Poésie amérindienne : Sherwin Bitsui

Publié le 18 Mai 2018

Public Domain, https://en.wikipedia.org/w/index.php?curid=11728036

 

 

Sherwin est né en 1974 à Fort Defiance en Arizona dans la nation Navajo diné de Baa'oogeedi (ou White Cone Arizona), il est fils du clan de l'eau amère (Todich'iinii) né pour le clan des chèvres.

Il est titulaire d'un AFA du programme d'écriture créative de l'Institute of American Inidnas Arts

Ses poèmes ont été diffusés dans American poet, The Iowa review, Frank (Paris), Ltd Magazine

Dans les anthologies Légitimes dangers : Poètes américains du nouveau siècle et Sing : Poésie des Amériques autochtones

Son livre Floodsibg a remporté l'Americain book award et le PEN open book award

Ses poèmes sont imprégnés de la culture, de la mythologie, de l'histoire amérindienne, ils révèlent les tensions à l'intersection de la culture urbaine amérindienne et contemporaine

Ce sont des poèmes imagistes, surréalistes, riches en détail du paysage du sud-ouest

Atlas

Cette nuit j’ai dessiné l’aile d’un corbeau dans un cercle
ai compté une demi-seconde
avant qu’elle ne grandisse et devienne main.
J’enveloppe sa prise usée au-dessus de nos pieds
alors que nous jetons les aiguilles de pin dans un pot de terre.
Il chante une élégie pour menottes,
murmure ses moments de silence
au plus fort de la circulation à l’heure de pointe,
il parle le dialecte d’un chariot élévateur
qui monte comme la fumée de cèdre au-dessus des mesas
viabilisées jusqu’au pâté de maison suivant.
Deux faisceaux de phares s’évasent depuis le bleu crépuscule
—les yeux des corbeaux scrutent
Coyote qui se mord la queue sur la fourchette levée,
dont la forme rappelle une autre réserve—
un autre chèque annulé.
Un doigt pointé sur lui,
celui-là— plongeur,
il est mort comme ça
les gyrophares clignotent malgré les faux-plis des rubans de sa chemise.
Une lumière bourdonnant fort claqua au-dessus de l’évier dans la cuisine.
Je n’avais pas remarqué la pique dans la mise en garde :
Coyote éparpillait les phares plutôt que les étoiles ;
les aboiements des chiens que la pensée de la lune fait taire ;
les constellations cliquetaient depuis l’atmosphère de la frissonnante gourde..
Combien d’Indiens ont avancé leurs pas sur les voies ferrées
à l’écoute du martèlement des sabots des chevaux
dans une courbe au-dessus de la rivière
qui se ruait sur eux telle un noeud de veines
griffonnées comme des mots sur un lit défait ?
Dans une grotte sur le derrière d’un mensonge
les soldats regardent la naissance d’un nouvel atlas,
encore un mile, disent-ils,
encore un mile.

Sherwin Bitzui

http://latoiledelun.fr/spip.php?article366

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