Chili - José Tralcal : "Si nécessaire, j'entamerai une grève de la faim jusqu'à la mort".

Publié le 19 Mai 2018

L'affaire Luchsinger-Mackay, l'une des affaires judiciaires les plus sensibles de la région d'Araucanie, n'est pas encore terminée. Au nom des huit comuneros acquittés, il y a la possibilité de prendre des mesures contre l'État, comme l'a déclaré la machi Francisca Linconao, tandis que la défense des trois condamnés projette la possibilité d'annuler le résultat défavorable devant la Cour suprême.

En tout état de cause, le jugement rendu en première instance par le Tribunal correctionnel oral de Temuco le 5 mai dernier a laissé de nombreux doutes parmi les défenseurs. C'est particulièrement vrai pour les trois personnes condamnées qui, bien que qualifiées de "terroristes" par les tribunaux, sont toujours en résidence surveillée, ce qui est étrange d'un point de vue accusatoire.

En particulier, José Tralcal Coche, leader mapuche emblématique en attente de la sentence du 11 juin, remet en cause le jugement rendu contre lui. Aujourd'hui, alors qu'il est toujours assigné à résidence dans son camp, il est préoccupé par le fait que la police n'est pas venue chez lui pour prendre sa signature, ce qui lui a suscité des soupçons pendant près d'un mois. Quoi qu'il en soit, il dit qu'il n'acceptera pas qu'on le qualifie de meurtrier et de terroriste.

Une semaine avant le verdict, que pensez-vous du résultat ?

J'ai parlé avec mon avocat pendant ces jours-ci et avec Mme Karina Riquelme, qui avait pris mon cas en premier. Je lui ai dit que quiconque, sans être avocat, se rend compte que cette phrase est très rare. S'ils croient (José) Peralino, la condamnation n'est pas tolérée, si c'est le cas, la machi devrait aussi être condamnée, c'est-à-dire les quatre d'entre nous qui ont été géoréférencés. Ça ne colle pas, c'était une surprise pour moi.

Que pensez-vous de ce procès par rapport au procès précédent dans lequel vous avez été acquittés ?

Le premier procès a montré que les juges étaient très sérieux et investis. Le juge qui a pris sa retraite, je ne sais pas ce qui lui est arrivé, a subi trop de pression de la part des riches. Celui-ci me semble être peu sérieux, d'ailleurs le président était très ironique. L'autre juge semblait maintenant très correct, mais nous nous sommes rendu compte de la conviction unanime qu'il n'était pas à la hauteur de la tâche.

Il a dit que la condamnation était pour votre rôle de leader mapuche.

J'ai été reconnu coupable d'être un leader. Je reconnais que je peux être agressif, mais sur le fond, je ne me laisse pas manipuler, je n'agis pas selon ma convenance personnelle. Depuis 1985, lorsque j'ai suivi une formation de leader, j'étais jeune et j'ai pris conscience du racisme et de l'inégalité qui existait contre les Mapuches.

Vous reconnaissez que vous êtes un leader agressif, mais un terroriste ou un meurtrier ?

J'ai toujours dit et je le garderai pour toujours, je ne prendrai pas la responsabilité. Je n'ai pas participé à la mort des Luchsinger ou à toute autre attaque de ce genre. Je ne fais pas de choses cachées, j'avance toujours droit. Je n'accepte pas l'accusation d'être accusé par la Loi antiterroriste ou par la loi commune, parce que je n'ai pas participé à leur mort. J'étais au téléphone jusqu'à 23 h le jour de l'incendie et les policiers le savent. Je ne serais pas capable de tuer quelqu'un.

Dans une interview en 2017, vous avez été très critique à l'égard de Michelle Bachelet pour l'application de la loi antiterroriste, comment évaluez-vous les actions du gouvernement actuel de Sebastián Piñera ?

(Sebastián) Piñera en tant que personne est un stratège, dans son premier gouvernement il n'a pas appliqué la Loi Anti-Terrorisme aux Mapuches et je ne l'ai jamais perçu comme un double standard, mais aujourd'hui il l'a prouvé. Le dicton dit que le choriste peut perdre son manteau mais jamais son habileté, c'est un entrepreneur, il peut perdre son manteau mais jamais son habileté.

Et comment voyez-vous la performance des politiciens dans la région ?

Je veux les situer. José García Ruminot, il m'a rencontré dans les années 80 lorsqu'il m'a invité à l'atelier de leadership. J'ai aussi rencontré le sénateur (Francisco) Huenchumilla, Fuad Chahín, Andrés Molina.... Ce dernier que je considérais comme une personne honnête, parce qu'il a aidé les communautés une fois. Ils doivent savoir si je suis un terroriste ou non. Felipe Kast, qui est maintenant sénateur, a participé à un dialogue avec moi dans le gouvernement de Piñera ; René Saffirio aussi, dont je reconnais qu'il défend les droits des enfants. Ils peuvent tous donner des informations sur le fait que je suis ou non un terroriste.

Au cours des dernières semaines, le Frente Amplio et le Parti communiste ont fortement soutenu la machi Linconao.

Je n'ai pu parler à personne du Frente Amlplio. La machi, en tant qu'autorité spirituelle, a beaucoup à dire, mais je suis ouvert pour recevoir le soutien de tous, même de ceux qui ne partagent pas notre point de vue. J'ai toujours valorisé le droit à la terre et à l'eau en premier lieu. J'aimerais qu'ils puissent venir me parler, car je n'ai aucun moyen de m'approcher d'eux.

Que pensez-vous de la possibilité d'être condamné à la prison à vie ?

Je vois qu'avec ce gouvernement et le gouvernement précédent, la sentence peut être exécutée, il y a beaucoup de pression, mais ce serait très regrettable. Mais je n'accepterai pas la prison, je ne m'en tirerai pas parce qu'ils persécuteront tout le monde, mes enfants. Mais j'insiste sur le fait que je n'accepterai pas la sentence, si nécessaire je commencerai une grève de la faim jusqu'à ma mort. Je n'ai pas peur de la mort, je suis une personne libérale et je crois que la mort fait partie de la liberté, libre dans le domaine spirituel.

info de radio.uchile.cl

traduction carolita d'un article paru sur le site Territorio inkieta le 12 mai 2018 : 

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article