Appel des peuples originaires lors du VIIIe Sommet des Amériques
Publié le 16 Avril 2018
Publication d'une déclaration enflammée qui revendique leurs droits historiques en exigeant le respect et la justice de la part des États. Voici le texte complet
Déclaration du Forum des peuples Indigènes au VIIIe Sommet des Amériques. Pour la défense du territoire et l'autodétermination des peuples ou nations indigènes.
Nous, en tant que représentants des peuples, nations et nationalités indigènes d'AbyaYala, dans le cadre de l'exercice du droit à l'autodétermination et de la défense de la Terre Mère, nous présentons notre position par rapport au VIIIe Sommet des chefs d'État et de gouvernement des Amériques qui se tiendra à Lima du 13 au 14 avril 2018.
Considérant :
Que notre continent possède la plus grande diversité culturelle de la planète, avec 826 peuples indigènes, préexistants aux États et qui ont été les gardiens de la Terre Mère face à un modèle de développement prédateur et aux menaces et impacts du changement climatique.
Que depuis l'invasion européenne, nous avons été systématiquement discriminés et qu'un modèle économique extractiviste a été imposé par la doctrine de la découverte, visant à l'accumulation par la dépossession, la violation des droits et la destruction de la Terre Mère.
Que toutes les doctrines, politiques et pratiques fondées sur la supériorité de certains peuples ou individus ou préconisées sur la base de l'origine nationale, de la race, du sexe, de la religion, des différences ethniques ou culturelles ont conduit au génocide, à l'esclavage et au pillage de nos biens naturels et culturels.
Que les États républicains sont nés en excluant les peuples originaires et ont systématiquement exercé une politique d'assimilation culturelle, avec des pratiques racistes, génocidaires, patriarcales et monoculturelles de colonisation de nos esprits. Les républiques actuelles signifient donc la poursuite des injustices imposées par le système juridique aux peuples indigènes d'AbyaYala.
Que les femmes indigènes jouent un rôle décisif dans la conservation et la transmission de nos identités culturelles, des pratiques et connaissances ancestrales, la conservation de la biodiversité, la défense du territoire et la sécurité alimentaire. Toutefois, les États républicains persistent à rendre leurs contributions invisibles et, dans la pratique, les privent de leur participation à la prise de décisions.
Que les États continuent à criminaliser la protestation contre les défenseurs de nos droits collectifs, par le meurtre, la disparition physique et la persécution des dirigeants des peuples indigènes, pour la défense de leurs terres, territoires et biens naturels, visant à l'imposition de méga-projets d'extraction tels que : l'exploitation minière, l'hydroélectricité, les hydrocarbures, la sylviculture, la monoculture et les infrastructures au nom du développement, qui sont réalisés sans consultation ou consentement libre, préalable et informé.
Que malgré les progrès dans la reconnaissance internationale de nos droits, comme la Convention 169 de l'OIT de 1989, la Déclaration de Vienne de 2003, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes de 2007, et surtout l'accord des États pour faire de la Déclaration américaine sur les droits des peuples indigènes un traité international contraignant.
Nous exprimons notre solidarité avec nos frères et sœurs Mapuche, Awajun, Achuar, Kichwa et les peuples indigènes et originaires du Venezuela qui sont touchés par la crise humanitaire, principalement pour des raisons de santé et d'alimentation.
Nous rejetons tous les actes de violence et de persécution dont souffrent nos peuples d'Amérique latine.
Nous exigeons la levée de l'état d'urgence à Apurimac et Cusco et dans d'autres territoires indigènes où il y a occupation policière et militaire.
Considérant que les sept sommets des Amériques n'ont pas mis en œuvre des actions concrètes pour le plein exercice des droits collectifs des peuples indigènes dans les États membres.
NOUS EXIGEONS ce qui suit des chefs d'État et de gouvernement des Amériques :
1. Que les États américains allouent des budgets et des ressources pour développer et mettre en œuvre le Bien Vivre dans les politiques sociales, culturelles et économiques des peuples indigènes, en tant que principe directeur du droit collectif humain.
2. Que les États respectent la garantie des droits territoriaux par la reconnaissance, la délivrance de titres de propriété collective, la démarcation, le géoréférencement, l'assainissement et la protection de nos terres, territoires et ressources.
3. Que les États cessent leurs politiques réglementaires qui permettent l'accès aux terres et territoires des peuples indigènes afin de bénéficier des projets d'investissements extractifs des sociétés multinationales qui violent les droits humains des peuples indigènes et punissent la corruption qui facilite le trafic et la dépossession de notre territoire.
4. Que les États mettent en œuvre, conformément au droit international, les processus d'exercice du droit à la consultation et au consentement libre, préalable et informé avant l'adoption et la mise en œuvre de tout projet, programme ou politique ayant une incidence sur les droits collectifs, et que ces processus soient supervisés par nos organisations représentatives.
5. Que les États garantissent l'exercice de notre droit de décider de notre propre mode de vie sur la base de nos connaissances et pratiques traditionnelles, en sauvant le troc des produits, la réciprocité et le savoir ; en respectant nos plans de vie en commun, y compris nos systèmes d'adaptation au changement climatique, la formation financière, la transformation de nos matières premières et la promotion de l'agriculture biologique et écologique.
6. Que les États encouragent la participation effective des femmes indigènes aux décisions concernant les terres et les biens naturels, ainsi que le renforcement de l'identité et une approche intergénérationnelle efficace, avec la formation de nos enfants dans la fierté de notre identité.
7. Les États devraient promouvoir des normes pour garantir la souveraineté alimentaire, y compris l'interdiction des brevets sur nos semences et nos produits indigènes, la priorité de la consommation intérieure sur l'exportation et l'interdiction de l'utilisation d'organismes transgéniques.
8. Que les États garantissent l'exercice du droit de manifester, en mettant fin à la persécution de nos dirigeants, en abrogeant toutes les règles de criminalisation, en archivant les procédures judiciaires et en prévoyant la libération de nos détenus et détenues.
9. Que les États renforcent le cadre institutionnel indigène d'état avec la participation effective de nos organisations représentatives et qu'il serve de base et de soutien à la défense des droits des peuples indigènes d'Amérique latine.
10. Les États devraient mettre en œuvre des politiques publiques en matière de santé et d'éducation interculturelle, en y incorporant les connaissances ancestrales dans le cadre du processus de décolonisation et d'amélioration des conditions de vie.
11. Que les États promeuvent des normes pour éliminer la discrimination et le racisme institutionnel dans la structure des gouvernements des États américains, en plus d'inclure dans le système éducatif notre connaissance de l'histoire, de la science, des arts, de la philosophie et de l'identité.
12. Les États devraient promouvoir la formation des juges et des procureurs pour qu'ils comprennent le droit coutumier des peuples indigènes et respectent le champ d'application territorial de la justice indigène.
13. Les États devraient veiller à ce que les juges et les procureurs respectent un pluralisme juridique égal, c'est-à-dire que la justice indigène est la même que la justice ordinaire.
14. Les États devraient promouvoir les droits des indigènes en matière de communication, les réseaux communautaires et l'utilisation et l'accès aux technologies de communication dans nos propres langues.
Pour renforcer la paix de tous les peuples indigènes de notre AbyaYala, il est nécessaire d'abroger les lois qui prônent le racisme, la dépossession de nos territoires, la discrimination et la violation des droits collectifs de tous les peuples indigènes et de reconnaître et de respecter les divers traités et conventions internationaux qui reconnaissent le caractère obligatoire des droits des peuples indigènes.
Fait dans la ville de Lima le 10 avril 2018.
Pour le Forum des Peuples Indigènes
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site El orejiverde, avec lien vers le site de la Confédération Nationale Agraire (texte d'origine) http://www.cna.org.pe/pueblos-indigenas-presentaron-declaracion-demandas-la-proteccion-territorios-ante-la-cumbre-las-americas/
Llamado de los pueblos originarios en la VIII Cumbre de las Américas
Dieron a conocer una encendida declaración reivindicando sus históricos derechos exigiendo a los Estados respeto y justicia. Aquí el texto completo Declaración del Foro de los Pueblos Indígena...