Fédération de Russie : Le peuple Youkaguir
Publié le 20 Mars 2018
Peuple autochtone de Sibérie orientale vivant dans le bassin de la Kolyma.
Autre orthographe du nom : youkaghir
Autodésignation : youkaguir de l’alazeïa : Vadul
Youkaguir de l’Indigirka : Dutke ou duktil
Le nom Youkaguir est un nom générique toungouze.
Nom en russe :юкаги́ры
Langue : youkaguir considérée comme un isolat linguistique mais classée au sein des langues paléo-sibériennes.
200 locuteurs
La parenté de cette langue est controversée, certains linguistes la rapprochent des langues ouraliennes.
Il y a 2 dialectes principaux :
Le youkaguir de la toundra ou youkaguir du nord
Le youkaguir de la Kolyma ou youkaguir du sud.
Le tchouvane était un 3e dialecte connu jusqu’au XVIIIe siècle.
Population :
Fédération de Russie : 1603 personnes
Ukraine : 12 personnes
La plus importante population vit dans les vallées du nord-est de la Russie : Alazeïa, Kolyma, Indiguirka.
Par I, Antiamour, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2337088
Histoire
Au début du XVIIe siècle, ils occupaient un vaste territoire dans les nord-est de la Sibérie depuis les basses terres de la rivière Lena à l’ouest jusqu’aux cours moyens et supérieurs de la rivière Anadyr à l’est, de l’océan arctique dans le nord aux montagnes de Verkhoyansk dans le sud.
Aux 12e/13e siècles ; le peuple toungouse (les Evens et les Evenks) envahissent la Sibérie du nord en provenance de la montagne taïga derrière le lac Baïkal. Une partie des Youkaguirs se mêlent aux toungouses.
Aujourd’hui un petit nombre vit dans le district de Nizhnakolynsk en Yakoutie (Youkaguir de la forêt ou Odul), dans le district de Srednekansk dans la région de Magadan (Youkaguirs de la toundra ou Vodul).
Une première présence russe dans la région commence en 1635 dans le but de recueillir des hommages en fourrure de zibeline auprès des autochtones, pour construire des villes fortifiées le long de la rivière Yana. La colonisation de la vallée de la Kolyma est établie en 1643.
Les nouveaux colons établissent des villes pour faciliter la collecte des tributs des habitants locaux, les villes détiennent aussi des otages. Le but de retenir des otages est de forcer les proches, les familles à apporter des peaux. 6% des hommes adultes ont été pris en otage ce qui réduisait forcément le nombre de chasseurs valides.
A la fin du 17e siècle, le système va changer et ce seront les jeunes qui seront détenus comme otages.
Le taux de mortalité est élevé, la prise d’otages est l’une des diminutions drastiques de la population youkaguir suite à l’invasion russe.
Parmi les responsables russes il y avait une compétition pour le droit de recueillir les hommages de la population locale.
Certaines tribus devaient rendre l’hommage et fournir des otages en plus.
La résistance était punie par la capture des femmes et des enfants en captivité.
Au XVIIe siècle de nombreuses femmes youkaguirs sont entre les mains des fonctionnaires et des commerçants russes.
Entre 1770 et 1780, 10% des femmes toukaguirs en âge d’être mères étaient aux mains des fonctionnaires russes.
Avant la colonisation les tribus youkaghirs (Chuvans, Hodyns et Anaul) étaient dispersées sur une zone s’étendant de la rivière Lena à l’embouchure de l’Anadyr.
La population est très réduite aux XVIIe/XIXe siècles à cause des épidémies, les guerres, de la politique de colonisation du gouvernement tsariste, de l’assimilation par les Tchouktches, les Yakoutes, les Evens et les russes.
A la fin du XIXe siècle, la majorité des Youkaguirs ont été assimilés, les éleveurs de rennes nomades du haut Anadyr sont passés à la langue koriak et tchouktche, les pêcheurs de l’Anadyr parlent le russe.
La déséquilibre entre le nombre d’hommes et de femmes dans le peuple, la guerre, le métissage avec des peuples voisins et les épidémies de variole ravagent la Yakoutie en 1657/1659/1660 et 1691/92 ce qui contribue au déclin de la population Youkaguir.
Des milliers de personnes continuent à être vcitimes des maladies vénériennes, des famines et en 1861 le nombre de Youkaguir est de 1000 alors qu’il était de 4700 dans les années 1680.
Les conversions à la religion orthodoxe se font et les Youkaguirs reçoivent des noms russes.
Les famines proviennent du fait que les Youkaguirs sont incapables de s’adapter aux nouvelles conditions de vie changeantes. Ils dépendent donc entièrement de l’environnement selon leur mode de vie traditionnel. L’écologie de la Sibérie s’aggrave après l’intrusion russe, la sauvagine et le poisson disparaissent.
Par Patsou dans A LA DECOUVERTE DE ... le Le youkagir est en fait constitué de deux langues, celui de la toundra ou tie (Fédération de Russie), et celui des forêts ou youkagir du nord parlé le...
sur la langue
Kolyma river By en:User:Oxonhutch - en:Image:Debin Siberia.jpg, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1449193
Les Yakoutes et les Youkaguirs russifiés ont en effet commencé à utiliser des traîneaux tirés par des chiens et en un an un chien pouvait traîner jusqu’à 40.000 poissons.
chamane By Unknown - http://sakhaworld.com/sd/5h6.shtml, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8746982
Mode de vie
Les ancêtres des Youkaguirs utilisaient des armes en pierre et en os, ceux de la forêt étaient des chasseurs et des pêcheurs nomades.
J’usqu’au 18e siècle ils participent activement dans la vallée de la Kolyma à la chasse aux rennes sauvages deux fois par an au moment de la migration des animaux quand ils traversent les grandes rivières.
Les Youkaguirs de la toundra accordaient moins d’importance à la chasse et utilisaient le renne pour le transport.
Les armes employées par les Youkaguirs étaient l’arc dont l’usage sera usité jusque dans les années 1920.
Pendant la période soviétique, les conditions de vie changent et ils doivent travailler dans des fermes pendant la période de la collectivisation. Ils chassent également des animaux à fourrure, gardent les rennes, élèvent du bétail et des chevaux, jardinent.
Autrefois il y avait un culte du gibier et pendant la chasse ils maintenaient un principe fondamental de ne pas prendre plus que ce qui était nécessaire.
De nos jours le chamanisme est maintenu, la langue est encore vivante malgré la russification écrasante.
Une organisation sociale matrilinéaire a survécu y compris le mariage matrilocal , qui est la principale caractéristique qui distingue les Youkaguirs des Toungouses.
Un article de Christophe Darmangeat sur les Yukaghirs.
Source 1 + wikipedia
Jean-Baptiste Tilliard Femme kamtchadale avec ses enfans dans son Habit ordinaire " par J. B. Tilliard / J. B. le Prince del. - Schmidt Kunstauktionen. Sous licence Domaine public via Wikimedia ...