Brésil/Pérou : Le peuple Huni Kuin ou Kaxinawá
Publié le 8 Avril 2018
Peuple autochtone du Brésil et du Pérou connu également sous le nom de Huni Kuin, vivant le long des rivières Purus et Curanja au Pérou et le long des rivières Taraucá, Jordão, Breu, Muru, Envira, Hunaitã et Purus au Brésil.
Ce territoire est situé à la frontière brésilo-péruvienne, en Amazonie occidentale.
Population :
Brésil 10.818 personnes
Terres indigènes
- TI Alto Rio Purus – 263.129 hectares, 1871 personnes. Réserve homologiée. Villes : Mmanoel Urbano, Santa Rosa do Purus. 3 peuples y vivent : Huni Kuin (langue pano), Kulina (langue arawá), Yaminawá (langue pano).
- T.I Igarapé do Caucho – 12.318 hectares, 386 personnes, réserve homologuée. Villes : Feijó, Tarauacá.
- T.I Katukina/Kaxinawa – 23.474 hectares, 1255 personnes, réserve homologuée. Ville : Feijó. 2 peuples y vivent : Huni Kuin (langue pano), Shanenawa (langue pano).
- T.I Kaxinawa da Colônia Vinte e sete – 105 hectares, 114 personnes, réserve homologuée. Ville : Tarauacá.
- T.I Kaxinawa/Ashaninka do rio Breu – 31.277 hectares, 503 personnes, réserve homologuée. Villes : Jordão, Marechal Thaumaturgo. 3 peuples y vivent : Ashaninka (langue arawak), Huni Kuin (langue pano) et isolés de l’igarapé Papavo.
- T.I Kaxinawa do rio Humaitá – 127.983 hectares, 331 personnes, réserve homologuée. Ville : Feijó. 4 peuples y vivent : Ashaninka (langue arawak), Huni Kuin (langue pano), Kulina (langue arawá) et isolés de l’Alto Rio Humaitá.
- T.I Kaxinawa do rio Jordão – 87.293 hectares, 1470 personnes, réserve homologuée. Villes : Jordão, Marechal Thaumaturgo.
- T.I Kaxinawa do Seringal Curralinho – 89 personnes, en cours d’identification. Ville : Feijó.
- T.I Kaxinawa Nova Olinda – 27.533 hectares, 406 personnes, réserve homologuée. Ville : Feijó.
- T.I Kaxinawa Praia do Carapanã – 60.698 hectares, 571 personnes, réserve homologuée. Ville : Tarauacá.
- T.I Kaxinawa Seringal Independência – 14.750 hectares, 209 personnes, domaine indigène. Ville : Jordão.
Pérou : 249 personnes
Autodésignation : huni kuin = les vrais hommes
Langue : kaxinawá, langue panoanne. Ils appellent leur langue hantxa kuin = mots réels
1200 locuteurs
Dans la forêt amazonienne ils vivent aussi dans un territoire autochtone Alto Purus avec le peuple Kulina.
Des premières mentions des Hhuni Kuin sont faites à l’arrivée des cueilleurs de caoutchouc qui rencontrent un groupe dans la région du Juruá.
La rive droite des rivières Muru, Hunaitá, Iboiçu (des affluents de l’Envira qui est elle-même un affluent du Juruá) étaient occupées par les Huni Kuin et la rive gauche par les Kulina.
Dès le 18e siècle les colonisateurs organisent des expéditions et des raids à la recherche d’esclaves dans la région. Les Huni Kuin ont des contacts sporadiques avec les blancs aux tout débuts mais à partir de 1890 une vague d’invasions de caucheiros péruviens commence et dure une vingtaine d’années. L’extraction du caoutchouc est procédé en « saignant » l’arbre et implique que les brésiliens restent plus longtemps dans la région.
C’est une période de contacts violents, les groupes indigènes locaux sont attaqués par les explorateurs qui leur transmettent en plus des maladies infectieuses de contact inconnues de leur système immunitaire.
En 1913, la région du Juruá compte 40.000 migrants venant pour la plupart de l’état de Ceará.
La violence est organisée, les mateiros ne nettoient pas seulement les sentiers du caoutchouc, ils nettoient la zone des indiens « sauvages ».
Certains Huni Kuin répondent en attaquant les intrus mais certains groupes dont les Huni Kuin d’Iboiçu acceptent de travailler pour un patron en échange de biens manufacturés.
Jusqu’en 1946 les Huni Kuin péruviens sont retirés au plus profond de la forêt loin des rivières naviguées par les commerçants, préfèrent l’isolement à la dépendance. Ils obtiennent néanmoins quelques objets manufacturés par les Yaminahuas mais dans les années 1940 ils décident qu’ils en ont vraiment besoin et envoient une équipe de 6 hommes sur la rivière Taraya pour négocier directement. Ils décident peu à peu d’entrer en contact avec la civilisation. Cette décision aura de lourdes conséquences sur les Huni Kuin. Le contact ne peut être évité à long terme.
Il existe pour autant dans la région de l’Amazonie péruvienne des groupes ethniques de langue pano ou arawak qui évitent encore le contact avec la société.
Suite à la visite de voyageurs allemands en 1951, il y avait 8 villages Huni Kuin avec une population entre 450 à 500 personnes. Après cette visite 75 à 80% de la population adulte est décédée suite à une épidémie de rougeole.
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documentaire
Brésil/Pérou - Peuple Huni Kuin - Histoire du contact - coco Magnanville
image Les premiers récits de voyageurs dans la région du Haut Juruá qui mentionnent les Kaxinawá considèrent le rio Muru, le rio Humaitá et surtout le rio Iboiçu, trois affluents de l'Envira...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/07/bresil/perou-peuple-huni-kuin-histoire-du-contact.html
Mode de vie
village dans l'état d'Acre Par Agência de Notícias do Acre — Agência de Notícias do Acre, CC BY 2.5 br, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10568101
Le travail des femmes
L’organisation sexuée des taches est fondamentale pour leur société et elle marque la vie quotidienne.
La société est divisée en moitiés rituelles et matrimoniales, les enfants sont très tôt socialisés dès qu’ils marchent sans aide, ils apprennent les taches les plus faciles de leur genre. Le nourrisson reçoit un nom après la naissance mais le moment de l’enfance est une étape nécessaire pour lier lentement son nom à son corps.
La cuisine est très diversifiée.
Les femmes fabriquent une bouillie à partir de pulpe de banane mûre et sucrée, mani mutsa ainsi qu’avec du manioc. Elles utilisent aussi des plantes de la forêt dont elles broient les feuilles, comme nawantiou ou xiwan au goût de chicorée, en y ajoutant des arachides grillées et moulues.
Les bananes vertes cuites avec du maïs entrent dans la composition du caiçuma. Le maïs est grillé et moulu.
La viande est bouillie ou grillée, dans la cuisson elles ajoutent des herbes, du poivre, du roucou (naxe).
Le poisson est rôti (gros poisson) ou bouilli ou encore haché dans une feuille de bananier avec des champignons.
La cuisine est longue et difficile, elle demande des heures de travail par jour.
Les filles de 8 à 12 ans participent aux taches culinaires mineures comme l’épluchage du manioc, l’entretient du feu, elles vont aussi chercher de l’eau dans le puits.
Les bébés sont confiés aux sœurs les plus jeunes.
Tous les 2 à 3 jours les femmes partent en groupe pour collecter des bananes et du manioc.
La plantation dans les parcelles est faite par les hommes mais ce sont les femmes qui plantent et qui récoltent.
Par contre les arachides sont plantées par les hommes et récoltées par les deux.
Le coton, le roucou et les haricots sont plantés par les femmes.
Les femmes cultivent et fabriquent le coton, une tache au long processus, la récolte, le séchage au soleil, l’ouverture, le battage, le filage, la teinture et le tissage. Le travail est souvent collectif ou bien il se fait dans le foyer.
Le coton d’une maison est filé en une seule journée.
Les femmes fabriquent aussi des paniers, txuxan, des ventilateurs, paiati, des nattes pixin.
Les paniers les plus profonds , kakan, sont fabriqués par les hommes, ils servent à transporter le bois de chauffage et les paniers kuki servent à transporter les bananes et le manioc.
Les paniers de transport sont munis d’une sangle qui se pose sur le front, ils sont fabriqués par les hommes et servent aux femmes.
Le travail des hommes
Très jeunes, les hommes s’occupent principalement de la chasse et jusque dans les années 1960 celle-ci se pratiquait avec un arc et des flèches. Puis ils font l’acquisition de fusils de chasse néanmoins, sur le côté pend toujours un arc et des flèches.
Les garçons sont initiés très jeunes au maniement de l’arc avec de petits arcs à leur taille.
Vers l’âge de 8/9 ans ils accompagnent leur père à la chasse et une fois qu’ils ont été initié lors du rite de puberté (bedunan) ils peuvent s’aventurer seuls ou avec un frère dans le forêt. Une période de jeûne est effectuée par les jeunes avant et pendant la chasse.
La pêche
Il y a plusieurs techniques de pêche qui utilisent des poisons dans le cadre de la pêche à la nivrée ou au timbo.
Les femmes utilisent des feuilles de puikama dont elles font des sortes de boules pressées et conservées qui servent au moment de la pêche à pétrir et en sortir en jus dans des criques qui vont « soûler » les poissons, qui vont bondir hors de l’eau. Ensuite les enfants, les anciens et les femmes vont dans l’eau et tapent sur l’eau et attrapent les poissons avec les mains. Ce qui demande de l’agilité.
Les hommes pêchent dans des lacs plus grands en utilisant la racine de sika, un poison très toxique. Dans les lacs se trouvent aussi des alligators (kape), des anacondas (dunuan), des piranhas (faire), yuxim de kudu un monstre des eaux et kuxuka.
La collecte
La collecte de fruits et de plantes sauvages est faite par les femmes, les hommes et les enfants. Les hommes et les enfants sont ceux qui grimpent aux arbres pour aller cueillir certains fruits.
Les Huini Kui récoltent de l’açai (pana/ euterpe oleracea), du patois (isa), des sapotes (itxibin/ pouteria sapota), le jaci (kouti), l’aricuri (xebum), le bacaba (pedi usan/ oenocarpus bacaba) et le cœur de palmier.
açai Par derivative work: Agnieszka Kwiecień (Nova)[5] from Flickr by Constantino Lagoa, CC BY-SA.[6]: from Flickr by Eli Duke (eliduke), CC BY-SA 2.0.[7]: from Flickr by scott.zona, CC BY 2.0.[8]: from Flickr by Forest & Kim, CC BY 2.0. — Travail personnel[1][2][3][4], CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26402729
sapote CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=167189
bacaba/ oenocarpus bacaba
Ils récoltent aussi des champignons, du cacao dont ils utilisent la pulpe blanche et dont ils sont friands.
genipapo
Le genipapo (genipa americana) est récolté par les hommes et utilisé par les femmes pour les peintures corporelles.
Le caoutchouc est une petite source de revenus pour les Kaxinawá du Purus (pour acheter des munitions ou du sel)
Art
Kene kuin marque l’identité huni kuin en utilisant la peinture corporelle ce qui permet de bien détacher leur culture à celle des autres peuples de la région. Les femmes peignent les visages avec du genipapo lors des fêtes ou lors des visites. Les plus jeunes enfants sont noircis de la tête aux pieds, les enfants reçoivent des lignes sur une partie de leur visage alors que les adultes ont le visage entier peint.
Rituels et fêtes
De décembre à janvier : nixpupim le rite d’initiation des filles et des garçons
Txidin, le temps du maïs vert, est un rite funéraire pour la mort de personnes importantes (chef ou chaman)
Katxanawá est le rituel de fertilité qui a lieu plusieurs fois par an
Le katxa est le symbole de l’utérus et fait référence au tronc creux où les premiers Huni Kuin ont été créés. Cet ornement féminin est complété par des tubes de macaxeira (manioc doux/manihot esculenta) et de banane, les symboles masculins.
Sources : ISA, wikipedia
sous titré en français
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