Pérou : le peuple Aguaruna ou Awajún

Publié le 4 Mai 2018

 

image

Le peuple Aguaruna est un peuple autochtone de la selva amazonienne péruvienne apparenté au peuple Jivaro, vivant dans les départements d’Amazonas, Cajamarca, Loreto et San Martín.

Certains préfèrent le nom d'Awajún.

Population : 45.137 personnes, c’est la population indigène la plus importante en nombre après le peuple Ashaninka.

Les colonies comportent en moyenne 264 personnes

Langue : aguaruna ou awajún, de la famille jivaro, 45.000 locuteurs

Quelques mots courants dans leur langue

Père : apa, 

Mère : duku

Terre : nugka

Eau : yumi

Feu : jii

Soleil : etsa

Lune : nantu

Maison : jega

Homme : aishmag

Femme : nuwa

Enfant : uchi

 

voir jibaro

 

image

Histoire

Une première mention historique sur les sociétés jivaros font référence aux tentatives des Incas Tupac et Huyana d’étendre leur domination sur la région des sociétés Jibaras de la partie Aguaruna. Après les premiers contacts avec les Jivaros les espagnols fondent Jaén de Bracamoros en 1549 et Santa María de Nieva. L’objectif des colonisateurs est l’exploitation de gisements d’or de la région pour laquelle ils commencent à asservir la population indigènes. Une grande révolte a lieu en 1599 et les espagnols perdent le contrôle de la région pendant de nombreuses années.

Vers 1600 plusieurs tentatives sont faites pour conquérir les Jivaros, mais ce ne sont que des échecs.

En 1704 il est interdit aux jésuites de continuer leur travail missionnaire parmi ces populations.

La guerre d’indépendance au 19e siècle interrompt l’activité missionnaire dans la selva et les Jivaros sont déconnectés de la société jusqu’au milieu du siècle.

En 1865 le gouvernement péruvien établit une colonie agricole à Borja qui sera détruite par l’attaque des Aguarunas et des Huambisas. Un an plus tard le boom du caoutchouc frappe la région et les peuples indigènes mais les Jivaros seront moins atteints que les autres peuples amazoniens. Ils commencent  avoir accès aux armes à feu au début du 20e siècle. Les relations entre les Jivaros, les colonisateurs et les métis sont encore très hostiles.

En 1925 une mission protestante nazaréen est établie pour les Aguarunas.

En 1947 le SIL envoie un groupe de linguistes sur le territoire des Aguarunas.

En 1949 un ordre de jésuites établit une mission à Chiriaco, depuis le milieu du siècle la population aguaruna reçoit une éducation scolaire.

A partir de la décennie 1970 de nombreux Aguarunas travaillent pour des sociétés étrangères, dans la construction de l’oléoduc transandin.

A la fin de la décennie 1970 sont crées des organisations régionales dans  le cadre du renforcement de leur identité, pour consolider l’espace territorial, formuler un programme de développement communautaire.

Ces fédérations autochtones vont avoir un impact important en servant de référence à d’autres groupes indigènes.

La dimension politique de ces organisations dans le contexte régional permet aux Aguarunas d’accéder au Haut Marañon pour contrôler politiquement les mairies du district les importantes.

Au cours des dernières décennies des conflits frontaliers avec l’Equateur affectent les communautés.

 

image

Mode de vie

La filiation est bilatérale aussi bien du côté que du père que du côté de la mère.

Le groupe se compose de toutes les personnes ayant un lien généalogique, il est constitué de réseaux de parents du père et de la mère d’un individu.

Les communautés se forment souvent autour d’une patrilinéarité de base = un groupe de frères et un homme et ses enfants adultes.

Une distinction est faite entre les parents proches et les parents éloignés.

Le mariage entre parents proches est considéré comme possible mais la règle matrimoniale de préférence est entre parents éloignés, cousins croisés réels ou qualificatifs = enfant du frère de la mère et fille de la sœur du père.

Il y a la règle du lévirat c’est-à-dire que lorsqu’un homme décède, son frère aîné a le droit d’épouser sa veuve après un temps de deuil.

L’artisanat, la musique

La céramique Aguaruna, patrimoine culturel de la nation

 

 image

L'art de produire de la poterie - pour les Awajun ou Aguaruna - est le produit de la relation dynamique entre les connaissances des femmes et les éléments disponibles dans l'environnement, exigeant le respect des aspects rituels, le respect de certaines restrictions sur l'extraction des ressources et des connaissances basées sur des récits mythiques.

 

 

image

Le premier festival de musique Awajún a eu lieu en 2006 dans la vallée du cenepa à l’initiative de l’ODECOFROC, une organisation indigène fondée en 1995 et soutenue par des ONG nationales et internationales. Un disque Musique des Awajún et des Wampis d’Amazonie, vallée du Cenepa a été produit par Laurent Aubert comme un besoin formulé par les communautés locales afin d’accompagner la prise de conscience des indiens dans le besoin de conserver leur patrimoine immatériel ainsi que la matériel.

Les Aguarunas comme les Jivaros ont des chants sacrés, anem et des chants profanes, nampeg, des pièces musicales utilisant la flûte traversière pinkuy, la flûte droite à encoche pijug (qui ressemble à la quena andine) en os de chevreuil, un arc-en-bouche qui est un cordophone d’origine précoloniale, un tambour tuntui, un membranophone à 2 peaux de type colonial.

Territoire intégral indigène, une proposition Awajún

Ricardo Burneo Mendoza* 
 

*Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima, Perú. 

RESUME

Le peuple indigène Awajún, appartenant à la famille linguistique Jíbara, est situé dans le nord du Pérou. Pour les Awajún, le territoire n'est pas seulement un moyen de subsistance matériel et individuel ; au contraire, ils le comprennent de manière intégrale, en incorporant sa reproduction matérielle et symbolique en tant que collectif. L'objectif de l'article est d'exposer et de débattre des concepts de territoire et de les mettre en dialogue avec la conceptualisation et la proposition faite par l'Awajún : un territoire indigène intégral. Sur la base des recherches effectuées, le territoire intégral des Awajún englobera l'ensemble du territoire que les Awajún occupaient traditionnellement, unissant la continuité ethnique autochtone des Awajún, aujourd'hui séparés par des frontières fictives. C'est-à-dire qu'il reprend un passé historique, qui a varié principalement sous la pression d'agents extérieurs, qui est réévalué et réinterprété en fonction de la réalité et du contexte actuels.

Si cet article traduit en français vous intéresse merci de me contacter par messagerie du blog.

http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S2007-91762018000200033

Un article très complet et détaillé sur le mode de vie et la musique des Awajun/Aguaruna que j'ai traduit et qui complète très bien cet article : 

Les activités économiques

 

image

Elles sont liées dans les zones les plus reculées du territoire à l’agriculture sur brûlis et à la pêche.

De nos jours ils pratiquent une agriculture commerciale en vendant le riz et d’autres denrées.

Dans la région d’Altomayo le riz pousse sur les terres irriguées par des canaux.

Les techniques agricoles traditionnelles ont été abandonnées et l’appropriation individuelle des terres a vu le jour ainsi que de nouvelles organisations du travail. Les productions sont devenues celles du riz, du cacao, de la banane qui sont commercialisés en ville.

L’or est extrait depuis quelques décennies avec des techniques artisanales par des aventuriers et des explorateurs.

A partir des années 1970/1979 les Aguarunas travaillent dans les activités d’exploration et d’exploitation pétrolière, à l’entretien du gazoduc péruvien avec un accord signé avec l’état.

Plusieurs organisations Aguarunas ont signé un accord avec l’université de Washington (EU) pour une identification et commercialisation de plantes médicinales projet auquel participe le musée national d’histoire naturelle de l’université nationale de San Marcos.

Le massacre de Bagua

Le 5 juin 2009 a eu lieu le massacre de Bagua près de la ville d’El Reposo dans le département d’Amazonas, des évènements menés dans le cadre d’une expulsion de 5000 indigènes Aguarunas, Huambisas et d’autres groupes amazoniens ainsi que des habitants des villes voisines de Jaén, Bagua et Bgua grande qui bloquaient la route Fernando Belauné Terry depuis 55 jours en opposition à la livraison par le président Garcia de pans entiers de forêt amazonienne aux puissantes multinationales et aux sociétés minières pour y exploiter les ressources en pétrole, gaz et minéraux. Le massacre fait 33 morts, 10 indigènes et 23 policiers.

Comme nous l’avons vu plus haut, les Aguarunas sont organisés :

CAH , Conseil Aguaruna Huambisa

FECONADIC, Fédération des Communautés Autochtones du District de Cahuapanas

FAD, Fédération des Ccommuanutés Autochtones Aguaruna du Rio Nieva

IJUMBAU CHAPI SHIWAG, Organisation Aguaruna Ijumbau Chapi Shiwag

OMS, Organisation Aguaruna de l’Altomayo

OCCAAM, Organisation Centrale des Aguarunas, Communautés Autochtones de la Valle de Marañon

ODECOFROC, Organisation Centrale du développement de Cenepa des frontières communes

ONAPAA, Organisation Indigène Aguaruna de la Province du Haut Amazonas

ORASI, Organisation des Aguarunas de San Iignacio

ORIAM, Organisation Régionale d’Indigènes de l’Alto Mayo

Plusieurs facteurs rendent ce peuple vulnérable : l’exploitation pétrolière, les mines d’or, le processus de colonisation, les activités de conflit, le trafic de drogue à la frontière, cependant la taille de la population et son niveau d’organisation neutralisent en quelque sorte les menaces.

sources : peru ecologico, wikipedia

Au sujet des luttes territoriales des Aguarunas/Awajún, ce document en français :

Sur la marée noire dans le Chiriaco en 2016, un documentaire dont le titre est Petróleo, tsegas jatai ishamanu a été mis en ligne pour dénoncer les problèmes de santé occasionnés aux communautés touchées :

Autres articles traduits sur le peuple Awajún

Le Bikut Santiago Manuin et le leadership du peuple Awajún de Luis Chávez Rodríguez

L'esprit de la lutte dans l'histoire Awajún et Wampís de Luis Chávez Rodríguez

Croyances et coutumes liées à la grossesse, à l'accouchement et à la post-natalité dans les communautés autochtones Awajun et Wampis

Armando Medina, Julio Mayca

Objectif : Notre pays, en raison de sa richesse culturelle, présente diverses conceptions de la grossesse, de l'accouchement et de la post-natalité. Les coutumes et les processus de la grossesse, de l'accouchement et de la post-natalité des femmes Awajun (Aguaruna) ou Wampis (Huambisa), dans le contexte culturel des communautés indigènes, sont examinés dans cette étude. Matériaux et méthodes : Étude ethnographique qualitative descriptive, réalisée d'octobre 2002 à avril 2003, en appliquant 24 entretiens approfondis (avec des sages-femmes, des promoteurs de santé et des utilisateurs), dans les communautés de Puerto Galilea et Chapiza, en plus de trois groupes focaux. Ces entretiens ont été analysés en fonction de cinq aspects liés aux signes, aux dangers, aux régimes alimentaires et aux soins pendant la grossesse, l'accouchement et la post-natalité. Résultats : les villageois reconnaissent certains signes de danger pendant la grossesse, comme les saignements vaginaux et la perte de liquide amniotique. Les soins pendant la grossesse sont liés aux activités quotidiennes et à la prise de nourriture (régimes). Certains éléments rendent le travail et l'accouchement difficiles, comme le fait de se sentir gênée d'appeler l'accoucheuse. Une fois l'accouchement réalisé, il faut continuer à veiller au rétablissement de la mère et au développement adéquat du nouveau-né. Conclusions : Les conceptions et les perceptions de la grossesse, de l'accouchement et de la post-natalité dans les communautés indigènes régulent le comportement de leurs habitants et ont une incidence sur la santé maternelle et infantile. Il est nécessaire de comprendre cette culture et de former les agents de la médecine traditionnelle, en mettant en œuvre des stratégies de promotion de la santé et de soins aux femmes enceintes, en renforçant les capacités institutionnelles et en augmentant la couverture.

Mots clés : Groupes ethniques ; Accouchement normal ; Diversité culturelle ; Recherche qualitative ; Pérou (source : DeCS BIREME).

Je peux vous envoyer une version traduite par moi-même en français de ce travail si vous m'en faites la demande sur la messagerie du blog

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Aguaruna, #Awajún

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article