1986).

Le changement le plus visible par rapport au contact s'est produit dans le sens de l'extinction des activités nomades, Maguru, qui se sont développées pendant la saison sèche lorsqu'une partie importante du village était déplacée lors de longs voyages d'exploration territoriale. En retour, l'activité agricole s'est intensifiée avec l'introduction de nouvelles techniques et de nouvelles cultures.

Les Bororos continuent d'être d'excellents chasseurs et pêcheurs, malgré la pénurie causée par les déséquilibres environnementaux causés par l'exploitation agricole de la région. La chasse et la pêche, activités éminemment masculines, se développent individuellement ou collectivement et présentent toujours un rôle important dans l'alimentation quotidienne et rituelle, ainsi que dans les relations sociales, étant donné le prestige acquis par le bon chasseur/pêcheur.

L'agriculture est développée par les familles selon la technique de "l'abattis brûlis", sur une superficie moyenne d'un demi-hectare qui est utilisée pendant trois années consécutives, puis laissée au repos pendant plus de six ans. Les séries typiques de cultures sont le maïs, le riz, le manioc, les haricots, la citrouille et autres. La culture du maïs suit les directives de la  direction (chefs) ainsi que certaines sanctions surnaturelles, principalement en ce qui concerne la consommation de maïs vert ou jeune, qui doit passer par une cérémonie de purification appelée Kuiada Paru. Aujourd'hui, certaines communautés comptent sur les technologies pour établir des champs. Dans le cas du village de Meruri, par exemple, il existe une forte dépendance vis-à-vis du tracteur pour l'abattage des arbres et la préparation du sol.

L'élevage bovin est encore une activité peu développée et appropriée chez les Bororos, bien qu'il joue déjà un rôle important dans l'alimentation, principalement à Meruri.

traduction carolita d'extraits du site Povos indigenas no brasil (ISA)

Les récits Bororo : concepts et manifestations

 

Leila Aparecida de Souza et Ana Maria Rabelo Gomes

Cet article présente des concepts développés par les Bororos à partir de termes utilisés par eux pour désigner les différentes expressions et manifestations de certaines situations de la vie quotidienne des Bororos. L'objectif est de montrer comment la compréhension de ces concepts et de leurs manifestations dans la communauté révèle des aspects de la vie et de la culture bororo qui sont indispensables dans nos interactions professionnelles avec ce peuple dans le domaine de l'éducation scolaire. Les données présentées proviennent de notre recherche ethnographique dans le village central de Tadarimana, à Rondonópolis, Mato Grosso, entre 2011 et 2012. Les résultats ont révélé que ces histoires constituent un corpus pour la vie des Bororos à partir d'une dimension prescriptive - liée à la façon dont ce peuple conçoit le cosmos - et d'une dimension formative, c'est-à-dire la façon dont ils utilisent les expressions pour guider la formation de leurs membres, en particulier les jeunes et les enfants. En conclusion, nous considérons que, pour parvenir à un dialogue horizontal entre le système éducatif institutionnel et les peuples indigènes, il est nécessaire de comprendre les aspects de la base cosmologique pour que l'école se situe ensuite dans ce paysage, comme un élément extérieur, mais fortement marqué par les tonalités caractéristiques de ceux qui se l'approprient.

http://www.scielo.org.pe/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0254-92122016000100005

Si une traduction en français de ce travail vous intéresse, merci de me contacter.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Bororo

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