Fédération de Russie : Le peuple Nivkhe
Publié le 21 Mars 2018
Les Nivkhes ou Guilyak/Gilyak sont un peuple autochtone de la fédération de Russie habitant dans l’estuaire du fleuve Amour et sur l’île de Sakhaline.
Population : 4675 personnes
Il y a 2 groupes selon leurs zones géographiques, les Nivkhes de l’Amour et les Nivkhes de Sakhaline avec des dialectes et des coutumes différents.
Langue : nivkhe de la famille des langues paléo-sibériennes mais considérée comme un isolat linguistique. 1089 locuteurs soit 23.3% de la population totale.
Par Marmelad (image d'origine), Yannbran (modification) — fr:File:Map of Russian subjects, 2008-03-01.svg, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9676362
Leur territoire est situé à l’embouchure du fleuve Amour dans le kraï de Khabarovsk et au nord de l’île Sakhaline.
Jusqu’en 1945 vivaient aussi dans la partie sud de l’île de Sakhaline (alors japonaise) une centaine de Nivkhes locuteurs du dialecte du sud de Sakhaline. Après la guerre ils s’installent pour la plupart à Hokkaïdo et le dialecte sud de Sakhaline disparaît, il n’y a pas de données sur la population au Japon.
Les ancêtres des Nivkhes s’installent sur l’île de Sakhaline au cours du Pléistocène supérieur, qui a cette époque était encore rattachée au continent. Au moment de la fin de la période glaciaire, le niveau des océans monte et les Nivkhes sont séparés en 2 groupes.
Une première mention des Nivkhes est faite dans les chroniques chinoises au début du XIIe siècle, ils sont appelés Guilyami quand ils entrent en contact avec la dynastie Yuan.
Les premiers contacts avec les explorateurs russes ont lieu au XVIIe siècle.
Par Inconnu — Postcard, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22173679
Une première mention d’eux figure dans des écrits russes en 1643 par l’explorateur russe Vassili Poïarkov qui les appellent Guilyaks, un nom qui leur restera. Ensuite vient la fondation de la ville de Nikolaïevsk et les paysans russes s’installent, l’empire russe prend le contrôle des terres des Nivkhes après la traité d’Aigun en 1859 et la convention de Pékin en 1860.
Ils sont pendant des siècles les habitants de l’empire Mandchou.
En 1689 après le traité de Nertchinsk ils seront les intermédiaires entre les russes, les mandchous et les japonais avec l’entremise des Aïnous.
Avec ces derniers ils ont connus des contacts hostiles mais ont réussi à faire des échanges commerciaux.
De 1857 à 1906 sont établis des camps de travail à Sakhaline pour y envoyer des criminels russes, des exilés politiques et Lev Sternberg qui sera l’un des premiers ethnographes des Nivkhes.
Les Nivkhes sont employés comme gardiens de prison, à la traque des détenus évadés. Ils sont au sein des prisons surpeuplées victimes d’épidémies dont la variole, la peste, la grippe attrapées avec les migrants et amplifiées par le milieu insalubre de la prison.
Selon le traité de Shimoda de 1855, le Japon et la Russie gèrent conjointement l’île.
Entre 1875 et le traité de St Petersbourg et 1905 avec le traité de Porstmouth, la Russie gouverne seule la totalité de l’île.
De 1905 à 1945 Sakhaline est divisée entre le Japon et la Russie de part et d’autre du 50e parallèle.
Les russes empêchent les Nivkhes de pêcher sur la côte et les rivières par des arrêtés et un système de taxes élevé.
Un incident de surexploitation des ressources halieutiques par les japonais (puis ensuite par les russes) dans la détroit de Tartarie et l’embouchure de l’Amour en 1898 mène à la famine des Nnivkhes.
Par Bronisław Piłsudski — Selections from National Anthropological Erchives, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=36669908
Au moment du régime soviétique, les soviétiques nomment le peuple du nom de Nivkhe au lieu de l’autodésignation Guilyak.
Un district autonome est brièvement créé pour eux.
Ils ont des droits de pêche étendus qui seront restreints en 1960.
Ils doivent participer à la collectivisation et rejoindre les kolkhozes agricoles et industriels.
Les pêcheurs Nivkhes ont du mal à se convertir à l’agriculture car dans leurs croyances, labourer la terre est un péché.
La collectivisation met à mal leur mode de vie de chasseurs/cueilleurs.
Les Nivkhes sont présentés par les soviétiques comme un « modèle » pour la nation d’une culture qui passe rapidement de « l’âge de pierre » au socialisme industriel.
Leur langue est interdite, des écoles, des espaces publics subissent la russification accélérée, le russe étant obligatoire.
Les histoires orales, les liens claniques sont oubliés et de 1945 à 1948, des Nivkhes, la moitié des Oroks, tous les Aïnous de Sakhaline sont forcés de migrer vers le Japon avec les colons japonais.
A la fin des kolkhozes et la chute de l’URSS , en 1991 les Nivkhes représentent une population pauvre, dépendante des collectivités, financée par l’état, elle souffre rapidement de problèmes économique.
Les Nivkhes du nord de Sakhaline sont menacés par des mégaprojets extractifs dont l’industrie pétrolière par des compagnies occidentales.
Depuis 2005, les Nivkhes entament des actions de manifestation non violentes exigeant une évaluation ethnologique indépendante des plans de Shell et d’Exxon mobil.
Le nivkh, anciennement nommé gilyak, est une langue isolée rattachée par com modité à la famille paléo-sibérienne, laquelle est parlée le long du fleuve et de l'estuaire Amour ainsi que sur...
sur la langue
Artisanat
Par Daderot — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19743763
Par © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50312467
Par Daderot — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19743772
Par © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50313536
Par © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50466734
Par © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50478496
Mode de vie
C’est un peuple qui a été très étudié car il est possible qu’il soit parent avec les peuples de Polynésie.
C’était un peuple hospitalier qui avait de bons contacts avec les Nanaï vivant en amont de l’Amour et qu’ils invitaient parfois.
Ils étaient des chasseurs/cueilleurs semi-sédentaires avec des camps d’hiver et des camps d’été.
Le village était composé de 3 ou 4 maisons hébergeant plusieurs familles.
Pendant quelques décennies les villages ont été vulnérables aux inondations et aux crues de l’Amour (1915, 1968).
Ressources
camp de pêcheurs début XXe siècle Par Inconnu — photoarchive REM, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8784864
Les hommes chassaient, les femmes récoltaient dans les bois. Ils pêchaient le saumon dans les rivières.
Leur système social était basé sur un système de clans divisés en 3 sous-clans exogames. Les clans coopéraient pour la chasse et la pêche.
Le poisson était l’aliment de base, le saumon chien du Pacifique ainsi que la truite, la lotte, le saira et dans les eaux salées la morue, les poissons plats, les gobies.
La pollution aux métaux lourds de l’Amour a réduit le stock de poissons et endommagé les sols de l’estuaire.
Le poisson est mis à sécher en le suspendant dans l’air froid et sans salaison, le yukola.
Mos - Par Phd. Hidetoshi Shiraishi — Sound Materials of the Nivkh Language 3, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9684767
Un plat de choix est le mos, un plat à base de poisson séché, écrasé, avec la peau du poisson, de l’eau, du gras de phoque et des baies.
Ils chassaient également les phoques et les canards.
Il y avait des mariages exogames pour les sous-clans mais ils étaient endogames à l’intérieur d’un clan.
Les coutumes concernant le mariage étaient compliquées, les hommes étaient égaux dans une même famille, à tout âge et les femmes n’avaient aucun droit.
Religion
La religion était animiste et chamaniste avec l’introduction du catholicisme orthodoxe au moment de la colonisation russe.
Le folklore est étendu avec des chants, des mythes de création du monde et des hommes.
Le feu était vénéré car symbole de l’unité de leur clan.
Le feu était donc considéré comme une divinité protégeant des esprits mauvais.
Certaines espèces animales étaient considérés comme égales de l’homme, comme l’ours qui était appelé « homme de la montagne ».
Les chamanes avaient le pouvoir de diagnostiquer et guérir les maladies, avec des remèdes à base de plantes, des talismans pour prévenir la maladie, offerts aux patients.
Le festival de l’ours
festival de l'ours chez les Nivkhes en 1903 Par Uncredited photographer — Page 165 of part II of Vlas Mikhailovich Doroshevich «Sakhalin (Katorga)», Moscow. Sytin publisher, 1905., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8254183
Le festival de l’ours , une fête traditionnelle se déroulant en janvier et février est présidée par les chamanes.
Des ours sont capturés et élevés dans des enclos pendant quelques années par les femmes qui les traitent comme un enfant. L’ours est considéré comme la manifestation terrestre sacrée des ancêtres et des dieux qui se présentent sous cette forme (culte de l’ours).
Durant le festival, l’ours est habillé d’un costume de cérémonie, on lui offre un banquet pour demander aux dieux de bénir le clan. Après le banquet l’ours est sacrifié et mangé au cours d’une cérémonie religieuse, des chiens sont également sacrifiés.
L’esprit de l’ours retourne ensuite auprès des dieux de la montagne et remercie les Nivkhes pour les forêts abondantes.
La fête de l’ours était interdite pendant la période soviétique.
Habitat
Par Uncredited photographer — Page 157 of part II of Vlas Mikhailovich Doroshevich «Sakhalin (Katorga)», Moscow. Sytin publisher, 1905., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8254138
Il y avait deux types de maisons d’hiver, le nyv est la plus ancienne. C’est un abri rond de 7.5 de diamètre, étayé de poteaux en bois couverts de terre et d’herbes. Un âtre est placé au milieu et des trous pour la fumée et la lumière sont aménagés.
L’autre maison d’hiver est le chabnyv, à partir du XIXe siècle, ressemblant au dio des Nanaï, un modèle d’habitation mandchoue et chinoise de l’Amour. C’est une maison avec une seule pièce de 10 mètres sur 9, avec un toit à pignons et un kang, un fourneau coréen pour le chauffage.
Dans la partie est de Sakhaline, ils utilisent une maison nommée le toryf, plus rudimentaire et semi-enterrée de 4 mètres sur 5 et enterrée d’un mètre, construite sur une fosse.
Source 1 + wikipedia
Jean-Baptiste Tilliard Femme kamtchadale avec ses enfans dans son Habit ordinaire " par J. B. Tilliard / J. B. le Prince del. - Schmidt Kunstauktionen. Sous licence Domaine public via Wikimedia ...