L'origine du maïs
Publié le 3 Mai 2018
Au Pérou, nous avons de nouveau rencontré Numitor Hidalgo, qui nous a laissé cette histoire racontée par les enseignants des hautes communautés andines du Cusco.
Les anciens habitants des Andes se nourrissaient de nombreux légumes, légumineuses, céréales et viandes d'animaux domestiques fournis par la Terre Mère. Les ancêtres vivaient dans un monde d'harmonie grâce au fait qu'ils étaient très organisés pour travailler dans la chacra* et tout ce qu'ils faisaient avec la permission et le consentement de la Terre Mère, en respectant les calendriers agricoles naturels fournis par le Père Soleil et la Mère Lune, ceux qui coordonnent les saisons des pluies, les saisons estivales et la programmation des dates mémorables et festives pendant l'année.
Cependant, il y a eu un temps de sécheresse et de rareté des pluies, surtout pour les gens des hautes punas* où le froid les punissait durement et ils n'avaient pas assez de nourriture pour survivre ; ces peuples sont devenus des guerriers et ont commencé à envahir les vallées Quechua en leur demandant de leur fournir des céréales pour leur nourriture ou de les laisser occuper leurs terres.
Les Quechuas voulaient parvenir à des accords de paix parce que la vie était rendue plus difficile par les combats entre frères, mais l'Inka a ordonné que tous les jeunes hommes les plus forts des ayllus*, sous le commandement de leurs curacas*, s'organisent pour rejoindre l'armée et faire face aux envahisseurs qui ont envahi les meilleures terres agricoles, dans une guerre sans précédent.
Les jeunes de tous les ayllus ont assisté à la convocation de l'Inka, mais dans le plus noble des ayllus il y avait un jeune couple amoureux qui avait récemment juré l'amour éternel pour former leur maison et avoir des enfants, à qui l'Inka et le curaca avaient récemment accordés des terres pour leur permettre de construire leur maison et de cultiver la terre.
"Chère épouse, ma bien-aimée, dit le jeune homme à sa femme, j'ai la responsabilité d'aller me battre pour nos ayllus et défendre nos terres ; tous les jeunes s'en vont et moi aussi je dois aller affronter l'ennemi et je veux que tu m' attendes à la maison, je reviendrai avec la victoire, pour la paix de nos ayllus."
Elle acquiesce avec résignation et exprime en larmes son désir de l'accompagner dans le voyage violent. "Mon époux, je dois t'accompagner, nous chanterons les cashuas* pour que nos apus* ne permettent pas que les rivières deviennent rouges avec le sang de nos frères ; je veux être près de toi pour te soigner si on blesse ton corps."
"Tu ne peux pas venir avec moi, je veux que tu restes à la maison, je mourais s'il t'arrivais quelque chose dans la guerre, la cashua* fera les chayñasm, tu restes dans notre ayllu* en gardant notre bétail, je reviendrai triomphant de la guerre", répondit le jeune guerrier, qui est parti emportant dans sa sacoche quelques pierres protectrices consacrées par sa bien-aimée.
La jeune femme était mal à l'aise au milieu de la peur que son mari périsse dans la guerre et qu'elle reste seule sans son éternel bien-aimé. Cette même nuit, incapable de dormir, elle se rendit à la cuisine où la chaleur du poêle à bois était encore ressentie, s'assit près du poêle sur la cuisinière, puis prit un beau couteau et sans réfléchir à deux fois, elle a coupé les deux tresses de ses beaux cheveux pour joindre ses longs cheveux noirs avec les fils fins d'alpaga et a commencé à tisser un joli unku* pour son bien-aimé, de sorte que ses cheveux mélangés avec la fibre douce d'alpaga resteraient sur sa poitrine pour protéger le cœur du guerrier.
Elle a travaillé deux jours sans repos, laissant à peine le tissu pour prendre sa nourriture et dormir un peu emportée par la fatigue. Une fois l'unku* terminé, elle l'enveloppa dans sa lliclla* et prépara sa sacoche, partit pour le champ de bataille en transportant des herbes médicinales, un manteau et surtout sa volonté de fer pour aider son bien-aimé dans la guerre.
Quand elle est arrivée sur le champ de bataille, elle a rencontré les Chayñas* qui chantaient des chants de guerre et de miséricorde derrière un rocher pour que les projectiles tirés par les lance-pierre ne les atteignent pas ; à un moment donné, elle s'est jointe à eux en chantant les cashuas* alors qu'elle espionnait où se trouvait son mari.
Soudain, elle a réussi à s'éloigner des Chayñas* et a pu voir son mari au milieu d'un combat à mains nues, avec le makana* en main, il renversait un groupe de cinq attaquants qui le traquaient, tandis qu'à quelques mètres de là, un tireur d'élite pointait une flèche terrible sur son guerrier bien-aimé avec son arc ; quand elle a réalisé cela, elle a couru désespérément pour avertir son mari, quand elle s'en rendit compte, mais quand elle arriva à ses côtés pour l'avertir, l'archer avait déjà tiré la flèche fatale qui s'était encastrée dans la poitrine de la femme amoureuse qui tomba mortellement, s'évanouissant ensanglantée sur le sol.
Le guerrier quittant son combat embrassa sa bien-aimée qui tenait l'unku* tissé avec ses cheveux dans ses mains et dès qu'elle put dire combien elle l'aimait, elle mourut peu à peu dans ses bras. Le jeune homme désespéré a poussé un cri déchirant qui a jailli des profondeurs de son être, si fort et si plaintif que les combattants ont cessé de se battre et le cri a continué à résonner à travers les collines pendant que les chayñas* chantaient la cashua* de la mort ;le guerrier pleurait et il était inconsolable, tout le monde voulait l'aider, mais il ne permettait à personne de s'approcher de sa peinture de douleur, sur le cadavre sans défense de sa femme, ses larmes tombaient à côté de la flèche encastrée dans sa poitrine.
La guerre est devenue paralysée mais le guerrier n'a pas cessé de pleurer sur le corps de sa bien-aimée, les guerriers ont décidé de partir, c'était la femme, fille préférée de la Mère Terre, la seule victime féminine qui est morte comme si c'était la Pachamama même attaquée par la guerre injuste.
Finalement, le camp a été vidé de son sang, les morts ont été ramassés par les ayllus*, mais le jeune homme ne voulait pas quitter sa bien-aimée ou que quelqu'un la touche avec la flèche sur sa poitrine, il pleurait toute la journée et toute la nuit. Dans le ciel, les étoiles scintillaient de tristesse et le Chukichinchay* demanda à la Mère Lune de parler au Soleil pour qu'elle puisse avoir pitié de ses enfants.
À l'aube, le père Soleil avait mis un plan en place. Pendant la nuit, la Pachamama avait déjà couvert tout le corps de la ñusta*, seule la flèche restait debout jusqu'au Soleil, tandis que le guerrier ne s'arrêtait pas de pleurer et ses larmes formaient une flaque d'eau à côté de sa bien-aimée.
Le soleil est apparu parmi les collines avec sa lumière brillante ; quand soudain la flèche est devenue verte et devant les yeux du guerrier elle a commencé à grandir et à grandir, mais il n'a pas cessé de pleurer,.Soudain de la flèche de longues feuilles ont commencé à apparaître comme des bras qui, avec le vent, ont brossé le corps et le visage du guerrier. Il ne pouvait pas le croire, se frotta les yeux, commença à caresser la flèche au lieu de la haïr, et les longues feuilles continuèrent à le caresser, il se tint debout sur la plante et soudain un fruit commença à apparaître entre la tige et les feuilles.
Le soleil était déjà au zénith et le fruit s'épaississait de plus en plus, l'homme caressait le fruit et pendant ce temps les cheveux de sa bien-aimée apparaissaient sur le dessus mais avec les couleurs du soleil volant magnifiquement avec le vent..... il ne pouvait pas le croire, il creusait le sol et sa bien-aimée n'était plus sous la terre, il levait les yeux et le fruit ouvrait ses feuilles comme des éventails et le sourire de sa bien-aimée apparaissait avec ses dents blanches en disant :
- Ne souffre pas pour moi mon mari bien-aimé, maintenant je suis éternelle, le Père Soleil m'a donné la vie pour être avec toi pour toujours et de fournir tant de nourriture pour que les frères ne se battent jamais plus et que la paix soit dans nos vallées........ Le guerrier s'est effondré d'émotion, mais quand il s'est réveillé, il était devenu un bel oiseau qui ne serait jamais séparé de sa bien-aimée. Puis le Soleil a appelé l'Inka et lui a ordonné de cultiver la nouvelle plante qui était née de l'amour et qui servirait désormais de nourriture pour le monde entier, qui n'aurait plus jamais à se battre.
"Que les hommes se nourrissent d'amour," dit le Père Soleil, "la plante portera le nom de la ñusta:'Sara" et le guerrier vivra avec elle pour toujours et aura le nom' de "Sarapoqochi" comme tâche pour faire mûrir Sara et nettoyer ses épis. Ils pourront aussi se nourrir du fruit de Sara, qui a le goût sucré des larmes du guerrier pour qu'ils n'oublient jamais l'événement et ne se battent plus entre frères."
Et c'est ainsi que le maïs est né chez les hommes.
Par Numitor Hidalgo
Date : 15/4/2018
Remerciements
A Amalia Noemí Vargas pour avoir rapproché ce texte de Numitor de nous.
Glossaire :
*Cashuas : danses ancestrales andines
*Chayñas : femmes qui chantent les chants andins originaux.
*Lliclla : Un mantelet coloré différent de la jupe, avec laquelle les femmes indigènes des Andes couvrent leurs épaules et leur dos.
*Chukichinchay : Constellation
Glossaire supplémentaire de carolita :
* Apu : esprit gardien des montagnes
* Ayllus (mot quechua et aymara) communauté composée de familles dont les membres ont une origine commune et travaillent de façon collective sur une terre commune.
* Chacra: mot quechua pour désigner une ferme entourée de champs cultivés
* Curaca : chef politique de l'ayllu
* Makana : lance inca avec une tête étoilée
* ñusta : princesse ou reine de l'empire inca
* Puna : zone d'altitude, hauts plateaux andins
traduction carolita d'un article paru sur el orejiverde le 15/04/2018 :
En Perú nos encontramos otra vez con Numitor Hidalgo, quien nos dejó esta historia que cuentan los maestros de las comunidades altoandinas del Cusco Los antiguos pobladores de los Andes se ...
http://www.elorejiverde.com/buen-vivir/4081-el-origen-del-maiz
Que serait le Mexique sans le maïs ? - coco Magnanville
Que serait le Mexique sans le maïs ? Commençons tout d'abord par un peu de botanique Nom latin : ZEA MAYS L. Nom original : ma-hiz devenu plus tard maize ( amérindiens) Nom espagnol : maiz ( don...
http://cocomagnanville.over-blog.com/article-coc-71188725.html
Andes : Les quechuas - coco Magnanville
LES QUECHUAS image Localisation des quechuas (kichwa) en Equateur image Les peuples kichwa en Equateur : 13 peuples + un en reconnaissance Région andine: - kichwa karambi - kichwa natabuela - kichwa
http://cocomagnanville.over-blog.com/article-andes-les-quechuas-117357933.html