Paraguay/Brésil : Le peuple Yshir Ybytoso (Chamacoco)
Publié le 17 Juin 2018
Peuple autochtone connu sous le nom de Chamacoco, un nom qui regroupe deux peuples distincts les Yshir Ybytoso et les Ishir Tomárâho.
Il y avait 3 groupes d’Yshir Ybytoso : Xorshio, Ebitoso et Tomarxa (selon Susnik)
Le nom chamacoco provient certainement de zamuco la famille de langues des Ishirs et des Ayoreos.
Historiquement on distinguait les Chamacocos bravos : le groupe Tomárâho vivant en retrait de la société dominante et les Chamacocos mansos : les Ybytoso qui étaient entrés en contact avec les blancs.
Aujourd’hui ils sont différenciés entre Ybytoso et Tomárâho.
Langue : yxyro ahwoso, de la famille zamuco, langue considérée en danger.
Quelques mots dans la langue :
Wöta : tordu, arbota : droit, uluta : la loi, la coutume, arpich : lit, ohota : belle-mère.
Population : 1571 personnes
Au Brésil : 40 personnes dans la réserve indigène de Kadiwéu
Territoire
Au siècle dernier 4 groupes étaient mentionnés avec des noms orthographiés différemment : Horio, öbotoso, Heiwo et Tamaraho. Les Horio ont disparu.
Le territoire traditionnel est composé de vastes étendues du Chaco paraguayen depuis la frontière avec la Bolivie jusqu’aux frontières avec le bas chaco y compris les zones frontalières avec le Brésil et le fleuve Paraguay.
Ils sont installés dans les zones côtières sur le fleuve Paraguay et ils sont considérés comme attachés au fleuve (les Tomárâho sont installés à l’intérieur des terres). Ils ont une longue tradition de nomadisme recherchant des habitats avec une abondance d’animaux et de lagunes ou cours d’eau. Les habitats sont dénommés selon les zones géographiques, les plaines ouvertes sont acemyt arich, les endroits avec une prédominance de plantes de la famille des broméliacées sont appelés ymich, les clairières forestières sont dénommées epyrpe.
Le camp communautaire ou dyt est formé de plusieurs familles. L’appropriation du dyt ou espace naturel et sa création est de forme circulaire avec au centre le harra – la scène- un point de représentation rituelle d’origine mythique.
Les communautés actuelles au Paraguay sont :
Puerto Diana où vit la majorité de la population avec une forte influence de la mission New Tribes
Puerto Esperanza sur le fleuve Paraguay
Fuerte Olimpio
Buena Vista
Karchabalut qui est un site historique de grande importance pour les Yshyr
Potrerito
Karpakué
De Aldo Fernández Villalba (Aofvilla) - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18760830
Puerto Diana et la mission New Tribes
En 1949 ont lieu les premiers contacts avec les missions New tribes au moment ou la tribu vivait dans et autour de Bahia negra. Ils obtiennent une parcelle de 2345 hectares et établissent un poste missionnaire à 3 km de la ville et l’endroit prend le nom de Puerto Diana. Les missionnaires mettent en place une école et un poste de soin, une église évangélique forme des pasteurs laïcs. Cette communauté compte 350 personnes de 68 familles en 1991
Histoire
Ils vivent depuis des siècles le long du fleuve Paraguay. Pendant la guerre du chaco en 1932/1935 les Yshyrs aident les soldats paraguayens dans la lutte contre les boliviens mais quand la guerre prend fin ils perdent leur territoire et doivent négocier leur survie ethnique avec les colons paraguayens et les propriétaires fonciers.
En 2009 seules 3 communautés Ybytosos ont un statut légal et leurs propres terres.
Mode de vie
Leur autosubsistance est assurée par la culture du manioc, des patates douces, des haricots, du maïs , des courges et de la pastèque. Ils chassent et ils pêchent et récoltent du miel et le palmier carandá (prosopis kuntzei, itin ou barbe de tigre) qui leur permet d’obtenir des revenus de la vente d’artisanat.
prosopis kuntzei - Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=291654
La société est composée de familles élargies qui vivent dans des maisons groupées dans des clans totémiques.
Le village traditionnel, lut, est organisé en forme de croissant avec une orientation vers le nord pour profiter du soleil du matin et avec un espace central protégé.
Dans l’espace central, le harra ont lieu des enseignements, des discussions de régles et des cérémonies, des danses sacrées.
Le produit de la chasse est toujours partagé dans la communauté ainsi que le produit de la collecte. Ce sont les chamanes ou konzehet qui sont préposés à la distribution.
La viande est cuite et refroidie, la graisse enlevée et les morceaux les plus tendres, dégraissés sont donnés aux personnes âgées ou fragiles.
Le chef communautaire du clan totémique est duruk terk, il porte un sifflet de crâne de tatou comme attribut.
Source : wikipedia et l'article traduit ci-dessous
Fibres, plumes et couleurs du peuple Ishir. Identité et résistance dans le Chaco paraguayen
Silvana Di Lorenzo
Silvia Manuale
Cet article décrit un objet singulier du peuple Ishir conservé au Musée Ethnographique Juan B. Ambrosetti de l'Université de Buenos Aires. Il est fait référence au contexte historique et socioculturel d'origine, en mentionnant le contexte de la recherche. Les études réalisées concernant la fabrication et la signification de la coiffe en plumes Ishir nous permettent de montrer la complexité technique et un certain sens esthétique et symbolique ; et de proposer, à travers sa biographie, un parcours historique jusqu'à la situation politique actuelle des peuples autochtones du Gran Chaco.
https://scielo.conicyt.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-10432018000300103
Si une version traduite en français de cet article vous intéresse, merci de me contacter.
Pour compléter cet article succinct voici une traduction que j'ai faite d'un document réalisé pour le secrétariat national de la culture du Paraguay.
Peuple Ishir Ybytóso
Les Ybytóso se nomment eux-mêmes ishir, "les vrais hommes".
Ils sont traditionnellement connus sous le nom de Chamacoco. Selon les recherches de Metraux et Susnik, ils sont divisés en trois groupes. Susnik introduit les noms Xorshio, Ebitoso et Tomarxa.
Guido Boggiani, qui a fait des recherches sur la culture de ce peuple pendant plusieurs années, et qui est mort en 1902 a été le premier à enregistrer le terme "Öshiro" pour eux-mêmes, ce qui est de toute évidence l'origine du mot actuel, Ishir, avec lequel nous appelons ce groupe ethnique. M. Boggiani a également déclaré ce qui suit qui a utilisé le mot "Chamacoco" prononcé de manière contractuelle : Camcúc ou Zamcúc, ce qui nous porte à croire qu'il est probablement dérivé de Zamuco, ce qui indique la famille (Zamuco) dont font partie les Ishir et les Ayoreo.
Historiquement, on pouvait distinguer les 'Chamacoco bravos' qui appartenaient au groupe Tomárâho et vivaient retirés du monde blanc ; et les 'Chamacoco mansos' qui étaient ceux qui étaient en contact avec les blancs. Aujourd'hui, les groupes descendants des soi-disant Ishir sont bien différenciés dans les groupes ethniques Ybytóso et Tomárâho.
L'explication de l'origine étymologique de 'Chamacoco' remonte au début de l'histoire de la conquête. Selon les indigènes de ce groupe ethnique, la donomination agglutine deux mots : Cham, compagnon et coc qui, selon certains informateurs, est un mot ancien qui signifie ensemble ; même si ça ne signifie rien pour les autres. Dans la littérature orale native, le récit mythique "Chamacoco" fait référence à l'époque du choc culturel avec l'homme blanc. L'impact sonore de la présence des Blancs armés de vieux calibre, a fait une profonde impression sur les histoires de ces indigènes. Cependant, dans une analyse comparative entre le texte oral et les sources bibliographiques l'origine du mot chamacoco est incertaine.
Traditionnellement collecteurs-chasseurs, les Chamacoco ont été placés dans la classification linguistique, en relation avec la famille linguistique Zamoco. Elle est composée des Ayoreode-moro, des Ybytóso et des Tomárâho. Ces deux derniers groupes ethniques sont appelés Chamacoco. Dans les deux tribus, une série de bandes sont atomisées : Heiwo, Tynýro, Orrio, classées selon un ordre territorial culturel chamacoco.
Langue
Les groupes ethniques Ybytóso et Tomárâho, bien qu'ils soient fondés sur un tronc culturel commun, se différencient par deux dialectes : yxyro ahwoso et yxyro húlo.
Leur langue appartient à la famille linguistique Zamuco et comprend les langues tomáraho (ou tomaraxa), ybytoso (ou ebitoso) et ório .
En 1930, on estimait qu'environ 2000 personnes parlaient une variété de langues. Les locuteurs des variantes Orio et Ibytoso étaient estimés à 800 en 1970, tandis que moins de 200 personnes parlaient le Tomáraho à l'époque.
La langue ishyr est considérée comme une langue en danger par l'UNESCO et pourrait disparaître en quelques générations, sous la pression des langues culturellement dominantes de la région, comme l'espagnol et le guarani.
Territoire
Au siècle dernier, quatre groupes ont été mentionnés, dont les noms ont été écrits différemment : Horio, Öbotoso, Heiwo et Tamaraho. Les Horio ont disparu, il reste les Öbotoso et les Heiwo, dont ceux qui vivent dans les régions de Bahía Negra, Puerto Diana et Puerto Esperanza qui sont mélangés avec le reste de la population indigène, tandis que les Heiwo la plupart des traditionalistes vivent à Fuerte Olimpo et Bella Vista.
Le territoire traditionnel de Chamacoco comprenait de vastes étendues du Chaco paraguayen, depuis la frontière avec la Bolivie (frange nord-ouest) jusqu'aux frontières avec le Bas Chaco, y compris les zones frontalières avec le Brésil sur le fleuve Paraguay. En ce qui concerne l'appropriation du territoire, il existe des différences entre Ybytóso et Tomárâho. Les Ybytósos se sont installés dans les zones côtières sur le fleuve Paraguay et sont considérés comme plus attachés au fleuve, tandis que les Tomárâho se sont installés à l'intérieur des terres.
Avec une longue tradition de nomadisme, les Chamacoco ont basé leur choix sur les établissements dans les habitats où abondent les animaux et, dans leur environnement, les lagunes ou les cours d'eau. Les habitats sont définis en fonction de leur conformation géographique dans : acemyt arich, plaines ouvertes ; yrmich, où la prédominance des plantes est les broméliacées ; epyrpe, dans les clairières forestières ou les îles forestières. 32
Plusieurs familles forment le dyt (camp communautaire). L'appropriation du dyt, espace naturel et sa création, sont de forme circulaire, au centre duquel se trouve le harra, que l'on peut traduire par la scène, un point de représentation rituelle d'origine mythique.
Les communautés d'Ishir aujourd'hui sont : Puerto Diana, où la majorité de la population Ishir vit depuis longtemps, sous l'influence de la Mission des Nouvelles Tribus/New Tribes ; Puerto Esperanza, sur le fleuve Paraguay, à environ 30 km au sud de Bahia Negra ; Fuerte Olimpo - Buena Vista ; KarchaBalut (dans l'ancien port connu sous le nom de Port 14 mai, est un site historique d'une grande importance pour les Ishir), Potrerito et Karpa Kué.
En 1949, la Mission "To New Tribes" a contacté un groupe de l'ethnie Ybytóso qui vivait dans et autour de Bahía Negra. Ils ont obtenu une parcelle de terrain de 2 345 hectares et ont établi un poste missionnaire à trois kilomètres de la ville, sur le fleuve Paraguay, qui a reçu le nom de Puerto Diana. Ils ont mis en place une école et un poste de santé. Une église évangélique Chamacoco a grandi, qui a formé ses propres pasteurs laïcs. En 1991, la communauté comptait 68 familles, soit environ 350 personnes.
Spiritualité
La mythologie Ybytoso a trois pouvoirs : la déesse de l'eau (Eshnuwerta), le dieu de l'air (Pauchata) et le dieu de la forêt (Nemur).
Le harra est le cercle cérémoniel où se déroulent les danses sacrées. Le depich est la voie secrète qui unit les ishir avec les dieux. Le nepyte ou wyrby est le ressort puissant qui se déplace instantanément d'un endroit ou d'une dimension à l'autre. Les rituels incluent la peinture corporelle, et l'embellissement avec des plumes et des coiffures, pour transférer chacun des pratiquants dans un univers inconnu et mystique, que la peau blanche ne comprend pas.
Pour les Chamacoco, la musique vocale est directement liée au chamanisme. Chaque chaman (appelé Konsaha ou Ahanak) doit construire son propre répertoire en se basant sur chykêra le rêve et lié au processus progressif d'acceptation sociale. Le rêve est constitué dans le premier élément détonant et créatif qui déterminera le leitmotiv de la composition. Les répertoires musicaux chamaniques sont construits sur la base de rêves qui stimulent l'imagination, la création du texte poétique, de la mélodie et des pulsations rythmiques. Maîtriser le rêve signifie, pour les chamans Ybytóso ainsi que pour les Tomárâho, de les projeter dans un chant teichu. Le chaman rêveur doit retenir l'idée du sommeil et l'exprimer immédiatement dans sa forme musicale et poétique. Les chansons peuvent également être transmises d'un sujet à l'autre. Le répertoire peut être hérité sans conditions relationnelles par la parenté. Tout cela assigne l'équipe de la culture musicale chamacoco en tant que culture très particulière dans ses expressions vocales et ses perceptions sonores. L'explication originaire de la perception auditive est fondée sur un ave aworohla, qui a instruit les gens sur la façon d'écouter et de décoder le monde du son. Le pouvoir chamanique réside dans sa capacité à rêver. La responsabilité première de l'identité chamanique réside dans la capacité d'attirer le bien ou d'expulser le mal par le pouvoir du chant. La formation chamanique est fortement liée au pouvoir et au rôle des chamans dans la culture Chamacoco : protéger contre le harcèlement provocateur. (Sequera, 2006).
Le pouvoir des chamans dans la culture Chamacoco se mesure par leur capacité à passer à travers les seuils de la transe ; là, alors, toute l'énergie du corps est tirée vers un décor sur la scène du pouvoir et ses conséquences. Le corps du chaman, indépendamment de son statut et de sa qualification, est transformé en objet externe, de la même manière que les objets sont susceptibles, par association chamanique, de transfigurer son propre corps. Il est possible que le chamanisme chamacoco ne soit pas différent, dans une large mesure, des pratiques chamaniques sudaméricaines en général : le dédoublement de la personnalité, la transe par le chant, les techniques de respiration, les rêves visionnaires, confèrent des particularités chamaniques. communes.
Les Ybytósos appellent Konsaha hnymich urr oso, le chaman de l'horizon, qui perce la terre et domine les levers et couchers de soleil. Ils se souviennent de ce chaman avec l'attitude de dormir sur le ventre pour suivre le cours du soleil sous la terre. Les récits mythiques font référence à ce chaman dans une situation paradigmatique : il est considéré, d'une part, comme un fécondateur, d'autre part, avec des pouvoirs définis de volonté ou de mort. Le soleil, selon les Chamacoco, est un sernmitic ou fondateur de la culture, il incarne l'instruction dans la dénomination des choses. Du genre masculin le soleil représente la conscience et la connaissance ; le soleil est défini comme autorité.
Les rituels connus sous le nom de Debylyby, qui impliquaient à la fois des rites d'initiation pour les hommes et des rituels de deuil, des jeux du début du printemps et des cérémonies chamaniques - constituaient la mise en scène par excellence des mythes d'origine Chamacoco, actualisant le retour de l'Axnábsero, "les dieux terribles des chasseurs, qui finissent par être chassés par eux" (Escobar, 1993).
Relations avec la société nationale
Jusqu'au milieu du 20e siècle, les contacts avec les Blancs se limitaient à des tentatives occasionnelles de colonisation par l'église anglicane et à des migrations saisonnières vers les sucreries du nord-ouest de l'Argentine.
Ce n'est que récemment, avec la guerre du Chaco entre le Paraguay et la Bolivie (1932-1935) et l'établissement des industries du tannage dans la région dans les années 1950, que le déclin de l'autonomie traditionnelle a commencé et l'exclusion de la population indigène de la région s'est accentuée, la quasi-totalité du territoire ethnique étant annexée à l'État paraguayen.
En 1957, l'anthropologue Branislava Susnik a mené ses premiers entretiens avec les Ybytósos sur les propriétés privées des sociétés forestières avec des informateurs originaires à Puerto Leda, Puerto Guaraní, Puerto 14 de mayo et Puerto Diana. Susnik note dans ses observations un fort impact sur la société Ybytóso et le profond changement culturel qui a eu lieu. Il observe que l'absence de transmission de la sagesse chamacoco érodait les fondements de l'ethnie, créant un phénomène de "transculturation" accélérée, qui trouve son origine dans plusieurs facteurs : premièrement, le changement des conditions de vie, la création d'un nouveau régime alimentaire, une nouvelle division du travail et un nouveau critère de possession et de propriété. L'introduction du fusil ou fusil de chasse a déplacé les valeurs traditionnelles des Ybytošos, comme la chasse, au prestige pour le bon maniement des armes. L'ancienne règle socio-morale cède ensuite la place à une règle utilitaire du moment. Le deuxième facteur est le conflit générationnel entre jeunes et vieux. Les jeunes, plus soucieux de ressembler aux "blancs", au contraire, s'opposent aux vieux, désireux de mettre en premier l'attitude de "l'esprit du fond de la forêt". Le troisième facteur est l'évangélisation des Ybytósos, par la secte des "Nouvelles Tribus", principalement à Puerto Diana, en commençant leurs activités religieuses depuis 1947, de manière compulsive, sans interruption, jusqu'à aujourd'hui. Les indigènes Ybytóso d'aujourd'hui se souviennent encore avec tristesse comment les pasteurs nord-américains interdisaient aux Chamacoco d'accomplir leurs cérémonies, les accusant de pratiquer des rites à connotation diabolique. 52
Quant aux relations économiques ou culturelles des Ybytósos avec la population paraguayenne, elles ont conduit à l'adoption du manioc, des agrumes (introduits par les Espagnols) ou de la consommation de yerba mate (provenant des Guarani de la région orientale) comme partie intégrante du régime alimentaire actuel.
Traduction carolita de ce document ci-dessous :