Petits métiers du temps passé : Les muletiers du Vivarais
Publié le 25 Mars 2018
...être chargé comme un mulet.....
Le mulet a sa fête dans le calendrier républicain de Fabre d'Eglantine : c'est le 5e jour de Messidor et aujourd'hui, ici, c'est aussi sa fête, avec à l'honneur une région qui coule un peu dans mes veines.
Les chemins muletiers du Vivarais et du Velay
Avant le 19e siècle, les mulets conduits par les muletiers transportaient des marchandises par les sentiers situés sur les crêtes, évitant ainsi le lit des rivières, par des routes mulatières qui étaient de véritables routes commerciales d’autrefois.
Dans le Vivarais et dans le Velay, les chemins muletiers servaient surtout à transporter du vin du Bas Vivarais et des rivages du Rhône sur les plateaux auvergnats. Le sel des salins de la Méditerranée et la soie d’Aubenas qui allait vers St Etienne.
Du Puy en Velay ils redescendaient des céréales, des pois, des haricots, de l’orge et des lentilles.
Des chemins de transhumance étaient également utilisés, les drailles : la Regordane, Nîmes, Alès, Villefort, Langogue, Le Puy.
L’importance du commerce des muletiers du Puy est connue depuis le 16e siècle. Les muletiers en provenance du Puy sont originaires du Monastier, Montpezat (en Vivarais) et Arlempdes.
Un couple de mulets à l’époque coûtait 500 livres soit le prix d’un bel immeuble en ville.
En période de crises les mulets ont joué un rôle important notamment dans les convois conduits par des civils et par les compléments indispensables au ravitaillement.
Mais en temps de paix, les mulets et les muletiers sont mis à contribution comme par exemple lors de la lutte contre la famine en Velay en 1694 où de multiples convois ont été mis en place pour convoyer des céréales nécessaires depuis le Rhône.
Venant des pentes cévenoles du mont Mézenc au mont Lozère, les muletiers avaient une solide réputation. Leurs villages étaient St Etienne de Lugdarès ou St Laurent les bains ou bien encore St Cirq en Montagne. Dans les Cévennes muletier était un titre.
Leur tenue particulière
Selon l’ouvrage d’Albin Mazon, le muletier portait un bonnet de laine rouge avec un feutre selon la saison, les cheveux étaient noués dans le dos, les oreilles ornées d’anneaux d’or où pendaient un fer à mulet, une cravate et un gilet rouge, des souliers ferrés, une ceinture de laine rouge avec une tasse d’argent décorée (pour goûter la marchandise), un trocart (couteau pour percer les outres). Par temps de pluie il avait un manteau de montagnard appelé cape ou limousine.
Le varlet était le « second » du muletier.
Les mulets
C’étaient des animaux adaptés au terrain et au climat, plus résistantes à la fatigue que des chevaux.
Le chef des mulets s’appelait le viegi : c’était le plus fort, le plus fier et le mieux harnaché.
Ensuite venait le roulet : il portait un grelot gros comme un ballon.
Au milieu il y avait le bardot (le fruit du cheval et de l’âne) portant le rambail (pot de vin promis dans le pachel ou pacte). Il transportait la ferrière (la boîte à outils).
Les autres mulets étaient nommés selon leur qualité : le plus paisible était préposé à porter l’alte à son cou (une bouteille en verre revêtue de paille, permettant de boire pendant les pauses).
Un mulet portait une charge de 168 litres de vin dans des boutes (des outres) en peaux de bœuf, de vache ou parfois de chèvre. Les boutes étaient bien plus faciles à transporter sur le mulet que des tonneaux.
L’activité viticole était importante en Ardèche (celle-ci s’épanouit dès le 3e siècle) et des vins blancs comme celui de Largentière, Montréal, Vinezac, des vins clairets comme Villeneuve de Berg étaient déjà produits. Cette production était en grande partie transportée à dos de mulet.
Dans les villages
Le passage des muletiers dans les villages ou les hameaux était toujours une attraction, souvent même elle était la seule !
Les muletiers se faisaient entendre de loin grâce aux clochettes ce qui plaisait fort aux enfants, balalin, balalan, qui tentaient de leur chaparder.
Peyre d’ailleurs était une importante station muletière, ici se croisaient les muletiers, parfois nombreux, et les baigneurs qui allaient ou revenaient de St Laurent les bains.
Dans les étapes où dormaient les muletiers, ils étaient les invités des propriétaires. On mangeait, on dansait la bourrée puis les muletiers dormaient tout habillés dans le foin après avoir soigné et nourri leurs bêtes. Le lendemain matin, ils chargeaient les bêtes et repartaient.
Très inspiré de ces 2 sources Muletiers du Vivarais du Velay et du Gévaudan d'A. Mazon,
les muletiers du Vivarais et du Velay, histoire locale.fr
wikipedia
Une mouche vint se poser sur le timon d'un char et,
gourmandant la mule : «Que tu es lente ! lui dit-elle;
tu ne veux donc pas aller plus vite ? Prends garde que
avec mon aiguillon je ne te crible le cou de piqûres.»
La mule lui répondit : «Tes paroles ne m'émeuvent pas.
Celui que je crains, c'est celui que tu vois assis sur le
siège de devant, qui, de son fouet flexible, règle l'allure
de l'attelage et me contient par ma bouche à l'aide du
mors blanc d'écume. Quitte donc cette arrogance déplacée :
je sais où il faut en prendre à l'aise et où il faut courir.»
Phèdre La Mouche et la mule
Par w:User:Dario u / User:Dario urruty; crop by User:Adam Cuerden — Ce fichier est dérivé de : Juancito.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4022249