Ucuañuca/Pérou: la voix des Taushiro

Publié le 15 Mars 2018

Ce documentaire montre, à travers le dernier membre de ce peuple qui parle la langue maternelle, la perte de la langue non seulement pour les indigènes mais aussi pour l'humanité.

J'ai eu le privilège d'être invité au lancement du documentaire "Ucuañuca: la voix des Taushiro" au Ministère de la Culture du Pérou. Ce film présente une réalité douloureuse, dépeinte à travers la vie d'Amadeo García, le dernier membre du peuple Taushiro à parler sa langue maternelle.

Le documentaire, qui montre la perte linguistique non seulement pour les peuples indigènes mais aussi pour l'humanité, a été réalisé par le jeune réalisateur Adrián Hartill Montalvo et la musique originale a été composée avec des chants taushiros de l'artiste du peuple Shipibo Milke Sinuori.

Les deux créateurs sont membres de la société de production Minkaprod Communication Audiovisuelle pour le Bien Vivre. L'œuvre a été filmée dans le cadre de la stratégie d'attention aux langues indigènes en situation critique promue par le Ministère péruvien de la culture par l'intermédiaire de la Direction des Langues Indigènes.

Hartill a réussi à capturer dans la vie quotidienne d'Amadeo la situation de danger dans lequel se trouve le Taushiro, mais aussi sept langues indigènes sur un total de 48 que possède le Pérou. Cette réalité est semblable à celle d'autres peuples indigènes du continent, dans le cas du Guatemala, par exemple, les Xinca ou les Itza sont confrontés à une situation similaire, à la différence que l'État guatémaltèque se soucie peu des 24 langues indigènes encore parlées.

Le documentaire, bien qu'il n'entre pas dans les détails, réussit à montrer -dans la voix d'Amadeo et de certains de ses proches- que la situation dans laquelle se trouve la langue taushiro, est une conséquence d'interventions multiples et de pressions extérieures, qui vont de la contrainte de les forcer à cesser d'être des peuples indigènes volontairement isolés à la grave exploitation du caoutchouc à laquelle les producteurs les ont soumis, à l'intervention idéologique de l'Institut Linguistique de Verano qui a fini par modifier leur vie en les séparant de leurs enfants, qui ont été enlevés et transférés à Porto Rico en le laissant seul, jusqu'au racisme de l'État péruvien qui, avec ses politiques a contribué à placer la langue taushiro dans une situation critique. Ironiquement, aujourd'hui, c'est le même État qui a lancé une stratégie pour la récupérer.

traduction carolita d'un article paru dans Elorejiverde le 10 mars 2018 : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Taushiro, #Les langues

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