Fédération de Russie : Le peuple Ulchi
Publié le 3 Avril 2018
Peuple autochtone de l’Extrême-Orient russe, qui fait partie des minorités de Sibérie et qui parle une langue toungouse.
Autres noms : Ulch, Oultches
Autodésignation : nani = local
Langue : ulchi, groupe méridional des langues toungouses de la grande famille des langues altaïques.
Elle est proche de la langue nanaï dont elle a été considérée comme un dialecte.
Il n’y pas d’écriture propre.
Kraï de Khabarovsk Par TUBS — CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15937563
Localisation
District Ulchsky du kraï de Khabarovsk
C’est le peuple qui a la plus grande continuité génétique avec les ancêtres des asiatiques de la grotte de Chartovy Vorota ( Chertovy Vorota cave ou Devil’s gate) et sont génétiquement similaires à la composante génétique est asiatique des amérindiens.
Devil’s gate
By Романвер - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=58673976
C’est un ancien site cavernicole néolithique de l’Asie de l’est, à la frontière entre la Russie et la Corée, le site a 7700 ans. Deux individus retrouvés et dont l’ADN a pu être analysé sont liés aux populations modernes proches géographiquement du bassin de l’Amour, parlant des langues toungouses et en particulier du peuple Ulchi.
Les Ulchi reçoivent dans les années 1930 le nom d’Ulchi pour éviter la confusion de leur autodésignation qui était aussi celle donnée à leurs voisins.
C’est un peuple de composition mixte dans lequel on retrouve des Nanaï, des Evenks et des Nivkhs.
Certains Ulchi se distinguent par le fait qu’ils sont associés à l’ancienne culture péaloasiatique locale, d’autres sont associés à la culture mandchoue et toungouse commune.
Leur façon de pêcher et leurs occupations principales sont similaires à celles du peuple Nivkh.
Jusqu’au 17e siècle, ils mènent une existence sans ingérence mais la Chine tente bientôt de faire payer des impôts aux Ulchi, aux Nanaï et aux Nivkhs. La tentative échoue et les contacts avec la Chine deviennent plus commerciaux (vente de fourrures entre autres).
La colonisation russe commence dans la région en 1850 avec la fondation de la forteresse de Nikolayevsk. Des villages russes sont fondés près des colonies Ulchi.
Leur occupation principale était la pêche, sur le fleuve Amour et sur les lacs, très poissonneux à l’époque. La pêche toute l’année nécessitait un mode de vie plus sédentaire que les autres peuples de la région. Le poisson était l’aliment de base de la population ulchi, ils nourrissaient aussi les chiens qui étaient gardés en grand nombre pour le travail de trait.
La chasse aux animaux à fourrure était une occupation supplémentaire et source de revenus.
La chasse aux animaux marins était pratiquée dans le district de Tatar, ils devaient alors entreprendre un long voyage par la lac Kitz et le long des petites rivières.
A la fin du 19e siècle leur vie se complique avec l’arrivée des colons russes.
Les russes commencent à pêcher massivement et créent des industries de transformation du poisson. Les Ulchis sont forcés de pêcher commercialement, les russes profitent de leur influence et restreignent les zones de pêche des Ulchis et des Nanaïs, ce qui provoque des conflits.
Les animaux à fourrure disparaissent vite eux aussi et les Ulchis doivent apprendre des emplois qui leur sont inconnus : cultiver la terre, transporter le courrier, abattre le bois pour les bateaux à vapeur, élever des chevaux et faire les fenaisons.
Dans leur culture matérielle, les influences étaient mutuelles puisque les Ulchi étaient socialement actifs et entreprenants. leur résistance à la pression extérieure était forte. De riches entrepreneurs et des commerçants Ulchi ont émergé et ont commercé avec succès avec les peuples voisins et en Mandchourie.
La proximité des russes donne naissance aux activités des missionnaires orthodoxes parmi les Ulchi.
Ceux-ci ne peuvent pas éradiquer le chamanisme mais ils essaient de répandre l’éducation religieuse et mettent en place des écoles cléricales dans les années 1860. L’influence des écoles religieuses russes sur les Ulchi reste marginale.
Leur mode de vie reste inchangé jusqu’en 1920.
Un peuple entreprenant qui va de l'avant
L’industrie de la pêche se montre en crise à cette époque, ils doivent alors travailler comme ouvriers dans l’industrie du bois, sur le lac Kiz et ailleurs.
Certains Ulchi se montrent une fois encore entreprenants et dirigent des entreprises employant des Ulchi mais aussi des russes.
La participation active aux entreprises économiques leur donne une expérience utile et en 1928 est fondée la Coopérative Mung Kunsi dans la colonie de Bulava, gérée par les Ulchi.
maison typique sur les bords du fleuve image
By Frantishak - Mano darbas, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18586138
Le régime soviétique s’est établi dans la région en 1922.
De 1927 à 1928 il y avait 9 soviets de village ulchi et en 1934 le district d’Ulchi est créé.
La collectivisation commence en 1930, la pêche est l’activité principale au début dans les kolkhozes ulchi mais comme l’hiver ils ne pêchent pas, ils devaient fournir de la main d’œuvre dans l’industrie du bois.
Après la seconde guerre mondiale la culture des terres, le maraîchage et l’élevage commencent à être pratiquées.
Dans les années 1930 des petits villages ils commencent à se concentrer dans des villes plus importantes.
De nos jours 8 établissements Ulchi subsistent et parmi les 40 qui existaient au 19e siècle, un 8e a été fondé à nouveau.
La réinstallation a un efftet dévastateur sur la culture ulchi, sur leur habitat car ils commencent à adopter des maisons en rondins de bois de type russe.
Au début des années 1960 les kolkhozes ulchi ou ulchi-russes avaient atteint un niveau économique considérable et disposaient d’infrastructures développées : écoles, garderies, clubs.
La navigation régulière sur l’Amour reliant toutes les colonies ulchi a une influence favorable sur le développement de la région.
La pollution du fleuve Amour
Ces 20 à 30 dernières années, la pollution incontrôlée de l’Amour et de ses affluents a réduit considérablement le stock de poissons.
Les responsables sont l’usine de cellulose de l’Amour ainsi que l’usine de concentration minérale de Solnechny qui empoisonne les affluents de l’Amour.
En 1987/1988 l’eau contenait 198 et 511 fois plus de zinc et de cuivre que ce qui est autorisé.
La scierie du lac Kiz a tué tous les poissons du lac.
L’abattage du bois des zones de protection des eaux a eu un effet néfaste sur la régulation de l’eau.
Cette situation typique du bas Amour a affecté les emplois dans les kolkhozes qui ont diminué de moitié.
Culture et langue
La culture Ulchi originaire liées au fleuve Amour et à la pêche risque de disparaître en rasions des changements dans leur mode alimentaire.
Contrairement à d’autres minorités de l’Extrême-Orient russe, les Ulchi commencent tout de suite à participer activement aux travaux de reconstruction nationale menées dans les années 1920 par l’administration soviétique.
Cela favorise leur conscience sociale, leur confiance en soi, et leur vision intellectuelle générale même s’ils ont gardé par ailleurs leurs traditions tribales.
Des activités artistiques en langue ulchi comme le théâtre amateur étaient entrepris.
Les intellectuels ulchi se sont impliqués dans différentes formes artistiques et à leur diffusion : folklore, histoire et culture ulchi, chansons, costumes folkloriques, poésie, écriture.
Mais progressivement la culture dominante russe se glisse imperceptiblement sur la culture ulchi.
Le langue est ce qui est le plus en état critique à l’heure actuelle dans la préservation de leur culture car au fur et à mesure les ulchi ont considéré la langue russe comme leur langue maternelle et les mariages mixtes permettant ce glissement, la langue est en danger.
Il y avait 154 locuteurs en 2010.
source 1 + wikipedia