Colombie/Equateur : Le peuple Siona

Publié le 1 Juin 2018

 

image

Peuple autochtone de Colombie et d’Equateur dont l’autodésignation est traduite par Le peuple de la rivière Caña Brava.

Autodésignation : Gâ’t i ya pâin = le peuple du rio de la brava

Autres noms : ceona, quenquecoyo, encabeliado, bahupâi, ganteyabain, zeona, kokakanú ou katucha-pai.

En Colombie

 

 

Territoire

Département de Putumayo, rives des rivières Putumayo, Piñuña blanco et Cuehembi, municipalité de Puerto Asís et  puerto Leguizano à la frontière avec l’Equateur.

Les principaux villages sont Buena Vista et Santa Cruz. D’autres lieux où ils vivent sont la Guajira et Bogota.

La superficie de leur territoire en Colombie est de 13.127 hectares.

Population : 1829 personnes (2005), soit 0.1% de la population indigène de la Colombie.

En Equateur

Province de Sucumbíos, canton de Putumayo, canton de Shushufundi.

Population : 350 à 400 personnes

Il y a 3 communautés :

Puerto Bolívar – Bi’aña – Orahuëaya.

Le territoire est délimité sur 40.000 hectares en accord avec l’INEFAN, au sein de la réserve faunique Cuyabeno. Ils ont reçu légalement 7888 hectares en propriété collective pour les 3 colonies ce qui constitue une partie infime de leur territoire d’origine.

Sur leur territoire se trouvent les blocs pétroliers 15 d’Occidental, 27 de City et 21 de Kerr-Mc Gee.

En Equateur l’organisation politique des Sionas et l’Organisation de la Nationalité Indigène Siona d’Equateur ONISE qui regroupe l’ensemble de la population et qui est membre de la CONFENIAE et de la CONAIE.

La cohésion sociale et politique est très faible et à tendance à la dispersion de la population en raison de la pression territoriale exercée par ces compagnies pétrolières et par la colonisation.

Langue : siona, branche occidentale la famille des langues tukano, langue transmise de génération en génération.

La langue est étroitement liée à la langue secoya ou piojé de l’Equateur ainsi qu’à la langue coreguaje.

 

Leur histoire est documentée depuis le XVIe siècle où les explorateurs, les prospecteurs et les encomenderos comment la colonisation de l’Amazonie colombienne et équatorienne. La réponse indigène de cette époque est l’isolement au plus profond de la selva pour éviter tout contact, maladie et esclavage.

D’autres sources de colonisation viendront plus tard avec les missions, les marchands d’esclaves, les hommes d’affaires et les individus liés à l’extraction et au commerce des produits forestiers.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle les machines entrent à l’intérieur des terres et dévastent tout, c’est le boom du caoutchouc, du quinquina dans le Putumayo et l’Amazonie ce qui conduit à la participation des autochtones aux activités liées à l’extraction et au commerce des matières premières associées au travail de cauchero. En même temps sont mises en place des missions de capucins qui sont perçues par les habitants comme un refuge contre l’extraction du caoutchouc de sorte que le peuplement subit l’endoctrinement religieux introduit directement dans leurs communautés.

Le système de « dette » est également mis en place à cette époque par les entrepreneurs péruviens, colombiens, équatoriens sur les indigènes du Napo, du Coca, d’Aguarico et du Putumayo.

Mode de vie

 

image

Leur mode de vie est lié à la coexistence avec les êtres de la terre (airu), qui sont les animaux, les plantes, l’eau, le vent et les propriétaires et gardiens des lieux sacrés. Airu est l’habitat naturel, le lieu où ils obtiennent tous les éléments essentiels pour garantir leur subsistance et leur développement culturel. Ce mode de vie leur permet de développer un système de commandement ancestral, de gestion du territoire et des ressources naturelles qui suffit à leurs besoins.

La curaca joue un rôle important dans la vie de la communauté et avec la consommation du yagé ils peuvent contacter les 5 niveaux de l’univers et ses couleurs. La santé, la chasse, la pêche, le cycle de vie humain, le mariage, la sécurité de la communauté dépendent des relations avec les différents êtres qui habitent ces niveaux.

Le yagé

 

 

chamane Siona

ayahuasca ou yagé - banisteriopsis caapi Par Terpsichore — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8045281

Le territoire de leur peuple représente la vie et la nature de la mère ou terre-mère car ici est élevée et développée la plante sacrée du yagé. Cette plante connue aussi sous le nom d’ayahuasca est la meilleure école et la meilleure médecine qu’ils puissent obtenir là où la sagesse de leur peuple est concentrée. Sans territoire ils ne peuvent donc pas survivre car de la plante dépend la production de la culture et leur survie physique. Pour les Sionas le yagé guide la vie de la communauté incarnée dans un code d’éthique ou « pensées du plus grand » dans le cadre de l’unio, des yageceros indigènes qui sont des médecins de l’Amazonie colombienne se servant de cette pratique pour entrer en communication directe avec l’être suprême. Le respect des lieux où se trouvent la plante a une signification particulière pour le peuple Siona, ce sont les lagunes gauya et uspa, les maisons du yagé, les sites du yagé.

La religion catholique a bien tenté de modifier cette tradition ce qui a conduit à l’incorporation d’éléments catholiques dans les rituels traditionnels comme le baptême, la première communion, le mariage, les fêtes de noël et les messes funéraires.

Il y a une grande importance portée à l’apparence et à la coiffure traditionnelle en particulier, à la peinture corporelle, l’élaboration de boucles d’oreilles et de colliers de plusieurs sorts (80 environ) dont les colliers en canines de jaguar.

Sur chaque poignet en guise de bracelet ils portent une herbe aromatique nommée ma’ya qui leur a valu le surnom de sion perf (parfumé en langue huitoto).

Les pratiques protestantes (10% de la population siona est protestante) ont causé des restrictions et des problèmes sociaux dans les activités communautaires et productives ainsi que récréatives ainsi que dans le domaine de la santé.

Economie

Leur économie est à présent basée sur l’agriculture de subsistance avec la chasse, la pêche, l’exploitation forestière et la fabrication artisanale.

La pêche est une activité abondante, la chasse est assez facile car il y a beaucoup d’animaux disponibles ainsi que des oiseaux.

Les cultures agricoles principales sont le manioc, le maïs et la récolte de fruits sauvages.               

Sources : ONIC, wikipedia, CONAIE

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Colombie, #Equateur, #Peuples originaires, #Siona

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article