Les peuples indigènes du Honduras rejettent le projet de "Loi sur la consultation".

Publié le 20 Août 2018

Tegucigalpa, Honduras (Conexihon) : Le projet de loi sur la consultation préalable, libre et informée (CPLI) a été rejetée par l'Observatoire des Droits de l'Homme des Peuples Indigènes du Honduras (ODHPINH) lors de sa réunion du jeudi 16  pour ne pas avoir été dûment approuvé par les peuples indigèness du Honduras et pour ne pas avoir répondu à d'autres intérêts.

L'assemblée était composée de représentants de six des neuf peuples indigènes : Chortí Maya, Lencas, Pech, Miskitus, Tolupan et Garifuna, qui ont travaillé ensemble et ont rejeté la proposition à l'unanimité.

"Nous condamnons ce projet parce qu'il s'agit d'une initiative de l'État du Honduras en collusion avec des hommes d'affaires nationaux et étrangers et des organisations financières internationales pour légaliser et légitimer la dépossession des terres ancestrales, des biens communs, des cultures, des spiritualités et des peuples de ces territoires ", peut-on lire dans la déclaration publique publiée ce jour-là.

Ellel affirme également que "la loi est une initiative raciste dont l'existence ne peut être comprise que dans le cadre d'un cadre institutionnel au service de la dictature dont le but est l'extermination de nos peuples, de nos sagesses, de nos langues et de notre dignité".

Pour la dirigeante Miskito, Marlen Jackson, le fait que la loi n'ait pas été présentée dans sa langue maternelle est une forme d'exclusion et de discrimination, c'est pourquoi ils rejettent absolument la loi CPLI.

Le Gouvernement hondurien soutient qu'il fait la promotion de la loi CPLI afin de se conformer à l'article 6 de la Convention no 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) concernant les peuples indigènes et afro-honduriens, conformément aux dispositions du résumé du processus de rédaction de la loi.

Le 5 mai 2015, le "Comité technique Interinstitutionnel de la Convention 169" a été créé, composé uniquement d'institutions gouvernementales, pour définir les actions à entreprendre dans l'élaboration de l'avant-projet, bien qu'il stipule que le "dialogue avec l'inclusion" a eu lieu.

Dans ce processus, l'absence de l'Organisation Fraternelle h+Hondurienne des Noirs (OFRANEH) et du Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH) était notoire.

Rosario García Rodas, coordinatrice de la Table ronde Sectorielle du peuple Lenca, a précisé qu'ils se sont retirés du dialogue parce que la loi viole leurs droits et l'autodétermination des peuples, puisqu'il n'a pas pris en compte le fait qu'il ont permis que la loi soit soumise au Congrès.

Le communiqué des organisations indigènes indique également que " dans ce projet de loi, ils font systématiquement référence aux dialogues et aux négociations sous le contrôle de l'État, les peuples indigènes ne sont pas disposés à dialoguer et à négocier nos territoires, pour nous la terre n'est pas un moyen de subsistance, pour nous les territoires signifient la vie communautaire et collective ".

L'article 6 de la CPLI prévoit la création du Commissaire National à la Consultation Libre, Préalable et Informée (CONACOLP), qui est nommé ou révoqué par le Président de la République.

Pour le leader Maya-chortí, Danilo Espino, le fait que le gouvernement nomme les représentants des peuples indigènes s'oppose à l'autodétermination " dans nos communautés, nous avons déjà nos représentants légitimes ", a-t-il dit.

Consuelo Soto, du peuple Tolupan, a affirmé que les règlements " ne respectent ni la Convention 169, encore moins les lois qu'ils font et approuvent, que la loi est un mensonge et une falsification, que nous, peuples indigènes, nous avons aussi les titres ancestraux des terres qui nous ont été volées pour les donner aux propriétaires terriens ".

"Le peuple Garifuna s'est manifesté et a dit non à cette revendication de l'État, d'une expulsion systématique, qui a été pratiquée contre la population, la loi est nuisible pour continuer avec cette ligne dictatoriale et ne pas écouter le peuple puisque la loi parle du non au veto qui n'est pas le droit de réclamer s'ils ne sont pas d'accord", a déclaré le chef des Garifuna, Selvin Lopez.


L'une des parties les plus importantes qui ne figurent pas dans l'avant-projet est le droit de veto, c'est-à-dire la possibilité pour les communautés indigènes de s'opposer à une décision sur laquelle elles ne sont pas d'accord, prise par un organe de l'État.


A cet égard, les peuples indigènes condamnent la tentative de la loi d'exclure et de piller les territoires qu'ils habitent ancestralement et avertissent que " partout où vont leurs plans de mort, ils rencontreront une résistance pleine de vie, de justice et d'inspiration de leurs sœurs et frères qui, comme Berta Cáceres, les accompagnent sur les chemins ".

traduction carolita d'un article paru sur le site Conexihon le 17 août 2018

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