Fédération de Russie : Le peuple Selkoupe (Selkup)
Publié le 5 Mars 2018
Peuple autochtone de Sibérie qui fait partie des « peuples peu nombreux du nord, de Sibérie et de l’Extrême Orient russe ».
Ils se considèrent comme un peuple de la campagne comme le font les estoniens et des tribus finno-ougriennes.
Autodésignation : söl’kup, shöl’kup (shöl = pays/terre et kup= homme)
Nom russe : сельку́пы
Nom ancien jusque dans les années 1930 : Ostyak Samoyèdes
Ils vivent près de la rivière Taz et entre les confins de l’Ob et du Yenisey en Sibérie :
Oblast de Tomsk (Narym Selkup)
Kraï de Krasnoïarsk (Baishen Selkup)
District autonome de Yamal-Nenets (Taz Selkup) : majorité de la population
District autonome de Nenets
Langue : selkup, branche samoyède faisant partie de la famille des langues ouraliennes. Langue la plus vivante du groupe du sud, toutes les autres ont disparu (karagas, koibal, taigi, soyot…).
3 dialectes : dialecte du nord ou taz (rivières Taz, Turukhan, Yeloghuy et Yenisey)
Dialecte central ou Tym (rivières Tym, Nazym , Vakh et Vasyugan)
Dialecte du sud ou Ket dialect (rivières Ket et Oob)
Il y a des différences dialectales mais seulement phonétiques. Les dialectes du nord et du centre sont les mieux conservés.
Ils ont des contacts linguistiques permanents avec les Khanty et les Evenk dans la région de Tomsk et les Evenk et les Ket dans le district de Krasnoïarsk.
Un système d’écriture a été développé à partir de l’alphabétisation dans les années 1930 basé sur le dialecte Taz du nord. Il a été remplacé dans les années 1980 par un système basé sur l’écriture cyrillique.
Population : 3649 personnes (62 personnes en Ukraine dont un locuteur natif).
Par Inconnu — photoarchive REM, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11132368
rivière Taz - Par iSonnik — panoramio, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23873883
Leur territoire subit un climat rigoureux avec une faible densité de population. L’importance historique des Selkoupes dans leurs territoires a considérablement diminué.
La terminologie de l’élevage du renne a été empruntée aux Nenets.
Depuis les années 1950 l’influence russe augmente.
On pense que la langue commune des ancêtres samoyèdes commence à se ramifier au cours du premier millénaire avant notre ère. Ils habitent principalement les régions à l’ouest de l’Oural et se déplacent vers l’est, ne nord-est et le sud-est.
Au 13e siècle les Selkups et d’autres Samoyèdes du sud sont soumis à la domination turco-tatare et soumis à l’impôt.
La conquête russe du territoire commence à la fin du 16e siècle.
La forteresse de Krasnoïarsk est érigée en 1628, cela signifie la fin de la suprématie tatare et la soumission des Selkups et des autres Samoyèdes du sud à la domination russe
Jusqu’au 17e siècle, les Selkoupes restent sur les rives de l’Ob central mais ensuite ils commencent une retraite vers les bassins du Taz, du Turukhan, du Yeloghuy. Ils n’arrivent pas à se soustraire à l’impôt russe.
Dans les traditions samoyèdes du sud, une légende est bien connue concernant la venue de l’homme blanc, prédite par l’apparition d’un bouleau : elle dit que le suicide est préférable à une vie d’esclave.
Les personnes creusaient une caverne, trouvaient des étais de soutien, y entraient et étaient enterrés vivants.
Au cours du 18e siècle, a lieu la christianisation orthodoxe des Selkoupes. Malgré tout ils subissent peu d’influence et le chamanisme est encore bien présent.
Par Aleksandr Popov — https://www.flickr.com/photos/131954425@N08/16618935400/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39760139
Mode de vie
Ils étaient chasseurs pêcheurs moins nomades que les autres peuples samoyèdes du nord. L’été ils vivaient sous des tentes coniques et en hiver dans des cabanes en rondins.
Ils chassaient des écureuils, des carcajous des animaux à fourrure.
Le renne était utilisé uniquement pour le trait.
Depuis le 19e siècle les russes apparaissent comme colons permanents dans le territoire des Samoyèdes du sud, chassent les rennes domestiques des Selkoupes de sorte que l’élevage des rennes devient plus difficile pour eux.
Même si les russes introduisent des améliorations dans le mode de vie des Selkoupes, en même temps ils les exploitent et leur font découvrir l’alcool, la fraude et la force.
Pendant la période soviétique, la dépendance économique des Selkoupes d’aggrave à cause de l’économie planifiée et la collectivisation.
Il y a également une pression idéologique et la surveillance politique.
En 1931 sont mises en place des stations mobiles, les tentes rouges créées pour les nations minoritaires du nord pour lutter contre l’analphabétisme et faire des propositions politiques.
Dans les années 1930 le mode de vie traditionnel est brisé, ils sont forcés de s’installer, le chamanisme est évincé par l’athéisme militant.
Les enfants sont envoyés dans des pensionnats ce qui signifie la perte des occupations et savoirs traditionnels et une sorte d’assimilation par la perte de la langue.
Les Selkoupes s’adaptent à un mode de vie sédentaire, préférant des biens de consommation (vêtements, meubles, outils, appareils ménagers achetés dans des magasins).
La langue et la culture de masse russes se répandent détruisant le mode de vie traditionnel et entrainant la diminution de l’adaptabilité des Selkoupes. Ils ne peuvent pas s’adapter à de nouvelles conditions d’emplois, d’où le chômage, l’abus d’alcool à grande échelle ainsi que la discrimination raciale.
Jean-Baptiste Tilliard Femme kamtchadale avec ses enfans dans son Habit ordinaire " par J. B. Tilliard / J. B. le Prince del. - Schmidt Kunstauktionen. Sous licence Domaine public via Wikimedia ...